Magura MT8 2015: puissance maîtrisée
Par Olivier Béart -
On a beaucoup parlé des nouveaux MT7 à 4 pistons, mais pour 2015, Magura a aussi revu le MT8 en profondeur. Vojo l’a déjà testé.
Magura avait créé une belle surprise lors du remplacement des Marta par les premiers MT8, apparus il y a trois saisons. C’est surtout leur levier entièrement en carbone qui a fait sensation à l’époque. Même si de petits soucis de jeunesse sont venus marquer leurs débuts, les MT8 ont su se faire une belle place parmi les freins hyper légers mais efficaces. Pourtant, Magura a jugé que ce n’était pas encore assez. Qu’il y avait moyen de faire mieux niveau puissance, modulation, gestion de la chaleur et onctuosité du levier. C’est ainsi qu’est née la génération MT Next cette saison, avec la refonte de la gamme existante, du MT2 au MT8, et l’apparition de deux nouveaux modèles à 4 pistons, les MT5 et MT7. Au niveau du levier, même si l’allure globale reste similaire aux « anciens » MT8, les changements sont nombreux. La forme du corps du maître cyclindre a été complètement revue. C’est encore plus flagrant sur cette version SL présente sur les MT8, puisqu’elle est 100% carbone, alors que les MT6 et inférieurs utilisent un mix carbone/thermoplastique injecté. Cela permet d’affiner encore plus les parois du MT8 et de faire ressortir ses galbes. Rarement l’adage « form follows function » n’aura été plus approprié. Grâce à cette construction, le levier des MT8 est probablement parmi les plus légers de la production actuelle, avec un poids qui ne dépasse pas les 20% de l’ensemble du frein (hors disque et visserie). Pourtant, Magura annonce également une rigidité et une solidité nettement supérieures aux concurrents en aluminium et magnésium. Il est vrai que nous avons, bien malgré nous, fait souffrir le levier de frein arrière dans une chute, où nous avons vu le vélo faire un magnifique vol-plané avant d’atterrir directement sur le levier juste devant nos yeux écarquillés. Bilan: seul un tout petit morceau de l’extrémité du levier est râpée. Pour le reste, RAS, même si ça fait toujours mal à voir, surtout à la 2e sortie! On veut donc bien croire les dires de la marque allemande. Pour être complet, signalons également l’apparition de deux mollettes de réglage. La première, située vers le bas du levier, est simplement une version « sans outil » du réglage de la garde présent sur la première version, mais qui nécessitait l’emploi d’une clé Torx T25. La seconde, sur le haut, est une nouveauté. Elle permet de régler le point de contact des plaquettes. Comme les leviers sont symétriques, elle est amovible et peut se retourner afin, si besoin, d’inverser ses freins (on ne vous le conseille pas forcément, mais si un jour vous revendez vos MT8 à un anglais…) Du côté de l’étrier, il y a aussi du changement. L’allure reste similaire, avec cette sorte de petite « queue de canard » typique à l’arrière, mais l’étrier donne l’impression d’être un poil plus massif. Bien qu’il garde ses pistons en matière synthétique de 22mm de diamètre, le corps a été redessiné pour plus de rigidité et une meilleure évacuation de la chaleur, synonymes de plus de puissance. Les plaquettes sont de 4e génération et d’office organiques pour des performances optimales. Les « Sintered », réputées plus durables, ne sont plus proposées. Il est vrai qu’elles montent plus vite en température et que même les précédentes versions organiques de Magura ne s’usaient pas vite du tout. Ce changement n’a donc rien d’inquiétant sur le long terme. On se réjouit par contre de voir que le système MagnetiXride est reconduit. Il permet de se passer de ressort pour maintenir les plaquettes contre les pistons, grâce à un petit aimant logé dans les pistons. C’est pratique quand on change de plaquettes à l’atelier, mais aussi sur le terrain puisqu’on ne risque pas d’emmêler ce petit bout de métal dans les disques lorsque les garnitures sont en fin de vie (je vois à votre regard que vous avez déjà vécu ça!). Sur la balance, ces modifications font prendre un peu d’embonpoint aux MT8. S’il n’y a pas de changement du côté des disques Storm SL (pesés ici en 160 et 180mm), ainsi que la visserie (en alu pour les étriers et en acier pour les disques), nous avions pesé les précédents MT8 à 180g pour l’avant et 192g pour l’arrière, soit 31g de moins que la dernière mouture. Les MT8 2015 pesant au total 662g tel que montrés ci-dessus. Un surpoids pleinement justifié Si on devait aujourd’hui comparer les MT8 à d’autres freins du marché, ce serait inévitablement aux Shimano XT, XTR Trail, voire au Saint. Qui sont tous plus lourds, voire carrément beaucoup plus lourds (nous n’avons pas encore testé les nouveaux XTR en version XC). Et qui n’offrent pas non plus autant de modularité que les MT8, même si la puissance pure est très proche. Du côté des reproches, le principal défaut de cette nouvelle génération de MT est que, comme leurs prédécesseurs, leurs leviers ont tendance à grincer. C’est un détail qui s’oublie vite en roulant, mais le couinement du carbone contre le carbone n’est pas forcément agréable et le phénomène a tendance à s’accentuer au fil des sorties. Heureusement, cela se stabilise au bout d’un moment, et surtout avant d’atteindre un niveau réellement dérangeant. Nous ne sommes pas persuadés non plus de l’intérêt des deux mollettes de réglages sans outil de la garde et du point de contact. Ce dernier n’est pas très sensible (il faut vraiment y prêter très attention pour sentir la différence) et pour la garde, sur un frein qui se veut léger, les vis T25 des précédents modèles nous suffisait amplement. Enfin, tant qu’à parler de Torx, nous sommes toujours réservés quant aux vis de fixation des étriers en alu. Leur look très brut de fonderie n’a rien d’intéressant et l’empreinte pour la clé a tendance à se marquer, après seulement quelques serrages. Nous les avons d’ailleurs remplacées par d’autres vis en titane et alu pour la fin du test (voir photos d’action). Si vous pensez que light peut (et doit!) rimer avec puissance, ainsi qu’avec solidité, les MT8 sont faits pour vous. Et si vous pensez aussi que la puissance n’a de raison que si elle est mâitrisée, vous allez les adorer et vous leur pardonnerez quelques détails qui, nous l’espérons, seront rapidement corrigés par Magura.
Cela fait deux saisons déjà que nous roulons avec les précédents MT8. Mis à part un petit souci de point de contact du levier qui devenait de plus en plus mou sur la première version de pré-série, notre 2e modèle reçu en garantie nous a donné entière satisfaction sur plusieurs milliers de kilomètres, essentiellement en marathon, mais aussi un peu en enduro. Autant dire qu’on attendait la nouvelle version de pied ferme. Pour tout vous dire, on se demandait même un peu ce qu’elle allait pouvoir apporter. Nous avons très rapidement eu la réponse: de la puissance!Les précédents MT8 n’étaient pas dépassés en décélération, loin de là. Mais avec les MT Next, Magura joue la course en tête. Ce sont tout simplement les freins de XC les plus puissants que nous ayons testé à ce jour! Et le plus fort, c’est que cela ne se fait pas au détriment de la modularité, que du contraire. Le feeling au niveau des leviers est d’une douceur assez incroyable. On a l’impression qu’il n’y a pas le moindre frottement au niveau de l’axe entre le levier et le maître-cyclindre. Dans les longues descentes et lorsque les gros freinages s’enchaînent, c’est un véritable atout, puisque les doigts ne crispent pas et on ne ressent aucune fatigue dans les mains alors que cela arrive régulièrement avec d’autres modèles.C’est là le véritable intérêt de la puissance. Ce n’est pas tant de réussir à bloquer les roues, ou à raccourcir les distances de freinage sur une grosse décélération isolée. C’est avant tout de ménager le pilote et de lui permettre de rouler avec les bras plus détendus, ce qui a aussi inévitablement un impact positif sur les trajectoires.