Test | Focus Atlas 6.8 : le compagnon d’aventure
Par Léo Kervran -
De pratique de niche à discipline la plus en vogue du vélo, le gravel a considérablement évolué ces dernières années et on peut en dire autant du matériel qui y est dédié. Aujourd’hui, le milieu commence presque à se segmenter comme en VTT et sans surprise, ce sont souvent les jolies machines légères et sportives qui sont mises en avant. Cependant, comme en VTT, certains d’entre nous cherchent d’abord une monture simple, robuste et polyvalente, capable d’affronter des terrains variés et d’offrir du plaisir sans casser la banque. Dans ce domaine, le Focus Atlas pourrait bien se placer comme une option de choix ! Nous l’avons essayé :
L’Atlas, c’est le tout premier véritable gravel de Focus. Contrairement à d’autres, la marque de Stuttgart n’a pas sauté dans le wagon dès le départ et a pris son temps pour se positionner sur ce segment : l’Atlas n’a été présenté qu’il y a un peu plus d’un an, en janvier 2021.
Pour ne pas donner l’impression d’arriver en retard, il faut proposer quelque chose de différent et heureusement, Focus l’a bien compris. Plutôt que de proposer une machine un peu sportive mais pas trop, en carbone et en aluminium avec différents niveaux de prix comme la plupart de leurs concurrents, les Allemands se sont concentrés comme en VTT sur l’accessibilité et le plaisir de conduite.
Le résultat, c’est donc cet Atlas : un gravel disponible uniquement en aluminium et en 5 versions dont la plus luxueuse ne dépasse pas les 2 700 €. Comme nous l’écrivions lors de la sortie du vélo, le nom fait référence à la chaîne de montagne qui court du Maroc jusqu’à la Tunisie et ce n’est pas innocent. Avec l’Atlas, Focus veut inviter au voyage et à l’aventure plutôt qu’à la performance, à la découverte et au flânochage plutôt qu’à la vitesse. Le slogan de Focus pour ce vélo est d’ailleurs Made to lose, « fait pour se perdre ». Tout un programme…
Châssis
On l’évoquait juste au-dessus, le cadre de l’Atlas est entièrement en aluminium, de la douille de direction jusqu’au bout des bases. Les lignes sont simples et sobres mais l’ensemble est équilibré et assez réussi. Les haubans bas lui donnent un aspect moderne en plus d’apporter peut-être un peu de confort (c’est moins évident que sur un cadre en carbone) tandis que s’il est plus classique, le tube supérieur bien haut et horizontal offre beaucoup d’espace pour installer une sacoche dans le triangle avant.
De près, impossible toutefois de passer à côté des massives soudures, bien apparentes et pas du tout masquées ou effacées de quelque manière que ce soit. Une chose est sûre, l’Atlas ne fait pas dans la finesse mais il paraît réellement indestructible. Oubliez les petits gravels légers qui respirent la sportivité et rappellent les vélos de route, ici on se demande presque si on n’est pas sur un VTT ! Une impression encore renforcée par le choix de couleur et de finition, un vert/vert pâle mat très « nature ».
Autre caractéristique du cadre, ses inserts. C’est simple, il y en a partout : sur le tube supérieur, sur et sous le tube diagonal ainsi que sur le triangle arrière (pour porte-bagage et/ou garde-boue). Sur le tube diagonal, on note d’ailleurs qu’on a le choix entre deux positions pour le porte-bidon. En haut, le bidon est plus facile à attraper mais en bas, cela laisse plus de place pour fixer une grande sacoche sous le tube supérieur. A vous de voir !
On notera au passage qu’une petite sacoche est fournie pour l’insert sur le top tube, assez grande pour ranger le petit matériel de réparation ou le ravitaillement pour une sortie.
Ce cadre est associé à une fourche en carbone, un mariage courant à ce niveau de tarif et aussi bien en gravel qu’en route. Elle est elle aussi équipée d’inserts pour fixer des porte-bidons ou des sacoches et peut supporter jusqu’à 3 kg de charge par côté. Elle intègre aussi un passage en interne pour le câble d’une dynamo et un support de fixation pour une lampe au-dessus du pneu. Paré à l’aventure vous avez dit ?
Dans la même optique, les gaines et Durits passent en interne via le jeu de direction. Plus pratique, vraiment ? Oui… pour monter une sacoche de cintre ! C’est certes plus complexe lorsqu’il faut entretenir son vélo ou même simplement changer la hauteur de la potence mais Focus n’a pas tort, ne pas avoir de gaines devant le cintre simplifie nettement les choses lorsqu’on veut y fixer une sacoche.
Sur notre modèle, un des premiers à être sorti de production, on remarque des ports pour des entrées de gaine sur les côtés du tube diagonal ce qui pouvait encore laisser le choix. Cependant, ces éléments ont été retirés depuis et les modèles plus récents n’acceptent que le passage à travers le jeu de direction.
Côté dégagement, le Focus Atlas est monté d’origine avec des roues en 700 (29″) et des pneus en sections de 45 mm. Il accepte jusqu’à 47 mm ou même 51 mm si vous passez sur du 650b mais attention, si vous installez le garde-boue arrière conçu pour le vélo (avec porte-bagage intégré), la limite descend à 40 mm.
Géométrie
Pour le côté plaisir de pilotage, Focus a imaginé une géométrie qui s’inspire des tendances du VTT avec un reach long (395 mm en taille 54/M) et un angle de direction plutôt couché pour la catégorie (70,5°). Parce qu’il faut tout de même garder un peu de dynamisme, les bases sont relativement courtes (425 mm).
A la rédaction, notre modèle d’essai en taille L s’est révélé parfaitement adapté pour Paul (1m83) mais pour votre serviteur, un peu plus petit (1m79), il a fallu monter une potence plus courte (45 mm à la place de 90 mm, mais une 60 mm aurait sûrement été encore plus adaptée). Rien de bien grave ou compliqué toutefois et les potences relativement longues d’origine sont presque une bonne chose : dans mon cas, je pourrais ainsi rouler en taille M sans rien changer avec un cadre plus court donc plus vif ou privilégier le confort et la stabilité avec une taille L et une potence moins longue.
Equipements
Affiché à 2 299 €, notre modèle 6.8 est le deuxième modèle le plus haut de gamme de la famille Atlas. Focus a fait le choix d’une transmission double plateau sur 4 des 5 versions, ce qui souligne encore le caractère balade / aventure de la machine.
Sur ce vélo, c’est un mélange de diverses gammes Shimano avec des dérailleurs en GRX 810, des manettes, un pédalier (46-30) et une chaîne en GRX 600 et une cassette (11-34) en 105, donc issue de la gamme route.
Logiquement, les freins sont eux aussi signés Shimano puisqu’en gravel, il est impossible de dissocier freinage et transmission sauf à monter un cintre plat. On a donc des étriers GRX 400 au standard Flatmount, associés à des disques en 160 mm de diamètre devant comme derrière. On notera qu’il est possible d’aller jusqu’à 180 mm devant, moyennant un adaptateur.
Sur notre vélo de test, les roues viennent de DT Swiss avec des jantes RR521 reliées à des moyeux 370 mais c’était une solution temporaire pour faire face aux difficultés d’approvisionnement sur les premiers modèles. Depuis, tous les vélos sont montés avec des Novatec 25 Elite en 25 mm de largeur interne et au profil plus bas que nos DT Swiss.
Elles sont chaussées de pneus WTB Riddler en 45 mm de section, un profil polyvalent avec de beaux crampons latéraux qui jouxtent une bande de roulement beaucoup plus rapide.
Enfin, c’est Focus qui s’occupe des périphériques à l’exception de la selle, une WTB SL8. La tige de selle est en 27,2 mm de diamètre ce qui peut apporter un peu de confort mais réduit le champ des possibles si on souhaite monter un modèle télescopique. A l’avant, le cintre est assez typé route, avec un évasement de 10° pas franchement perceptible et un drop (hauteur entre le haut et le bas du cintre) assez important. En revanche, le méplat de part et d’autre de la potence est agréable.
Dans cette configuration, le Focus Atlas est annoncé à 10,8 kg en taille M. Certainement pas un poids plume mais encore une fois, la performance n’est pas son objectif.
Versions et tarifs
Autour de notre Atlas 6.8 et sur le même segment du gravel accessible prêt pour l’aventure, on trouve le 6.7 (1 799 €, groupe Shimano GRX 400 2×10) et le 6.9 ( 2 699 €, groupe GRX 810 1×11).
Les deux autres modèles, le 6.6 EQP (1 699 €, groupe GRX 400 2×10, cintre plat et freins Tektro) et le 6.7 EQP (1 999 €, cintre route et freins Shimano GRX 400) sont eux pensés et parés pour les trajets du quotidien, avec garde-boue, porte-bagage et lampes montés de série ainsi que des pneus plus étroits, en section de 37 mm.
Le Focus Atlas 6.8 sur le terrain
En mouvement, le Focus Atlas surprend d’abord par son comportement dynamique compte tenu de son poids. Bien sûr, ce n’est pas un foudre de guerre en relance, mais il offre malgré cela de très bonnes sensations, la rigidité autour du boîtier de pédalier est bien là et la machine a du répondant. Grimper en danseuse est un plaisir et on peut s’amuser à rouler à bon rythme sur les sentiers les plus roulants, il conserve bien la vitesse.
Une jolie surprise pour un vélo qui ne se veut absolument pas sportif mais nous n’étions pas au bout de nos découvertes. En effet, le confort est de très bon aloi pour un vélo en aluminium. Avec ce matériau, on s’attendait à quelque chose de solide et éventuellement assez réactif mais certainement pas confortable.
Pourtant, l’Atlas filtre les vibrations de façon tout à fait honnête et ce malgré des roues DT Swiss assez hautes, donc en théorie plus rigides qu’un profil bas. Sans aucun doute, on peut dire merci aux pneus de 45 mm, même si les haubans bas et la tige de selle en 27,2 mm ont peut-être aussi une part de responsabilité là-dedans.
En parlant de pneus, les WTB Riddler offrent une polyvalence intéressante. Sans surprise, ils sont dépassés sur terrain gras et les gros freinages sur sol humide requièrent déjà un peu d’attention, mais le reste du temps ils nous ont donné entière satisfaction.
En revanche, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas roulé en double plateau et il faut bien l’avouer, ça ne nous avait pas manqué ! Néanmoins, on peut comprendre l’intérêt de ce format de transmission pour ce genre de vélo, parfois amené à rouler bien chargé. Avec le pédalier 46-30 et la cassette 11-34, la gamme est à la fois plus étendue et mieux étagée qu’un mono-plateau en 38 ou 40 avec cassette 11-42 voire 11-46.
Bien qu’un peu agaçante, cette histoire de transmission ne retire toutefois pas grand chose du plaisir de pilotage qu’offre le Focus Atlas sur les singles un peu plus joueurs et les jolis sentiers. Avec sa géométrie bien pensée, la machine se prend facilement en main et se révèle ludique à rouler. On en viendrait presque à regretter qu’il ne soit pas équipé de série d’un cintre un peu plus évasé et d’une tige de selle télescopique…
On doit vous l’avouer, on s’est pris d’affection pour ce petit vélo. Sans prétention mais surprenant à bien des égards, il a su nous donner le sourire à chaque sortie pendant que des montures bien plus luxueuses attendaient sagement à l’atelier. De la (re)découverte d’itinéraires derrière la maison, oubliés parce que trop faciles en VTT, à l’aventure sur des pistes caillouteuses à l’autre bout de l’Europe, il nous aura suivi sur tous les terrains sans jamais se départir de ce caractère de fidèle compagnon qui invite à partir rouler pour le simple plaisir d’être dehors.
Verdict
Objectif atteint pour ce Focus Atlas, plus qu’atteint même. Présenté par la marque comme un vélo d’aventure et de voyage, il s’est également révélé être un très bon gravel à tout faire pour qui n’a pas envie de mettre trop d’argent dans ce genre de vélo. Simple et robuste mais plaisant et même ludique à rouler, il offre bien plus que ce que sa fiche technique peut laisser penser et c’est ce qui nous a séduit.
Focus Atlas 6.8
2 299 €
10,8 kg(poids constructeur)
- Comportement sain et ludique
- Conçu pour durer
- Nombreux inserts pour le bikepacking
- Tarif accessible
- Poids
- Passage des gaines dans le jeu de direction (mais c'est pratique pour les sacoches)
- RAS
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Coup de coeur
- Rapport qualité / prix
Plus d’informations : focus-bikes.com