Test | BTwin Rafal 760 : un gros dur à petit prix
Par Olivier Béart -
Longuement développé en compagnie des coureurs du team, le Btwin Rafal 760 a fait ses débuts dans les magasins Decathlon au cours de cet été. Produit en petite série et rapidement épuisé, il a cédé la place au Rockrider 960 qui reste néanmoins identique au niveau du cadre et de composants clé comme la suspension et les roues. Il conserve également un tarif canon de 1600€ ! Est-ce possible de faire un hardtail carbone « race ready » à ce prix ? Réponse avec notre test :
C’est ainsi qu’est né le BTwin Rafal 760, le semi-rigide axé compétition XC/Marathon de la marque. Et quel que soit le résultat, la démarche mérite d’être soulignée, d’autant plus lorsqu’elle vient d’un groupe de la taille de Decathlon.
Au-delà de ses lignes originales et de ses couleurs flashy, la première chose qui étonne sur le BTwin Rafal 760, c’est qu’il est équipé de roues 650b. A l’heure où le 29″ règne en maître dans le monde des hardtails (hormis pour des usages spécifiques et pour les petites tailles), BTwin fait un choix à contre-courant des tendances. Nous verrons plus loin qu’il y a du pour et du contre.
Le cadre du BTwin Rafal 760 est en carbone et il se démarque par ses lignes très anguleuses ainsi que ses tubes plutôt massifs. Le collier de selle fait également partie intégrante du design et fait figure de signature visuelle. Un coup d’oeil sur la douille de direction et le boîtier de pédalier ainsi que le tube diagonal suffisent à se convaincre que la rigidité figurait en tête des priorités dans le cahier des charges.
Néanmoins, une certaine attention a aussi été portée au confort. Ainsi, le cadre est doté d’une tige de selle maison, en diamètre 27,2mm, capable de se déformer légèrement. C’est désormais un classique, mais ce qui l’est moins, c’est que BTwin a utilisé des fibres différentes au niveau du tube diagonal pour accroitre sa capacité de filtration des vibrations, alors que la tendance est plus de consacrer le bas du cadre à la rigidité et le haut à la dissipation des vibrations.
On retrouve néanmoins un travail plus classique au niveau du traitement du triangle arrière, et particulièrement des haubans qui sont très fins. Même si de l’espace supplémentaire a été alloué au pneu par rapport aux premiers prototypes qui avaient posé quelques soucis dans la boue, on constate que les tubes restent très proches des crampons des Hutchinson Cobra en 2.1. Même s’ils ont déjà un beau ballon, attention au montage de pneus plus gros.
Le passage des câbles de transmission se fait en interne et le vélo est déjà prêt pour accueillir une transmission électronique Shimano Di2. Par contre, par souci de simplicité, la Durit du frein arrière reste en passage externe… ce qui n’est pas une si mauvaise idée. On notera aussi que le cadre reste en 142×12 au niveau de l’axe de roue arrière.
Géométrie
Du côté de la géométrie, pas de folies, mais rien de ringard non plus. Si BTwin ne communique pas sur les valeurs de reach et stack, les longueurs affichées pour le tube supérieur (595mm en M et 620mm en L) montre qu’on n’est pas en présence d’un vélo à la pointe de la tendance. On est plutôt dans le cadre court/potence « longue » (90mm) que l’inverse. Nous avons par contre choisi de le tester en taille L et certains de nos pilotes (dont votre serviteur) l’ont essayé avec une potence de 70mm qui lui va comme un gant pour un pilote de moins de 180cm.
Pour ceux qui apprécient les géométries contemporaines, c’est une façon de se retrouver avec un vélo un peu plus long sans perdre en maniabilité. L’angle de direction de 69,5° reste assez redressé pour un 27,5 » et on constate aussi que le cadre est assez peu sloping. Quant aux bases, avec 425mm, c’est dans la bonne moyenne pour ce format de roues.
Equipement
Vendu juste sous la barre des 2000€ à sa sortie, le BTwin Rafal 760 (à gauche) a rapidement baissé de tarif. Quasiment épuisé, il sera remplacé en février 2016 par le BTwin Rockrider 960… qui repose sur le même cadre malgré un changement de nom. Il s’agira toujours d’un modèle unique, qui est désormais proposé à un prix encore plus canon de 1600€, franchement difficile à battre même en cherchant chez les marques habituellement hyper agressives au niveau des tarifs. Pour vous donner une idée, le premier Canyon hardtail carbone est 400€ plus cher avec un équipement proche voire inférieur.
Cette nouvelle version Rockrider 960 garde les mêmes roues et la même fourche, mais elle passe à une transmission 1×11 Sram GX et elle corrige également quelques « bizarreries » constatées sur le Rafal 760. Parmi les pièces surprenantes, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque, on trouvait sur le BTwin Rafal 760 des freins Avid Code… destinés à la DH !
Malgré le montage de disques de 160mm, ils se montrent beaucoup trop puissants et peu progressifs pour un vélo de XC semi-rigide, équipé qui plus est de pneus fins qui sont vite dépassés par le flot de puissance qui déboule d’un coup. L’explication vient du fait que d’autres freins (Hayes) étaient prévus au départ et que BTwin a dû trouver rapidement une solution de remplacement. Mais là, franchement, c’était difficile de trouver moins adapté. Cela dit, c’est du passé, et on trouve désormais des Sram Level sur le Rockrider 960.
Pour le reste, l’équipement est cohérent, avec notamment des roues Mavic CrossRide Disc qui, bien qu’étant des roues assez lourdes et d’entrée de gamme, montrent un comportement agréable et homogène. On pourra gagner en dynamisme dans les relances et perdre pas mal de poids en les changeant, mais même si on en voit vite les limites, elles ne souffrent pas de défauts majeurs. Quant aux pneus Hutchinson Cobra, malgré leur profil semi-slick, ils offrent une certaine polyvalence.
La fourche RockShox Reba reste également sur la nouvelle version Rockrider 960, et c’est un très bon choix car elle est extrêmement proche de la SID (version 2016) tant en poids qu’en performances. Vous pourrez attendre longtemps et aller très loin avant d’envisager de la changer.
Par contre, on se demande toujours quelle mouche a piqué BTwin au moment de développer cette immonde commande de blocage ComboShift ! Alors que RockShox propose d’excellentes commandes au guidon avec ses fourches, la marque a pondu cette poignée tournante absolument pas ergonomique car bien trop courte pour être manipulée confortablement. Son mécanisme se montre aussi très dur. Bref, un bide complet, à changer au plus vite !
Au niveau de la transmission, notre BTwin Rafal 760 était équipé d’un groupe Shimano XT 2×11 (voir notre test longue durée dans cet article) qui cèdera la place à du Sram GX 1×11 sur le nouveau millésime. Même si le XT fonctionne très bien et montre certains avantages au niveau de la polyvalence, sur ce type de machine, le 1×11 nous semble plus pertinent et adapté à un usage typé compétition sur un vélo à fort caractère.
Enfin, on retrouve des accessoires maison au niveau de la potence, du cintre et de la tige de selle. Rien de fou, mais tout cela est bien fini et ne fait pas cheap. On aurait néanmoins préféré un cintre un peu plus large que le 680mm monté d’origine, ainsi que des grips plus confortables que les fabriques d’ampoules présents d’origine.
BTwin Rafal 760 : le test terrain
Allez hop, on grimpe sur cet engin bleu et rose pour voir ce qu’il a dans le ventre. Derrière une robe osée, on retrouve par contre un grand classicisme au niveau de la position. C’est très XC, bien nez dans le guidon, et on se croirait revenu quelques années en arrière. Ceux qui viennent d’un 26 » ne seront pas dépaysés. Seulement, quand on a la chance, comme nous, de rouler sur des vélos contemporains avec des géométries plus osées, il faut un temps d’adaptation.
Le BTwin Rafal 760 se montre d’emblée assez vif dans les accélérations. Malgré ses roues lourdes, il dégage une belle impression de légèreté et on pourra s’aligner sans mal sur un cross court à son guidon. Pour du plus long, si c’est roulant, l’inertie du train roulant ne sera pas dérangeante, mais pour avaler de gros dénivelés, on gagnera vraiment à améliorer le train roulant. On pourra alors sans mal le faire passer sous la barre des 10kg. Mais à 10,7kg en taille L pour largement moins de 2000€ en montage d’origine, on est déjà plutôt gâtés.
Ce qui frappe aussi d’entrée de jeu et qui perdure au fil des kilomètres, c’est la grande rigidité du châssis. Le cadre n’est pas complètement verrouillé, ce qui permet de ressentir un petit retour et un brin d’élasticité bien agréable dans les relances, mais on sent qu’on est face à un gros dur qui ne fait pas dans la dentelle.
On sent bien toutes les inégalités du terrain et le vélo demande à être piloté fermement en permanence.
C’est aussi l’impression qui domine quand on s’attaque au chapitre du confort et de la dissipation des vibrations. Oui, la tige de selle fait bien le job, mais le cadre en-dessous est loin d’être ce qui se fait de plus subtil sur le marché. On sent bien toutes les inégalités du terrain et le vélo demande à être piloté fermement en permanence. Et au bout d’un moment, devoir faire attention au moindre gravillon et à chaque petit trou (on caricature un peu), cela finit par fatiguer.
Des roues de 29″ permettraient sans aucun doute d’atténuer ces sensations et on peut vraiment s’étonner du choix – un peu dogmatique – de BTwin de rester figé sur du 27,5″. Sur le terrain, les « petites » roues offrent l’avantage de ne pas trop brider les performances même avec des roues bas de gamme. A ce prix, des roues 29 » équivalentes feraient baisser la sensation de nervosité, c’est une évidence. Mais tout de même, elles offrent tant d’autres atouts qu’il est dommage de s’en passer et de ne pas proposer au moins la possibilité d’opter pour de grandes roues en plus du 27,5 ».
A 1600€, il y a aussi de la marge pour proposer un, voire deux modèles plus haut de gamme qui pourraient être équipés d’origine de roues plus légères. Bref, même s’il y a quelques arguments en faveur du 27,5 », le 29 » nous a clairement manqué sur un châssis tel que celui-ci car il permettrait d’apporter du confort et de la tolérance sur un vélo qui, en l’état, en manque cruellement.
Au niveau du plaisir de pilotage, après quelques sorties et après avoir monté une potence un poil plus courte, on trouve comment s’amuser à son guidon. Le Rafal est vif et maniable dans les enchaînements et le doigté qu’il réclame en descente est une bonne école de pilotage, d’autant qu’il a la délicatesse de ne pas se montrer traître dans les fortes pentes… même si on passe plus de temps à chercher comment passer proprement qu’à claquer des temps ou à travailler son style. Sans compter que si la fourche fait du bon boulot, les freins Avid Code de DH ne facilitent pas la tâche à cause de leur puissance et de leur côté on-off.
Verdict
Proposé à un tarif imbattable de 1600€, le BTwin Rafal 760 se profile (ainsi que la version 2017, le BTwin Rockrider 960) comme un bon choix pour un jeune biker qui veut se lancer dans une pratique compétition sans se ruiner. Tel quel, il peut s’aligner au départ d’une course sans pénaliser le pilote. Pas d’excuses, si vous ne faites pas un super résultat, ce ne sera pas à cause du vélo ! Néanmoins, même si on se réjouit de l’évolution des équipements du Rockrider 960 du millésime 2017, on ne peut s’empêcher de penser que BTwin fait une erreur stratégique en refusant le 29″ sur ce segment. Faire évoluer la géométrie et s’intéresser aux dernières tendances (cadre plus long, angle de direction plus couché, potence plus courte, cadre plus sloping) ne coûterait pas plus cher non plus. Mais cela permettrait de faire du Rafal 760/Rockrider 960 non pas juste un bon petit vélo en carbone pas cher, mais carrément un grand vélo. On n’en est pas loin, la technique est là et Decathlon en a les moyens. Il faut juste un peu de volonté ! Rendez-vous au millésime 2018 ?
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