Team SUNN : en ordre de marche et en pleine introspection

Par Paul Humbert -

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Team SUNN : en ordre de marche et en pleine introspection

Nos lecteurs les plus fidèles savent bien qu’on garde un oeil attentif sur le team d’enduro Sunn. Thomas Lapeyrie, Isabeau Courdurier et Kilian Bron ont su se créer une image à mi-chemin entre le fun et la compétition et, au final, c’est le VTT qui est mis en valeur. Alors quand ils nous ont proposé de réaliser leurs propres interviews à l’approche de la première coupe du Monde, on se demandait bien ce qu’ils allaient pouvoir nous imaginer. S’ils sont restés très sages, ils nous ont toutefois donné l’occasion d’en apprendre plus sur leurs ambitions, sur le staff qui les entoure et même sur Romain Laurent, un contributeur régulier de Vojo, qui les a photographiés pendant leur stage de préparation à Finale Ligure : 

Quel est ton meilleur souvenir de la saison 2016 ?

Je dirais sans hésiter Finale Ligure, je me rappellerai toujours du moment où je passe la ligne d’arrivée. Il peut se passer tellement de choses en enduro, le podium des EWS n’est pas concret tant qu’on n’a pas passé cette ligne. Quand j’ai compris que, ça y est, je devenais vice-championne après tant d’efforts je me suis littéralement mise à pleurer de joie dans les bras de Pouky (Cédric Carrez). Ensuite, le fait d’avoir partagé ça avec mon team, mes deux compères Thomas et Kilian et ma famille qui avait fait le déplacement est mon meilleur souvenir. S’en est suivi une baignade à la mer, un restaurant mouvementé et une fête digne de ce nom.

Tu termines 2ème du classement des EWS en 2016, on ne te demande pas tes objectifs. Comment vas-tu aborder cette saison ?

Je l’aborde avec motivation et détermination mais surtout avec le smile et la passion. Je n’ai pas vraiment de pression. Je suis en dernière année d’école de commerce et je sors de 6 mois de cours à l’ESG Aix, je sais donc que le début de saison n’est pas le moment propice pour un coup d’éclat. Par contre, je ne m’en cache pas je m’entraîne avec Laurent Solliet (Extrain) pour être en forme cet été. Cette grande marche (très grande même pour moi) vers le sommet du podium me fait rêver ! Et je ne suis pas la seule ! Le niveau augmente sans cesse chez les filles et je pense qu’il va y avoir beaucoup de rebondissements. Cécile Ravanel est en ligne de mire d’un paquet de nanas qui veulent leur victoire. Miranda Miller, Casey Brown, Anita et Carolin Gehrig, Anneke Beerten, Rae Morrison … la liste des prétendantes au podium est longue !

Cécile Ravanel est la rideuse à battre. Motivant ou énervant ?

Motivant sans hésiter ! J’ai toujours admiré Cécile et aujourd’hui encore j’ai parfois l’impression d’être une gosse qui roule avec son idole (comme à chaque fois que je vois Anne-Caro d’ailleurs…). C’est motivant pour moi de voir que je roule avec quelqu’un qui me faisait rêver à mes débuts. Mais du coup je pense que je me créais aussi une barrière dans ma tête… Je vois Cécile comme intouchable. Je sais que j’ai encore pas mal de chemin à faire avant de pouvoir décrocher un podium devant Cécile mais j’y travaille. Chaque chose en son temps ! L’important pour moi c’est d’y aller étape par étape. J’ai 23 ans et je sais très bien que j’ai encore beaucoup (énormément) de choses à apprendre ! Et notamment à apprendre de Cécile qui me donne des conseils sur les courses. Donc : motivant et motivante !

Comment vois-tu l’enduro dans les années à venir et plus particulièrement l’enduro au féminin ?

Il y a comment je le vois évoluer et comment j’aimerais le voir. J’aimerais que l’enduro reste ce qu’il est aujourd’hui. C’est un sport qui véhicule des valeurs positives, un sport où chacun, à son niveau, peut se faire plaisir. Je pense qu’il faut que les courses restent accessibles en termes de niveau pour que tout le monde y trouve son compte. Je pense également que la couverture médiatique des EWS va prendre encore plus d’ampleur avec comme cette année une retransmission télé. Du côté des girls, j’espère que justement le développement médiatique du sport les pousse à sauter le pas. Qu’elles se disent « et pourquoi pas moi ? ». Il est temps de bousculer les codes, l’enduro n’est pas un sport de mecs, c’est un sport tout court et un sport où on passe des journées sur un vélo et dans la nature à rider de super trails entre ami-e-s. Alors en avant les nanas, toutes à l’enduro !

En tant que porte-parole des pilotes EWS, quels seraient pour toi les principaux changements et évolutions à apporter au circuit ?

Chris Ball et toute l’équipe des EWS sont très réceptifs aux demandes des pilotes et en tant que porte-parole, je fais remonter les remarques et ressentis. On échange beaucoup et de nombreux changements ont déjà été opérés. En plus des mesures mises en place cette année, j’aimerai que les EWS aménagent les circuits pour les catégories U21 filles. J’ai commencé l’enduro à 18 ans et je ne pense pas qu’à cette âge-là, faire 8 courses dans l’année avec de tels efforts d’endurance à chaque fois soit ce qu’il faut pour attirer plus de jeunes au sport. Ensuite, une des mesures qui va être renforcée mais qui pour moi devrait être systématique, c’est le contrôle anti-dopage.

Thomas Lapeyrie

On connait le Thomas Lapeyrie déjanté dans la vie de tous les jours, mais comment est-ce que ça se passe en course ?

C’est vrai que c’est pas facile tous les jours, on est tellement nombreux dans ma tête. Mais ne vous inquiétez pas, y’a des jours plus calme où on est que 2 ou 3 ! En course, c’est un peu différent, j’essaye de rester concentré sur mes objectifs pour ne pas laisser mon énergie s’éparpiller dans tous les sens. Alors forcément c’est un peu plus sérieux mais tout aussi excitant. Quand t’arrives à gérer ton stress et à le transformer en énergie positive, c’est que du bon. Forcément, ça demande plus de concentration et moins de folie mais quand je suis en spéciale c’est carrément dingue, je me sens comme un gamin tout excité qui a envie de dévaler la pente à 2000 milles… d’où mes nombreux crash d’ailleurs ! Mais avec le temps, j’arrive à mieux me canaliser, je suis plus efficace en utilisant mes forces au bon moment et j’espère que ça va continuer. Donc ça peut arriver qu’on me sente plus sérieux sur une course mais au fond c’est autant d’adrénaline qui se dégage, et c’est ça qu’on aime !

Tu as été blessé une bonne partie de l’hiver 2015. Depuis, comment as-tu géré ton retour ?

Ça n’a pas été facile à gérer car au début ce n’était qu’une petite douleur qui m’empêchait de faire mes séances. Puis ce n’est qu’après 3 radios et un IRM qu’on s’est aperçu de la fracture au poignet. Là j’ai dû tout arrêter, et forcément la fracture s’était agrandie avec le temps. Donc ça m’a demandé deux fois plus de temps de convalescence. Et quand tu n’es pas prêt mentalement c’est plus délicat à gérer: si tu te pètes un truc et qu’on te dit tu en auras pour 4 mois, c’est facile à gérer mais si tu penses ne rien avoir et que tous les mois on te dit ça prendra un mois de plus, c’est pas pareil… Tu penses en avoir pour 2 semaines et ça prend 4 mois… Aïe ! Du coup j’ai pris mon mal en patience et j’ai fait les choses dans l’ordre sachant que je perdais un temps fou. Mais je pense que ça aurait été pire de brûler les étapes. J’ai donc commencé fin février ma préparation foncière et hivernale que j’aurais dû commencer en novembre. Les premières courses n’étaient pas faciles car je n’étais pas dans le bon rythme, mais c’était normal. En fait tout a été décalé et j’ai dû accepter le fait de rouler un peu derrière sur les EWS, tout en me projetant dans un avenir incertain pour réaliser mes objectifs. Je pense que ça devient une course mentale où tu ne dois pas craquer face à toi même. J’ai pris ce mal en patience pour finalement remonter la pente doucement. J’ai claqué de belles spéciales sur la fin de saison, à la limite même de remporter la dernière spéciale de la saison EWS 2016. En revanche, je n’avais jamais été aussi régulier que l’an passé, je finissais dans le top 20 à chaque course, toujours sur le même rythme et avec le même engagement. C’est un très bon point qui m’a permis de comprendre de nouvelles choses dans ma prépa physique. J’ai beaucoup appris grâce à toutes ces blessures. Pour moi ça à toujours été dans ces périodes noires où rien ne se passe que tout se passait finalement. J’espère que l’avenir me prouvera que j’ai passé un cap.

On est content de te revoir sur le podium, notamment sur cette première manche de la coupe de France à Levens. Thomas Lapeyrie est en forme cette saison ? 

Comme je le disais je n’ai pas brulé les étapes. J’ai pris le temps de me poser, de faire les bons choix. Et j’arrive en forme, oui ! Il me reste encore quelques réglages à peaufiner sur le vélo pour gagner en confiance et en vitesse. Ça va vite être l’extase de faire corps avec la machine et de se sentir pousser des ailes… j’ai hâte !

On a aussi découvert tes talents de commentateur pendant la Mégavalanche 2016 et ce dernier team camp à Finale Ligure. Tu n’as pas en tête une petite webserie sur les manches des EWS ?

C’est peut être ce grain de folie en moi qui parfois éclate au grand jour… À la méga je n’ai malheureusement pas pu jouer la course comme je l’espérais alors j’ai juste ridé pour le plaisir et c’est forcément parti en cacahuète comme une journée de ride entre potes « classique »… Puis pareil à Finale, en fait pour être honnête avec vous c’est un peu comme ça à chaque sortie. C’est juste que je roule jamais avec une caméra sur la tête. Alors si jamais j’ai une gopro sur le casque et que ça part en vrille, je vous le ferai partager avec plaisir ! Il n’y pas de websérie particulière derrière tout ça, juste du kiff, du ride, des potes… Cette année,  je continuerai à créer des vidéos avec toujours autant de passion mais plus occasionnellement, sans calendrier à proprement parler. Je veux juste rider, kiffer, partager, sans prise de tête, Kiss, Peace, Flex, Love. Je souhaite aussi bien rester concentré sur les compétitions !

Tu es plutôt EWS ou Méga ?

Le choix est vite fait, les EWS. J’ai toujours été « racer » : j’aime courir, la compèt’, le partage, les émotions, la vitesse, se dépasser, se découvrir, se connaître soi-même, courir, marcher, voler, toujours plus haut, toujours plus fort quoi !

D’un côté, je trouve le circuit EWS très excitant, on découvre toujours de nouveaux pays, paysages et trails. Pour le côté découverte et vie personnelle c’est vraiment enrichissant. Cependant il n’y a pas de définition pure et parfaite de la « compétition enduro », c’est-à-dire que les formats changent toujours. Les temps, les distances, les durées, les nombres de spéciales etc. C’est difficile en tant que coureur car pour la préparation c’est très instable, il faut tout travailler sans cesse, sans savoir s’il faudrait privilégier plutôt les efforts longs ou courts, la technique ou le physique… Donc on se contente d’être bon partout et en forme avant la course !

De l’autre côté je trouve que la Méga c’est LA course qui va faire kiffer et bader à la fois. Ca fait peur, mais c’est trop bon ! Le parcours est connu, c’est le même chaque année, on sait comment préparer la course mais il y a toujours cette part d’inconnu qui fait que finalement la « chance » a beaucoup plus d’importance que le reste, mais c’est la particularité de cette course unique !

Comment vois-tu l’enduro dans les années à venir ?

Je crois que l’«enduro» n’en a pas fini d’évoluer. Je pense que les riders auront la chance de pouvoir se spécialiser dans des domaines différents tout en partageant la même passion du VTT. Il y aura les racers purs, évoluant dans un circuit de courses très spécifique, avec des règles indémontables, des contrôles antidopages, etc. On y verra une évolution des suspensions, des roues, de nouvelles géométries…

D’autres spécialistes verront le jour : des pilotes qui se centreront uniquement sur la production de photos et de vidéos pour faire buzzer les réseaux.

D’autres feront uniquement des formats longs tel que l’Epic, les Transvé et la Trans-Savoie… Certains pilotes seront les trippeurs fou : à voyager autour du monde sans faire de courses mais en partageant un nombre incalculable de nouvelles destinations. Le milieu des filles se démocratisera de plus en plus comme avec le groupe des Bikettes d’Annecy. Les amateurs et pilotes occasionnels pourraient partager les mêmes trails, les mêmes sentiers que tous les autres. Finalement on sera tous aux mêmes endroits, en faisant la même chose mais d’une façon différente ! Les gens se mobiliseront et partageront leurs expériences et nous vivrons tous dans un monde meilleur rempli de vélos, ahahahah !

Kilian Bron 

Entre projets médias et courses, comment définis-tu ta pratique ?

J’aime à la fois rouler tranquille, me tirer la bourre entre potes, en course et passer des journées à shooter. Ma journée type se passe évidemment sur le vélo et en montagne mais aussi devant mon ordi pour organiser tous ces projets médias. J’ai toujours plein d’idées en tête et j’ai besoin de me poser pour m’organiser. Dans tous les cas, je ne suis pas du genre à rester tranquille plus d’une heure, et physiquement, c’est impossible de rouler toute la journée…J’arrive à m’occuper autrement, ça me canalise !

Au-delà du chrono, je vois la course comme une bonne soirée finalement. On revoit tout le monde, on discute et on se défoule en spéciale… Il y a ce côté « challenge » motivant, surtout en mass-start, que je retrouve aussi lors de mes missions en montagne à la recherche des sommets les plus improbables. Que ce soit à travers mes projets médias ou la course, je parviens à m’exprimer des deux côtés, c’est top !

Tu as passé ton hiver à rouler sur la neige, dans une mine… Que peut-on attendre pour la suite ? 

Quand je disais avoir toujours plein d’idées en tête, ces projets en font partie. Pour la neige, j’étais frustré de la voir arriver du jour au lendemain et je n’étais pas prêt à ranger le vélo. Quand les bonnes conditions sont réunies, c’est un régal ! Certaines de ces idées arrivent sur le coup. Pour la mine par exemple, il pleuvait et je voulais juste m’abriter !  Ça peut paraître étrange mais j’ai un dossier sur mon téléphone « Liste à idées » que je complète à chaque fois que je pense à quelque chose d’original. Des idées de spots, de plans vidéos, photos et autres… Il m’arrive souvent de reprendre cette liste pour anticiper les prochains projets. Rien de clairement défini pour le moment mais ça viendra ! Je cherche toujours l’originalité et la manière dont je vais pouvoir le faire. Ce n’est pas toujours l’idée du siècle mais il faut essayer.

Comment jongles-tu entre tes projets personnels (voyages, vidéos…) et la vie au sein du team les week-ends de course ?

Je gère d’un côté mes projets personnels et de l’autre, je me greffe à la vie du team. Ce sont deux choses bien différentes mais l’ambiance est très bonne au sein de l’équipe . Chacun à sa place et même si Thomas, Isabeau, Mathieu et Mitch passent la saison ensemble, je n’ai pas de mal à me joindre à eux par intermittence. On s’entend tous très bien avec des objectifs bien différents !

Entre enduro, bmx et même route, tu es un touche à tout. Si on te demande de choisir, tu nous réponds quoi ?

Je dirais juste que je fais du vélo, sans mettre de nom sur une pratique. J’ai toujours aimé rouler, aussi bien en VTT qu’en route…sans parler d’entrainement. À la base, je viens de la descente mais je passais aussi beaucoup de temps sur le skatepark en face de chez moi. J’aime me faire de grosses sorties de 5h en enduro, rouler sur une piste de bmx ou me faire quelques cols en vélo de route. Mais si je dois vraiment choisir, je passe la plupart de mes journées sur mon Kern LT à chercher des nouveaux trails.

Comment vois-tu l’enduro dans les années à venir ?

Je pense que l’enduro revient doucement à sa source. Le plaisir de rouler en montagne et d’aller où bon nous semble. Un sentiment partagé par la plupart des personnes qui roulent en enduro alors même que le calendrier de course s’étoffe. Je pense qu’il y aura de plus en plus d’évènements moins axés chrono et plus orientés vers le bivouac, le partage et la découverte de  beaux spots. Sans négliger toutefois le circuit mondial des EWS qui a entièrement sa place avec une autre vision de la pratique.

Contrairement à d’autres disciplines dans le milieu du VTT, on attaque que très rarement l’enduro avec un club et une notion d’entrainement. Il y aujourd’hui deux écoles mais à mon goût, les longues sorties vélos entre potes sont l’essence même de l’enduro. Chacun fait ensuite ce qui lui plait, que ça passe par un chrono ou non…

Mathieu Durand – Team Manager

Tu es team manager pour cette saison 2017, ce team camp te permet d’apprendre à vous connaître pour travailler ensemble. Quels sont tes premiers ressentis avec les pilotes ?

C’est super important d’apprendre à se connaitre et à travailler ensemble dans ce contexte avant une année de compétition que nous allons passer ensemble ! Ça nous a permis d’aborder la saison dans les meilleures conditions. Les premiers ressentis ont été très bons, on a bossé efficacement lors de ce team camp et tout s’est fait simplement dans une excellente ambiance, on a bien rigolé ! C’est un bon début et déjà de bon souvenirs !

Qu’attends-tu de chaque pilote ?

Ce n’est pas facile à dire car je pense que je dois déjà essayer de les mettre dans les meilleures conditions possibles. Nous avons 3 pilotes avec d’excellentes qualités et un sponsor principal qui nous suit fidèlement pour la troisième année. C’est top, et on a l’ensemble des ingrédients pour faire une super saison ! On va essayer d’emmener Thomas et Isabeau au plus haut sur les EWS et d’accompagner Kilian sur tous ces projets médiatiques. Si on pousse tout vers le meilleur, les attentes de chacun seront forcément comblées !

Le Team SUNN est au complet ou va-t-il s’agrandir ?

À ce jour, nous sommes au complet. Un cameraman va toutefois nous accompagner sur plusieurs courses. On souhaite vraiment se concentrer sur nos coureurs actuels pour leur offrir le meilleur accompagnement possible ! Si on augmente trop le nombre de pilotes et le staff, ça risque de créer une inertie trop importante, au détriment des athlètes !

Michel Gonnet – Mécanicien

Tu gères la mécanique de toute l’équipe, comment t’organises-tu ? 

Tout dépend de la période dans laquelle on se trouve. Sur un team camp comme celui de Finale où nous venions de récupérer nos nouveaux vélos, il y avait pas mal de travail car il fallait remettre les vélos aux cotes des coureurs et les préparer au mieux. Ensuite, vu que nous avions prévu d’effectuer plusieurs essais, les journées étaient assez intenses au niveau mécanique. Nous avons essayé pas mal de choses différentes. Ensuite lorsque que je suis chez moi, j’ai plus de temps pour travailler sur les vélos des pilotes. Je garde en général leur vélo de compétition. Nous essayons de beaucoup communiquer entre nous, notamment pour pouvoir faire les choix du matériel que nous allons emmener sur les épreuves.

Les pilotes ont-ils chacun des demandes particulières ?

Quand on roule à ce niveau de compétition, il faut forcément des réglages optimisés sur l’ensemble des vélos pour chacun. Par exemple Sunn a fait pour Isabeau un cadre sur mesure afin que celui-ci soit parfaitement adapté à sa morphologie. Nous travaillons aussi sur les réglages des suspensions afin que les pilotes puisse rouler en fonction de leur sensations. Par exemple, la morphologie d’Isa lui permet de rouler avec des pressions basses, Tom lui a plutôt l’habitude de rouler avec des pressions plus hautes et un vélo plus dur. Kilian cherchera lui avant tout un vélo réactif.

On sait que Mitch fait aussi du vélo ! Tu as l’occasion de rouler avec les pilotes ?

J’ai roulé dernièrement avec Kilian, chez moi, dans le Vaucluse. J’en ai profité pour lui faire découvrir mon terrain de jeu. Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion d’accompagner tout le monde. Plus globalement, c’est assez important de pouvoir aller rouler avec les pilotes. Il faut que je puisse me rendre compte concrètement de leur style de pilotage afin, notamment, de comprendre au mieux leurs demandes en terme de réglages et de matériel.

Romain Laurent – Photographe

Tu es venu te greffer au team pendant quelques jours, comment se passe la vie avec eux ? 

La vie au sein du team se passe plutôt bien ! Pour ce que j’en ai vu, l’ambiance est au top, tout le monde s’entend bien et la bonne humeur règne. On trouve trois personnalités distinctes mais qui se complètent parfaitement, c’est réglé comme du papier à musique. Isa est très posée, très mature et réfléchie, mais quand il s’agit de suivre les deux autres compères dans les conneries et le ride, ce n’est pas la dernière ! C’est d’ailleurs impressionnant de la voir évoluer avec autant d’engagement et d’agressivité sur un vélo, ça roule très fort ! Elle apporte quand même du sérieux aux deux autres gars.

Thomas Lapeyrie ? Que dire sur cette être infâme (rires). Ils sont à peu près une quinzaine dans sa tête mais ils sont attachants ! Il renvoie toute son énergie dans sa manière de dompter son bike. Quand je lui demande de s’énerver et de me faire bouger son vélo, je sais que je ne vais pas être déçu et généralement ça paye. Kilian est l’équilibre entre Isa et Thom. Il sait ce qu’il fait et il est très pro et pointilleux. Ça marche encore fort. Il reste assez posé mais mélangé aux deux autres on est sûr de ne pas s’ennuyer. Une fois sur le vélo, Kilian passe de ange à démon. Et les trois ensemble ça fonctionne très très bien, je me demande même comment ça pourrait être mieux.

Comment gères-tu une journée shooting en plein team camp et tests matos pour les pilotes ? 

Je m’adapte tout simplement, je m’adapte au spot et au rythme. Ce n’est pas simple tout le temps mais ça permet quand même de sortir deux ou trois belles choses. Parfois on me lâche dans un single et j’attends le passage des trois sur un joli spot pour shooter, ou je fais plus du lifestyle dans la préparation des vélos et les pauses repas. J’essaye quand même de prévoir durant mon séjour au moins une demi journée réservée pour un shooting sur un spot que j’ai choisi, et si possible un jour de beau temps à un horaire où la lumière est belle, histoire d’être sûr de rentrer chez moi en ayant de la matière. Le reste du temps les pilotes roulent beaucoup, je shoote et j’attends leurs impressions sur les différents tests qu’ils effectuent.

Y-a-t-il des pilotes plus difficiles à shooter que d’autres ?

À leurs niveaux, non. Cela reste des pilotes pro, ils ont le style sur le vélo qui va bien. Certains ont tout de suite l’attitude sur le vélo et d’autres mettent un peu plus de temps à se mettre dans le bain mais après chacun a son style et ils sont tous plaisants à photographier. Il arrive qu’ils proposent d’eux-mêmes des trucs plus fous que je n’avais pas forcément vu à l’avance, et là ça devient intéressant.

Retrouvez notre test du Sunn Kern LT Finest : www.vojomag.com/test-sunn-kern-lt-finest-la-souplesse-comme-richesse/

ParPaul Humbert