Test Event Paris 2024 | Reconnaissance du circuit des Jeux Olympiques
Par Paul Humbert -
Les rendez-vous olympiques commencent ! Deux ans seulement après une olympiade repoussée par le Covid-19, Paris inaugure un tout nouveau circuit, sur la colline d’Elancourt, un an tout juste avant la prochaine olympiade. Les meilleurs athlètes sont réunis sous leurs couleurs nationales pour un test event unique avant l’échéance. Vojo est sur place et vous explique tout.
Au-delà du test event sportif, cette course préliminaire est scrutée de près par l’organisation de Paris 2024 : logistique, transports, billetterie, flux…tous ces éléments s’ajoutent au test d’un tout nouveau circuit de XCO. Un terrain de basket, une piscine, c’est simple à construire. Un circuit de VTT, un peu moins. Et surtout, ce n’est pas standardisé.
L’organisation est claire dès le départ : le circuit proposé pourra faire l’objet d’évolution suite à ce test event. Avant de mettre les pieds à Elancourt dans les Yvelines, personne ne sait à quoi s’attendre. On connaît seulement les mensurations du tracé : 4,350 km pour 100 m de dénivelé par tour.
La colline d’Elancourt a déjà accueilli des évènements de VTT dans son histoire, mais elle a été complètement transformée après des mois de chantier (on aura l’occasion de vous en reparler). Passés les portiques de sécurité et après avoir échangé avec une nuée de bénévoles et de représentants de l’organisation, on arrive sur une esplanade traversée par la ligne de départ/arrivée. Un peu plus loin, sur la dernière butte du parcours, on aperçoit les anneaux olympiques.
À la différence d’un championnat du monde, et comme une grande répétition avant l’évènement, les tentes des fédérations sont séparées du reste des participants, et des journalistes. Il faut compter sur une zone mixte pour échanger avec les athlètes.
Tous les athlètes de la coupe du Monde ne sont pas là, mais en suivant les règles de la sélection olympique et d’un classement mondial en version assouplie, on retrouve 3 athlètes féminines et 3 athlètes masculins par pays. Certaines grandes nations comme la Suisse ou la France ont également droit à un athlète supplémentaire, mais pour les reconnaissances seulement.
Autre exception, la France, pays hôte, a droit à une seconde équipe. On retrouve ainsi 12 athlètes tricolores en reconnaissance : Pauline Ferrand-Prévot, Loana Lecomte, Léna Gérault, Line Burquier, Victor Koretzky, Titouan Carrod, Maxime Marotte, Joshua Dubau, Jordan Sarrou, Thomas Griot, Mathis Azzaro et Adrien Boichis. La sélection de se groupe se fait dans le prolongement de la dernière olympiade, de la préparation de celle de 2024, mais également de l’olympiade suivante pour les plus jeunes.
On file directement sur le parcours pour une reconnaissance à pied où on croise quelques athlètes, eux aussi sans vélo, avant les premiers tours de roues.
La première chose qui saute aux yeux, c’est qu’un revêtement mélant sable et gravier blanc a été déposé sur 80 % à 90 % du tracé. Quelques heures après une grosse pluie et sur un circuit neuf, le revêtement est mou, mais il absorbe l’humidité. Il ne faut pas longtemps pour comprendre : le sol « naturel » de la colline est une forme de glaise, impraticable en cas de pluie.
C’est Maxime Marotte qui complètera sur ce point : « il y a une partie plus naturelle dans le bois, à plat, qui nous montre les limites du terrain : sans le revêtement sur le reste du circuit, en montée, on serait à pied ».
Au niveau du rythme du circuit, pas de longue montée mais des portions nerveuses qui se succèdent sur des surfaces plutôt lisses entre des obstacles artificiels. Ces derniers sont nombreux. D’abord de petites « marches » à franchir en montée ou en descente et matérialisées par des blocs de roche. Plus le circuit avance, plus les obstacles artificiels grossissent : des enrochements, des sauts, des passages sur des troncs positionnés « anarchiquement ».
Entre ces sections, on retrouve sur la majorité du parcours ce revêtement lisse et rapide. Survivent à ça deux sections, une en milieu de parcours et l’autre juste avant la fin, qui restent en revêtement naturel, serpentant entre les arbres.
Du côté des sauts et des passerelles, on découvre que les planches laissées, comme des filets de sécurité, disparaîtront dès la seconde session d’entraînement. On se souviendra que ce retrait d’une passerelle en bois pour la course avait surpris Mathieu van der Poel à Tokyo et causé sa chute. C’est là où Yvan Clolus, le sélectionneur national, précise son rôle lors des séances sur le circuit : « on prend beaucoup de repères pendant ce test event car tout est nouveau pour tout le monde. Mon boulot sur le vélo lors des entraînement se concentre surtout sur les filles qui ont besoin d’êtres accompagnées et rassurées, notamment sur les premiers sauts. N’oublions pas qu’elles ont le même circuit que les hommes. »
De retour sur le tracé, on remarque de grands boulevards où les dépassements seront faciles et, plus intéressant, des portions où des « doubles lignes » existent, sans que l’une soit plus avantageuse que l’autre. Voilà qui est intéressant.
Face aux premières images, les détracteurs seront tentés de crier au parcours « gravel », ou « cyclocross » entre des obstacles résolument VTT (on vous le garantit !), mais ici, on parle plus souvent de « circuit olympique ». À l’exception de Tokyo, les dernières éditions des Jeux Olympiques ont proposé ce type de parcours très artificiel.
De retour sur la ligne d’arrivée, on interroge les athlètes sur le circuit :
Emeline Detilleux, qu’on retrouve en reconnaissance à pied et qui ne roulera pas ce week-end car elle souffre toujours d’une blessure au poignet depuis les championnats du Monde : « C’est intéressant quand même d’avoir une idée du parcours, c’est sur que c’est dommage que je ne puisse pas rouler, mais voir les reconnaissances, ça peut être bénéfique. Je pense qu’il y a vraiment du potentiel sur le circuit, il reste encore du travail sur le sol qui n’est pas damé et des sauts doivent s’adapter. Certains aspects plus engagés pourront s’ajouter pour que ça ne soit pas une course de gravel. Ce n’est pas forcément aux purs VTTistes que ça va profiter. »
Maxime Marotte : « C‘est un circuit olympique avec des surfaces compactes artificielles. Il y a encore le temps de changer des choses et le comité d’organisation est très à l’écoute. Sur ce type de circuit, je m’amuse bien, il y a des sauts, des virages relevés, c’est un peu Disneyland, je ne suis pas surpris. Il y a peut-être moyen de retravailler certaines descentes avec un peu moins de concassé. Globallement, je m’amuse, mais il faudra peut-être ajouter certains trucs techniquement. Par contre, c’est dur physiquement. Les pierriers et portions techniques, en course, on aura vite fait de tomber ou de taper. Le pierrier principal n’est pas simple mais c’est un bel équilibre : on peut passer sans que ce soit dangereux, mais par contre, si on veut aller vite, c’est une autre affaire. Il vaut mieux temporiser avant et bien appréhender ce passage bien conçu. »
Adrien Boichis : « C’est incroyable d’être là, c’est une magnifique opportunité. Je suis là pour prendre de l’expérience et faire partie du groupe olympique. Ça me permet de voir le début des JO. Il y a aura juste deux athlètes mais c’est tout un groupe qui s’entraîne. J’ai roulé avec Victor Koretzky parce qu’on a le même vélo et qu’on peut échanger sur les réglages. On a un pilotage qui se ressemble. On a fait un tour rapide du circuit, et c’était vraiment différent des précédents. Chaque virage qui ne paraît rien quand tu le fais en entraînement, devient technique en course. C’est un circuit qui va fatiguer petit à petit. Il pousse à la faute et je trouve ça intéressant. On travaille des qualités différentes de l’habitude. J’adore ! »
Thomas Griot : « C’est toujours difficile d’arriver sur un circuit sans aucune donnée. J’ai besoin de prendre du temps sur le vélo, j’ai fait 5 tours en essayant les différentes lignes proposées. On a souvent 2 choix de trajectoires, pas forcément plus rapides l’un que l’autre. On a un circuit tout neuf qui n’a jamais été roulé et il a plu, on s’enfonce légèrement, mais encore une fois, c’est largement roulable, même si on lâche un peu plus d’énergie. Ce qu’on valide déjà, c’est que si il pleut, ça ne sera pas un chantier naval. Sur le sec, on a un circuit très rapide. Pour l’instant on enlève un peu le gravier de surface et ça fait des petits tas glissants, des ornières. Je pense que pour ce week-end, c’est à ça qu’il faudra être vigilant. A mon avis, ça va aller vite en conditions sèches. Les erreurs couteront cher et il faudra être dans les bons groupes. »
Joshua Dubau : « C’est plus plaisant sur un vélo qu’à pied. Ça se trace de tour en tour. Il faudra faire attention à certains passages, mais ça se passe bien. C’est un circuit atypique parce qu’il va être dur de rouler en groupe sur les efforts. On a des bonnes portions montantes et on pourra remonter là, même si ça ne sera pas facile. L’équipe de France et les JO, c’est le summum, et ça fait rêver tout le monde. On a envie de se montrer et de découvrir cette expérience. J’essaye de donner mon maximum et de bien faire les choses mais il ne faut pas trop se prendre la tête non plus, les places pour les jeux sont chères. »
Samara Maxwell : « Je suis ravie, au début de l’année ce n’était pas sur mon radar. La Nouvelle-Zélande n’avait pas de place chez les femmes, il fallait bien rouler aux mondiaux, et je suis là ! Etre ici, c’est fou ! Je vais tenter d’avoir un goût de cet expérience. Avant les championnats du monde, j’étais privateer, et j’ai eu une belle proposition de Rockrider Ford. Le team est très organisé et j’ai signé avec eux. Ici, j’adore la piste. Il y a des rock-garden qui seront vraiment clés où on peut perdre facilement 5 secondes. »
D’ici au premier jour de course, le circuit va sécher et il faut s’attendre à une accélération du rythme de course. À qui est-ce que ce parcours va profiter ? On a bien une petite idée, mais on vous en reparlera dimanche soir après la course.