Test | Adris Le Flexible : sportif mais pas radical

Adris nous vient de Colpo, dans le Morbihan. C’est plus précisément sous le nom Adrisport que la petite marque bretonne a été fondée en 2009 par les deux frères et les deux sœurs Duault. Pour ses 10 ans d’existence, la marque a ouvert une nouvelle ère de son histoire : nouveaux locaux, nouveaux projets et nouveau nom. Place à Adris !

Route, cyclocross, triathlon, gravel et VTT, Adris se veut présent dans toutes les pratiques. Précisons d’entrée de jeu que la marque bretonne ne fabrique pas elle-même ses cadres en France mais qu’elle travaille en relation étroite avec un fournisseur asiatique depuis plusieurs années. Son but est de proposer des vélos de qualité, principalement en carbone, avec des montages homogènes (la plupart du temps 100% Shimano et d’un même groupe), le tout pour des tarifs accessibles.

Avec « Le Flexible », c’est un châssis de cross-country tout-suspendu « polyvalent, confortable et agile » que Adris à voulu développer. Il se positionne dans la gamme VTT aux côtés d’un semi-rigide carbone, baptisé « Le Résistant ».

Châssis

Le Adris Le Flexible est entièrement construit en fibres de carbone UHM, acronyme de « Ultra haut module », comprenez là des fibres de carbone assez rigides et couramment utilisées dans la construction de cadre VTT moyen et haut de gamme. Sur la balance, notre modèle de test affiche ainsi 11,90 kg complet avec un équipement milieu de gamme.

Comme souvent désormais, le passage des gaines se fait en interne. Par contre, il y a une originalité sur ce vélo Adris : l’entrée se fait au milieu du cintre, au niveau de la face avant de la potence. Si cette solution permet évidemment d’obtenir un poste de pilotage assez ordonné et un look général soigné, force est de constater que cela complique un peu les choses au moment de passer à l’atelier. Le réglage de la hauteur du poste de pilotage est aussi plus complexe et impose d’office de raccourcir le pivot de fourche. Bref, l’idée est bonne mais il faudrait plus travailler les aspects pratiques selon nous.

Suspensions

C’est sur base d’une architecture de type monopivot avec triangle arrière ouvert et basculeur que le Adris Le Flexible est construit (cf. Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre). Comme c’est le cas sur une série de cadres à petit débattement, Adris s’est même passé de point de pivot sur les haubans et utilise leur flexion. De quoi gagner en poids et en fiabilité.

On est donc sur une cinématique simple et éprouvée, qui offre 120mm de débattement avec un amortisseur RockShox SIDLuxe Ultimate. A l’avant, on retrouve également une RockShox SID, qui a également un débattement de 120mm, mais il s’agit du niveau de gamme Select avec une hydraulique plus simple que sur le haut de gamme Ultimate. Tous deux sont équipés d’une commande de blocage au guidon.

Géométrie 

Du côté de la géométrie, le châssis de cross-country de chez Adris est ambivalent. D’un côté, son angle de direction (66,6°) se rapproche fortement de ce qui se fait de plus moderne aujourd’hui en cross-country (l’Orbea Oiz pointe par exemple à 67°, tandis que le BMC Fourstroke est à 66,5°); mais de l’autre, il affiche un reach très court de 436mm en taille M, là où les châssis modernes tendent vers 450 mm dans la même taille. Cela montre la volonté d’Adris d’en faire un vélo plus accessible et facile à prendre en main, plus qu’une bête de XC adaptée à un pilotage plus radical. Pour le reste, on retrouve un angle de tube de selle de 75,1° (sauf en taille S, où il est de 75,4°) ainsi que des bases de 435 mm

Équipements 

Pour ses montages, Adris est fidèle à Shimano et joue la carte de la lisibilité en proposant des montages homogènes dans un seul et même groupe, sans panachage de composants. Pour notre essai, c’est dans sa version « SLX » que nous avons reçu cet Adris Le Flexible. Il s’agit ici du modèle milieu de gamme commercialisé à 3999€.

Comme son nom en donne l’indice évident, c’est une transmission Shimano SLX à 12 vitesses qui équipe ce modèle. Pour le détail, on retrouve de série une cassette de 10-51, un plateau de 32 dents et des manivelles de 175 mm.

Le freinage est également confié à Shimano, avec des étriers double piston SLX, associés à des disques de 160 mm de diamètre tirés de la gamme Deore M4100 (trois niveaux sous la série SLX, qui a le code M7100).

Le train roulant est composé d’une paire de Mavic CrossMax 29 chaussées de pneumatiques Vittoria Barzo XC Trail en 2,35 de section et gomme Graphene. Le dessin de ces derniers leur assure une excellente polyvalence, de sorte qu’ils s’en sortent très bien sur sols secs et rocailleux tout comme dans les conditions boueuses. Un choix judicieux. Nous avons aussi beaucoup apprécié les roues Mavic CrossMax qui, bien que n’étant pas particulièrement légères, offrent des performances de bon niveau et surtout une belle robustesse.

Là où l’on reste un peu sur notre faim, c’est au niveau de la tige de selle puisque Adris n’a pas doté le « Le Flexible » d’un modèle télescopique. Cela collerait pourtant bien avec la volonté de faire un vélo confortable et accessible. La selle est une Italia SLR Boost X-Cross Superflow alors que le poste de pilotage est composé d’un cintre NewWave – la marque de composants maison de Adris – de 750 mm de largeur, et d’une potence de 10°.

Adris Le Flexible : versions, poids et prix

En plus de la version SLX que la marque a mise à notre disposition durant la durée de ce test, le Adris Le Flexible compte un autre modèle au sein de sa gamme. Plus accessible, cette version Deore est affichée au tarif de 2999€. Dans cette mouture, le Adris Le Flexible est équipé d’une fourche Rockshox Recon Silver et d’un amortisseur Rockshox SIDLuxe Ultimate, d’une transmission et de freins Shimano Deore, de roues Shimano WHMT501, de pneus Vittoria Barzo en 2.25 et de périphériques NewWave. Des versions XT et XTR ont également été proposées, mais elles ne sont plus au catalogue pour le moment.

De manière générale, Adris se positionne avec des tarifs assez agressifs. Pour avoir des points de comparaison, il faut aller chez des marques qui fonctionnent en vente directe, contrairement à Adris qui travaille essentiellement avec des revendeurs. A titre d’exemple, on est largement en dessous de l’Origine Théorème FS, dont la version la plus accessible en SLX est affichée à 4600€ (mais qui s’adresse à un usage clairement plus XC compétition), mais un peu au-dessus du Canyon Lux Trail CF7 qui est à 3699€ avec une tige de selle télescopique.

Adris Le Flexible : le test terrain

Aux premiers tours de roues, c’est avant tout un châssis confortable que l’on découvre. La position est naturelle et le vélo bien proportionné. Pour nos testeurs qui mesurent entre 177 et 180cm, on se sent parfaitement installé sur la taille L. Finalement, le reach assez court ne gène pas vraiment car cet Adris incite plus à un pilotage coulé qu’à une attaque de tous les instants.

Le principal défaut de l’Adris Le Flexible réside dans l’absence de position intermédiaire au niveau des suspensions. L’amortisseur ayant tendance à pomper lors du pédalage et à s’affaisser légèrement dans les montées raides, un blocage à 3 positions serait le bienvenu. Même en essayant de compenser ce pompage en augmentant la pression dans l’amortisseur, il est difficile voire impossible de parvenir à un réglage offrant à la fois du confort sur les petits impacts et un amortisseur qui ne pompe pas. Quant à la position verrouillée, elle est trop ferme pour un usage hors asphalte ou chemins bien lisses. Autre point gênant dans les ascensions techniques et raides : le poste de pilotage fort haut sur notre modèle d’essai et que nous n’avons pas pu abaisser car cela aurait nécessité de recouper le pivot de fourche (ce que la marque nous a demandé de ne pas faire sur ce vélo d’essai) à cause du système de passage interne des gaines dans la potence.

Lors de sprints, ou du moins lors de phases de pédalage en puissance, le Flexible manque de punch et de rigidité. Même avec la suspension en position bloquée, le châssis manque d’explosivité. Nous avons échangé les roues d’origine (Mavic Crossmax) par d’autres roues plus haut de gamme, mais l’amélioration n’a pas été flagrante. Cela permet d’en tirer deux conclusions : il s’agit bien d’un cadre qui n’est pas vraiment pensé pour le XC compétition, mais plutôt pour un usage typé « rando sport ». Et, deuxième enseignement, la paire de roues d’origine est par contre en osmose avec le châssis. À ce sujet, il nous faut mentionner le bon rapport rigidité/tolérance des roues Mavic Crossmax.

Au final, on assimile qu’il faut le rouler plutôt au train et on profite alors d’un vélo confortable et facile à rouler, y compris pour des distances plus importantes. En cela, ils nous a fortement fait penser au Rockrider Race 900S, sportif mais pas exclusif. Et, au final, on se dit que ce genre de vélo a sa place pour des amateurs qui veulent se faire plaisir avec un VTT carbone léger mais qui n’envisagent pas d’usage en compétition et qui ne vont pas forcément se retrouver dans tous les vélos de XC de dernière génération qui ont tendance à aller vers une certaine radicalité. Et dont les prix sont souvent aussi plus élevés.

En descente, le caractère confortable de cet Adris Le Flexible ressort également. La roue arrière colle bien au terrain, gomme les aspérités et offre pas mal d’adhérence. La géométrie permet d’avoir un vélo rassurant et stable. Attention cependant, si vous engagez un peu, le vélo reste placide, il pardonne les erreurs mais n’incite pas vraiment à repousser ses limites ou essayer de nouvelles trajectoires. C’est aussi un cas de figure dans lequel la suspension arrière manque un peu de support et à tendance à rentrer trop facilement dans son débattement.

Sans être très joueur, le Adris Le Flexible est agile et précis dans le dénivelé négatif. Un axe d’évolution certain du vélo se trouverait dans une tige de selle télescopique. Avec sa tige de selle fixe de série, on manque cruellement de place sur le vélo pour bouger et faire vivre le châssis, qui a un réel potentiel en descente. C’est clairement un upgrade à envisager rapidement après l’achat.

Il nous faut toucher un mot également sur la finition du cadre. Si la livrée blanche et pailletée du cadre est du plus bel effet, les haubans ont cependant laissé place au carbone brut durant notre phase de test, la peinture s’étant effacée au bout de quelques centaines de kilomètres à cause d’un bras arrière assez large sur lequel les pieds de certains pilotes peuvent venir frotter facilement. Nous avons pris contact avec la marque, qui nous a dit étudier la question pour éviter que cela se reproduise.

Verdict

Le Adris Le Flexible s’avère être une option de choix pour les amateurs de rando sportive et marathon, à la recherche d’un compagnon confortable et accessible. Léger et dynamique au train, le vélo permet de rouler longtemps à bonne allure. Le châssis manque par contre de punch et la suspension arrière a tendance à pomper lors d’un usage plus sportif. A ce niveau, une position intermédiaire sur la suspension arrière serait la bienvenue. Sécurisant et stable, le Adris permet d’être à l’aise dans le dénivelé négatif, pardonne les erreurs mais n’incite pas vraiment à repousser ses limites. Avec un cadre bien fini et des composants cohérents, le Adris Le Flexible se distingue aussi par son tarif. 

Pour plus d’informations : https://www.adrisport.com/le-flexible/