Test gravel | Trek Checkmate SLR 7 AXS : fast and serious

Par Olivier Béart -

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Test gravel | Trek Checkmate SLR 7 AXS : fast and serious

Né d’un souffle d’aventure et d’un goût pour l’inconnu, le gravel a d’abord conquis les cœurs en invitant à l’évasion. Mais comme pour toutes les autres disciplines du deux-roues, le gravel s’est dédoublé pour aller conquérir un nouveau terrain, celui de la compétition. De quoi donner sujet à travail pour les marques qui se sont mises à développer de nouveaux châssis, optimisés pour ce format de course moderne. Pour Trek, cette réponse porte un nom : Checkmate. Présentation et test terrain : 

Il y a moins d’un an encore, la gamme « gravel » du catalogue Trek n’était occupé que par un seul et unique modèle, le Checkpoint. Dévoilé en 2018 puis revu en profondeur en septembre 2021, celui-ci se métamorphosait en machine de course, vélo d’aventure ou encore en compagnon de voyage au gré des besoins et envies de ses utilisateurs.

Mais seulement, voilà, le gravel n’est (plus) juste une question de vélo polyvalent, permettant autant l’exploration que le dépassement physique. C’est désormais un véritable terrain de compétition, où chaque gain marginal a son importance. Dans un tel contexte, différentes marques se sont empressées de développer un tout nouveau châssis répondant spécifiquement aux besoins de cette nouvelle pratique que l’on pourrait qualifier de « Gravel Race ». Pour Trek, c’est l’arrivée du Checkmate, dédié à la performance.

Dans le même temps, voilà qui permettait également au Checkpoint de lâcher un peu de lest. Fini de devoir cocher toutes les cases, le Trek Checkpoint (photo ci-dessus, à droite, comparé au Checkmate à gauche) peut maintenant se focaliser sur une pratique un peu plus aventure, plus polyvalente. C’est dans ce sens que Trek introduisait la troisième génération de son Checkpoint : Test | Trek Checkpoint SL6 : confort et polyvalence (pas) pour tous

Châssis

Alors que la troisième génération du Checkpoint est uniquement disponible en carbone OCLV 500, le Checkmate est quant à lui seulement en carbone OCLV 800 plus haut de gamme, annoncé comme plus léger grâce à un processus de moulage du carbone plus efficace qui permet d’utiliser moins de matière.

Trek annonce aussi avoir fait un travail de conception et d’aérodynamique qui permettrait au nouveau Checkmate (selon des simulations) d’être bien plus rapide que leur ancien modèle, le Checkpoint 2e génération. Quand on est sur un vélo destiné à des courses rapides, cela a clairement son importance, même si tous les pilotes ne seront pas nécessairement en mesure de l’exploiter.

Le côté performance se voit aussi au niveau du calibre imposant de la zone autour du boîtier de pédalier. Clairement, le transfert de la puissance des pilotes avec beaucoup de watts dans les jambes a été au cœur des préoccupations et il faudra voir si ce genre de machine est exploitable par des pilotes aux performances plus modestes, ou bien s’ils doivent quasi obligatoirement se tourner vers le Checkpoint.

Malgré une orientation très performance et compétition, Trek a équipé le Checkmate avec son Isospeed, un système de filtration des vibrations au niveau de la tige de selle. En effet, sur des courses plutôt longues, une petite touche de confort supplémentaire est loin d’être opposée à la performance.

Concrètement, il s’agit d’un élastomère qui encercle la tige de selle (au diamètre standard 27,2mm), qui déborde aussi au niveau de la jonction entre les haubans et le tube supérieur. Le serrage de selle est également intégré à l’ensemble.

Les cadres évoluent, et s’il y a quelques années les gravel sportifs étaient uniquement compatibles avec des sections de pneus plus étroites, le Checkmate accepte d’être équipé avec des pneus allant jusqu’à 45 mm. Il a également de multiples attaches pour de la bagagerie intégrée ou des accessoires au sein du triangle avant, histoire de pouvoir l’utiliser aussi sur des épreuves longue distance.

Géométrie du Trek Checkmate 2025

Le Checkmate est disponible en six tailles (XS, S, M, ML, L, XL). Les tailles extrêmes seront ravies car il y a de quoi couvrir des tailles de pratiquants allant de 1m43 à 2m13 (selon les conseils de la marque). On constate que les chiffres se rapprochent un peu plus de ceux d’un vélo de route contemporain, que de certains gravel qui lorgnent vers le VTT.

Équipements

Nous avons testé ici la version « entrée de gamme » du Trek Checkmate, affichée tout de même à 7999 €. Mais, clairement, on ne doit pas utiliser ce terme car le Checkmate est, par essence, un vélo haut de gamme et son équipement est au diapason.

On retrouve tout d’abord un groupe Sram Force AXS XPLR au niveau de la transmission et des freins. C’est du connu, et c’est toujours un plaisir d’utiliser ce groupe 1X12, monté ici avec un plateau de 40 dents pour aller avec la cassette 10-44. Cerise sur le gâteau, on dispose d’origine d’un capteur de puissance Quarq au niveau du pédalier. Belle initiative, en phase avec le programme race du vélo.

Les freins sont aussi issus du groupe Sram Force. Ils ne sont pas les plus mordants du marché mais ils se sont tout de même montrés convaincants et en phase avec le programme du vélo.

Trek dispose d’une marque d’équipements très forte, Bontrager, qui compte à son catalogue de quoi équiper tout un vélo. L’ensemble cintre/potence en carbone, la tige de selle et la selle viennent donc tous de là. Nous reparlerons du poste de pilotage plus loin, mais la selle mérite des éloges pour son réel confort malgré une assise ferme.

Les roues proviennent aussi de chez Bontrager, avec les Aeolus Pro 3, modèle carbone milieu de gamme avec des jantes en 37 mm de hauteur et 25 mm de largeur. Les pneus sont aussi issus de chez Bontrager, avec les Girona RSL et leur profil très roulant, montés ici en 38 mm. Nous reparlerons de ce train roulant dans la partie test terrain un peu plus loin.

Pour le moment, Trek Checkmate est disponible dans trois configurations d’équipements différentes, avec des tarifs clairement dans le haut du panier : le SLR 7 testé ici qui est « l’entrée de gamme », disponible à 7 999 €, puis le SLR 8 à 8999 € qui passe en Sram Red XPLR 12 vitesses, et le SLR 9 disponible à 10 999 € qui est quant à lui monté en Sram Red XPLR 13 vitesses et qui adopte des roues Bontrager Aeolus RSL plus légères que sur les deux autres modèles. Tous les modèles sont disponibles en quatre couleurs, plus la finition personnalisée Project One en option. Sur la balance, notre Chekmate SLR 7 en taille 54 pèse 8,1 kg, ce qui est dans la moyenne de ce type de machine.

Trek Checkmate : le test terrain

Un premier constat s’impose rapidement : Trek ne ment pas sur la marchandise avec son Checkmate lorsque la marque dit qu’il s’agit d’une machine pour rouler vite et appuyer fort sur les pédales. Le vélo a clairement un très bon rendement et conserve particulièrement bien la vitesse une fois celle-ci acquise.

Attention toutefois, et cela se sent lors des accélérations, en phase de prise de vitesse : il faut de grosses cuisses et une certaine puissance pour en tirer le meilleur. Si vous y allez d’un coup de pédale léger, le cadre ne va pas vraiment se démarquer, mais par contre quand on y va franchement et qu’on met les watts, ça envoie et le vélo répond alors vraiment bien, comme si on le réveillait et qu’il prenait vie. Bref, on le conseillera plutôt pour des parcours roulants et des côtes à grimper façon puncheur, où on peut garder de la vitesse.

Côté position, c’est plutôt une bonne surprise : certes, on est assez bas de l’avant pour l’aéro et on sent aussi qu’on est positionné pour favoriser l’efficacité du pédalage, mais rien d’extrême non plus et nos testeurs ont tous trouvé leurs repères facilement. La position mains en bas du guidon est aussi tout à fait exploitable sans avoir des cervicales d’une souplesse hors norme.

Le confort n’est pas oublié non plus, avec un système IsoSpeed qui nous a convaincus pour un usage gravel (alors que c’était moins le cas en usage VTT semi-rigide). On sent bien que les vibrations du terrain sont très bien filtrées quand on est assis sur la selle. Et, bonne surprise, l’arrière du vélo est au diapason, de sorte que même quand on est debout sur les pédales, on conserve cette impression d’un cadre assez facile et confortable, et d’une roue arrière qui garde bien le contact avec le sol.

Par contre, l’avant du vélo nous a paru bien plus exigeant. La fourche, d’abord, qui est nettement plus raide que la partie arrière du vélo, et aussi le combo cintre-potence en carbone qui est très rigide. Ce dernier est aussi fort étroit, ce qui est un atout au niveau aérodynamique sur les tracés droits et roulants, mais c’est plus compliqué quand c’est cassant et plus technique, avec de fréquents changements de cap.

Nous avons aussi noté un souci de manque de continuité entre le cintre et les cocottes Sram Force. Le placement d’une épaisseur supplémentaire de guidoline pourrait permettre d’améliorer cela, mais c’est dommage que, de série, on rencontre ce genre d’inconfort, surtout sur un vélo à un tel tarif.

Le confort est aussi bridé par les pneus Bontrager Girona RSL montés d’origine dans une section de seulement 38 mm. Le cadre accepte jusque 45 mm et c’est dommage que Trek n’en ait pas profité, d’autant que c’est un choix validé en compétition tant pour le rendement pur que pour le confort et l’accroche (voir à ce sujet notre article : Un oeil sur les tendances et choix techniques en gravel « race »). Bilan, ici, il faut gonfler assez fort pour éviter les crevaisons par pincement et on ne profite pas d’un pneu avec un plus gros ballon pour amortir les impacts du terrain.

Enfin, autre équipement à propos duquel nous sommes mitigés : les roues. Leur comportement est trop neutre pour un tel châssis, et elles manquent de réactivité. Attention, les Bontrager Aeolus Pro 3 ne sont pas de mauvaises roues, mais elles auraient davantage leur place sur un Checkpoint qui se veut polyvalent, que sur un Checkmate taillé pour la course. Nous avons testé le Checkmate avec d’autres roues, et là, on peut encore mieux exploiter l’énorme potentiel du châssis. Les relances notamment, sont clairement boostées, tout comme l’impression globale de réactivité.

Enfin, même s’il est plutôt taillé pour les tracés roulants, nous n’avons pas résisté à emmener le Checkmate sur des parcours plus techniques, quasiment typés VTT. Dans ces circonstances, on sent encore plus que l’avant du vélo est assez exigeant et on peste sur la monte pneumatique étroite et exclusive… mais on s’amuse tout de même beaucoup et le Checkmate nous a bien surpris par ses capacités dans les portions techniques et cassantes. Le vélo reste dans tous les cas plus sérieux et efficace que vraiment fun, mais avec quelques modifications d’équipements, on pourrait assez vite en faire une bête de polyvalence, capable aussi d’aller vite quand on le sort de sa zone de confort.

Verdict

Le Trek Checkmate est un vrai vélo de gravel compétition bien dans son époque. Si la mission est d’aller vite sur un tracé roulant, c’est une authentique fusée qui, en plus, sait ménager son pilote grâce à son système Isospeed qui apporte beaucoup de confort quand on est assis sur la selle, et grâce aussi à un cadre à la rigidité bien dosée qui permet d’absorber les vibrations. Attention toutefois, il ne dévoilera tous ses charmes qu’à des pilotes bien entraînés et puissants. Vu son tarif élitiste, on peut se montrer exigeant sur les équipements et on regrette quelques choix de Trek, notamment au niveau des roues qui sont un cran en dessous du cadre en rendement, et des pneus trop étroits. Le poste de pilotage ne nous a pas convaincus non plus. Peut-être faut-il passer par la case montage à la carte pour en faire un vélo de compétition proche de la perfection ? En tout cas, le châssis nous a vraiment séduits et seuls certains choix d’équipements l’ont empêché de révéler son plein potentiel.

Pour plus d’informations : trekbikes.com

Par  Olivier Béart