Specialized Stumpjumper : quels réglages choisir ? Les recommandations de Vojo

Par Léo Kervran -

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Specialized Stumpjumper : quels réglages choisir ? Les recommandations de Vojo

A l’image de l’ancien Stumpjumper Evo, le Specialized Stumpjumper 15 propose de nombreux ajustements de géométrie et y ajoute encore une couche de complexité avec le fameux amortisseur Genie. Résultat, on compte pas moins de 180 configurations possibles au total ! On a testé, on a fait le tri et on vous livre nos conclusions pour vous guider dans cette jungle :

Le Stumpjumper, c’est historiquement le modèle « à tout faire » de Specialized, censé combler le trou entre le XC et l’enduro. Autant dire une mission compliquée, car cela revient à s’adresser à la majorité des pratiquants et pratiquantes… et à autant de profils différents.

Pendant longtemps, la recette fut de proposer plusieurs modèles : en 2014, on avait déjà un Stumpjumper (130/130 mm) et un Stumpjumper Evo (135/140 mm), disponibles en 29″… ou en 26″ ! Par la suite, Specialized a même étendu la gamme avec une version 6Fattie en pneus Plus avant de revenir sur des formats plus classiques avec la « maturation » des tailles de roues.

Pour 2025, la marque a complètement changé son fusil d’épaule : désormais, il n’y a plus qu’un seul Stumpjumper au catalogue (lire Test nouveauté | Specialized Stumpjumper 15 : muscler son jeu) ! La plateforme a bien grandi, on pourrait même dire grossi tant le débattement a augmenté (145/150 mm) et avec cela, Specialized court le risque de se mettre à dos celles et ceux qui cherchent un vélo plus proche des premiers Stumpjumper, léger, vif et bon pédaleur.

Pour continuer à parler au plus grand nombre de pilotes possible, la solution était toute trouvée : à défaut d’avoir plusieurs vélos au catalogue, offrons plusieurs vélos en un ! Sur le nouveau Stumpjumper, on dispose ainsi de plusieurs moyens de modifier la géométrie du cadre et en plus de cela, Specialized a travaillé avec Fox pour mettre au point un amortisseur inédit, apparemment capable de changer le visage du vélo suivant les réglages choisis.

Reste que choisir un vélo n’est déjà pas toujours une chose facile, alors choisir les bons réglages quand on a autant de leviers sur lesquels intervenir peut vite apparaître comme une tâche écrasante. Ça tombe bien, essayer des choses est notre métier chez Vojo, et si on ne prétendra pas vous livrer clé en main les réglages de votre vélo au psi près, vous devriez au moins trouver dans cet article de quoi vous faciliter le travail.

Les réglages de l’amortisseur

Une fois n’est pas coutume, on commence par l’amortisseur. En effet, c’est là qu’il y a le plus de travail, tandis que la géométrie d’origine fonctionne très bien. Y toucher pourra apporter des choses intéressantes et on y reviendra plus tard mais c’est moins nécessaire que l’amortisseur pour profiter réellement du vélo.

Cet amortisseur Genie, on vous le présentait lors de la sortie officielle du vélo et si vous voulez tout comprendre en détails sur son fonctionnement, on vous invite à retourner vers cet article. Pour aujourd’hui, retenez qu’il a deux réglages importants, essentiels même, en plus des habituels pression et rebond : la taille du token dans la chambre principale (3 cales différentes) et le nombre de tokens dans la chambre additionnelle (de 0 à 4). Normalement, toutes les pièces sont fournies avec le vélo.

Et avant de rentrer dans le vif du sujet, on vous rappelle également nos deux articles MTB Anatomy #4.1 : l’amortisseur, premier volet et MTB Anatomy #4.2 : l’amortisseur, second volet sur les principes, le fonctionnement et les différents réglages d’un amortisseur. Si vous n’êtes pas familier ou familière de ce genre de choses, c’est une lecture qu’on vous recommande.

Notre Stumpjumper 15 est arrivé avec la cale intermédiaire (couleur bleue, 0,2 in³) dans la chambre principale et aucune cale dans la chambre additionnelle. Disons le tout de suite, avec le sag de 16 mm recommandé par la marque (correspond à 29 % de la course de l’amortisseur) cette configuration ne nous a pas séduits : certes, le vélo encaisse et a du grip, mais on est tout le temps dans la dernière partie du débattement, ce qui donne une grosse sensation de fermeté, des talonnages très fréquents (néanmoins bien gérés car peu sensibles) et un manque certain de pop ou de réaction sous les impulsions. Le vélo fonctionne et permet de rouler vite mais ce n’est pas vraiment confortable et on sent bien qu’il manque quelque chose.

Premier conseil : dans la chambre principale, installer ou remplacer la cale en place par la cale verte.

La première étape, incontournable et que nous conseillons à tout le monde, est donc de remplacer la cale intermédiaire par la plus grande disponible (couleur verte, 0,4 in³) dans la chambre principale. Ce faisant, on roule un peu plus haut dans la course et on a une suspension plus douce, qui ne talonne plus pour un oui ou pour un non. C’est la base de départ avant le travail avec les cales de la chambre additionnelle.

Malgré son nom, cette chambre est la plus accessible : c’est la première qui se dévoile à nous lorsqu’on enlève le circlip et qu’on fait glisser le gros manchon le long du plongeur. Une fois la base établie avec la chambre principale, elle est d’une importance capitale car son réglage va réellement influencer le comportement du vélo :

  • avec le maximum de cales dans la chambre, soit 4, on a une suspension typée « trail », joueuse et ludique. C’est dans cette configuration qu’on a préféré le vélo car on se retrouve avec une machine qui ne s’affaisse pas (trop) au pédalage et qui a un vrai caractère sympathique, qui permet de s’amuser tout en restant accessible.
  • avec 0 (éventuellement 1) cale dans la chambre, on a beaucoup moins de support. Le vélo est moins bondissant et a plus de grip, ça peut être sécurisant pour les pilotes moins à l’aise en descente. Toutefois, le comportement n’est pas à la hauteur d’un bon amortisseur d’enduro faute de maintien hydraulique et la suspension est assez vite dépassée lorsqu’on hausse le rythme dans la pente ou le défoncé. Si vous comptez utiliser le Stumpjumper régulièrement en compétition, ce que sa géométrie et sa rigidité permettent, un changement d’amortisseur nous paraît incontournable. Le Genie n’est tout simplement pas fait pour ça.
  • il y a aussi la possibilité de superposer 2 ou 3 cales dans la chambre mais cette configuration n’a pas trouvé grâce à nos yeux. On évolue dans une espèce d’entre-deux, ni réellement joueur ni réellement sécurisant et face au caractère plus affirmé des deux options précédentes, cela n’a pas beaucoup d’intérêt.

Reste un dernier réglage, celui de la compression en mode ouvert (petite molette noire entre le levier de blocage et la molette du rebond) avec 3 positions. C’est celui qui a le moins d’influence sur le fonctionnement de la suspension tant l’amortisseur Genie est peu freiné en hydraulique de façon générale mais autant essayer d’en tirer le meilleur !

Le contrôle étant très faible en position 1, on vous conseille de commencer dès le départ en position 2 et de ne pas hésiter à passer en position 3 si vous trouvez encore l’amortisseur trop souple malgré le bon réglage de pression, de rebond et de cales. Malgré cela, gardez en tête que cet amortisseur n’est pas fait pour du vrai enduro et de l’engagement (alors que la géométrie et la rigidité du vélo le permettent), a fortiori dans les pistes rapides et défoncées et que le concept Genie n’est pas une solution miracle pour toutes les pratiques.

Dans l’ensemble, on doit bien vous avouer que nous ne sommes pas réellement convaincus par le Genie. Dans l’absolu, l’objectif d’avoir un amortisseur capable de changer le visage du vélo selon sa configuration est atteint mais lesdits visages sont loin d’être tous intéressants. On en voit un réellement bon et un correct, ce qui est bien peu au regard de toutes les possibilités qu’offre l’amortisseur, et on ne peut s’empêcher de penser qu’un modèle plus classique (et avec un peu plus de soutien hydraulique) offrirait d’excellents résultats avec une approche bien plus simple…

Qui plus est, les nombreuses ouvertures et remontages de l’amortisseur Genie qu’imposent le concept pour essayer les différentes configurations finissent par user les pièces prématurément. Chez nous, c’est le circlip qui maintient la chambre additionnelle qui s’est rapidement déformé et agrandi, au point qu’il a fallu repasser par la case atelier pour lui redonner un semblant de fonction. Pas très rassurant. Alors objectif atteint oui, mais à moitié seulement.

Résumé :

  • sag à 16 mm
  • cale verte (0,4 in³) dans la chambre principale
  • 4 cales dans la chambre additionnelle pour comportement ludique (mais encore accessible) OU 0 à 1 cale pour plus de grip et un comportement plus sécurisant
  • réglage de compression en position 2 voire 3
  • changer d’amortisseur pour un modèle avec plus de maintien hydraulique en cas de pratique compétition enduro

Les réglages de la géométrie

Côté géométrie, c’est (bien) plus facile ! Ici, on a deux principaux moyens d’intervention : un flipchip à deux positions (haute/basse) sur les bases et deux coupelles de direction, l’une neutre et l’autre réversible pour un total de 3 orientations (angle ouvert/intermédiaire/fermé).

A cela, il faut ajouter la possibilité de monter le vélo en mulet, c’est-à-dire avec une roue arrière de 27,5″ (sauf en tailles S1 et S2, de série dans cette configuration) mais cela demande un investissement supplémentaire car les pièces ne sont pas fournies avec le vélo. A cet égard, nous avons choisi de ne pas l’essayer et de se concentrer sur ce qui vient directement avec le vélo.

D’origine, le Stumpjumper 15 est monté avec la coupelle neutre et le flipchip en position haute, ce qui donne un angle de direction à 64,5°, un tube de selle autour de 77° et un boîtier de pédalier à – 38 mm par rapport à l’axe des roues. Dans cette configuration, on a un très bon vélo polyvalent, à l’aise en descente dans la pente et les franchissements sans être trop encombrant dans le serré, et avec une position au pédalage tout à fait correcte.

La seule petite critique qu’on pourrait lui faire vient de la répartition du poids en montée : si l’angle de tube de selle est tout à fait correct sur le papier, on a l’impression qu’il s’affaisse un peu quand on est assis sur la selle ce qui peut donner la sensation d’être un peu trop sur l’arrière. Avec notre modèle en taille S4, nos testeurs autour de 1m78-79 ont eu cette impression mais pas celui d’1m83 : attention donc à ne pas sur-tailler et si vous êtes entre deux tailles, on vous conseillerait plutôt celle d’en dessous.

Sans toucher à la coupelle de direction, on peut passer le flipchip des bases en position basse : cela raccourcit le reach de 5 mm, descend le boîtier de pédalier de 7 mm (- 45 mm) et couche les angles de 0,5° (64° devant et environ 76,5° derrière). Le vélo se montre alors encore meilleur en descente, à la fois facile dans la pente et vif dans les virages grâce au combo reach raccourci et boîtier rabaissé.

En revanche, attention aux pédales ! Un boîtier de pédalier à – 45 mm cela commence à faire bas et notre seule chute du test est intervenue avec cette configuration, après avoir accroché une pédale sur le bord du sentier. Vraie conséquence ou simple coïncidence, c’est difficile à dire mais en tout cas, on touche plus souvent des obstacles avec les pieds ou les manivelles. Il en est de même au pédalage.

Avec la coupelle de direction +1°/-1° en position droite, on passe l’angle de direction à 65° ou 65,5° suivant le flipchip. La position est un peu plus droite ce qui donne un côté un peu plus trail/AM au vélo mais ce n’est pas désagréable et cela fonctionne bien avec la suspension. On est loin d’un « XC à gros débattement » comme le Megamo Vitae par exemple, mais c’est un peu plus confortable pour les longues journées à la pédale que la coupelle neutre.

Si vous passez dans cette configuration, on vous conseille aussi de descendre la potence d’une à deux entretoises. Cela accentue le changement de position et porte un peu plus le comportement du vélo vers le pédalage. En revanche, avec une potence plus basse et un angle de direction plus droit le vélo sera naturellement un peu moins sécurisant en descente, dans les franchissements et passages les plus pentus ou rapides. Le flipchip en position basse, avec lequel on obtient une direction à 65°, offre un équilibre intéressant mais comme avec la coupelle neutre, les pédales touchent alors plus souvent les obstacles.

Reste un dernier domaine, celui de l’angle de direction plus couché en retournant la coupelle pour l’installer dans le sens -1°. On a alors 63,5°, voire 63° avec le flipchip en position basse, c’est le territoire des vélos de DH et c’est ce qui convient le moins au vélo selon nous. A 63,5° on est à la limite de ce qui est acceptable, il faut obligatoirement de la pente pour réussir à l’exploiter et on peut facilement passer au-delà des capacités de la suspension en attaquant un peu. Il faut bien se souvenir que le Stumpjumper n’a que 145 mm de débattement à l’arrière et même les 145 mm les mieux exploités du monde ne peuvent rien faire face à certaines limites physiques.

A 63° (flipchip en Low) cela devient vraiment compliqué, le vélo est franchement long et dans les situations où cette géométrie fonctionne, la suspension est dépassée depuis longtemps pour les raisons qu’on évoquait plus haut. Cela irait peut-être avec un autre amortisseur mais avec un Stump’ en configuration d’origine et son amortisseur Genie, ce réglage de géométrie n’a pas d’intérêt à nos yeux.

Résumé :

  • Configuration d’origine très bonne, pas nécessaire de changer
  • Attention aux pédales avec le flipchip en position basse
  • Position extrême « DH » (boîtier bas et coupelle -1°) à éviter
  • Descendre un peu la potence si on passe sur la coupelle de direction +1°
  • Même avec l’angle de direction redressé (coupelle +1°) on ne change pas radicalement la face du vélo, ça ne devient pas un petit trail très dynamique

Bientôt un Stumpjumper alu ?

Pour terminer sur une note un peu intrigante, on a aperçu dans les photos communiquées par Fox pour le lancement de sa tige de selle Transfer Neo une déclinaison en aluminium de ce nouveau Stumpjumper, montée en dérailleur à câble (ce qui est impossible sur les versions carbone faut de passage dans le cadre) et équipée en plus d’un amortisseur Fox à commande électronique… On espère avoir bientôt plus d’infos sur ces sujets !

Plus d’informations : specialized.com

ParLéo Kervran