Test | Aeroe Spider Rack : le porte-bagage universel et modulable

Que ce soit parce qu’on n’a pas voulu faire de compromis au moment d’acheter un nouveau vélo ou dans une conversion d’une vieille machine en vélo du quotidien, on se retrouve parfois à chercher comment installer un porte-bagage sur un vélo qui n’est pas prévu pour ce genre d’accessoires. A la rédaction, c’est mon cas : j’aimerais bien utiliser mon Cervélo Aspero pour venir au bureau mais 45 min et un peu de dénivelé avec un sac à dos, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable.

Dans le domaine, il existe plusieurs solutions. Les Britanniques de Tailfin proposent par exemple un splendide porte-bagage à installer sur l’axe de roue mais leur produit est cher, très cher. Ortlieb a dévoilé lors du dernier Eurobike une évolution de leur très pratique porte-bagage QuickRack (lire Test | Gamme Ortlieb Bikepacking QR : le voyage pratique) qui fonctionnerait de la même façon mais elle n’est pas encore disponible et on ne connaît pas son prix. Le Topeak Tretrarack n’est pas conseillé pour les cadres en carbone et ne fonctionne pas avec les freins V-Brake, si on pense à la conversion d’un ancien vélo.

Arrive alors Aeroe. Créée par deux frères, Mike et Paddy Maguire, la marque est née autour d’un concept simple : « concevoir un système de portage qui rivaliserait avec la simplicité et la liberté des raisons pour lesquelles nous roulons en premier lieu », pour reprendre leurs propres mots. L’histoire a commencé en 2011 avec un design vendu à Thule, que la marque suédoise exploite toujours aujourd’hui sous le nom de Tour Rack, puis les frères Maguire ont retravaillé et raffiné le produit au fil des années, développé leur gamme aussi, pour arriver à ce qu’on a aujourd’hui.

Désormais, le catalogue Aeroe s’organise autour de trois « bases » : porte-bagage arrière version classique ou fat bike, fixation sur cintre et porte-bagage avant à fixer sur la fourche. A l’avant et à l’arrière, les porte-bagages peuvent accueillir différentes plateformes : berceau avec sangles pour attacher à peu près n’importe quoi, boîtier étanche avec système de fixation rapide, support « standard » pour l’utilisation de sacoches classiques…

La clé du système Aeroe, c’est donc la modularité : sur chaque base, on peut installer une ou plusieurs plateformes, les orienter ou les faire coulisser comme on le souhaite pour assurer une bonne compatibilité avec le vélo, les changer de place et même de base facilement…

Distributeur d’Aeroe dans nos contrées, Race Company nous a envoyé le système dans sa version la plus simple : un Spider Rear Rack avec un berceau et un petit sac étanche de 8 L. Complet, le système pèse 1215 g mais si on retire le sac pour utiliser autre chose, l’ensemble base + berceau pointe à 980 g sur la balance. Le châssis est en aluminium, la visserie en acier et les pieds en nylon renforcé de fibres de verre. Tout paraît solide et inspire confiance lorsqu’on tient le Spider Rack entre les mains.

L’installation sur le vélo est enfantine : on desserre les quatre vis de tension des sangles, on positionne les pieds sur les haubans, on attache les petites sangles qui font le tour des tubes et on serre gentiment le tout avec une clé hexagonale de 5 mm. Attention à ne pas serrer trop fort : Aeroe recommande un couple maximal de 4 Nm et sur certains vélos (cadre en carbone notamment), on n’a même pas eu besoin de monter aussi haut.

Si besoin, on peut ajuster l’angle des pieds afin qu’il suive parfaitement celui des haubans et le châssis est également assez flexible en compression : la marque indique qu’on peut écarter ou rapprocher les « jambes » de 20 mm dans un sens ou dans l’autre sans problème pour installer le porte-bagage. Ensuite, il ne reste plus qu’à ajuster la position du berceau : perpendiculaire ou dans l’axe mais toujours bien à plat.

En termes de capacité de charge, le Spider Rear Rack peut emporter jusqu’à 16 kg mais Aeroe conseille de ne pas dépasser 5 kg sur chaque berceau, ces derniers étant principalement faits de nylon renforcé de fibres de verre. Dans notre configuration à un seul berceau, on est donc limité à 5 kg de charge et pour aller plus haut, il faudra installer des berceaux supplémentaires sur les côtés, des boîtiers étanches (7 kg maximum par boîtier) ou opter pour le support de sacoches classiques, qui peut prendre 16 kg à lui tout seul.

Reste que l’installer est une chose, mais l’utiliser et le charger en est une autre, surtout si on a monté le Spider Rack sur un gravel en carbone… Sans dissimuler quelques craintes, on se lance en faisant confiance à la marque qui doit bien connaître son produit et c’est parti pour les premiers kilomètres ! Sur ce genre de vélo, on sent bien sûr le surpoids dans les montées ou les relances, et ce même à vide, mais en dehors de ça, tout fonctionne étonnement bien. Pas de mouvement ou de bruit parasite, pas de talons qui frottent sur une partie ou l’autre du système, le Spider Rack remplit son office comme n’importe quel porte-bagage classique.

Que ce soit avec le sac étanche de 8 L — dont on apprécie la couleur orange bien visible, un plus pour la sécurité — ou d’autres sacs, la charge reste bien stable sur le berceau. Les sangles permettent de sécuriser correctement ce que l’on emporte tout en restant faciles à utiliser grâce à leurs clips et la possibilité de les faire coulisser dans le berceau pour les serrer au mieux.

Après quelques centaines de kilomètres en sa compagnie, on a démonté le porte-bagage pour vérifier l’état du cadre : rien à signaler, pas même un début d’usure par frottement, alors qu’on n’avait pas protégé toutes les zones sur lesquelles les pieds prennent appui !

Enfin, on a aussi essayé l’Aeroe Spider Rack sur un VTT tout-suspendu en aluminium, le Rockrider Feel 900 LT en l’occurence (test à venir prochainement). Là, il faut être un peu plus attentif au montage : avec la compression de la suspension, un sac rempli pourrait venir toucher la selle si les pieds sont placés trop haut ou si le berceau n’est pas orienté correctement.

Ceci fait, le vélo supporte là aussi très bien ce nouveau « passager ». De la même façon que sur le gravel, le surpoids ne passe pas inaperçu et accentue un peu les mouvements du vélo lorsqu’on penche d’un côté ou de l’autre mais avec environ 6 kg maximum dans notre configuration (poids du porte-bagage + charge maximale du berceau), cela reste contrôlable.

En descente, la maniabilité du vélo n’est pas du tout affectée et il n’y a que dans la pente ou les franchissements qu’on touche aux limites de l’installation : lorsqu’on passe derrière la selle on vient s’asseoir sur le sac et il est aussi plus difficile de soulever ou soulager la roue arrière pour passer un obstacle. Disons que les sentiers de niveau bleu et vert ne poseront pas de problème, ce qui est déjà beaucoup dans une optique voyage, mais on ne conseille pas vraiment d’aller plus haut.

Finalement, nous n’avons identifié que deux petits défauts à ce Aeore Spider Rack. Le premier concerne les petits « patins » entre les pieds du porte-bagage et le cadre du vélo : ils ne tiennent pas très bien et peuvent facilement tomber au démontage ou si on transporte le porte-bagage seul, non installé. Rien de vraiment grave toutefois : une fois qu’on le sait, on pense à regarder autour de soi à chaque démontage ainsi qu’à les transporter séparément dans un petit sachet et tout se passe bien.

L’autre limite de l’offre d’Aeroe, c’est le prix des accessoires : à 135 € (version 1 berceau, comptez 20 € de plus pour le support sacoche universel), le porte-bagage est affiché à un tarif correct vis-à-vis de la concurrence, mais si vous souhaitez rajouter quelques pièces pour profiter de sa modularité, l’addition grimpe très vite. Par exemple, chaque berceau supplémentaire coûte 69 € : si on veut utiliser le porte-bagage « au complet » avec trois berceaux, on payera donc 135 € de porte-bagage et 138 € de pièces supplémentaires !

Solides et bien finis, les sacs étanches sont eux aussi plutôt chers (49 € pour le 8 L, 59 € pour le 12 L) et que dire alors du Quick Mount Pod de 11 L : 135 € à lui seul. Le porte-bagage est excellent, toutes les pièces semblent conçues pour durer donc nous n’avons pas trop d’inquiétude quant à la résistance au temps du système, mais la modularité promise ne s’offrira pas à toutes les bourses.

Verdict

L’Aeroe Spider Rear Rack, c’est l’anti-boîte à gants : un stockage externe, de (très) grande capacité et surtout compatible avec n’importe quel vélo du marché ou presque. Que ce soit le gravel léger en carbone ou le gros tout-suspendu en aluminium, il permet de transformer facilement sa monture en « mule » pour aller au travail, faire les courses ou même voyager. Robuste et bien fini, il réussit à mêler forme et fonction en accomplissant tout ce qu’on attend d’un porte-bagage conventionnel (stabilité, facilité d’usage, pas de traces sur le vélo) tout en étant agréable à l’oeil. On aimerait que le côté modulaire soit un peu plus accessible, les prix des accessoires ont de quoi refroidir un peu, mais en dehors de ça c’est un sans-faute !

Plus d’informations : aeroe.com

En France, Aeroe est distribué par Race Company : racecompany.fr