Test lecteurs Vojomag : l’Haibike SDuro Full Seven LT 9.0 sur le gril
Par Elodie Lantelme -
3 jours sur des sentiers aux visages variés, terrains cassants ou plus roulants, secs ou sous la pluie, 3 profils de testeurs différents… En votre compagnie, nous avons poussé celui qui se veut le fer de lance de la gamme all-mountain/enduro chez Haibike dans ses retranchements. Verdict.
Le principal intéressé
Le SDuro, c’est en effet le bon élève de la gamme, avec sa géométrie moins radicale que les modèles XDuro, son tube de selle plutôt redressé, son angle de fourche qui ne nécessite pas d’aller vite pour apprécier ses qualités dynamiques.
Bref, une vocation sport mais pas extrême, incarnée par son angle de direction de 67°. Une valeur classique, identique entre les modèles LT et non-LT grâce à la différence de déport du té de fourche.
Spécificité Haibike, le galet de renvoi permet d’obtenir un point de pivot haut sans impacter négativement le pédalage, en supprimant tout effet kick-back.
Sur la version Long Travel, les 30 mm de débattement supplémentaires à l’avant ont raccourci et redressé l’ensemble, jusqu’au boîtier de pédalier (-20 sur non-LT et -5 sur LT par rapport à l’axe des roues), qui laisse penser que les manivelles en 165 mm risqueront moins de taper le sol au pédalage.
Le poste de pilotage est maison, avec un cintre en 780 mm (y compris pour la taille S) et une potence de 50 mm TheStem2 XLC, couplée à un capot supérieur original et design, mais qui abrite un inconvénient, puisque sa partie supérieure inclinée empêche de placer une cale au-dessus.
Pour répondre à sa destination grand public autant qu’à sa vocation sport, l’Haibike SDuro Full Seven LT 9.0 s’équipe d’un moteur Bosch Performance CX (le modèle sportif du motoriste allemand), avec ses modes Éco, Tour, EMTB et Turbo. Ce dernier est mû par une batterie intégrée Powertube de 500 Wh, et se trouve commandé par le display Purion, minimaliste mais efficace en ce qu’il libère la potence (pour installer un GPS, par exemple).
Comme souvent avec le duo de transmission Haibike/Bosch, on note la présence d’un pignon de 16 dents, dont le caractère important est tempéré par la cassette Eagle 12 vitesses 11-50 adaptée à l’ebike, tout comme le système d’indexation des vitesses (« one by one ») propre à Sram. Argument avancé par l’enseigne américaine : monter et descendre les vitesses une par une évite d’abîmer la chaîne puisque, en raison des contraintes dynamiques du VTTAE, le passage de 2 pignons d’un coup fragilise celle-ci.
En matière de suspensions, leSDuro LT est doté, à l’arrière, d’un Monarch RC Air et, à l’avant, d’une RockShox Revelation RC en 150 mm. Laquelle, comme la Lyrik ou la Pike, dispose de plongeurs en 35 mm, elle offre donc une bonne rigidité à la torsion.
La bête s’arrêtera à l’aide d’une paire de freins Magura 4 pistons MT7 en 203 et 180 mm de diamètre (avant/arrière), un freinage plutôt haut de gamme, adapté aux contraintes pondérales du VTT électrique.
Tout comme le train roulant, qui mêle la version Hybrid des roues DT Swiss (compatibles tubeless d’origine, en 35 mm, et réputées pour leur efficacité en termes de comportement) et les pneus Schwalbe 27,5+ en section 2,8 à carcasse Apex renforcée, spécifique électrique.
A priori, les arguments de séduction ne manquent pas. Sauf que la séduction, ça ne dure qu’un temps et ça peut laisser sur sa faim. Alors circonspects, séduits ou enamourés, nos essayeurs ? On vous les présente.
Les principaux intéressés
Clément, Nathalie et Thierry, lecteurs de Vojomag, ont été sélectionnés pour la richesse et la complémentarité de leurs candidatures, en adéquation avec le spectre large d’utilisation voulu par Haibike pour son modèle LT.
Clément
31 ans, conseiller en investissement patrimonial, Clément balade son enthousiasme et son humour communicatifs dans les rues deLyon. Depuis trois ans, ce passionné de sports mécaniques (trial, karting, e-skate) ne roule plus qu’en VTTAE. Pas suite à une blessure ou autre, simplement par choix : « Je crois qu’aujourd’hui, on n’a pas forcément d’autre justification que le plaisir de rouler pour passer au VTT électrique. » Cube Stereo semi-rigide, Scott eGenius 720, KTM Kapoho 271, Commencal Meta Power volé donc remplacé par un autre Metapower, pris en kit cadre et monté selon ses envies, il annonce plus de 10000 km en ebike, grâce notamment à un job de coursier à vélo. Ce fan de specs passé par une école d’ingénieur précise rouler «essentiellement pour le plaisir, avec (sa)copine, qui a un Cannondale Moterra», mais il ne dédaigne pas pour autant la compétition, comme l’Enduroc électrique ou celui du Vélo Vert Festival.
Nathalie
27 ans, responsable commerciale pour une marque de chaussures à Annecy, caractère bien trempé dans le beurre salé de sa Bretagne natale, Nathalie s’est mise au vélo voilà trois ans, par l’intermédiaire de son copain. Plutôt (voire totalement) orienté cross-country tendance marathon, ce dernier l’a emmenée dans sa roue sur des randos longues et des épreuves du championnat breton de XC auxquelles il participait également. Récemment, elle a fait l’acquisition d’un Orbea Oiz, qui l’a changée de son semi-rigide et lui a ouvert des portes un peu plus larges de pratique dans le massif des Aravis, où elle vit désormais. Sa première expérience électrique est toute fraîche. C’était sur un Trek Powerfly au printemps, pour accompagner un ami et son amoureux (en classique, lui) sur une sortie d’entraînement. Ensuite, un court run sur un Moustache Trail 6 durant l’Alps Bike Festival de La Clusaz, et l’e-messe était dite. Restait à voir ce qu’allaient donner ces trois jours d’immersion à la découverte du SDuro LT.
Thierry
La pratique électrique de Thierry, c’est le loisir. Ne lui parlez pas d’enduro, de courses… Ce qu’il aime, c’est aller rouler tranquille, souvent tout seul, dans les monts du Forez et les environs qui entourent sa maison, dans le Puy-de-Dôme. À 55 ans, ce technicien SAV qui bouge beaucoup s’est remis au vélo grâce à l’ebike, qui a su convaincre son mal de dos de ne pas être un problème. À tel point qu’il s’est offert, avec l’accord de Madame — et dans la limite du budget de 3000 euros fixé par celle-ci —, un Full Seven version non-LT il y a un peu plus d’un an. 30 mm de débattement de plus, ça change tout ? Vérifications sur le terrain.
Sur le terrain
Jour 1 : la découverte
Arrivée à Gréoux-les-Bains, charmant village de Haute-Provence. Une petite boucle d’une trentaine de kilomètres attend nos testeurs du jour. Un essai de vélo a tout d’une histoire d’amour, on se demande ce qui va nous attirer, nous rebuter, quelles crises on va traverser et comment on va les surmonter… Bref, ça commence toujours par des présentations en bonne et due forme : réglages des SAG, montage des pédales, ajustement de la pression des pneus passés en tubeless et du poste de pilotage… On se découvre.
Pas que le physique prime, mais quand même ! De ce côté-là, ça commence bien pour l’Haibike SDuro Full Seven LT 9.0 : l’esthétique du vélo remporte les suffrages, avec une qualité de finition notée 4/5.
Premier contact physique. Thierry, dont le combo baskets/pédales plates augure d’une véritable pratique loisir, touche du doigt les manettes de la transmission Sram NX. Ça va le changer de son push/pull Shimano. Il y a de ces détails qui déroutent dans les love stories. Parfois, on s’y arrête et ça signe la fin de l’histoire. Un peu comme les 780 mm de largeur de guidon de Nathalie, qui contrastent avec son gabarit taille S et le cintre de son Orbea Oiz.
Ou comme la batterie Bosch Powertube intégrée, sur laquelle Clément avait sa petite idée : «Bêtement, je pensais que les batteries intégrées rendaient le vélo plus lourd de l’avant, donc plus dur à tirer. C’est la recherche d’une batterie externe placée très bas qui m’a fait m’orienter vers le Commencal et rayer de la liste plein de vélos avec batterie interne.»
Bref, les rencontres sont souvent chargées de petits préjugés, de projections… Mais comme notre trio est du genre bonhomme et qu’il n’a d’autre but que de « laisser sa chance au produit » pour le découvrir, ces trois jours allaient s’avérer riches en enseignements.
D’autant que chaque journée comprenait une boucle test, répétable à l’envi, afin de mieux analyser les comportements du vélo dans des situations clés : franchissement de marches en montée comme en descente, virages serrés, portions raides…
Déroutée par la taille du cintre (780 mm), le poids du vélo et la répartition des masses très différente de son Oiz, ainsi que par son habitude d’un pilotage plutôt cross-country – souvent en danseuse, avec un pédalage très binaire, tandis que l’ebike exige de pédaler rond et de rester assis pour préserver la motricité en chargeant toujours la roue arrière –, Nathalie avoue peiner à trouver ses marques durant cette première journée. Si love-story il y a, ce ne sera pas un coup de foudre.
Même chose pour Thierry, qui découvre sur les sentiers haut-provençaux autour du lac d’Esparron une pratique très différente de la sienne :« Comme je roule souvent seul, je ne vais jamais dans quelque chose de trop dur pour moi. Je vais plutôt sur du plus roulant. »
Pour Clément, en revanche, son habitude du VTT électrique et son pilotage déjà sûr lui permettent de ne pas s’égarer dans les préliminaires : « J’ai ressenti un peu un manque d’assurance dans les premières descentes, car je manque de repères, surtout en passant de la motorisation Shimano de mon Commencal à la Bosch de l’Haibike.Mais dès le franchissement des premières pierres en montée, j’ai été très agréablement surpris par la cinématique et le travail de la suspension arrière, qui reste confortable et t’apporte un bon maintien. Quand tu veux un peu pousser, le vélo renvoie bien, et c’est une bonne surprise, car quand tu as le confort, tu n’as pas forcément la réponse dynamique derrière ! »
Jour 2 : la vraie rencontre
Un peu plus habitués aux rudiments du pilotage spécifique au VTT électrique – et aidée par un guidon recoupé de 6 cm pour Nathalie –, nos trois testeurs poursuivent leur découverte du Full Seven LT sur les singles autour de Volx.
L’occasion d’apprivoiser et de mieux comprendre le vélo, même si Thierry continue à peiner à s’habituer à la manette Sram :« Comme ce n’est pas push-pull, je n’arrive pas à trouver la gâchette avec le pouce. Je n’ose pas passer trop de vitesses et je joue plus avec le moteur, mais ça me pose problème pour relancer : je cherche l’appui de la pédale avec une vitesse inférieure, mais je tourne souvent dans le vide. »
Autre problème pour le 1,70 m de Thierry, la légère surélévation de la version LT –dont le débattement supplémentaire redresse légèrement le poste de pilotage –, qui lui fait souci sur son modèle en taille M : « Sur mon Full Seven 2018, qui est aussi un M, avec la selle tout en bas, je touche les pieds par terre, pas sur celui-là. » D’où quelques rencontres douloureuses de l’intérieur de son genou avec le tube supérieur de cadre et une certaine difficulté à se sentir à l’aise dans les virages un peu serrés.
Pour Clément et Nathalie, en revanche, les défauts relevés le premier jour s’effacent au cours de cette journée, qui laissait la part belle aux montées. Mieux positionnés (selle rabaissée, vitesse et mode moteur plus adaptés – en général, une dent de moins et l’EMTB adopté, en lieu et place du Turbo), ils ne rencontrent plus les “cabrettes” du premier jour dans les sections raides.
Clément :« Hier, je me disais que la perte de motricité en montée pouvait venir des pneus. Les Nobby Nic sont des modèles qui roulent plutôt bien, avec des crampons sur les côtés assez proéminents, donc j’ai pensé que les pertes de motricité du début pouvaient venir de là et qu’on en sentait les limites, mais non, en fait, c’est juste que j’ai adapté un peu plus mon pilotage. »
Jour 3 : place au plaisir
Ultime boucle autour de Sainte-Tulle. Nos essayeurs-lecteurs désormais rodés à leur monture vont affiner leurs ressentis… et s’étonner, à l’image de Clément, qui franchit sans peine une marche en montée plutôt copieuse. Le genre d’expérience qui vous fait penser que l’autre est formidable…« Je ne m’attendais jamais à passer cet obstacle aussi facilement. Comme quoi, même si le vélo n’est pas léger sur la balance, j’ai réussi à le tirer sans effort. J’ai à peine effleuré à l’avant comme à l’arrière, et c’est passé vraiment fluide. »Même gain de confiance au final pour Thierry et Nathalie, aussi enthousiaste à l’arrivée qu’elle était dubitative au départ : « À partir du moment où le cintre a été raccourci, la prise en main a été facile. En fait, je me suis vraiment régalée le deuxième jour ; et le troisième, c’était juste le kiff absolu ! »
Notes et commentaires
Esthétique générale
Qualité de finition
4/5
Depuis son apparition, en 2013, la gamme SDuro a évolué. Comme ses cousins à plus petites jambes, le Full Seven LT bénéficie des améliorations liées aux retours terrain. Au rang de celles-ci, un système de fixation du capot de batterie fiabilisé, grâce à une encoche qui évite de le perdre, et l’adoption du système MRS, qui permet l’installation d’un porte-bidon et d’un antivol.
Comportement moteur
Vivacité : 4,5/5 – Agrément de l’assistance : 3,5/5 – Puissance : 4,5/5 – Modes d’assistance : 4/5
Nos testeurs-lecteurs se sont familiarisés avec la motorisation Bosch au fil des jours, et certains ont été surpris, comme Clément : « Une semaine avant, j’avait fait une grosse sortie freeride en remontant les traces sur mon Commencal. Avec le Shimano, j’étais à l’assistance maximale, en 34×46, tout à gauche, je galérais à 6-7 km/h, en poussant comme un goret sur les pédales. Avec le Bosch, tu sens que le couple est là, et le but du VAE pour moi, c’est d’aller voir loin, de ne pas se fixer de limites. Là, je ne me suis jamais senti limité par le moteur, tu sens qu’il répondra toujours… même peut-être trop, des fois, quand tu es sur le haut de la cassette et que tu veux repartir ! Tu prends des précautions (ce qu’ont confirmé aussi Nathalie et Thierry)! Super puissant, coupleux, le Bosch est un régal. »
Ergonomie du display
3,5/5
Sobre sans être minimaliste, le display Purion a fait ses preuves. Si Clément a pu le trouver peu disert côté affichage, il ne s’en est pas offusqué : « Je ne le regardais pas souvent en roulant et le nombre d’infos affichées n’est pas primordial. Une fois que tu as calé les options qui t’importaient et que tu pars, ce n’est plus un souci. » En revanche, un manque d’ergonomie a été relevé, pour changer l’affichage, mais aussi activer le mode Walk, qui nécessite de garder un doigt sur la commande « + » en continu.
Qualités dynamiques du vélo
Accessibilité
4,5/5
Un poste de pilotage agréable, une prise en main aisée. L’Haibike SDuro Full Seven 9.0 LT a rempli sa mission de vélo sportif mais pas extrême sur ce point. Clément, le disert de la bande, statue : «Quelqu’un qui ne veut faire que de la rando n’achèterait peut-être pas un 150-160, il se dirait que c’est peut-être un peu gros, et pourtant, ça permet de partir de la rando simple (on a fait des chemins très roulants et il était parfait) et d’aller chercher loin. Il balaie large. En plus, l’équipement est vraiment super. Une cassette de 50 à l’arrière pour grimper, des Magura MT7 pour descendre, et le tout reste dosable pour faire de la rando, contrairement à certains all-mountain, qui sont parfois un peu sous-équipés.»
Motricité
4/5
Si, le premier jour, les sections ascendantes raides ont pu mettre nos lecteurs (et donc leur jugement du vélo) en difficulté, une fois la technique de pilotage spécifique à l’ebike acquise, les pertes de motricité ont été rangées au nombre des souvenirs, y compris pour Thierry : « Dans les montées, je me suis étonné que ça ne dérape pas, même quand, à un moment, j’ai osé me mettre un peu plus sur l’avant de la selle, voire décoller les fesses, tout en continuant à charger l’arrière. Je n’ai jamais perdu la motricité, et ça me permettait de mieux me diriger en montée. » Clément y associe également la taille et le dessin des Schwalbe, qui n’auront d’ailleurs connu aucune crevaison : « Tu sens que ça colle bien. »
Travail des suspensions
5/5
Un sans-faute général de ce côté-ci pour le LT, que Clément résume : « Le travail des suspensions est top ! Je ne m’attendais pas à ça d’une fourche plutôt moyenne gamme comme la Revelation (mais, grâce à ses plongeurs en 35 mm, elle offre le même rigidité en torsion que les plus haut de gamme, NDR), elle ne plongeait pas trop – ce que je n’aime pas. Malgré les freins Magura MT7, qui pilent bien, ça ne te bascule pas sur l’avant, je n’avais pas mal aux bras du tout… même dans les pierriers un peu plus cassants et défoncés du premier jour. J’avais toujours l’impression que le vélo encaissait super bien. »
Franchissement
4,5/5
Le recours à de courtes boucles tests au sein des tours de chaque journée a permis d’évaluer plus précisément les capacités de franchissement. Sur le petit bike-park de Manosque, Nathalie et Clément (Thierry nous avait quittés pour prendre un peu de repos) se sont concentrés sur les montées. Retour payant le lendemain, avec ce fameux franchissement de marche inespéré pour Clément.
Précision
4/5
En fonction des allures adoptées, le ressenti en termes de précision a différé. Si Thierry et Nathalie n’ont pas incriminé la rigidité de l’avant, c’est sur ce point que Clément a émis quelques doutes: « Par rapport à mon Commencal, je le sens un peu plus lourd, un peu moins maniable, peut-être parce que j’ai une potence de 35 et que là, c’est une 50. Je me suis rarement senti en difficulté, mais ça m’est arrivé sur les derniers enchaînements très serrés et rapides, quand tu dois éviter un petit arbre, poser ta roue là… Je serrais un peu les fesses, j’espérais que le vélo irait, mais je n’en étais pas sûr. Donc peut-être que si tu roules un peu plus énervé, avec un peu plus de vitesse, c’est un peu limite. »
Caractère joueur
4/5
Même si le LT s’en sort avec les honneurs d’un 4/5, grâce notamment au comportement sain de ses suspensions et aux différents modes du Bosch – dont le Turbo, qui reste résolument l’expression ultra sportive et ludique du CX –, son caractère joueur a souffert de l’indication de la balance : 24,8 kg n’en font pas un poids plume, aisé à faire valser partout. Clément témoigne :« J’ai mis 2 jours à comprendre comment le “balancer”. Avec mon Commencal, sur les mêmes sentiers, je ferais un peu plus glisser, et l’arrière viendrait plus facilement. Là, il fallait vraiment le pousser, tu sens que c’est lourd, la potence est un peu longue… Dans les épingles, si je ne faisais pas le gouvernail avec la roue arrière, j’avais l’impression de galérer, qu’il tournerait avec difficulté. En fait, j’avais envie de le piloter comme un vélo joueur, mais ce n’est pas exactement son tempérament. »
Maniabilité
3,5/5
L’une des moins bonnes notes de ce test, qui reste honorable tout de même. Là encore, surtout pour le petit gabarit de Nathalie, le poids du LT a impacté l’impression de maniabilité : « Dans les sentiers roulants, il se révèle vraiment parfait, mais dans les singles tortueux, je l’ai trouvé parfois un peu lourd à emmener et manquant d’agilité. » Un constat partagé par Clément : « C’est le seul truc que je pourrais dire par rapport à un vélo plus typé enduro, je ne dis pas que je roule super vite, mais si je voulais engager davantage, c’est là que je me sentirais un peu limité. »
Montée raide
4,5/5
Après une première journée de prise en main et la mise en place d’un atelier spécifique (de l’avantage d’être guidés par Vincent Julliot, responsable presse enfant du pays et également moniteur MCF), l’aptitude de nos lecteurs a changé sur ce point, entraînant, en cascade, une modification de leur vision des aptitudes du Haibike (non mais, qui ignore que dans un couple, le plus souvent, on fait porter le chapeau à l’autre ?!). Si les grimpettes raides du premier jour les voyaient souvent poser pied à terre, tous sont parvenus en haut de quelques-uns des raidillons savamment choisis le dernier jour.
Ressenti
Confort
5/5
Là aussi, sans faute pour le LT, qui remporte les suffrages tant par sa position de pilotage pas trop engagée que par l’agrément du moteur Bosch, le plus généralement utilisé en mode EMTB sur ces parcours au milieu desquels nous avons pu bénéficier d’une recharge.
Sentiment de sécurité au guidon
4
L’impression d’avoir pris un à deux niveaux, c’est avec cela que nos lecteurs nous ont dit être repartis de ces trois jours. Seule une maniabilité grevée par un poids conséquent et une potence un peu longue a pénalisé le sentiment de sécurité au guidon, largement conforté par un train roulant, un freinage et des suspensions très pertinents au regard du tarif du vélo (4799 euros, donc). D’où la note suivante:
Rapport équipement/prix
4,5
Verdict
Après trois jours et quelque 100 km en selle, il est temps pour nos lecteurs de rendre leur copie sur l’Haibike Full Seven 9.0 LT. L’évolution dans leur ressenti du vélo a vraiment été importante au fil des journées, attestant de la nécessité de ne pas s’emballer pour livrer un avis sur un modèle et parvenir à en cerner de façon plus pertinente la personnalité, comme le résume Clément : « Trois jours, ce n’est pas grand-chose pour apprendre les limites d’un vélo. Mais je me suis aperçu qu’au début, j’ai rencontré les miennes ; ensuite, de là à toucher celles du vélo… »
Qu’est-ce qui vous a déplu ?
Thierry : La hauteur du vélo pour mon 1,70 m.
Clément : Le train de pneus, parfait pour le programme du vélo, mais limité en usage enduro engagé (j’ai eu besoin de gonfler beaucoup pour épargner les flancs et la tenue sur l’angle m’a valu deux-trois frayeurs). Malgré un bon équilibre, le vélo était parfois dur à balancer dans les virages serrés, alors j’ajouterais le manque de précision parfois sur les enchaînements rapides.
Nathalie : Le mode marche, qui n’est pas ergonomique : tu dois maintenir la commande appuyée avec le pouce tout en poussant le vélo, et le fait qu’il faille être sur les plus petits pignons pour qu’il se déclenche n’est pas logique, puisque, par essence, quand on active ce mode, c’est en général après avoir tout tenté en montée, donc avoir placé les vitesses tout à gauche. D’ailleurs, le démarrage du moteur peut se révéler très vif en turbo quand tu es « tout à gauche », justement. Je finirai en disant que le cintre, commun à toutes les tailles, est à couper pour une taille S.
Clément : La prise en main facile, avec une position très agréable pour du trail/all-mountain. L’ergonomie du poste de pilotage se révèle très agréable, avec la commande Purion accessible, tout comme la manette tige de selle télescopique. La largeur de cintre est cohérente pour mon 1,85 m, avec un rise et un back sweep parfaits. Les grips sont confortables aussi. Seul reproche à faire, la manette Sram, qui n’est pas push/pull. Le confort des pneus 27,5+ et des suspensions, qui a permis des longues sorties sans douleur. Mention ++ à la suspension arrière ! Le vélo offre un très bon équipement transmission et freinage qui permet d’être à l’aise sur tous les types de reliefs. L’ensemble châssis et jantes rigides offre de bonnes sensations, même à haute vitesse.
Nathalie : Le confort du vélo et le confort de l’assistance. Après trois jours à avoir passé quand même pas mal de temps en selle, je n’ai jamais eu mal au dos, on est vraiment bien dessus !
Thierry : La puissance du moteur. J’ai découvert une autre utilisation du vélo électrique. J’ai l’impression qu’avec ce vélo-là, maintenant, je pourrais aller plus loin dans ma pratique.Le débattement m’aide beaucoup, j’ai tout de suite senti la différence, j’ai pris de la confiance, jeme suis lancé sur des sauts, et n’ai jamais talonné, alors qu’avec mon Full Seven, ça m’est déjà arrivé. Donc si aujourd’hui, je devais choisir enter les deux modèles, je prendrais le LT. Finalement, l’histoire de la gâchette, ce n’est pas grand-chose, on s’habitue.
Selon vous, le vélo correspond-il bien au programme auquel il se destine ?
Thierry : Oui.
Clément : Absolument ! Il balaie de la « simple » rando au all-mountain grâce à sa géométrie très confortable couplée à son gros débattement et son équipement haut de gamme.
Nathalie : Oui !