Test | Mavic E-Deemax & E-Deemax S : des roues e-bike indestructibles, vraiment ?

Par Olivier Béart -

  • Staff pick

  • Tech

Test | Mavic E-Deemax & E-Deemax S : des roues e-bike indestructibles, vraiment ?

En plus de ses gammes XC, Enduro et DH, Mavic dispose aussi de roues pensées spécifiquement pour les VTT à assistance électrique. Nous avons testé les modèles aluminium de la marque française, les E-Deemax proposées au tarif très attractif de 469€, et les E-Deemax S plus perfectionnées et proposées à 899€. Quelles sont les différences ? Répondent-elles aux attentes ? Vojo les a testées :

Après avoir essayé les modèles carbone de XC (voir : Test | Mavic Crossmax SLR & XLR Carbon : le retour au sommet !) et la version alu haut de gamme, toujours pour le XC (voir : Test | Mavic Crossmax SLS aluminium : de la robustesse pour le XC), nous avons cette fois voulu nous intéresser à l’offre e-bike de Mavic afin de voir si, comme nous l’avons perçu sur les autres segments, Mavic est bel est bien de retour au premier plan.

Mais avant de passer à l’essai, plantons le décor.

La gamme de roues VTT électrique chez Mavic

Dans la gamme de roues e-bike de la marque française, on retrouve désormais trois modèles. Si le haut de gamme est facilement identifiable, il faut jouer au jeu des 7 erreurs sur les fiches techniques pour bien distinguer les versions en aluminium… même si elles ont un comportement plus facile à différencier sur le terrain comme nous le verrons plus loin.

Le haut de gamme est désormais assuré par les Mavic E-Crosstrail SL à jantes carbone annoncées à 1725g pour 1549€, que nous avons eu l’occasion de vous montrer lorsqu’elles ont été dévoilées au Roc d’Azur (voir : Roc d’Azur 2023 | Balade dans les allées du salon du Roc).

On trouve ensuite les deux modèles en aluminium testés ici, les Mavic E-Deemax et E-Deemax S.

Les Mavic E-Deemax S se distinguent par leurs jantes aluminium tubeless sans fond de jante, grâce à la technique Fore développée par Mavic depuis le tout début des pneus sans chambre à air et les premières Mavic UST sorties en 2000. En plus du côté pratique, sur des jantes d’enduro et encore plus d’e-bike, cette construction permet d’encore accroître la solidité de la jante, dont le fond n’est pas percé. Par contre, ce type de construction impose l’usage de tête de rayons spécifiques, ce qui n’est pas toujours pratique en cas de remplacement. Notons tout de même que deux rayons avec écrou sont fournis à l’achat.

Par rapport aux jantes des Deemax Enduro SL, celles des E-Deemax S sont renforcées pour répondre aux contraintes et au poids supérieur des VTT à assistance électrique. Cela ne les empêche pas d’être usinées avec le procédé ISM afin d’enlever de la matière là où elle n’est pas indispensable (entre chaque tête de rayon), mais cet usinage est moins poussé que sur les modèles enduro ou XC de la marque. Enfin, niveau finition, elles disposent d’un traitement « Black Shield » qui les rend en principe plus résistantes aux rayures et aux chocs qu’une jante classique.

De leur côté, les E-Deemax « de base » disposent de jantes beaucoup plus simples. Elles sont percées de manière classique et on trouve un fond de jante autocollant pour assurer l’étanchéité tubeless ; elles ne sont pas usinées ISM et elles ne disposent pas d’un traitement de surface spécifique. Le poids s’en ressent légèrement : on arrive à 2160g la paire, contre 2070g pour la version S.

Par contre, on remarque qu’elles disposent bien (comme le modèle S), des parois de jantes PFP (Pinch Flat Protection) qui sont en fait de petits « bourrelets » situés au niveau des crochets. Ils ont deux objectifs : renforcer cette zone qui est souvent un point faible sur une jante en cas d’impact avec le sol et limiter le côté « tranchant » de ces crochets, qui peuvent parfois découper le pneu quand celui-ci se retrouve comprimé entre la jante et un obstacle (crevaison par pincement, qui est moins courante depuis l’arrivée du tubeless mais qui peut encore arriver, surtout en e-bike vu le poids de la machine).

Dans les deux cas, on retrouve sur les E-Deemax et E-Deemax S des moyeux maison disposant d’un corps de roue-libre à rochets (roues crantées) dont Mavic a soigné l’étanchéité et la fiabilité afin de se refaire une réputation dans le domaine après avoir utilisé des systèmes ayant connu quelques soucis il y a un certain nombre d’années. Les rayons sont au nombre de 28. Pour ce qui est des formats et standards, les moyeux sont disponibles avec corps de roue-libre XD (Sram) et MicroSpline (Shimano), fixation disque 6 trous ou Centerlock et en diamètre 29 ou 27,5. Attention : la largeur de jante est d’office en 30mm en 29 pouces et en 35mm en 27,5 pouces.

Au niveau du tarif, les Mavic E-Deemax font figure de bonne affaire, avec un tarif attractif de 469€ la paire ; alors que les E-Deemax S sont quant à elles au prix de roues alu haut de gamme : 899€. On peut s’étonner d’une telle différence de tarif, qui se joue sur une accumulation de détails qui font grimper le coût de l’une par rapport à l’autre. Reste à voir comment chacune se comporte et si la différence se ressent.

Mavic E-Deemax & E-Deemax S : le test terrain

Nous avons eu l’occasion de tester les Mavic E-Deemax et E-Deemax S sur plusieurs vélos de test, ainsi que sur les e-bikes de la rédaction, montés à la base avec d’autres roues. Comme sur la fiche technique, il faut y regarder de près pour différencier les deux versions. Pourtant, à l’essai, il est possible de cerner des différences.

Les E-Deemax sont avant tout des roues homogènes, qui dégagent une impression de robustesse. Montées sur des e-bikes très lourds, comme le Haibike N-Duro que vous voyez en images et que nous avons pesé à 27kg en état de marche (!), elles n’ont pas montré de faiblesse. Que ce soit au niveau de leur rigidité ou de leur solidité, elles semblent taillées pour pouvoir assumer les pires traitements et les ensembles pilote/machine les plus lourds.

Par contre, les E-Deemax sont des roues assez neutres au niveau de leur comportement. Difficile de leur reprocher quoi que ce soit, elles tiennent bien les trajectoires et elles sont saines dans les appuis, mais on ne peut pas vraiment parler de roues vivantes. Elles ont parfaitement leur place sur de gros e-bikes entrée et moyen de gamme, qui ne poussent eux-mêmes pas forcément à un pilotage enjoué.

Justement, c’est là que la différence se marque avec les Mavic E-Deemax S. Leur jante et leur rayonnage différents suffisent à donner un caractère beaucoup plus vivant à cette version S, pourtant à peine plus légère. Est-ce que cela justifie qu’elles coûtent quasiment le double du prix de la version de base ? Pas sûr. Mais en tout cas, la différence est bien palpable sur le terrain et nous les avons trouvées bien plus adaptées à des montages sur les VTTAE haut de gamme, eux-mêmes plus légers et/ou avec une distribution des masses finement étudiée pour permettre un pilotage beaucoup plus actif.

Si vous songiez à monter la version S sur un gros e-bike placide et que vous vous contentez de faire de la rando à allure cool, dites-vous que les E-Deemax les plus accessibles suffiront amplement. Mais sur un vélo tourné vers le plaisir de pilotage dans le technique et les trails enduro comme le Mondraker Crusher RR qui illustre cet essai, alors la version S a une réelle pertinence. Les changements de direction sont plus précis et surtout, on sent que cette version S donne une meilleure lecture du terrain en dissipant mieux les vibrations que sa petite sœur.

De manière générale, beaucoup apprécient les roues en aluminium, réputées un peu plus tolérantes que les versions carbone… même si on peut quasiment tout faire au niveau du comportement de roues en carbone, qui offrent beaucoup plus de liberté de conception au niveau des formes, du choix de fibres, de leur orientation, etc. par rapport à l’aluminium. Avec ces deux E-Deemax, on retrouve ce type de comportement, et celui-ci nous a semblé plus poussé sur la version S, qui parvient pourtant à donner le même sentiment de rigidité et de robustesse que sa petite sœur.

Pour ce qui est du comportement en côte et dans les ascensions, difficile de vraiment les différencier. L’assistance électrique permet de faire oublier leur poids et gomme les éventuelles différences qu’il pourrait y avoir entre les deux. On peut tout de même percevoir une petite différence dans les ascensions très techniques, où la version S peut se montrer légèrement plus capable de s’adapter au terrain et offrir un comportement plus flatteur, mais il faut vraiment être très fin pour le remarquer.

Au rang des défauts souvent constatés avec les jantes alu en usage e-bike, force est de constater qu’elles ont tendance à prendre assez vite des pocs au niveau de leurs crochets, et leur résistance à l’impact a du mal à égaler celle des roues carbone (qui, il est vrai, vont casser et non plier une fois leurs limites atteintes). Eh bien pas les Mavic ! Ou du moins, moins fort et moins rapidement que la plupart des autres roues alu que nous avons eu l’occasion de rouler sur des e-bikes. Le système PFP (pinch flat protection) est réellement efficace et, combiné à un aluminium de qualité utilisé dans les deux cas, les jantes de nos deux modèles de E-Deemax se sont montrées d’une belle robustesse. Elles nous en tout cas paru plus résistantes que la moyenne. En théorie, le modèle S devrait s’avérer encore plus robuste et durable grâce à ses jantes au perçage Fore qui ne troue que la partie supérieure et qui permet de se passer de fond de jante, mais ce qui est certain c’est que sur la finition, le modèle S prend un avantage supplémentaire grâce à un traitement de surface plus pointu qui leur permet de mieux résister aux agressions du terrain (griffes, etc).

Verdict

Ne tournons pas autour du pot, les roues Mavic E-Deemax et E-Deemax S comptent pour nous parmi les toutes bonnes roues e-bike alu du marché. Commençons par un premier point important : la robustesse de leurs jantes, qui permettent de rouler en confiance, y compris sur des e-bikes lourds. Rien n’est indestructible, mais nous n’avons noté aucune trace d’impact majeur sur aucune des E-Deemax testées… et pourtant, nous en avons eu plusieurs paires sur des vélos d’essai et nous les avons roulées sur des terrains très variés, y compris les cailloux du Sud. Pour de la simple rando et/ou un montage sur un e-bike au comportement placide, les E-Deemax « de base » peuvent suffire amplement. Pour des pilotes plus aguerris qui veulent les monter sur un e-bike plus sportif destiné à être emmené sur des terrains techniques et piloté avec vigueur, les E-Deemax S peuvent apporter une réelle plus-value grâce à un comportement plus raffiné en tous points. Néanmoins, tout en reconnaissant les qualités de la version S et en comprenant que leurs jantes sont nettement plus complexes à produire, la différence de prix nous paraît excessive entre les deux modèles. Avec un tarif un peu plus bas, les Mavic E-Deemax S friseraient le sans-faute !

Mavic E-Deemax & E-Deemax S

469€ & 899 €

2160g & 2070g

  • Robustesse et solidité des jantes supérieure à la moyenne
  • Comportement homogène et conciliant
  • Roues vivantes et dynamiques (E-Deemax S)
  • Comportement très neutre (E-Deemax)
  • La version S apporte un réel plus... mais elle le fait payer trop cher !
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart