Test | Magura Vyron eLect : la télescopique électrique enfin au point ?
Par Olivier Béart -
La marque a surpris pas mal de monde à l’été 2016 en présentant une tige de selle télescopique sans fil, dotée d’un mécanisme électronique. Mais les premiers exemplaires de la Magura Vyron ont rencontré pas mal de petits soucis de jeunesse ; pas tant au niveau de la fiabilité, plutôt très bonne, que de la mise au point. Aujourd’hui, les allemands ont revu leur copie et relancent la Vyron « 2.0 », en espérant cette fois réussir à convaincre des avantages de leur concept. Vojo a testé cette version mise à jour :
Nous avions déjà eu l’occasion de vous présenter en détails la Magura Vyron lors de sa sortie, dans cet article. Nous vous invitons à le consulter pour plus de détails et nous retiendrons juste ici qu’elle utilise une cartouche hydraulique, avec une vanne électronique en lieu et place de celle activée habituellement par câble. La commande et la tige dialoguent grâce au protocole ANT+ et Magura annonce une autonomie de 400 mouvements + 20 de réserve. Elle est disponible en 100, 125 et 150mm de débattement, et en 30,9 et 31,6mm de diamètre.
Ce qui change sur cette version, c’est principalement la réactivité du mécanisme et la durée d’ouverture, plus courte
Voilà pour la théorie. Ce qui change sur cette version, suite aux retours des premiers utilisateurs qui étaient, il faut le dire, assez mitigés, c’est principalement la réactivité du mécanisme et la durée d’ouverture, plus courte, pour donner un feeling plus naturel. Nous en reparlerons, mais un petit cache permet aussi à la commande d’être plus facile à manipuler. Nous verrons au moment du test terrain si cela est suffisant pour convaincre.
Quand on ouvre la boîte, on trouve une tige de selle bien finie et dont la petite excroissance sous le chariot de selle, liée à son électronique, sait se faire discrète une fois la selle installée. C’est par ce petit boîtier que se fait la charge, qui dure environ 3h pour atteindre les 100%, via une prise mini-USB. Un petit capuchon en silicone vient assurer la protection de l’ensemble et permet d’allumer ou d’éteindre la tige de selle. Mais en pratique, on ne s’en sert jamais, dans la mesure où elle dispose d’un mode veille automatique qui préserve bien la batterie.
Très vite, on se rend compte de l’énorme point fort de cette Magura Vyron : sa facilité d’installation ! Quand il faut se prendre la tête avec des câbles à passer dans le cadre (ou, plus rarement, en extérieur) et un premier réglage bien souvent fastidieux, ici, c’est réellement du « plug and play ». On retire son ancienne tige de selle, on place la Vyron… et le tour est joué ! Ou presque : il faut synchroniser la tige et la commande, mais l’opération est simple et bien expliquée dans le mode d’emploi.
Justement, venons-en à la commande. Si la tige de selle est entièrement en aluminium, la commande au guidon est quant à elle en plastique. Très légère (16g selon nos mesures), elle est alimentée par une pile bouton et elle tient sur le cintre au moyen d’un simple ruban de caoutchouc. Petite nouveauté : un cache plastique peut se placer sur les trois boutons pour augmenter la surface de contact avec le pouce. Car s’il y a trois boutons, c’est parce que cette commande est universelle et peut aussi servir pour une fourche ou un amortisseur eLect de la marque.
En pratique, on ne se sert ici que d’un bouton, et ce cache est indispensable pour donner un minimum d’ergonomie à la commande. Si votre cintre est déjà bien chargé, même si elle a l’air compacte, la commande de la tige de selle Magura Vyron n’est pas si facile que cela à placer sur le poste de pilotage et l’excroissance contenant la pile peut venir buter sur les vis de certains leviers de freins, shifters ou blocages de suspension. Si vous avez des freins Magura par contre, c’est plus facile. L’élastique de serrage est aussi un peu léger et la commande peut bouger légèrement. Mais sur les vélos sur lesquels nous l’avons essayée, nous avons toujours fini par trouver un réglage satisfaisant, à défaut dêtre optimal.
Avant de passer au test terrain, signalons que, sur la balance, la Magura Vyron affiche un poids de 599g + 16g de commande. On reste donc dans la moyenne des autres modèles du marché, et l’électronique n’occasionne pas de surpoids. Mieux : si on compte le câble et la gaine, elle est même un peu plus légère que certains modèles classiques. Niveau tarif, on est au-dessus de la concurrence. Avec 449€ annoncés, c’est 100€ de plus qu’une Reverb. Ca commence à compter, mais sa facilité de montage peut peser dans la balance.
Attention encore à un dernier point : la Magura Vyron a une longueur totale assez importante. Cela ne se marque pas trop sur la version 150mm, qui fait 446mm contre 440mm pour une Reverb par exemple ou 455 pour une Fox Transfer, mais la 125mm fait 421mm en tout, contre 390 pour une Reverb et 396mm contre 340 en 100mm. Si vous avez peu de sortie de selle, il se peut que la Vyron ne puisse pas être montée sur votre cadre ! mesurez bien avant l’achat pour ne pas être surpris.
Magura Vyron eLact : le test terrain
Si le montage et la synchronisation sont un jeu d’enfant, se servir de la tige de selle télescopique Magura Vyron l’est aussi. En début de sortie, vous appuyez une fois sur le bouton situé sous la selle, ou sur la commande au guidon pour la « réveiller », et le tour est joué, elle est prête à être utilisée. Une petite lumière verte sur la commande vous le signale d’ailleurs. On pourrait craindre qu’elle se remette en veille pendant une liaison entre deux spéciales, mais elle se réveille vite et nous ne nous sommes jamais retrouvés à l’entame d’une descente avec une tige de selle qui ne voulait pas répondre.
On sent que des modifications ont été apportées, et elles vont dans le bon sens
Au-delà d’une brève prise en main lors de la présentation, nous n’avions jamais eu la première version de la Magura Vyron en test sur nos sentiers. Nous avons par contre entendu les retours de pas mal de premiers clients qui n’étaient pas pleinement satisfaits du fonctionnement de la version 1. Ici, clairement, on sent que des modifications ont été apportées, et elles vont dans le bon sens.
La tige de selle Magura Vyron n’est pas encore parfaite, mais elle est aujourd’hui bel et bien pleinement utilisable et elle tient la route par rapport à ses concurrentes plus classiques. Il n’y a plus de temps de latence entre le moment où on appuie sur la commande au guidon et la mise en action du mécanisme, ce qui est un premier bon point. La durée d’ouverture est aussi très bien calibrée pour avaler d’une traite les 125mm de débattement de notre modèle d’essai. Pour les positions intermédiaires, c’est un peu moins facile, mais on doit vous avouer qu’on abaisse rarement notre tige de seulement sur une partie de son débattement. La vitesse de remontée peut s’ajuster via une valve de pression d’air en bas de la tige. La plage est réduite, mais on peut aller de « moyennement rapide » à « plutôt rapide ». Mais pas de remontée éclair, ce qui n’est pas un souci à nos yeux car quand c’est trop violent ce n’est pas idéal non plus.
Côté positif toujours, sur les 6 semaines de notre test et la douzaine de sorties effectuées en sa compagnie, nous avons pu voir qu’elle ne craint absolument pas l’eau ni la boue. C’est un peu tôt pour juger de son vieillissement et d’une éventuelle prise de jeu, mais l’ensemble est bien construit et plusieurs indices laissent à penser qu’elle devrait bien vieillir. Pas de souci d’autonomie non plus… et nous ne l’avons rechargée qu’une fois, plus par acquit de conscience que véritable nécessité.
Si la tige en elle-même semble aujourd’hui bien au point, c’est plus au niveau de la commande qu’on pense qu’il y a encore des progrès à faire. Pour nous, elle fonctionne bien à l’arrêt quand on la montre aux copains ou quand on fait une démo sur le stand d’un salon. Mais sur le terrain, le VTT est un sport parfois brutal, qui met tous vos sens en alerte. On a donc besoin de vrais retours d’information du vélo quand on freine, change de vitesse, bloque une suspension… ou qu’on active sa tige de selle télescopique.
C’est ce que Shimano a très bien compris avec son Di2 VTT : les commandes ont un clic bien marqué, elles s’activent par un mouvement de plusieurs centimètres et le pilote sait et sent ce qu’il fait. Avec la commande Magura eLect couplée à la Vyron, c’est juste un un petit « clicounet » de rien du tout, et en plus, la tige est très silencieuse et n’émet pas de claquement quand elle est en butée haute ou basse. Bilan, sur le terrain, on s’y perd un peu et on cafouille parfois. Selon nous, Magura pourrait garder cette commande, qui conviendra aux pratiquants plus loisirs, mais devrait développer une commande spécifique et plus proche des modèles classiques pour séduire les compétiteurs qui ont besoin de sentir leur machine quand ils roulent. On aimerait aussi que le circuit hydraulique reste ouvert tant qu’on appuie sur la commande, ce qui n’est pas le cas actuellement et qui peut gêner ceux qui aiment s’arrêter à un débattement intermédiaire.
Verdict :
Magura a bel et bien fait évoluer sa Vyron dans la bonne direction. La tige de selle est aujourd’hui au point et agréable à utiliser. Son installation plug and play hyper facile est un atout unique qui séduira ceux qui n’aiment pas se prendre la tête en mécanique. Niveau fonctionnement, elle parviendra à convaincre les bikers qui ne sont pas en quête de performance ultime, mais il manque encore une commande plus « virile » et moins avare en retour de sensations pour s’attirer les faveurs des compétiteurs. On espère que Magura se penchera vite sur la question car il ne lui manquera alors plus grand chose pour être un véritable benchmark et envoyer à la retraite les « vieilles » commandes à câble.
Plus d’infos : www.magura.com/fr/components/bike/trailseries/productdetailpage/?p=2581