Test – Commencal Meta AM V4 Race : Le bon compromis
Par Paul Humbert -
10 ans après sa première apparition, le Commencal Meta nous revient dans sa quatrième évolution. Présenté l’année passée, le V4 semble corriger les défauts de son prédécesseur, plutôt lourd et peu pédaleur. Dans sa finition « Race », ce Meta a pour ambition de s’adresser aux compétiteurs et, plus largement, aux amateurs d’enduro. Découvrez le test de ce vélo qui ne nous a pas laissés indifférents.
Au niveau du cadre lui-même, Commencal reste fidèle à ses racines et à l’aluminium 6066 triple butted pour ses tubes hydroformés. L’amortisseur développe 150mm de débattement et est placé très haut afin d’être facile d’accès pour le pilote. Vu les mensurations de notre testing team made in Elsass, notre modèle de test nous est arrivé en taille L et il s’est avéré parfaitement adapté pour les pilotes de plus d’1m80. Nous l’avons pesé, sans pédales, à 13,4kg. La géométrie du vélo suit la tendance de ces dernières années. Le vélo s’allonge mais reste dans des proportions raisonnables. Il ne court pas vers l’extrême et c’est un point que nous avons réellement apprécié lors de ce test. Afin d’analyser la cinématique de ce nouveau Meta, nous nous sommes rapprochés de notre ingénieur/consultant Maxime Ganhy, qui nous livre son diagnostic. Nous sommes sur un principe d’un “faux bar linkage”, plutôt répandu sur le marché. Au sens strict, c’est un monopivot (un seul point de pivot entre l’axe arrière et le triangle avant), mais le reste de la cinématique est complété par un point de pivot sur les haubans et par une biellette courte. C’est en quelque sorte la carte de visite Commencal: une cinématique simple mais bien étudiée, basée autour d’un monopivot (monopivot avec biellette et basculeur jusqu’au meta V2, faux bar linkage depuis la V3) et sans dénomination hi-tech, ce qui ne veut pas dire que la qualité n’est pas au rendez-vous ! Maxime nous confiait d’ailleurs que, sur papier, cette cinématique lui semblait vraiment parfaite pour le programme et que le Commencal Meta V4 fait partie des vélos qu’il aimerait s’offrir… En ce qui concerne l’évolution du ratio de la suspension, elle est assez bien progressive sur les premiers 70% du débattement puis, elle devient légèrement dégressive sur les derniers 30%. La fin de course dégressive est présente afin de pouvoir exploiter les derniers centimètres de débattement en contrant la forte évolution de raideur des amortisseurs à air. Le point de pivot principal est placé de manière à obtenir une valeur d’anti-squat proche des 100%. Ceci permet également un pédalage efficace, sans toutefois trop interférer sur le fonctionnement de l’amortisseur. En effet, plus la valeur d’anti-squat est haute, plus le pédalage induira un verrouillage de l’amortisseur. Cependant, vu la progressivité de la cinématique, le meta reste avant tout un descendeur avec un très bon grip , qui s’obtient par contre ici au détriment du rendement pur et des performances au pédalage. Du côté des composants, le programme « race » du vélo laisse assez peu de place aux ratés et c’est tant mieux ! La transmission Sram X1 est associée au pédalier E13 TRS+ et à son plateau directmount de 32 dents. RockShox s’occupe des suspensions et de la tige de selle téléscopique avec la Reverb. Le freinage est assuré par les Guide RS qui offrent un freinage puissant bien que légèrement fluctuant quand les descentes sont très longues. La monte de pneus Maxxis DHR II est judicieuse pour les terrains secs. La selle Alpha est une réelle réussite, autant en terme de design que de confort ou de dimensionnement. À l’issue de notre test, le cerclage E13 TRS+ de la roue arrière laissait entrevoir de grands signes de fatigues. Probablement trop léger pour le programme, il est, avec les poignées, un des rares défauts de ce Meta en terme d’équipement. Comme rien ne vaut un test sur le terrain, nous ne nous sommes pas fait prier pour faire voir du pays à ce Meta. Pendant de longues semaines, il aura tout vu : De la longue sortie pédalante à la journée en bike park, il a été rudement mis à l’épreuve par nos différents testeurs vosgiens. Vous pouvez d’ailleurs retrouver la vidéo de nos premières heures à son guidon ici: Test Commencal Meta AM V4 Race Nous avons dans un premier temps établi un SAG de 30% pour l’amortisseur Rock Shox Monarch Plus debonair RC3, mais nous avons rapidement dû revoir nos plans et affiner en profondeur nos réglages. Dès notre première sortie, un constat s’impose : contrairement à ce que nous annonçait la théorie, le Meta V4 pédale vraiment bien ! Avant d’avoir pu juger de son comportement en descente, nous accordons déjà un bon point à ce Commencal. La position relativement droite, la selle et le poste de pilotage Alpha offrent un confort inattendu. Un réel travail a été fait sur ces composants «maison» (Alpha étant la marque de composants de Commencal) et les dimensions choisies sont en total accord avec le programme du vélo. Un cintre de 780mm de large et relevé de 30° s’installe sur la potence de 50mm. Seul bémol, qui se confirmera tout au long du test : les poignées sont inconfortables. Cela se change facilement et à peu de frais, mais comme il s’agit d’une des interfaces homme/machine, c’est toujours agaçant. Une fois à l’attaque du dénivelé négatif, le Meta s’exprime pleinement. La position est un nouvelle fois très facile d’accès mais permet à un pilote aguerri de bien s’exprimer. Le vélo est stable, confortable et le grip est très bon. Un problème se manifeste pourtant très vite. L’amortisseur talonne et nous rentrons régulièrement beaucoup trop loin dans le débattement. Afin de contrer ce problème, nous rajoutons de l’air dans l’amortisseur à plusieurs reprises. Ce n’est qu’avec bien plus de 200 psi, nous arrivons enfin à obtenir un vélo équilibré et performant à haute vitesse… mais cet équilibre se paye cash avec une perte de grip et de confort. Ce constat ne nous semblant pas en accord avec le travail fourni par la marque sur ce vélo et la pratique pour laquelle il se destine, nous contactons cette dernière. Commencal nous conseille alors d’utiliser des « bottomless rings », de petits ronds rouges en plastique qui agissent comme des « tokens » en réduisant le volume d’air de l’amortisseur. La procédure est simple, à la portée de tous et est réalisée en moins de 10 minutes. Une fois dégonflé, on dévisse simplement le cylindre principal de l’amortisseur et on y place entre 3 et 5 « bottomless rings » (3 dans notre cas) avant de repartir à l’assaut des sentiers. Nous regonflons l’amortisseur à une pression plus normale (180psi) et la face du vélo change du tout au tout ! Il s’équilibre, la suspension est plus progressive et on retrouve le grip et le confort que nous aimions tant en début de test tout en restant dynamique et, surtout, en ne talonnant plus au moindre gros impact. Notre test prend un toute autre tournure et nous perdons de vue les limites de ce Meta que nous avons cru entrevoir. Les lignes sont plus faciles à aborder et à tenir. Au freinage, le vélo s’assoit bien et le combo Pike-Monarch Plus est assez redoutable. Plus globalement, le vélo est stable et son grand triangle avant invite le pilote à aller vite. Le Meta V4 est d’ailleurs très à l’aise quand la vitesse augmente réellement. Nous avons cependant remarqué de petites pertes de grip dans les grandes courbes. Dans les enchainements de petits virages, le Commencal Meta est très à l’aise. Les relances sont dynamiques et à l’attaque d’un « coup du cul », nous ne sommes pas freinés par l’amortisseur resté en position ouverte. La position fermée ne nous a semblé nécessaire qu’en cas de longues montées et, quand les côtes se font plus raides, on voit que les capacités motrices de cet enduro sont bonnes. Là ou le Meta nous a réellement bluffé, c’est sur le compromis de rigidité. Ce vélo a la vivacité et la précision du carbone, tout en conservant les qualités de l’aluminium. Le Commencal se pilote facilement, sans pour autant être mollasson. L’aluminium permet au vélo d’encaisser tout en restant incisif. Une très bonne balance a été trouvée sur le terrain du confort, de la réactivité, des capacités de pédalages et celles d’encaissement. Seul le poids plume du carbone n’est pas au rendez-vous. À l’heure de la conclusion, ce Meta ne nous laisse vraiment pas indifférents. Commencal a réussit à faire naître un enduro réellement polyvalent, autant en terme d’aptitude sur le terrain qu’en possibilité d’exploitation par des pilotes aux profils différents. Avec un rapport qualité prix plus qu’intéressant, ce Meta v4 conviendra à un large spectre de pratiquants. Facile à prendre en main et relativement peu exigeant, il est accessible à des pilotes loisirs. Le Commencal Meta ne vole pourtant pas son appellation « race » puisqu’il reste une très bonne arme pour un enduro au format rallye qui permettra aux pilotes de bon niveau de s’amuser pleinement. Cet aluminium est bien proportionné et est prêt à encaisser. Il va vite et laisse une belle place au fun. Le Meta V4 conviendra à 85% des compétiteurs. Pour les 15% restants, une session de test et de réglages sera nécessaire. Il sera primordial de trouver les bons settings de suspension et une nouvelle paire de roues. Il est d’ailleurs intéressant de rappeler que Commencal propose depuis l’année dernière un programme « à la carte » qui permet de personnaliser l’équipement de son vélo. Une solution intéressante pour les pilotes exigeants. Retrouvez toute la gamme Meta et la liste des équipements sur le Commencal Store: www.commencal-store.com et chez fonce.net pour la Belgique ! Géométrie
Analyse de la cinématique
Equipements
Le test terrain
Verdict