TEST : B-Labs, une autre façon de voir l’ovale
Par Olivier Béart -
Rotor et OSymetric ne sont désormais plus seuls sur le marché des plateaux ovoïdes, dont la forme permet de minimiser le point mort au pédalage. B-Labs, émanation de la marque allemande Bionicon, débarque avec une nouvelle alternative très intéressante. Vojo a testé ces nouveaux B-Labs Oval pendant plusieurs mois dans toutes les conditions. Voici notre verdict.
C’est aussi un bureau d’études prolifique qui développe tant des suspensions que des moteurs électriques pour e-bikes, ou encore d’ingénieux petits accessoires comme l’anti-déraillement C-Guide et bien sûr les fameux plateaux ovoïdes qui sont leur dernière nouveauté et l’objet de ce test. Ces nouveaux plateaux se posent en alternative aux solutions ovoïdes déjà présentes sur le marché, comme OSymetric (la plus ancienne) ou Rotor (la plus répandue). Sans être extrêmement fréquents, ces plateaux ont leurs aficionados et, une fois qu’on y a goûté, il est vrai qu’il est souvent difficile de revenir en arrière. Plusieurs pros utilisent également ce type de plateaux en XC et marathon, comme Christof Sauser, mais on les a aussi vus récemment débarquer en enduro avec Fabien Barel notamment (voir en bas de cet article, en OSymetric), ou encore Alex Lupato (en FRM). Le système B-Labs n’est pas encore utilisé par de telles stars, mais le dynamisme de son distributeur dans nos contrées (Bike2b) fait qu’on commence à en voir de plus en plus par chez nous. Nous avons donc voulu en savoir plus et juger par nous-mêmes de la pertinence de ce produit. Les plateaux B-Labs Oval sont disponibles uniquement en version mono-plateau, mais deux options sont proposées : 4 trous au classique standard 104 BCD, ou Direct Mount pour les manivelles Sram ou Race Face. Un offset est prévu pour préserver une bonne ligne de chaîne dans les deux cas. A cause des vis de fixation, la version pour étoile 4 branches n’est disponible qu’à partir de 32 dents, mais le modèle Direct Mount descend jusque 28 dents. Tous deux montent jusque 36 dents maximum. Ils sont faits d’aluminium 7075 TC usiné, avec une finition superbe qui ne fait absolument pas artisanale. On est même carrément en présence d’un produit qui rivalise avec les composants Sram et Shimano sur ce point. Et l’alternance de dents anodisées et couleur au brut permet de se démarquer clairement et de mettre en évidence le système de dentures type « narrow-wide » qui permet de retenir la chaîne sans anti-déraillement. La forme elliptique des plateaux B-Labs donne la sensation d’avoir +2 / -2 dents, selon qu’on se situe dans la plage de développement maximum de la puissance ou, au contraire, au point mort en position haute et basse des jambes. Tiens, en parlant d’ovalisation, leur forme fait vraiment très fort penser à celle des plateaux Rotor… Bingo : nous avions justement sous la main un QRing en 32 dents de la firme espagnole et, quand on les superpose comme sur la photo ci-dessus, on se rend compte qu’ils sont strictement identiques ! Un détail assez troublant quand on lit l’inscription « Patent Pending » sur les plateaux Rotor (brevetés). Y aura-t-il protestation de Rotor ? Ou une différence subtile permet-elle de contourner le brevet ? En tout cas, la seule différence visible est une inversion des dents fines (narrow) et épaisses (wide) de l’un par rapport à l’autre. On Notera aussi un avantage du B-Labs : il ne nécessite pas d’étoile spécifique contrairement au Rotor. Mais il ne permet pas le placement sur plusieurs positions (3 trous sur les QRing). Au niveau du poids, même si gagner des grammes n’est pas le but premier quand on fait ce genre de modification, on remarque que les plateaux B-Labs sont plutôt légers. Avec 38g vérifiés sur notre balance, le 4 branches est 23g moins lourd qu’un Sram X1 d’origine. Et, en version Direct Mount, le 32 dents à 55g permet de gagner carrément 71g par rapport à la version étoile + plateau Sram classique (image de gauche). Il est aussi 15g plus light que les nouveaux plateaux Sram XX1 Direct Mount. Au montage, nous n’avons rencontré aucun problème de compatibilité. Le 104 se monte aussi bien sur les étoiles Shimano et Sram que sur des pédaliers plus exotiques comme un Cannondale Hollowgram. Idem pour la version Direct Mount, parfaitement adaptée aux cannelures Sram. Par contre, sur le pied d’atelier, on sent que la chaîne accroche au moment de quitter le sommet de l’ovalisation. Les dents narrow-wide ont un profil haut et très carré qui ne semble pas parfaitement compatible avec l’ovalisation. Du moins avec les chaînes KMC, tant en 10 qu’en 11 vitesses, car avec les Sram et Shimano que nous avons testées aussi, le phénomène est plus limité, voire inexistant. Et celui-ci disparaît une fois le vélo descendu du pied d’atelier, comme nous allons le voir. Comme souvent avec les plateaux ovoïdes, les premiers mètres sont déconcertants. On pédale en principe plus rond, mais on a la sensation de rouler avec un plateau carré ! Puis, comme par magie après seulement un ou deux kilomètres, on dirait que nos jambes font une mise à jour de leur logiciel en s’adaptant automatiquement. Le petit diamètre des plateaux utilisés (32 dents) rend également l’adaptation plus rapide car à l’époque des triples avec grand plateau de plus de 44 dents, il fallait bien plus longtemps pour s’y faire. Au début, on entend un peu la chaîne accrocher quand on passe la partie haute de l’ovalisation, mais rien de comparable avec ce qu’on avait connu sur le pied d’atelier. C’est clair, les dents sont hautes et ont un profil assez carré, mais après une petite centaine de kilomètres, elles se rodent et cette sensation s’atténue. Le bon côté, c’est que la chaîne est vraiment bien maintenue et nous n’avons eu aucun déraillement à déplorer, que ce soit en XC semi-rigide avec la version 4 branches, ou avec le modèle direct mount sur un full suspendu polyvalent. Même dans la boue, nous n’avons pas eu de chain-suck. On évitera par contre le rétro pédalage car là, la chaîne continue d’accrocher ! Mais en pratique, cette situation est très rare… L’avantage de l’ovalisation saute par contre assez vite aux yeux. On ne va pas parler ici de « gain de x % », ni même de secondes grapillées sur tel segment Strava, cela n’aurait pas beaucoup de sens tant le nombre de facteurs pouvant influencer la performance est grand. Mais au niveau des sensations pures, les deux membres de l’équipe Vojo qui ont testé le B-Labs Oval l’ont vraiment trouvé très agréable. En usage XC, c’est surtout dans les longues côtes que nous avons ressenti le bénéfice, avec une sensation d’avancer plus vite et plus régulièrement. Mais nous avons ressenti un autre avantage, moins attendu celui-là, et profitable tant en XC qu’en enduro… Ce coup de pouce de l’Oval, c’est en franchissement et en adhérence que nous l’avons ressenti. Dans des montées parsemées de marches caillouteuses et de racines, ou encore dans des relances sur terrain technique et lorsque l’adhérence est précaire (boue), on s’en sort mieux qu’avec des plateaux ronds. La puissance passe au sol de façon plus régulière, ce qui évite de patiner et permet de garder plus facilement le tempo, même quand le sol aurait tendance à couper le rythme. C’est là aussi qu’on comprend pourquoi certains pilotes d’enduro commencent à utiliser ces plateaux, car ils permettent de garder un pédalage plus régulier, même quand le relief du sol est tourmenté. Et pas besoin de s’appeler Fabien Barel pour le ressentir ! Côté durabilité, c’est aussi tout bon. Après environ 500km et plusieurs sorties sur terrain sablonneux (la pire torture !), l’usure est très raisonnable et montre que le matériau employé est de qualité (nos photos, faites pour la plupart en fin de test, en attestent). Malgré quelques contacts avec troncs et cailloux, pas de voile ou de trace de choc à déplorer non plus. Et l’effet de rétention de la chaîne par les dents narrow-wide reste identique au premier jour. Légers, bien finis, les plateaux B-Labs ont aussi été très rapidement adoptés par nos jambes. Avec leur ovalisation identique à celle de la référence Rotor, ils devraient pouvoir convaincre sans mal un large spectre de pratiquants. Nous, en tout cas, nous avons été séduits tant par le petit plus qu’ils apportent que par leur bonne tenue dans le temps et nous continuerons à les utiliser après ce test. Proposés à un tarif similaire à la plupart des solutions du marché, voire même inférieur aux grandes marques (Sram) et à la concurrence (Rotor), les B-Labs Oval sont sans nul doute une solution à considérer au moment de changer de plateau. Plus d’infos : www.b-labs.org – Distribution Be/Lux/Fr : http://bike2b.beA l’atelier :
Sur le terrain :
Notre verdict :