Test – Michelin Wild Race’r Enduro Rear : Bibendum soigne ses arrières
Par Olivier Béart -
Présent dans le vtt de longue date avec des hauts et des bas, le géant français du pneumatique semble remettre notre sport parmi ses priorités. En témoigne notamment le recrutement de pilotes de renom comme Pierre-Edouard Ferry, Nicolas Vouilloz, Rémy Absalon ou encore, plus récemment, Jérôme Clementz afin de mettre au point de nouveaux produits dans le segment enduro. Parmi les derniers développements en date, on trouve le Michelin Wild Race’r Enduro Rear, un pneu destiné, comme son nom l’indique, au montage arrière dans le cadre d’un programme enduro. Lors du Roc d’Azur, nous en avons récupéré un exemplaire de test. Aujourd’hui, après plusieurs mois de test, voici le verdict.
Ce profil, justement, marque une rupture avec le précédent Wild Race’r, qui existe toujours en version XC mais qui devrait lui aussi céder la place rapidement, dans la mesure où nous avons aussi aperçu des prototypes de XC, notamment sur les vélos du team BH-Suntour. Exit les crampons en carré sur pointe, place, au centre, à des tétines très allongées aux angles plus prononcés et disposés en forme de flèches. Le profil est aussi plus rond malgré des crampons latéraux imposants. D’après les tests menés par les stars de la marque, il offrirait une meilleure stabilité au freinage et des décrochages plus progressifs, tout en préservant le rendement, très important à l’arrière en enduro.
Le nouveau Michelin Wild Race’r Enduro Rear est proposé en 27,5 » et 29″ (pas en 26 », ce qui est un peu dommage dans ce segment), mais en une seule section, de 2.35 », qui s’est d’emblée imposée aux développeurs comme le bon compromis. Monté sur une jante de 26mm pour ce test, nous avons mesuré sa largeur « utile » à 2,30 » entre les extrémités des crampons latéraux. Mais, quoi qu’il en soit, il dégage une impression visuelle de volume assez important. La carcasse est en 3x33tpi renforcée, ce qui est indispensable vu le caractère plus exposé du pneu à l’arrière. Quant à la gomme, il s’agit de la fameuse Gum-X en deux duretés, plus ferme au centre et plus tendre pour les crampons latéraux.
Sur la balance, la dernière version du Michelin Enduro Rear affiche un poids respectable de 1010g. C’est un poil moins que l’ancien qui oscillait plutôt autour de 1050g, mais on voit que Bibendum a clairement plus misé sur la fiabilité que sur la recherche du gain de poids à tout prix. Reste à voir si cela se vérifie en pratique, ce que nous avons fait tant en Belgique que dans l’Est de la France, en course comme lors de sorties engagées par tous les temps, à la faveur d’un hiver qui a mis du temps à s’imposer mais qui est ensuite arrivé en force.
Michelin Wild Race’r Enduro Rear : le test terrain
Comme toujours chez Michelin, les tringles sont très ajustées et le montage sur la jante demande un peu de poigne, mais dans le cas de nos deux modèles d’essai, cela reste très raisonnable et il n’est pas nécessaire de recourir aux démonte-pneus (testé sur des jantes Notubes Bravo et American Classic Wide Lightning). Le gonflage est une simple formalité et peut s’envisager sans souci à la pompe à pied, voire même avec une bonne mini-pompe ! L’étanchéité est, elle aussi, parfaite. Nous l’avons roulé en combinaison avec le Michelin Wild Grip’r, mais surtout avec le Wild Rock’r 2 à l’avant, avec une préférence pour le deuxième, plus polyvalent et accrocheur en toutes circonstances que le Grip’r, plus orienté vers les conditions sèches.
Sur le terrain, le Michelin Wild Race’r Enduro Rear nous a d’emblée impressionnés. Très vite, il s’est montré à l’aise sur une très grande variété de terrains, à tel point qu’on se dit que si on cherche un seul pneu pour rouler toute l’année en montage arrière, cela pourrait bien être celui-ci ! Même si ses crampons laissent imaginer au départ qu’il est destiné aux conditions sèches et aux sols durs où il excelle avec ses multiples petits crampons, il montre en fait d’excellentes dispositions également dans la boue et même dans la neige, où nous avons aussi eu l’occasion de le rouler. Au final, il n’y a que dans la boue très collante qu’il montre ses limites. Mais pour le reste, quelle polyvalence !
Les nombreux petits crampons orientés dans le sens de la marche en font une véritable arme en dévers, et son accroche latérale en virage est parfaitement dans la lignée de ce qu’on attend d’un pneu arrière d’enduro : ça tient tant qu’on roule, même très, très vite, et ça glisse bien progressivement quand, au freinage, on amorce un drift avec le bassin.
Il se montre nettement plus prévisible que son prédécesseur, qui avait tendance à flotter dans les phases de décélération
Certes, il n’offre pas autant de grip qu’un pneu à grosses cales type mud, mais on s’y attendait et ses performances restent excellentes, notamment grâce à l’importante surface de contact avec le sol qui permet de gérer avec sérénité les situations les plus périlleuses. Dans ces circonstances, il se montre aussi nettement plus prévisible que son prédécesseur, qui avait tendance à flotter dans les phases de décélération. Ici, si vous voulez rester en ligne, aucun souci. Il n’y a que si vous souhaitez glisser latéralement qu’il se laissera faire docilement.
Seules les pierres ou racines humides et glissantes arrivent à montrer les limites du Michelin Wild Race’r Enduro Rear et à donner quelques sueurs froides au pilote. Mais, au final, on constate qu’on s’en sort toujours et qu’on finit à chaque fois par retrouver le grip nécessaire. Le truc, et cela montre que c’est vraiment un pneu typé racing développé par des pilotes de haut niveau, c’est qu’il faut le laisser rouler et garder de la vitesse pour qu’il montre toutes ses qualités. Si vous avez tendance à être tendu et à bloquer les roues, mieux vaut vous orienter vers un autre modèle qui vous pénalisera en rendement, mais qui se montrera plus rassurant.
Le rendement, justement, parlons-en ! Malgré son poids respectable, le Michelin Wild Race’r Enduro Rear est clairement parmi les pneus les plus roulants du segment. Si vous avez l’habitude de rouler avec de grands classiques du style Schwalbe Hans Dampf, Maxxis DHXr ou Minion II, vous allez avoir l’impression de voler ! Par rapport à un autre pneu faiblement cramponné comme le Schwalbe Rock Razor, il nous a semblé encore un peu plus roulant, sans doute grâce à son profil un poil plus rond.
Son poids important sur la balance est très utilement compensé par une résistance de haut vol
Reste un chapitre important, celui de la solidité. Et le constat est clair : en trois mois de roulage intensif, nous n’avons pas réussi à le prendre en défaut. Certes, nous n’avons pas eu l’occasion de l’emmener dans la caillasse du Sud, mais nous ne l’avons pas épargné non plus et, après l’avoir emmené dans des endroits qui ont eu raison de plusieurs de ses collègues, il s’en est sorti sans une égratignure ! Son poids important sur la balance est donc très utilement compensé par une résistance de haut vol qui invite vraiment à lâcher les freins et à piloter sans arrière-pensée.
Visiblement, le travail de développement de Michelin a porté ses fruits et, si les premiers prototypes avaient tendance à s’user très rapidement, ce n’est pas le cas de la version de série. Pas un crampon déchiré ou poncé par un freinage appuyé, pas une entaille dans la carcasse : il n’est plus comme neuf, mais pas loin, et on peut s’attendre à une excellente durabilité compte tenu du fait qu’il s’agit, rappelons-le, d’un pneu arrière hautes performances. Combiné à des jantes larges, nous sommes descendus jusqu’à 1,2bar (sur neige), sans que le pneu ne montre de torsion parasite dans les appuis. Comme souvent chez Michelin, la carcasse est bien rigide, mais on n’est heureusement plus dans certains excès du passé. Et la tenue sur la jante reste sûre en toutes circonstances.
Verdict
Taillé par et pour quelques-uns des meilleurs pilotes au Monde, le Michelin Wild Race’r Enduro Rear n’a pourtant rien d’un pneu exclusif. Oui, il est pensé pour le rendement. Oui, il est faiblement cramponné. Mais, lors de ce test, il s’est montré d’une polyvalence que nous n’attendions pas. Il a aussi su se montrer rassurant et prévisible, même si nous le recommandons plutôt à des pilotes avec un certain bagage technique. Sa solidité est aussi absolument remarquable. Bref, si comme nous vous n’aimez pas changer tout le temps de pneus et que vous n’avez pas envie de vous sentir scotché au terrain par un boudin de tracteur, la dernière réalisation de Bibendum est faite pour vous !
Plus d’infos : http://velo.michelin.fr/pneus/michelin-wild-race-r-enduro-rear