Présenté fin 2018 pour l’année 2019, le Level est le gros e-bike de Mondraker. Enfin, gros… Le mot deviendrait presque un peu faible maintenant. Conçu au départ avec 160 mm de débattement derrière et 170 mm devant, ce qui faisait déjà de lui un beau bébé, le Level a été revu en 2021 et affiche désormais un débattement de 170 mm à la roue arrière, combiné à une fourche en 180 mm.

D’ailleurs, la marque d’Alicante ne s’y trompe pas : dans sa gamme, le vélo est étiqueté « SuperEnduro » comme le SuperFoxy sans assistance (170/160 mm), plutôt que simplement « Enduro ». Toutefois, il n’y a pas que dans le débattement que le Level est généreux : assistance, batterie, freinage, géométrie, poids… La machine (le monstre ?) ne fait nulle part dans la demi-mesure et pousse tous les curseurs un cran plus loin que ce que n’importe quel esprit sain voudrait imaginer.

Châssis

Dès le cadre, le Mondraker Level impressionne. Solidement campé sur des roues de 29″, il est proposé uniquement en aluminium. Oui, aucun modèle en carbone ne figure au catalogue dans la famille Level !

Aujourd’hui, ce genre de parti pris est plutôt rare et généralement réservé aux vélos de freeride et de descente. Qui plus est, il ne s’agit certainement pas d’une question de savoir-faire car Mondraker travaille le carbone depuis longtemps et n’hésite pas à proposer le matériau sur d’autres e-bikes, à l’image du polyvalent et attachant Crafty (lire Test | Mondraker Crafty Carbon R : qui s’y frotte s’y pique !).

C’est donc bien un choix de la part de la marque espagnole, un choix qui en dit déjà un peu sur les ambitions et le programme de la machine. Dans la mise en œuvre même de ce matériau, le Level ne fait d’ailleurs rien pour adoucir le trait. Au-delà des formes agressives caractéristiques des vélos Mondraker, les cordons de soudure nets et réguliers mais bien visibles et la peinture qui rappelle l’aluminium brut semblent tous les deux indiquer que cet engin est prêt à résister à tout.

On notera qu’il n’est pas possible d’installer un porte-bidon à l’emplacement habituel sur le tube diagonal. Rien de surprenant, c’est récurrent sur les e-bike chez Mondraker, la marque semblant privilégier l’optimisation de la forme et de l’encombrement du tube diagonal au côté pratique. Heureusement, vous n’êtes pas condamnés à partir avec un sac ou une banane car des inserts sont placés sous le tube supérieur et on peut y fixer un porte-bidon. Attention, il sera « à l’envers », avec le bidon qui sort vers le bas : porte-bidon fiable et « serré » obligatoire !

Comme de coutume, les gaines et Durits passent en interne, avec des entrées dans le cadre classiques, c’est-à-dire par la douille de direction plutôt que par le jeu de direction comme c’est à la mode aujourd’hui. Vu comme cela simplifie l’entretien du vélo, on ne va pas s’en plaindre.

Moins nécessaires que sur un cadre en carbone, les protections sont tout de même d’excellente facture sur ce Level, qu’il s’agisse du protège-base ou du sabot qui recouvre le moteur.

Assistance

Pas de surprise en ce qui concerne l’assistance, le Mondraker Level repose sur un système Bosch comme tous les autres e-bikes de la marque. Ici, c’est le Smart System qui a été retenu, c’est-à-dire le bien connu moteur Performance CX de 4e génération associé à une batterie 750 Wh et à l’ensemble commande + affichage Kiox 300.

Présenté l’été dernier, le Smart System n’offre aucune nouveauté sur le plan du comportement de l’assistance par rapport à un couple Performance CX + batterie 500 ou 625 Wh. C’est surtout sur la capacité (batterie 750 Wh) et la connectivité que Bosch a travaillé, avec une nouvelle commande, un nouvel écran et une nouvelle application de suivi et de personnalisation.

Précision importante, la batterie n’est pas amovible sur ce vélo. Enfin, elle l’est techniquement mais il faut déposer le moteur au préalable et vous conviendrez que ce n’est pas le plus pratique. C’est donc réservé uniquement aux opérations d’entretien et pour la charger, ça se passe directement sur le vélo avec une prise en haut du tube diagonal, juste derrière la douille de direction.

Suspension

Côté suspension, comme on vous le disait en début d’article le Level compte 170 mm de débattement à l’arrière et 180 mm à l’avant. On retrouve bien sûr le système Zero cher à Mondraker, une architecture à point de pivot virtuel travaillée de manière à offrir « zéro perte d’énergie au pédalage, zéro kickback, zéro durcissement au freinage et zéro bosse, c’est-à-dire cette capacité phénoménale à absorber n’importe quel type de bosse et de maintenir efficacement la roue arrière collée au sol ».

On précisera en plus que la cinématique a été optimisée pour un amortisseur à ressort hélicoïdal, le choix de la raison vu le programme et le poids de la bête. Aucun modèle de Mondraker Level n’est équipé d’un amortisseur à air.

Sur notre version haut de gamme Level RR, c’est Öhlins qui s’occupe de tout avec une RXF 38 M.2 à l’avant et un TTX22M à l’arrière. Si elle se développe peu à peu, la marque suédoise est loin d’être la plus répandue en première monte et on vous conseille fortement d’aller faire un tour sur son site internet pour trouver vos premiers réglages. En effet, Öhlins propose un module (gratuit) très complet qui indique pour chaque vélo qu’elle équipe les pressions ou ressorts et clics adaptés à votre poids.

Géométrie

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la géométrie n’est au premier coup d’œil pas aussi extrême que ce à quoi on pourrait s’attendre en prenant connaissance des valeurs de débattement, par exemple. Ainsi, l’angle de direction n’est que de 65°. Cependant, ne vous fiez pas seulement à cette valeur : depuis les débuts de son concept Forward Geometry, Mondraker a pris l’habitude d’associer un angle de direction relativement droit à un déport de fourche court (44 mm ici), une potence courte (30 mm) et un vélo long et ce Level ne fait pas exception.

Angle de direction mis à part, le vélo a de quoi impressionner. Le reach est de 470 mm en taille M ou 490 mm en taille L, les bases de 455 mm… Heureusement, le pédalage n’a pas été complètement oublié et la machine propose un angle de tube de selle acceptable pour un e-bike : 76,5°, sur toutes les tailles.

Equipements

Le cadre c’est fait, l’assistance également, les suspensions et la géométrie aussi… Au tour des équipements ! Tous les Level sont équipés en Sram et sur notre modèle RR, la transmission est un mélange GX Eagle (pour la cassette, la chaîne et la manette) et de X01 Eagle (dérailleur).

Côté freins, c’est du Code RSC avec disques Centerline de 220 mm à l’avant et 200 mm à l’arrière.

Les roues sont conçues par E*Thirteen, avec un montage « hors catalogue » sur base de jantes e*spec Plus en 30 mm de largeur interne. Toujours sur le train roulant, on apprécie le choix de pneus parfaitement adaptés à l’usage envisagé pour le vélo. Il s’agit en effet de Maxxis Assegai 2.5 en carcasse DH, devant comme derrière ! Avec l’assistance, le montage d’un Assegai à l’arrière s’envisage bien plus facilement si on veut du grip et comme on a une batterie de 750 Wh, la perte de rendement n’est pas rédhibitoire.

Enfin, tous les périphériques sont signés OnOff, la marque de composants de Mondraker, à l’exception d’une selle Fizik, modèle Terra Aidon X5. On retiendra un cintre en 800 mm de large pour 25 mm de rise (diamètre 31,8 mm), une potence en 30 mm de long et une tige de selle télescopique à la course adaptée à la taille du vélo : 125 mm en S, 150 mm en L et 170 mm en L/XL.

Ne reste plus qu’une chose, le passage sur la balance. Vu le débattement, l’équipement (amortisseur à ressort hélicoïdal) et le matériau du cadre, on s’attend à ce que ce soit lourd et on n’est pas « déçu » : 26,17 kg pour notre modèle en taille L ! Malgré tout, c’est presque une bonne nouvelle car c’est moins que ce qu’annonce la marque, qui indique 26,5 kg en taille M sur son site.

Versions et tarifs

Seulement deux versions composent la gamme Mondraker Level, un choix assez logique compte tenu du positionnement très particulier du vélo. Notre Level RR, la déclinaison haut de gamme, est affiché 8 499 € mais il a aussi un petit frère, le Level R, qui s’échange contre 6 799 €.

A ce tarif, il troque les suspensions Öhlins pour du Fox, avec une fourche 38 Performance (cartouche Grip) et un amortisseur DHX2 Performance Elite. La transmission est un mix de Sram SX Eagle, NX Eagle et GX Eagle, les freins des Sram Code R et les roues des Mavic E-Deemax.

Le Mondraker Level RR sur le terrain

Quand on prend en main le Mondraker Level RR 2022, on est d’abord intimidé par la bête : c’est un gros vélo. Il pèse son poids (un peu plus de 26 kilos) et ses mensurations ne font que renforcer ce sentiment. Toutefois, le vélo est étrangement facile à prendre en main. On suit d’abord les recommandations fournies par Öhlins pour le réglage de ses suspensions, qu’on viendra raffermir ensuite, et on se glisse sur le vélo. On a véritablement l’impression de « rentrer » dans la machine, et c’est un sentiment qui nous suivra tout au long de notre test.

Le vélo est sécurisant dès les premiers virages, mais c’est également là qu’il dévoile ses premiers traits caractéristiques : pour l’animer, il va falloir se donner et lui faire prendre vie. Une simple promenade ne suffira pas.

Avant d’arriver au coeur du sujet, la descente, on se laisse surprendre en montée, où le vélo est étonnement bon. Avec sa grosse batterie, le vélo est assez bien équilibré, et il fait surtout preuve d’une grande motricité. On se retrouve à franchir des obstacles qu’on imaginait mal escalader au guidon de ce vélo qu’on voyait simple descendeur.

Côté moteur, on ne re-pensera pas l’interface Bosch aujourd’hui. La nouvelle commande de l’écosystème « Smart-System » apporte des informations, via ses Leds, très appréciables, mais le reste semble assez superflu quand on connaît le programme du vélo. Au niveau de l’assistance, on reste sur des performances orientées vers la puissance, parfois trop poussées sur certains vélos mais ici plutôt en phase avec cette machine faite pour envoyer.

Le surpoids de la batterie de 750Wh ne passe pas inaperçu sur la balance, tout comme dans l’équilibre général du vélo, qui demandera un certain effort pour lui faire décoller la roue avant du sol.

En descente, on affine les réglages des suspensions pour arriver à un compromis entre confort et précision, et on attaque le vif du sujet. On s’élance d’abord dans des sorties « balades » endurisantes en forêt ou en sous-bois, et le vélo reste facile et collé au sol. Sa suspension filtre tout, et presque trop dans ces circonstances. Il faut s’employer pour apporter du dynamisme à la machine, et on se demande parfois si nos efforts ne sont pas vains. Passé un certain temps, on se cale dans les roues, on passe en mode « croisière » et on profite du paysage.

Là où tout change, c’est quand on arrive face à de grandes sections ouvertes, quand la vitesse entre en jeu. On découvre un Mondraker Level RR qui n’attend qu’une chose : tout donner. Dans les portions cassantes, le vélo ne bronche pas et encaisse tout ce qui se présente sur son passage. En courbe comme en freinage, on découvre un grip incroyable. Alors qu’on est bien loin de ce type de performance habituellement, on a parfois la sensation de se retrouver sur un vélo de descente : on lui fait confiance et on se laisse aller à des trajectoires ou à des freinages ambitieux,et  la suspension continue d’assurer pendant les freinages et on sait que le vélo suivra le rythme. À nous de tenir le sien quand la vitesse est là.

Au fil des sorties au guidon du Mondraker Level RR, notre avis n’évolue que très peu. Le vélo reste fiable, à l’exception de la pièce en caoutchouc qui vient protéger l’interface de chargement sur le vélo. Celle-ci nous a abandonnés en cours de route.

Verdict

Avec ce Mondraker Level RR, la marque espagnole assume ses choix : oui, le vélo est lourd et imposant. Oui, il saura vous accompagner dans les pistes les plus rapides et défoncées. Non, il n’est pas à mettre entre toutes les mains, et surtout pas sur tous les terrains, encore moins si vous envisagiez de trop tourner autour des arbres. Ce Mondraker, nous l’avons découvert à cette image. On a aimé s’installer bien au centre du vélo, on a détester s’époumoner pour le faire tournicoter dans les sections techniques et on a adoré se laisser emporter dans la pente et dans les portions les plus cassantes de nos sorties. Ce Mondraker en appelle ensuite à votre responsabilité. Si ce modèle haut de gamme vous fait de l’oeil, sachez que vous en aurez pour votre argent, à condition de savoir où vous mettez les pieds. À vous d’aller dénicher les pistes les plus adaptées pour ensuite enchaîner les rotations jusqu’aux derniers pourcentages de batterie. 

Notre test en vidéo :

Plus d’informations : mondraker.com