Test | Bulls Black Adder Team : marathonien mais pas que…

Par Olivier Béart -

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Test | Bulls Black Adder Team : marathonien mais pas que…

La marque allemande Bulls mise depuis longtemps sur le marathon pour se faire connaître. Et le team a de sérieux arguments, avec des gaillards comme Karl Platt et Urs Huber, vainqueurs du dernier Cape Epic, ou encore le Français Thomas Dietsch aujourd’hui retraité mais toujours ambassadeur de la marque dans nos contrées. Il y a donc de bonnes bases pour développer des vélos pertinents sur ce segment, le tout à des tarifs très concurrentiels. Nous avons testé le dernier né de la famille hardtail, le Bulls Black Adder Team pour voir ce que ce trio cadre carbone, groupe XTR et fourche RS-1 proposé à 4949€ a dans le ventre. Verdict :

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-8Provenant d’Allemagne, un pays où la guerre des prix fait rage et où la vente par Internet est très développée, on ne s’étonne pas que le Bulls Black Adder, comme le reste de la gamme, présente un rapport qualité/équipement/prix particulièrement intéressant. Le modèle Team que vous avez sous les yeux en est un exemple, puisqu’il s’agit du haut de gamme et il est affiché à 4949€ (en France – il est à 4799€ en Allemagne et sur le site de la marque). Un tarif certes pas vraiment accessible à toutes les bourses mais qui se place assez nettement sous la concurrence (excepté quelques autres marques Allemandes comme Stevens) et dans des zones comparables au champion de la vente directe, Canyon (alors qu’ici vous pouvez acheter le vélo en magasin).

Le Black Adder démarre à 3599€ avec un modèle déjà équipé d’une fourche RS-1

La gamme carbone hardtail de Bulls est entièrement dédiée aux roues de 29″ et elle démarre à 1999€ avec le Copperhead, doté d’un cadre différent du Black Adder que vous avez sous les yeux. Viennent ensuite le Bushmaster et le Black Adder, qui partagent le même cadre, mais le premier cité n’utilise pas les mêmes fibres et s’avère un peu plus lourd, mais aussi moins cher. Le Bushmaster est proposé en deux versions à 2599 et 3099€, alors que le Black Adder démarre à 3599€ avec un modèle déjà équipé d’une fourche RS-1 et d’un groupe Shimano XT. Nous détaillerons les versions et les équipements un peu plus loin mais, en attendant, penchons nous sur le tout nouveau cadre du Bulls Black Adder.

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-12Si le nom Black Adder existe depuis plusieurs années, ce châssis a été revu pour la collection 2016. L’objectif était de l’alléger, de moderniser la géométrie et d’apporter plus de confort aux coureurs du team qui, lorsqu’ils n’utilisent pas leur full suspendu comme au Cape Epic, apprécient néanmoins un minimum de filtration des chocs pour enchaîner les heures de selle. Il faut dire que le modèle précédent, que nous avions eu l’occasion de rouler il y a quelques années, n’était pas du tout un modèle du genre. On peut même dire qu’il versait dans la caricature du vélo « à l’allemande », raide comme la justice.

Avec cette nouvelle version, le Bulls Black Adder change son fusil d’épaule, et c’est tant mieux. Non seulement le poids du cadre descend à 1kg tout rond, mais on voit qu’un important travail a été fait sur l’arrière du vélo pour assurer une petite déformation verticale. Les bases sont énormes près du boîtier de pédalier, mais elles s’affinent en arrivant près de l’axe de roue arrière. Quant aux haubans, ils sont très aplatis et ils contournent le tube de selle pour diffuser les vibrations directement dans le tube supérieur. Le tube de selle n’est par contre pas en 27,2mm pour faciliter le montage d’une tige de selle télescopique. Mais toutes les versions sont montées avec des tiges en carbone censées apporter un minimum de souplesse.

Le travail sur l’ensemble du cadre est superbe, tout comme la finition. Au rang des petites originalités, on apprécie particulièrement la réalisation autour du boîtier de pédalier (PressFit BB92) qui vise à garantir une grande rigidité à ce niveau. L’axe de roue arrière vaut aussi le détour. Il s’agit d’un RockShox Maxle classique en 142×12, mais le pas de vis et la patte de dérailleur côté droit sont couplés avec une énorme interface ronde qui contraste avec la finesse des bases et des haubans à cet endroit.

Enfin, on note aussi la présence d’un petit trou dans le tube de selle pour voir quand on dépasse la limite d’insertion de la tige de selle. Une bonne idée, qui copie ce qu’Open avait été le premier à faire sur son O-1.0. Le passage des gaines et Durits est bien pensé et il n’y a pas de bruits parasites mais par contre on peut regretter de ne pas voir de passage pour une commande de tige de selle télescopique vu que, quand on roule en double, tous les trous sont déjà pris.

Géométrie

1-Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-1Au niveau des cotes, le Bulls Black Adder ne joue pas les avant-gardistes comme peut l’être le BH Ultimate que nous avons testé un peu plus tôt cette année. Avec 70,5° d’angle de direction, il se montre un brin conservateur, alors que le reach ne s’allonge pas non plus autant que sur les modèles concurrents les plus à la pointe dans ce domaine.

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-11Par contre, ce qui est très intéressant, c’est le travail de Bulls sur les différentes tailles de cadre. Ainsi, les bases passent de 430mm en S à 435mm en M et L et grimpent jusqu’à 440mm en XL afin de garantir le même type de comportement au vélo. Idem pour l’angle de selle qui passe de 74° sur la petite taille à 73° sur la grande pour accentuer le recul.

Equipements

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-5Le rapport prix/équipement est un des chevaux de bataille de Bulls (comme de nombreuses marques allemandes d’ailleurs). Cela se voit depuis les modèles d’entrée de gamme (on trouve un semi-rigide alu en full XT à 1399€ au catalogue), jusqu’au sommet de la famille.

Une des grandes caractéristiques des vélos de la marque, c’est qu’ils sont tous équipés en Shimano. Ne cherchez pas de Sram dans la gamme, il n’y en a pas ! Et quand on annonce un groupe sur un modèle, il en est équipé de la tête aux pieds. Pas question de badiner sur le dérailleur avant ou la cassette pour gagner discrètement quelques euros. Sur notre Bulls Black Adder Team, c’est donc avec un groupe XTR mécanique complet qu’on se retrouve, du dérailleur arrière à la cassette en passant par la chaîne et le dérailleur avant.

Bulls_Black_Adder_Team_Detail_Copyright_OBeart_Vojomag-20A propos du dérailleur avant justement, soulignons au passage qu’il s’agit d’un excellent Shimano Side Swing, ce nouveau type de tirage latéral qui permet un passage plus direct du câble de commande et plus de souplesse de fonctionnement. On voit aussi que Bulls a fait le choix d’une transmission 2×11 (36/26 devant et 11/40 derrière), ce qui se justifie vu l’orientation longues distances que la marque souhaite préserver.

Les freins proviennent également du groupe Shimano XTR et, après un premier contact difficile lors de notre test longue durée du groupe XTR Di2, il semble que Shimano ait bel et bien corrigé le tir puisque nous avons été pleinement satisfaits cette fois.

En guise de proue, Bulls a opté pour la spectaculaire RockShox RS-1, ce qui renforce le côté « bonne affaire » de la machine vu le prix de cette fourche, même en première monte. Elle est combinée avec d’excellentes roues DT Swiss XR1501, avec un moyeu avant spécial RS-1. Au niveau des pneus, le Schwalbe Rocket Ron à l’avant est une valeur sûre, mais par contre le Thunder Burt arrière manque de polyvalence selon nous et nous l’avons rapidement remplacé par un autre Rocket Ron.

Le reste des équipements est confié à FSA avec la luxueuse série K-Force Carbon dont le look carbone plissé ne fait pas l’unanimité mais dont la finition ne souffre aucune critique. Nous avons aussi beaucoup apprécié de retrouver des grips en silicone très confortables sur le poste de pilotage, même s’ils n’atteignent pas la référence ESI au niveau de l’accroche sur les gants et de la prise en main.

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-2Au niveau du reste de la gamme, on trouve aussi un original Black Adder SL annoncé à moins de 8kg pour 4199€ avec un groupe XTR, une fourche Lauf et des pneus quasi slicks Schwalbe Thunder Burt. De quoi faire le beau sur les courses rapides, mais cette originalité a le mérite d’exister. Enfin, l’entrée de gamme est assurée par un modèle en Shimano XT, équipé de roues un peu plus bas de gamme de les DT 1501 du modèle Team, mais qui garde la RockShox RS-1 à l’avant. Il est vendu à 3599€. Pour la gamme 2017, plus de modèles seront proposés, toujours avec la RS-1, mais en XT Di2 et XTR Di2 ainsi que, petite révolution, en Sram Eagle ! On le voit, les tarifs sont agressifs et, pour trouver aussi bien, il faut aller voir du côté de Canyon, Radon, Stevens et leurs amis. Car chez les marques de « référence », on a souvent des équipements un à deux crans en-dessous à ces prix. Voyons maintenant ce que ça raconte en pratique, un Bulls Black Adder Team à 9kg tout mouillé !

Bulls Black Adder Team : le test terrain

Bulls-vojo-paul-humbert-12La découverte du Bulls Black Adder se fait assez naturellement. La position n’a rien d’extrême, même si elle est clairement typée racing. Bref, c’est agréable et on trouve très vite ses marques. D’emblée, ce qui saute aux yeux, ou plutôt aux jambes, c’est le rendement et la réactivité de la machine. C’est un vrai puncheur né, un pousse au crime qui donne envie de relancer en permanence et d’adopter un pilotage nerveux.

Bulls-vojo-paul-humbert-3Cela peut paraître étonnant pour un vélo qui a été développé par et pour des marathoniens, mais c’est un constat sans appel : il figure parmi les vélos les plus alertes et explosifs que nous ayons eu l’occasion de tester. Mieux : il ne faut pas nécessairement être Musclor pour en profiter (contrairement à l’ancienne génération) car le cadre est bien rigide mais pas complètement verrouillé, de sorte que le vélo semble vivant entre les jambes, avec une belle élasticité qui renvoie l’énergie du coupe de pédale pour mieux vous propulser en avant. Et ça, c’est la marque des grands vélos. Il faut souligner aussi le travail des roues, qui sont dans la même veine que le cadre.

Bulls-vojo-paul-humbert-8Vu ce trait de caractère du vélo, il faut presque se forcer à rester assis sur la selle pour voir ce que ça dit au niveau du confort… et aussi pour éviter de griller d’emblée toutes ses cartouches en s’amusant à mettre des mines aux copains. Là, on découvre un engin qui ne parvient pas à renier complètement son tempérament vif, mais qui sait aussi se montrer plus doux et sage. Sur les chemins de campagne abordés rapidement, la filtration des vibrations est évidente et on sait pédaler longtemps sur un revêtement légèrement défoncé sans en ressentir les effets néfastes.

Bulls_Black_Adder_Team_Test_Copyright_OBeart_VojoMag-6Par contre, en descente, il faut être plus vigilant. La fourche RockShox RS-1 de notre exemplaire était particulièrement en forme (plus encore que celle qui a servi pour notre grand test de fourches XC) et, une fois bien réglée, elle se montre tellement performante pour avaler les impacts dans les dégringolades que l’arrière semble tout à coup nettement moins tolérant.

Bulls_Black_Adder_Team_Test_Copyright_OBeart_VojoMag-8Pourtant, en y faisant plus attention et quand on multiplie l’exercice de nombreuses fois sur une longue sortie, on sent bien qu’il travaille et on ne peut en aucun cas dire qu’il se comporte en bout de bois car on perçoit que, même sans en avoir l’air, il prend soin du pilote. Bref, on a connu plus confortable (le BMC Team Elite 01 avec son système softail est hors concours, mais le Canyon Exceed nous a semblé un poil plus tolérant), mais il y a bien plus exigeant dans le segment (le BH Ultimate par exemple).

S’il y a du relief, sa nervosité et l’impression de légèreté qu’il dégage seront de vrais atouts pour les longues ascensions

On peut sans hésiter conseiller le Bulls Black Adder à un biker bien entraîné pour les longues distances, surtout s’il y a du relief car là, sa nervosité et l’impression de légèreté qu’il dégage seront de vrais atouts pour les longues ascensions. L’équipement se montre parfaitement à la hauteur pour cela et, à part le pneu arrière, il n’y a rien à changer. La transmission XTR 2×11 apporte aussi une dose de polyvalence bienvenue si on va vers ce programme. Et la conversion au 1×11 n’a rien de compliqué si on le souhaite pour gagner des grammes et l’orienter plus vers le XC pur ; un domaine où il sera aussi très à l’aise.

Bulls_Black_Adder_Team_Test_Copyright_OBeart_VojoMag-12Encore un mot sur le comportement en descente et le plaisir de pilotage, mais sous l’angle de la géométrie cette fois. Nous avons été assez séduits par les derniers vélos de XC 29 » équipés de géométries « osées » que nous avons eu l’occasion d’essayer. Il y a le BH que nous avons déjà évoqué, mais aussi le Scott Spark RC au niveau des fulls, qui offrent un angle de direction de 69° et un reach prononcé. Pourtant, même s’il affiche des valeurs plus traditionnelles, le Bulls Black Adder Team reste très plaisant.

Bulls-vojo-paul-humbert-9On l’a dit, on n’est pas placé trop nez dans le guidon, preuve que ce n’est pas une obligation pour concevoir un vélo qui donne envie d’attaquer. Quand on est dans le dénivelé négatif, il ne donne pas envie de se lancer dans des excentricités (même s’il décolle sans qu’on doive le forcer), mais il se montre agréable à piloter et sûr. On aurait pu craindre qu’il réclame une attention de tous les instants, mais il n’en est rien. Bien sûr, ce n’est pas un vélo de rando facile, mais il sait pardonner les petites erreurs quand on est fatigué. On aurait juste aimé un cintre un peu plus large pour pouvoir piloter avec des mouvements plus amples du haut du corps. Mais l’ensemble reste malgré tout cohérent.

Verdict :

Bulls_Black_Adder_Team_Copyright_OBeart_Vojomag-7Le Bulls Black Adder Team offre un rapport prix/équipement alléchant, c’est un fait. Mais c’est fini le temps où on pouvait séduire un biker en lui vendant simplement de beaux composants, quitte à les monter sur un châssis quelconque. Bulls l’a bien compris et ses vélos ont aujourd’hui bien plus à offrir qu’une belle fiche technique. Particulièrement bien fini, léger, nerveux à souhaits, le Bulls Black Adder Team est un vélo de XC attachant qui pimente vos sorties. Grimpeur de haut vol, il sait aussi se muer en un agréable compagnon de route en descente, même si ce n’est pas le plus impressionnant dans ce domaine. Quoi qu’il en soit, c’est une belle réussite qui montre qu’il y a encore moyen de proposer du très haut de gamme sans passer allègrement la barre des 5000€, voire beaucoup plus. 

WebPlus d’infos : http://int.bulls.de/fr/ (France) ou www.bulls.de/kategorie/bikes/mountainbikes/hardtail (autres pays)

ParOlivier Béart