Test | Mondraker F-Podium : quand plaisir rime avec efficacité

Auparavant séparé en deux châssis distincts (F-Podium et F-Podium DC), le vélo de cross-country de Mondraker faisait le grand écart entre une version « conservatrice » offrant 100 mm de débattement (et une tige de selle rigide…) et une seconde bien plus capable, et qui nous avait entre autres davantage séduits : Test | Mondraker F-Podium Carbon DC RR : smile to the medal

Après quelques apparitions sous forme de prototype sur les manches de coupe du monde de cross-country lors de la saison 2022, Mondraker avait finalement dévoilé une nouvelle et seconde génération de son F-Podium, avec l’objectif pour la marque de réunir le meilleur des deux mondes en un seul châssis cette fois !

Châssis : un Mondraker bien né

Impossible de le nier, le F-Podium est un Mondraker bien né ! Reprenant les grands codes visuels des tout-suspendus de la marque, il affiche un triangle avant signature de la marque avec ce tube supérieur très effilé, presque comme une lame.

Certaines lignes de ce nouveau F-Podium nous font également songer au Neatt, commercialisé dans le courant de l’année dernière. « Nous voulions un cadre aux lignes plus droites et plus angulaires, un tube supérieur aplati et totalement droit, un tube de direction plus stylisé et plus compact ainsi qu’un tube de selle plus court », détaille la marque.

Comme d’accoutumée chez Mondraker, le cadre est construit sur base du procédé Stealth Air Carbon, qui a pour but de permettre de réaliser des formes complexes et d’offrir le meilleur rapport poids/résistance du marché. Sur la balance, le cadre en carbone (avec amortisseur) est annoncé tout juste en dessous des 2 kg.

Du côté du vélo complet, notre modèle d’essai, le Mondraker F-Podium RR tarifé à 7999 € pointe à 11,78 kg (en taille M, sans pédale, mais avec porte-bidon). Un score qui le place loin des meilleurs de sa catégorie… À titre de comparaison, dans le même ordre de tarif, le Specialized Epic 8 Expert (7500 €) est à 11,10 kg, le Scott Spark RC World Cup TR (7999 €) affiche 10,9 kg et l’Orbea Oiz XTR Team (7999 €) a été pesé par nos soins à 10,6 kg. Mais c’est plutôt assumé par Mondraker, qui a privilégié une suspension sans concession et des équipements plutôt costauds, quitte à prendre quelques grammes au passage.

S’il partage des traits communs avec son prédécesseur, ce nouveau F-Podium s’est pourtant musclé pour cette génération avec des suspensions qui développent désormais 120 mm à l’avant et 110 mm à l’arrière.

Au niveau des standards, Mondraker a opté pour des solutions qui facilitent la vie : le boîtier de pédalier est fileté (BSA 73), l’étrier de frein arrière au standard Postmount 160 plutôt que Flatmount et le cadre est désormais conçu autour de l’interface Sram UDH, ce qui permet de l’utiliser avec une patte de dérailleur ou sans pour les nouvelles transmissions Sram T-Type (lire Reportage | Sram Eagle AXS 2023 : entrée dans un nouvel âge).

Sûrement moins pratique, mais plus esthétique, Mondraker a opté pour un passage interne des gaines dont l’entrée se fait désormais au sein du jeu de direction.

Suspensions : une construction Zero revue

L’augmentation du débattement  n’est pas la seule évolution côté suspension puisque l’architecture en elle-même évolue en profondeur sur ce nouveau F-Podium. Si Mondraker a conservé son système maison, baptisé Zero (pour zéro pompage, zéro kick back et zéro verrouillage au freinage), avec un système à point de pivot virtuel et un amortisseur flottant, ce dernier ne prend plus appui sur un basculeur, mais directement sur le triangle arrière, au-dessus des bases.

Selon la marque, ce changement a notamment permis d’abaisser l’amortisseur et de gratter de précieux grammes, grâce à une biellette qui relie les bases au triangle avant plus simple et plus compacte que le précédent basculeur.

Fox est aux commandes sur notre modèle d’essai, avec une fourche Fox 34 SC Factory de 120 mm et un amortisseur Fox Float SL Factory de 110 mm de débattement. On notera que le F-Podium est l’un des vélos compatibles avec les suspensions électroniques Flight Attendant de chez RockShox, la plus luxueuse version du catalogue en étant équipé de série.

Géométrie du Mondraker F-Podium

Côté géométrie, ce F-Podium s’inspire (beaucoup) de son prédécesseur au niveau du reach (455 mm en M soit -5 mm, 480 mm et pas de changements en L). Le passage à une fourche de 120 mm a par contre eu une conséquence sur la position qui est un peu plus haute (+20 à 25 mm de stack). On notera également que l’empattement s’allonge considérablement par rapport à la précédente génération (+20 à 36 mm), un peu à cause des bases (+3 mm), mais surtout à cause de l’angle de direction, qui perd 1,5° et affiche désormais 66,5°. Les bases mesurent 435 mm pour toutes les tailles. Bref, on est sur ce qui se fait de plus contemporain pour du XC offensif.

Équipements du Mondraker F-Podium RR

C’est un Mondraker F-Podium RR qui nous a été prêté pendant plusieurs semaines par la marque espagnole pour réaliser ce test. Ce modèle milieu de gamme est commercialisé à 7999 €. Comme on l’a déjà mentionné plus haut, les suspensions proviennent de chez Fox sur cette version, avec une fourche Fox 34 SC Factory de 120 mm et un amortisseur Fox Float SL Factory de 110 mm de débattement en dimension 165mm de longueur pour 45mm de course.

Surprise du côté de la transmission. Pour conserver un tarif concurrentiel sur cette version, Mondraker a choisi de faire des concessions sur le groupe, avec un très bon Sram X01… mécanique. Si celui affiche des performances toujours aussi bonnes que par le passé, il est difficile de concevoir un vélo à un tel tarif équipé d’une transmission à câble, alors que quasiment tous ses rivaux sont passés à l’électronique AXS sans fil. Concrètement, du XO1 mécanique, ça fonctionne toujours vraiment bien, et ce n’est pas une vraie « tare », mais pour un vélo neuf, et à un tel tarif, nous ne pouvons toutefois que regretter ce choix.

Sram est également présent au niveau du freinage avec une paire de Level Bronze Stealth à deux pistons, associés à des disques de 180 mm à l’avant et 160 mm à l’arrière. Sur le terrain, le freinage est suffisant, mais vu les capacités de l’engin en descente, peut-être que la version 4 pistons aurait été plus appropriée.

Le train roulant est composé d’une paire de roues Mavic Crossmax XL R en carbone, avec une largeur interne de 30 mm. Celles-ci sont chaussées de pneumatiques Maxxis Rekon Race en 2.4 (carcasse EXO). Même si les Mavic sont plutôt performantes et homogènes dans leur comportement, ce ne sont clairement pas les plus légères du marché et il y a du poids à gratter à ce niveau dans le cadre d’un éventuel upgrade.

OnOff, la marque maison de composants de Mondraker, s’occupe du poste de pilotage avec un cintre en 760 mm de large et une potence de 50 mm de long. La tige de selle télescopique est maison également (OnOff Pija) et offre entre 120 et 150 mm de débattement (ajustable au choix par incrément de 10 mm). Celle-ci est surmontée d’une selle Fizik Vento Argo X5. Tous ces composants sont de très belle facture. Nous avons simplement noté que la tige de selle nécessite une petite attention au niveau de la lubrification, mais l’opération est simple à réaliser.

Versions et tarifs du Mondraker F-Podium 2024

La gamme est composée de cinq modèles : le F-Podium à 4999 € (le seul sans tige de selle télescopique), le F-Podium R à 6799 €, le F-Podium RR à 7999 € (le seul en suspensions Fox, et qui illustre cet article) et le F-Podium RR SL à 10 999 €.

Le F-Podium Unilimited Flight Attendant, modèle le plus exclusif, est sorti il y a quelques mois lors du lancement des suspensions électroniques Flight Attendant de chez RockShox. Il est affiché à l’onéreux tarif de 13 799 €. On notera que tous les vélos sont équipés en Sram, mais que seuls les RR SL et Unlimited bénéficient d’un groupe AXS T-Type, les autres sont en montage classique et commande à câble.

Mondraker F-Podium 2024 : le test terrain

Pour la durée de ce test, c’est un Mondraker F-Podium RR que la marque d’Alicante a mis à notre disposition. Pour notre mètre 77, le guide des tailles de la marque nous positionnait (comme souvent) entre la taille M et la taille L, et c’est finalement sur la plus petite des deux que nous avons réalisé ce test, et c’était parfait. Mondraker n’est pas une marque où il faut sur-tailler, bien au contraire car les cadres sont globalement assez longs. Côté réglages des suspensions, Mondraker recommande un SAG d’environ 25% à l’arrière, estimation qui a été confirmée par les expériences de différents testeurs au sein de la rédaction. Pour le reste, on s’est simplement contenté d’abaisser le poste de pilotage en retirant deux entretoises en dessous de la potence afin de bien pouvoir charger l’avant.

On prend toutefois un instant pour émettre une remarque sur le réglage de l’amortisseur qui, enfermé au sein de ce tunnel dans le cadre, s’est révélé un peu contraignant à effectuer. Néanmoins, il est plutôt bien protégé de la boue par sa petite protection et même dans les pires conditions, nous n’avons pas noté de souci à ce niveau même s’il peut paraître fort exposé de prime abord.

La précédente génération du Mondraker F-Podium nous avait totalement convaincus par son côté fun et extrêmement capable dans un usage « downcountry »… et nous avons eu la bonne surprise de découvrir que ces atouts étaient toujours de la partie pour cette nouvelle génération ! Voire même encore plus développés.

Associée à la fourche Fox 34 et à l’amortisseur Float SL, la cinématique du F-Podium est un vrai régal dans les portions descendantes, que le terrain soit technique ou non. Les suspensions sont efficaces et offrent beaucoup de confort, et l’on finit par avoir l’impression de disposer toujours d’un peu plus de débattement disponible que les 110 mm annoncés sur le papier. Au fond, peu importe le nombre, c’est la manière dont la cinématique fonctionne qui a le plus d’importance et, même si c’est plus lourd qu’un mono-pivot classique, on sent clairement le surcroît de sensibilité et de grip de la roue arrière. Le Mondraker F-Podium est également un vélo qui procure un sentiment de sécurité assez prononcé. Il ne faut pas longtemps avant de se sentir à l’aise et de se lancer confiant face à des passages techniques.

Un véritable élément de différenciation par rapport à la précédente génération est l’arrivée d’une position intermédiaire au niveau des suspensions. Le Mondraker F-Podium n’est pas le premier vélo sur lequel nous parvenons à cette conclusion : nous avons beaucoup utilisé et apprécié cette position intermédiaire, et ce dans divers cas de figure. La situation la plus évidente est celle des ascensions techniques où l’on désire accorder traction et transfert de puissance maximal.

Il faut également préciser que c’est un exercice dans lequel le F-Podium s’épanouit pleinement. Le système de suspension dit « Zéro » par la marque (pour zéro pompage, zéro kick back et zéro verrouillage au freinage) affecte effectivement très peu le pédalage, ce qui permet de conserver un très bon grip au niveau de la roue arrière. Ces caractéristiques sont juste exacerbées avec l’amortisseur en position intermédiaire. La roue arrière a une adhérence bluffante, sans qu’on ressente de pompage ou la moindre perte de rendement.

Cette position intermédiaire nous a également semblé tout indiquée sur les singletracks mixtes (oscillant entre montées et descentes, et/ou cassant mais sans gros dénivelé). Celle-ci permet d’avoir un vélo qui offre du confort sur les petits et moyens impacts, tout en gardant une bonne assiette et en permettant d’envoyer les Watts pour faire défiler le paysage.

Là où l’on reste un peu sur notre faim, c’est au niveau de l’explosivité du châssis. On vous en a parlé lors de la présentation statique, le Mondraker F-Podium est plutôt lourd face à la rude concurrence du secteur et cela s’en ressent inévitablement sur le terrain. C’est notamment le cas lors d’accélérations franches, où après plusieurs coups de pédales, c’est comme si le punch offert par le vélo s’essoufflait et que l’on devait déployer plus d’efforts que ce que nous rend réellement le vélo. Bref, on peut monter au train en tout confort, on peut monter plus vite en y mettant les formes, mais pas à fond tout du long comme avec certains concurrents plus légers. C’est un point qu’on pourra en partie corriger avec un train roulant plus léger, mais de manière globale, le F-Podium s’exprimera mieux si vous roulez sur des terrains techniques que sur des pistes roulantes.

Verdict :

Si son prédécesseur (en version « DC ») nous avait déjà séduits, cette nouvelle génération du Mondraker F-Podium n’a fait que renforcer ses points forts pour obtenir un châssis encore plus abouti ! Si l’on ne devait retenir qu’une seule chose de ce modèle, ce serait sa polyvalence. Malgré son débattement arrière de « seulement » 110 mm, ce châssis de cross-country est capable de pousser le curseur assez loin vers le trail grâce à son excellente cinématique. En plus d’un vrai confort et d’une bonne sensibilité, l’architecture de suspension offre le soutien nécessaire pour s’attaquer aux pires portions techniques. Ajoutez à cela la bonne position dans laquelle le F-Podium place le pilote et vous avez une arme de guerre pour les descentes ! En montée, le constat est plus nuancé. Excellent d’un côté et mention simplement satisfaisante de l’autre : en montée technique, le F-Podium (et sa position intermédiaire de suspensions) offre énormément de grip à la roue arrière, de quoi venir à bout de (quasi) toutes les montées impossibles ; par contre, le petit embonpoint du vélo l’empêche d’être une vraie machine à accélérations franches et attaques en tout genre sur des terrains plus roulants. Si vous cherchez un châssis prêt à vous accompagner partout, et que le plaisir de pilotage est votre moteur, ce F-Podium sera un véritable compagnon de choix !

Pour plus d’informations : mondraker.com