Shimano XTR Di2 – Partie 2 : tout savoir sur le montage
Par Olivier Béart -
La nouvelle transmission électronique Shimano XTR Di2 est une véritable innovation. Et, en tant que pionnière, elle bouleverse pas mal d’habitudes. Peut-elle se monter sur n’importe quel cadre ? Comment connecter tous ces fils ? Est-ce plus ou moins simple qu’une transmission mécanique classique ? Après les poids et la présentation détaillée de chaque composant, nous vous révélons tous les secrets de l’installation du groupe en compagnie des techniciens de Shimano France qui ont monté le groupe sur notre machine de test.
Dans la salle de sport située à l’arrière du bâtiment, nous retrouvons Mathieu Arrambourg et Yan Fouche… ainsi bien sûr que le fameux XTR Di2 ! Nous sommes venus avec notre propre vélo de test, un Open O-1.1 dont la conception date déjà d’il y a trois ans, mais qui avait déjà été pensé à l’époque pour être Di2 ready. Cela dit, une question nous brûle les lèvres : peut-on monter le XTR Di2 sur n’importe quel vélo ? La réponse de Mathieu Arrambourg est claire : « En théorie, oui. Mais il est évident qu’un cadre avec passage interne des gaines est recommandé. Les fils qui relient les différents composants sont ainsi mieux protégés contre un arrachement suite à un contact avec une branche par exemple. Puis, c’est plus esthétique également car sur un cadre classique, il faudra un peu bricoler avec du scotch et d’autres artifices car les embouts de gaine ne sont pas prévus pour l’électronique. Enfin, l’optimum est de disposer d’un vrai cadre compatible Di2, dont les entrées pour le passage interne sont réellement pensées pour accueillir les fils du Di2 qui ont la particularité d’être très fins, mais également d’avoir des extrémités plus grosses (à peu près comme une gaine habituelle) qui sont serties pour garantir une parfaite étanchéité et qu’il faut pouvoir introduire dans le cadre ». Dans le cas de notre Open, nous constaterons d’ailleurs par la suite que la compatibilité n’est pas optimum, justement à cause des petites pièces qui se placent au niveau des entrées des fils dans le cadre. Mais la marque finalise le développement de nouveaux embouts, véritablement pensés pour le Di2. Bref, on retiendra qu’il ne faut pas impérativement un cadre spécifique mais que le montage sera plus sûr et plus esthétique sur un cadre récent, pensé pour le Di2. Passons à présent à l’atelier ! Le montage débute par l’installation des câbles sur le cintre, ici un modèle Pro Tharsis pensé spécialement pour le Di2, avec un passage des fils en interne. Sans cela, le montage se fait en attachant les fils du Di2 sur les durits de frein ou sur le cintre avec du tape. Pour faire passer les fils dans le cintre Pro, un petit outil (fourni) est nécessaire. L’opération réclame un peu de minutie, sans être fastidieuse. A noter que le choix des longueurs de câbles est d’une grande importance car il n’est pas possible de les raccourcir pour des raisons d’étanchéité. Mieux vaut faire confiance à un magasin spécialisé ayant du stock pour éviter toute erreur et pour pouvoir faire un échange au cas où. On retiendra que les câbles Di2 sont proposés dans différentes longueurs, de 5 en 5cm, de 15cm à 1,7m de long et qu’il en faut 9 pour un montage comme le nôtre (avec fourche Fox iCTD et dérailleur avant). On peut à présent faire glisser les shifter sur le cintre et connecter le câble. Un petit « clic » signale que l’insertion est correcte, ce qui garantit l’étanchéité et la qualité de la connexion. Tous les fils du Di2 se montent sur ce même principe, d’une simplicité enfantine. Une petite pièce de finition permet de ramener le fil au plus près du cintre. C’est un des avantages du Shimano XTR Di2 : contrairement à des gaines classiques, les fils peuvent tourner avec des angles très serrés et se faire très discrets ! Il ne reste plus qu’à positionner le blocage de la fourche Fox iCTD, ainsi que l’unité de commande centrale avec son écran et c’en est déjà terminé pour le cintre ! Plutôt clean le look, vous ne trouvez pas ? Vous aurez remarqué qu’un petit boîtier sort du cintre. Il s’agit d’un connecteur permettant de rassembler plusieurs fils. Il est important de comprendre que chaque composant ne doit pas être relié individuellement à l’unité centrale ! Du moment qu’ils sont tous inter-connectés et qu’au moins un des fils est relié à l’unité centrale, cela fonctionne. L’assemblage s’en trouve simplifié et cela évite de multiplier inutilement les câbles. Ce connecteur peut se placer soit sous le cintre ou la potence, soit, comme ici, à l’intérieur même de la potence quand on dispose de la Tharsis spéciale Di2. Cette dernière dispose d’orifices permettant de laisser passer les fils pour aller vers l’intérieur du pivot de fourche (pour rejoindre le blocage iCTD) et repartir du boîtier de connexion vers l’unité de commande centrale. Petit interlude : Pour mieux comprendre ce qui a été dit plus haut sur les connexions, voici le schéma de montage électrique fourni par Shimano. Mis à part la présence d’une suspension arrière qui implique l’ajout d’un connecteur supplémentaire, cette disposition est identique à notre configuration. Retour à l’atelier, avec le montage du poste de pilotage sur le vélo. Si le serrage du cintre sur la potence reste conventionnel, celui sur le pivot de fourche est particulier et permet de se passer d’étoile. Celle-ci serait en effet impossible à positionner si on veut faire passer des fils dans le pivot de fourche. Ici, le réglage du jeu de direction se fait grâce à la présence d’une pièce filetée sur la partie basse. La procédure est la suivante : on serre la vis supérieure, puis on dévisse l’écrou au moyen d’une clé spécifique (fournie) afin de comprimer le jeu de direction et on termine en serrant la vis inférieure pour caler le tout. C’est facile, discret et plutôt fiable, comme nous le verrons plus tard dans notre test. Attention, il faut couper le pivot de fourche à une hauteur bien précise, renseignée par un trait à l’intérieur de la potence. Pour le branchement de la fourche, rien de plus simple : un seul fil suffit. La commande est reliée au boîtier de contrôle et un petit câble part directement de la pièce de couplage dissimulée dans la potence, vers le sommet du fourreau droit. Comme nous avons la potence Pro pour Di2, le fil peut passer dans le pivot de fourche pour une intégration parfaite. Vu que nous n’avons besoin de faire repartir aucun fil de la fourche, nous prenons soin de reboucher le deuxième orifice pour préserver l’étanchéité (voir la petite pièce sur la photo à droite). Grâce au système d’interconnexions prévu par Shimano, il n’y a qu’un seul fil qui part du poste de pilotage (de l’unité centrale) vers le cadre: simple et pratique ! Comme expliqué plus haut, notre cadre n’étant pas (encore) parfaitement adapté au Di2, il a fallu agrandir le diamètre du trou de la pièce permettant de faire passer les câbles à l’intérieur du cadre. En l’absence de guide dans le tube diagonal, le plus simple est d’incliner le cadre et de laisser faire la gravité pour récupérer le fil au niveau du boîtier de pédalier. On dispose les câbles pour le dérailleur arrière dans la base droite, et on fait passer un autre fil par l’orifice prévu pour le dérailleur avant. Idem, enfin, au niveau du tube de selle, en prévision du placement de la batterie dans la tige Pro spécialement conçue à cet effet. Ces quatre câbles (dérailleur avant, dérailleur arrière, batterie et connexion vers l’unité centrale placée sur le cintre) sont couplés à l’aide d’un connecteur qui prendra place, dans notre cas, au-dessus du boîtier de pédalier. A cet endroit, il est bien coincé et il ne risque pas d’occasionner de bruits parasites. Rien de sorcier au niveau du placement des dérailleurs : c’est comme pour la version mécanique classique, voire plus simple. Le placement du fil électrique est en effet bien plus aisé que l’installation d’un câble en acier qu’il faut bien positionner et mettre en tension. Ici, on doit juste bien mettre en place un petit cache qui renforce l’étanchéité, on clipse et c’est fini ! A l’avant, même topo. Comme expliqué dans notre article de présentation des composants du groupe Shimano XTR Di2, on se réjouit que la marque ait rendu son dérailleur avant compatible avec tous les standards au moyen de pattes interchangeables. Au prix de la bête, c’est heureux… A ce stade, on peut également installer les roues, puis le pédalier. Des opérations connues, que nous n’allons pas vous détailler ici. Tout doucement, ça commence à ressembler à un vélo ! Une fois les dérailleurs en place, on peut installer la batterie. Shimano prévoit plusieurs emplacements pour l’alimentation électrique. En externe, au niveau des vis de porte-bidon ou sur une éventuelle fixation spécifique prévue sur certains cadres ; ou en interne, dans la douille de direction ou dans la tige de selle, voire à un emplacement spécifique, comme chez BH sur le nouveau Lynx. Dans notre cas, nous avons opté pour la tige de selle, avec un modèle Pro Tharsis qui permet un montage fiable et discret. Le tube de selle Pro Tharsis Di2 dispose d’une encoche sur sa partie basse, qui va permettre de venir caler la batterie de forme cylindrique. Deux petites coques sont à placer autour de cette dernière afin qu’elle soit parfaitement ajustée. La batterie est en place, il ne reste plus qu’à positionner le circlip afin de la maintenir dans le tube. On branche le câble puis, délicatement, on positionne la tige de selle sur le cadre en prenant soin de ne pas coincer le fil. N’ayez crainte, il ne faudra quasiment jamais répéter cette opération car il n’est pas nécessaire de retirer la batterie pour la charger (tout se fait via l’unité de commande centrale sur le cintre). Petit contrôle pour voir que tout fonctionne : l’écran s’allume, et on peut actionner les dérailleurs à vide. « Dziiiit, dziiit » ! Pour la suite des réglages, il faut positionner les deux dérailleurs en position basse (lettre « L » pour le dérailleur avant et chiffre 11 pour l’arrière). Le réglage des dérailleurs est particulièrement simple. Ceux qui n’aiment pas chipoter et les piètres mécaniciens vont adorer. Il suffit de régler la hauteur de la fourchette en suivant le guide autocollant placé sur le dérailleur (environ 1mm d’écart avec les dents du grand plateau), puis de régler les vis de butée. Le réglage pourra être peaufiné une fois la chaîne et les autres éléments mis en place. A l’arrière, il n’y a que les vis de butée à régler. Cette opération s’effectue une fois la roue en place, mais cette image met particulièrement bien en évidence les deux petites vis qui servent au réglage. Petit détail intéressant : il est possible de régler la position latérale des commandes de vitesses pour les placer idéalement par rapport à vos doigts. Nous avons choisi de les régler au maximum vers l’extérieur. Ca y est, le vélo est monté ! Mais on ne peut pas encore partir rouler. Auparavant, il faut connecter le boîtier de contrôle à un ordinateur équipé du logiciel E-Tube de Shimano. La connexion se fait au moyen d’un petit boîtier, fourni avec l’unité de commande, sur lequel il se connecte directement. Ce boîtier sert également à recharger la batterie, à l’aide d’une prise USB classique. Au premier branchement, le logiciel Shimano E-Tube va faire un diagnostic complet de la transmission, repérer les différents composants et les synchroniser. Si une mise à jour est disponible, elle sera également effectuée. Le programme est disponible en téléchargement gratuit… mais uniquement en version PC. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y a hélas pas encore de version Mac disponible. Si vous le souhaitez, l’interface permet également de modifier un grand nombre de paramètres de la transmission : quel bouton des shifters est utilisé pour monter ou descendre les vitesses, dans quel sens le blocage de fourche va agir, ou encore pour paramétrer les deux modes de transmission Syncroshift disponibles. Le XTR Di2 permet en effet de changer de vitesses à l’avant et à l’arrière avec une seule manette. Et, via le logiciel E-Tube, vous pouvez définir exactement quand le changement de plateau aura lieu. Pour plus d’explications, nous vous donnons rendez-vous dans notre article consacré au test terrain. Maintenant que le vélo est monté, place au roulage ! Ce qu’on retiendra de ce passage à l’atelier, c’est qu’à part le choix des bonnes longueurs pour les fils électriques, le montage est d’une simplicité enfantine. Cela nous a semblé bien plus facile qu’une transmission classique, notamment pour la phase des réglages, qui est ici réduite à sa plus simple expression car l’XTR Di2 est en grande partie capable de s’auto-ajuster. Depuis qu’il a été équipé de la transmission électronique, notre Open O-1.1 a déjà été fortement éprouvé et vous lirez très bientôt notre premier test longue durée de ce tout nouveau groupe Shimano XTR Di2 ! Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter le guide Shimano complet qui explique le montage encore plus en détails sur… 93 pages (PDF – 2,9Mo) : Shimano XTR Di2 Dealer ManualEtape 1 : les présentations
Etape 2 : le poste de pilotage
Etape 3 : la potence et les premières connexions
Etape 4 : la fourche Fox iCTD
Etape 5 : le passage des câbles dans le cadre
Etape 6 : l’installation des dérailleurs
Etape 7 : le placement de la batterie
Etape 8 : les réglages
Etape 9 : la configuration à l’aide du logiciel E-Tube
Etape 10 : ça roule !
Edit : le test longue durée est à présent en ligne : découvrez-le en cliquant sur l’image ci-dessous !