Test | Cannondale Moterra LT1 : frappé par la fougue

Par Paul Humbert -

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Test | Cannondale Moterra LT1 : frappé par la fougue

Au catalogue depuis près de deux ans, le Cannondale Moterra ne flanche pas et continue d’être le porte-étendard de la gamme VTTAE chez la marque américaine. Avec son physique un peu particulier, il est décliné en deux versions, l’une de 130mm de débattement et l’autre de 160mm. C’est sur cette seconde version, le Cannondale Moterra LT1, que nous avons jeté notre dévolu le temps d’un test, dont nous vous dévoilons les conclusions. 

La batterie s’installe sous le tube inférieur. Verrouillée par une serrure, elle est sécurisée par un grand élastique qui vient trouver un point d’ancrage sous le moteur. La solution est surprenante mais fiable. Pour arriver à proposer la géométrie présente au cahier des charges, avec des bases courtes et un centre de gravité bas, Cannondale a abandonné la pièce de fixation du moteur pour le cadre afin de concevoir la sienne. Cannondale a légèrement « tourné » son moteur et développé une plateforme d’accroche permettant une « bonne » position de son point de pivot.

On repère également l’ajout d’un petit guide-chaîne sur le pignon du moteur. Ce pignon n’est pourtant pas identique à celui présent sur les autres moteurs de la marque allemande. Avec son propre pignon « Ai +6mm », Cannondale décale de 9mm sa ligne chaîne en combinant cela à l’utilisation d’un entraxe de 157mm (type DH) pour sa roue arrière. L’ensemble permet de réduire encore la taille des bases, tout en offrant un dégagement supplémentaire pour le pneu arrière et en gagnant en rigidité. Voilà en tout cas ce qui est annoncé par la marque, qui affiche fièrement des bases de 443mm.

Dans la conception de son cadre, l’emplacement pour un porte-bidon était impératif dans le cahier des charges des ingénieurs de la marque. On le retrouve donc sur le dessus du moteur. La biellette de ce vélo tout en aluminium est en carbone pour aider la machine à gagner un petit peu de poids.

Sur les pivots principaux situés au-dessus du moteur, Cannondale a fait le choix de doubler les roulements. Côté transmission, le point de pivot est protégé par la même pièce en plastique qui fait office de guide-chaîne. On retrouve également une protection du moteur en métal.

On ne vous apprend rien, les vélos électriques sont à concevoir comme un tout avec un châssis, un moteur et un train roulant. Cannondale a fait le choix de jantes de 30mm de large équipées de pneus renforcés en section 2.35. Sur ce point, plusieurs écoles s’affrontent et, si on apprécie les pneus Plus pour un grand nombre d’utilisateurs, un train roulant plus étroit mais plus précis reste un bon choix pour les pilotes les plus exigeants. Des pneus renforcés sont toutefois impératifs. Il n’y a pas encore de consensus autour de ce choix mais chez Vojo, on apprécie particulièrement le compromis et les pneus de section 2.6 sur des jantes de 30mm de large.

En continuant le tour d’horizon du vélo et avant de plonger dans la géométrie de celui-ci, on repère la commande Purion du moteur. Cannondale a fait le choix de cette commande positionnée près du pouce gauche et, si elle fait bien son job, elle pourrait voir la sensibilité de ses touches améliorée. On a parfois tendance à passer plusieurs modes à la fois, ou à ne rien changer, avec des sensations au bout du doigt qui sont identiques.

La gamme Moterra LT (comprenez Long Travel) compte deux modèles à 5249€ et 6299€ pour notre modèle LT1. La gamme Moterra « classique » développant 130mm de débattement est composée de 3 modèles commercialisés entre 4199€ et 6299€. Récemment, un modèle Moterra SE s’est ajouté à la gamme et avec sa fourche de 140mm de débattement, il est commercialisé à 5699€.

Côté géométrie, le Moterra LT est décliné, à l’instar du Moterra classique, en cinq tailles. L’angle de direction est de 66 degrés et le reach en taille L pour notre modèle de test est de 449mm. Les bases, on vous le disait plus haut, mesurent 443mm et le tout est destiné à une pratique plus engagée que le modèle non LT. Même si on préfère éviter trop d’analogies avec les modèles sans assistance tant ces VTT électriques sont polyvalents, le Moterra LT s’ouvre clairement les portes de « l’enduro ».

Côté cinématique, le tout est assez simple et on retrouve un monopivot à biellette sur ce Cannondale Moterra dont l’axe de roue est positionné sur les bases.

Les composants sont en phase avec le positionnement haut de gamme de la machine. Le combo Fox 36 Float Fit 4 pour la fourche et Factory Float Evol avec traitement Kashima pour l’amortisseur font un super boulot et développent 160mm de débattement.

DT Swiss a été sélectionné pour les jantes avec les XM481 de 30mm de largeur interne. Elles sont couplées à des moyeux Formula de 110mm de large à l’avant et donc de 157mm à l’arrière. L’ensemble n’a pas bronché pendant notre test et elles participent à la rigidité générale de l’ensemble.

Shimano s’occupe de la transmission et du freinage avec son groupe XT associé à des disques de 203 et 180mm pour les freins. Une petite purge et les freins étaient prêts à se lancer dans notre test.

Le poste de pilotage est signé Cannondale et FSA. On retrouve un autre composant du groupe Cycling Sport Group avec la selle Fabric Scoop Elite. Vous pouvez retrouver notre test de la selle ici : https://www.vojomag.com/test-selle-fabric-scoop-design-confort/

Enfin, on trouve une tige de selle télescopique KS LEV Integra de 150mm de débattement sur notre modèle en taille L.

Sur la balance, le Cannondale affiche 23,5kg en taille L et sans pédales. Le vélo passé à la loupe, il était temps d’aller plus loin et de l’emmener sur nos boucles de tests afin de confirmer, ou non, les premiers ressentis de notre prise en main datée de 2016 https://www.vojomag.com/cannondale-moterra-gros-vttae-chez-cannondale/

Cannondale Moterra LT 1 | prise en main 

Avant de se lancer sur les sentiers, on ne peut s’empêcher de trouver une certaine lourdeur au Cannondale Moterra. Pourtant, il prouve dès sa mise en marche que ses masses sont bien appréhendées et que sa grande rigidité lui sera bien utile.
La position de pédalage est confortable et l’ergonomie de la machine est réussie. On pédale plutôt bien sur les portions faciles même si on peine un petit peu côté rendement avec les gommes très tendres des pneus et les frottements du moteurs Bosch au pédalage.

Avec un anti-squat assez haut, le vélo ne pompe pas mais on ressent un petit affaissement quand on relâche la tension sur la transmission, entre deux coups de pédales ou sur un franchissement. Rien de bien dramatique ici.

C’est pourtant en montée qu’on identifie le véritable défaut du Cannondale Moterra qui, à cette exception près, compte parmi les meilleurs performeurs de sa catégorie. Cette caractéristique était tout en haut dans le cahier des charges des ingénieurs et ils ont réussi : le Moterra a des bases extrêmement courtes. Mais voilà, le Cannondale a les défauts de ses qualités.

Agile et facile en descente, il devient particulièrement exigeant en montée. Le vélo a une tendance à cabrer de l’avant dès que le moteur est sollicité dans une portion raide et technique. Il faut alors charger particulièrement l’avant du vélo et trouver un point d’équilibre bien précaire. La gymnastique est usante et pas à la portée des VTTistes les moins techniques. À vrai dire, ne pas réussir à « repartir » après s’être bloqué en montée peut être une véritable source de crise de nerf. Ayant ça en tête, on s’adapte, on dompte la bête mais ce n’est pas de tout repos.

C’est particulièrement sur ce point qu’il est important de préciser qu’une transposition complète de géométrie d’un vélo sans assistance à un vélo électrique n’est pas une bonne idée.

En dehors de cette frustration, le Moterra est un régal. Il est facile, se pilote avec une grande aisance et tourne dès qu’on le souhaite et sans nous tuer à la tâche.

La gestion du poids du moteur et de la batterie est bien réussi et le vélo est particulièrement vif sans pour autant devenir exigeant ou instable. La suspension est progressive et si on utilise la totalité du débattement, tout se fait en douceur et cela reste imperceptible.

On conserve un excellent grip au guidon du Moterra qui se plaît bien une fois le mode E-MTB du moteur sélectionné.

Verdict

Malgré son physique particulier, le Cannondale Moterra LT1 est une excellente surprise. Ce test n’a fait que confirmer les bonnes sensations que nous avions eues à son guidon lors de sa présentation et, deux ans après, il reste comme une référence sur le marché. Facile et accessible en descente, il a malheureusement les défauts de ses qualités puisque ses bases très courtes le rendent particulièrement exigeant en montée. Il faudra apprivoiser la bête et savoir dans quoi on s’engage avant de grimper sur le Moterra. Ce défaut le fait s’éloigner de la meilleure note mais on se régale déjà en imaginant une éventuelle évolution de cette machine qui, une fois raffinée, devrait remplir toutes les cases le menant à une relative perfection. 


Plus d’infos sur le site de la marque : www.cannondale.com/fr-fr/Europe/Products

Découvrez également un Moterra pas comme les autres dans la partie suivante.

ParPaul Humbert