Test | Conway Ryvon LT : plus gros qu’il n’y paraît

Petite marque basée à Hoya en Allemagne, Conway a rapidement investi le secteur de l’e-bike, notamment avec le E-Fully commercialisé en 2013, époque où les vélos électriques étaient encore rares dans les showrooms. Si Conway est largement présente sur le segment du vélo urbain et de trekking, la marque continue de développer son pôle VTT, avec ou sans assistance, et intensifie sa présence sur nos sentiers depuis plusieurs années.

La dernière actualité qui a fait parler de la marque est le Conway Ryvon. Ce modèle, on vous en avait déjà parlé lors de notre balade dans les allées du salon du Roc d’Azur en octobre dernier : Nouveauté 2024 | Conway Ryvon : deux plateformes autour du moteur Bosch SX.

Pour rappel, la marque avait frappé fort au lancement de son nouveau châssis puisque le Ryvon marque l’arrivée de deux nouveaux modèles au sein du catalogue de la marque allemande : le Ryvon ST (pour Short Travel) offrant 150 mm de débattement, ainsi qu’un modèle enduro, le Ryvon LT (pour Long travel), dont le débattement est porté à 170 mm et que la marque a mis à notre disposition pour ce test.

Châssis

Lignes tirées, arêtes marquées, le cadre en carbone de ce Ryvon affiche une finition soignée et réussie. Le châssis ne rougit pas non plus au moment de passer sur la balance puisque le cadre est annoncé à 2,67 kg en taille L, et que nous avons pesé notre modèle de test à 19,2 kg, ce qui est plutôt léger vu l’équipement.

Comme de nombreux e-bikes à l’heure actuelle, Conway a opté pour un montage « mulet »  pour son châssis développant 170 mm de débattement  : une grande roue de 29″ à l’avant pour faciliter les franchissements associée à une roue de 27,5″ à l’arrière pour le dynamisme et la maniabilité.

Par contre, Conway n’a pas suivi la voie de plus en plus commune de passage des gaines par le jeu de direction, c’est ici par les côtés de la douille de direction que les câbles et Durits cheminent, de manière plus traditionnelle. Une solution peut-être moins minimaliste et soignée d’un point de vue esthétique, mais bien plus pratique lors des passages sur le pied d’atelier.

Assistance

Pour animer ce châssis, c’est le nouveau moteur Bosch Performance Line SX qui a été choisi par Conway. Pour en apprendre davantage sur ce moteur light du géant allemand, c’est juste ici : Prise en main | Bosch Performance SX : filiation assumée. Pour rappel, ce petit dernier en provenance de chez Bosch développe 55 Nm, le tout dans un corps de moins de 2 kg.

Première fois qu’un vélo de test est équipé de cette nouvelle motorisation en provenance de chez Bosch, et que l’on a la possibilité de la mettre à l’épreuve sur nos terrains de test, nous l’avons confronté à son grand frère le Bosch Performance CX. La vidéo est disponible juste ici :

C’est une batterie amovible de 400 Wh qui accompagne cette motorisation Bosch, sans possibilité d’extension au moyen d’un range extender. « Nous pensons qu’il est préférable de compenser avec une seconde batterie de 400 Wh, plutôt que d’ajouter une réserve de 200 Wh. Le rapport poids/énergie est plus intéressant avec une batterie CompactTube plutôt qu’un range extender », explique la marque.

On notera que ce Conway Ryvon n’est pas équipé d’un port de recharge intégré, et qu’il est donc nécessaire de recharger la batterie en dehors du vélo. Cela permet selon la marque d’obtenir un châssis bien plus rigide étant donné qu’il n’est pas nécessaire de prévoir un trou de plusieurs centimètres au sein du cadre.

Avec cette philosophie en tête, Conway a tenté de faciliter autant que possible la manipulation de la batterie. L’ouverture du cache protégeant la batterie se fait au moyen d’un simple bouton tandis que ce cache peut être stocké sur le tube supérieur au moyen d’aimants le temps de la manoeuvre. Pratique en cas de changement au milieu d’une sortie !

Par souci de transparence, il nous faut préciser que nous avons rencontré un problème de cache de batterie, dont l’une des fixations a cédé lors de nos premières sorties de test. Il s’agissait cependant là d’un modèle de préproduction et le cache n’était donc pas celui qui équipe le modèle de série. La marque nous avait bien prévenus à l’avance et affirme avoir solutionné le problème pour les versions de série.

Suspensions

Comme d’accoutumée sur les VTT de la marque, c’est une cinématique Horst Link qu’on retrouve, à savoir une cinématique de type 4 Bar Linkage. Si cela ne vous est pas familier, le lexique est juste ici : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre.

Si Conway a fait le choix d’une assistance légère, le Ryvon est par contre moins timide du côté des suspensions puisque qu’on retrouve une fourche Fox 36 Factory et un amortisseur Fox Float X2 Factory développant tous deux 170 mm de débattement.

Géométrie

Sur le tableau de géométrie, le Conway Ryvon s’illustre par des bases courtes (442 mm), un reach moyen (460 mm et 465 mm en taille M respectivement pour le LT et ST) ainsi qu’un angle de tube de selle de 77,9° pour le ST et 77,4° pour le LT.

Proposé en quatre tailles (de S à XL), le Ryvon adapte son équipement en fonction de la taille de cadre choisie. Ainsi, l’épaisseur des poignées, la largeur de la selle, la longueur de la potence, la largeur et le rise du cintre ainsi que la longueur des manivelles sont modifiés en conséquence en fonction de la taille de cadre.

Équipements

C’est dans sa version la plus onéreuse que Conway a mis à notre disposition ce Ryvon LT pour la durée de ce test. Affiché au prix de 9499€, le Ryvon LT 10.0 est doté de ce qui peut se faire de mieux en termes d’équipements.

C’est Sram qui est aux commandes du côté de la transmission. On retrouve ainsi un excellent groupe Sram X0 T-Type, dont notre test est à retrouver juste ici : Test | Sram Eagle AXS 2023 : sans égal.

Le freinage est par contre plus exotique puisque Conway a choisi de travailler avec TRP, et son modèle DH EVO, associé à des disques de 220 mm à l’avant et 203 mm à l’arrière. Voilà un souci du détail suffisamment rare que pour être souligné !

Cette attention aux détails, on la retrouve également dans le choix des carcasses du train roulant. Conway a en effet opté pour un Maxxis Assegai en carcasse EXO+ (MaxxGrip, 2.50) à l’avant et un Minion DHR II en carcasse DoubleDown (MaxxTerra, 2.40) derrière. Il n’a pas ici question d’économie de bout de chandelle sur le prix ou le poids, qui aurait pour conséquence d’impacter négativement l’expérience sur les sentiers. Ces pneumatiques sont montés sur une paire de roues Acros Enduro en carbone.

Le poste de pilotage est composé d’un ensemble cintre-potence en provenance de chez Race Face, avec un cintre en 760 mm de largeur et une potence de 32 mm. La tige de selle télescopique est une Vecnum Nivo offrant 150 mm de développement, surmontée d’une selle Fizik Terra Aidon X1.

Poids, versions et tarifs du Conway Ryvon LT 2024 :

Avec deux montages différents pour chacune des deux versions (à savoir ST et LT), ce sont quatre modèles qui figurent dans le catalogue de Conway. Les premiers vélos sont attendus pour fin d’année 2024.

Conway Ryvon LT : le test terrain

La première impression que laisse ce Conway Ryvon est surprenante : malgré son duo motorisation/ batterie légères, le Ryvon est un châssis bien ancré au sol, assez long et qui semble plus lourd que ce à quoi on pourrait s’attendre d’un e-bike « léger » au moment de le soupeser. Avec un réglage du sag à 30%, on a par contre rapidement trouvé nos marques avec un brillant accord entre les suspensions avant/arrière du vélo, assez fermes, mais très efficaces.

C’est un sentiment qui va perdurer durant l’ensemble de notre période de test : on est loin d’un châssis joueur qui invite à sauter à chaque mouvement de terrain, mais bien face à un vrai vélo d’enduro comme on l’entend qui s’assoit et se pose une fois qu’il est mis en mouvement. Par contre, là où on sent le côté « e-bike light », c’est que ses réactions nous font vraiment penser à celles d’un gros enduro… sans motorisation. Plus en tout cas qu’à un gros e-bike.

Attention, il ne s’agit pas là d’un point faible du châssis, mais simplement d’une philosophie choisie par la marque, et celle-ci peut s’avérer positive ! Avec ses très bonnes capacités d’amortissement, ce trait de caractère lui procure une adhérence énorme, tant en descente qu’en montée, ainsi qu’une stabilité à toute épreuve. Revers de la médaille, à basse vitesse, le pilotage est moins instinctif et plus délicat, nécessitant d’avoir de la poigne pour parvenir à faire vivre le châssis et ne pas se faire embarquer.

Mais dès que le rythme de croisière est trouvé, le châssis s’anime et donne l’impression de prendre vie au fur et à mesure qu’on prend de la vitesse. En descente, le choix de philosophie de ce Conway Ryvon prend ainsi tout son sens. Même avec l’assistance éteinte, le vélo est agréable à piloter et très sain dans son comportement. Une fois qu’on est bien installé à son guidon, le Ryvon offre la sensation de sécurité que les e-bikes savent si bien procurer : stabilité, mise en confiance et une inertie qui s’avère être une véritable aide au franchissement pour qui sait piloter assez « musclé » afin de l’exploiter… grisant !

On notera cependant un petit point négatif du côté des freins. Si la puissance est bien là – même s’il ne s’agit pas là des modèles les plus faciles à doser – l’ergonomie mérite d’être améliorée. Il nous a été impossible de régler les leviers de ces TRP Evo de sorte qu’ils viennent suffisamment proche du cintre et offrent une position confortable.

Là où l’on retrouve certainement le caractère e-bike light de ce Conway Ryvon LT, c’est à la montée. Avec un cadre entièrement en carbone, une géométrie ajustée avec un angle de tube de selle relevé ou encore une cinématique limitant l’effet de kick-back (cf. Lexique), le Ryvon LT offre un bon rendement au pédalage. Mais pour pouvoir pleinement s’exprimer en montée, son assistance nécessite une certaine cadence de pédalage, plus rapide que sur un power e-bike où l’on peut plus facilement se laisser porter par le moteur. Ici, malgré la poigne du moteur, il est nécessaire de donner pour recevoir ! Avec une utilisation aux alentours d’une cadence de 80 tours/minute, le Bosch SX conserve ce caractère de main de fer qui nous pousse, particularité des moteurs du fabricant allemand, et qui nous accompagne dans les montées et passages techniques.

Avec la bonne cadence de pédalage, le Bosch SX donne l’impression que nous sommes constamment dans une grande forme, et permet en poussant davantage sur les pédales d’affronter des montées peu accessibles sans assistance. S’il en est relativement capable, le moteur « light » de chez Bosch, associé à cette petite batterie, n’a par contre pas été prévu pour user et abuser du mode turbo en se laissant porter pour atteindre le haut des cimes, auquel cas l’autonomie chute à grande vitesse. À chaque usage, son moteur !

C’est un facteur que l’on retrouve également du côté de l’autonomie… Avec sa petite batterie de 400 Wh, pas question d’user du mode turbo à outrance si l’on désire se donner une chance d’atteindre les 1000/1500m de dénivelé positif. Les ascensions se font au train, aidé par le coup de pouce non négligeable des modes intermédiaires du moteur Bosch SX. En alternant entre le mode « Trail » et « E-MTB », le Bosch SX permet de venir à bout de la majorité des ascensions qui se dressent face à nous tout en conservant une autonomie suffisante. Confort, mais sportif, ça colle bien au programme du Ryvon !

En termes de batterie et d’autonomie justement, Conway a adopté une position propre : plutôt que d’opter pour une batterie de 500 Wh, ou même de 625 Wh, ne permettant pas de venir à bout de ces longues journées sur le vélo, la marque a préféré choisir une batterie de 400 Wh tout en laissant la possibilité de partir avec une seconde batterie de rechange dans son sac à dos. La batterie de 400 Wh étant assez compacte et plus légère (environ 2 kg) que ses grandes soeurs de 500 Wh ou 625 Wh, partir à l’aventure avec cette batterie additionnelle dans le sac à dos se fait confortablement et permet de partir l’esprit tranquille tout en profitant de ce gros jouet sans arrière-pensée et sans devoir tempérer ses envies.

Verdict

Le Conway Ryvon LT n’est ni plus ni moins qu’un vrai châssis d’enduro comme on l’entend au sens propre du terme ! Outre ses 170 mm de débattement, c’est surtout avec ses très bonnes capacités d’amortissement et son côté « canapé » offrant un vélo confortable, stable et sécurisant que le Conway Ryvon LT se distingue. À condition toutefois d’être capable de faire vivre le vélo qui nécessite un pilotage plutôt musclé pour montrer son plus beau visage. Ces qualités se retrouvent également au moment de remonter vers le haut des sentiers, où le Ryvon LT procure beaucoup d’adhérence et une assistance convaincante… à condition d’adopter un pédalage bien en cadence ! Avec son petit moteur Bosch SX, le Conway Ryvon LT nécessite en effet de bien tourner les jambes pour que l’assistance délivre tout son potentiel. Il n’est pas ici question de se laisser porter en mode turbo jusqu’au sommet, auquel cas l’autonomie diminuera rapidement. Un VTTAE d’enduro confortable, mais sportif et à ne pas mettre entre toutes les mains, voilà comment on pourrait résumer ce Conway Ryvon LT ! 

Pour plus d’informations : https://www.conway-bikes.com/e-bikes/e-mountainbike/ryvon/