Scott Spark 120 et Spark Plus 2017 : bien au-delà du XC
Par Olivier Béart -
Vous connaissez le Scott Spark RC en mode cross-country entre les cuisses de Nino Schurter ? Désormais, il se décline aussi dans d’autres versions pour le millésime 2017. Leurs noms : Scott Spark, en 120mm de débattement, et Scott Spark Plus, équipé en 130/120mm et en pneus de 2.8 de section. Comment Scott a transformé un vélo orienté performance en deux rois des sentiers pensés pour le fun ? Quelles différences avec le nouveau Scott Spark RC qui vient également d’être présenté ? Réponses avec notre premier essai de ces deux nouveautés !
En quoi se différencient-ils du Spark RC au guidon duquel nous vous avons déjà livré nos premières impressions, sur quels terrains sont-ils plus à l’aise ? Voici quelques premiers éléments de réponse après plusieurs heures passées au guidon de chacun d’eux.
Scott Spark 900 : la polyvalence réservée
Nous n’allons pas vous refaire ici toute la présentation statique du Scott Spark, disponible in extenso dans cet article : www.vojomag.com/scott-spark-rc-scale-armes-de-schurter-vente-libre. Nous allons plutôt profiter de ces quelques lignes pour mettre en évidence les différences avec la version RC. Première différence à noter : il y a beaucoup plus de modèles dans la gamme Spark 120mm qu’en version RC. On trouve plusieurs versions avec cadre en aluminium, ce qui lui permet d’afficher un prix d’attaque de 1999€, alors que le ticket d’entrée en RC est de 4999€. Le modèle Premium montré ci-dessus est à 7999€ et l’Ultimate que nous avons pu tester est à 8599€.
La principale modification technique entre le RC et ce modèle concerne le débattement, qui gagne 2cm en passant de 100 à 120mm à l’avant comme à l’arrière. Le fameux système TwinLoc et sa commande au guidon permettant de sélectionner trois modes simultanément sur l’amortisseur et la fourche est bien évidemment maintenu, mais dans une version légèrement plus soft. A l’avant, la fourche est plus musclée puisqu’on passe sur une Fox 34. Les deux diamètres de roues, 29 et 27,5 », sont offerts sur chaque modèle. Nous nous sommes concentrés ici uniquement sur le 29 » dans le cadre de cet essai.
L’augmentation du débattement va de pair avec une modification de la géométrie. L’angle de direction passe de 68,5°, ce qui est déjà plutôt couché, à 67,2°. Cela entraîne un léger allongement du reach, compensé par l’adoption d’une potence de 60mm contre 70mm sur le RC.
Sur la version haut de gamme Spark 900 Premium que vous avez ici sous les yeux, tout le cadre reste en carbone, biellette comprise. Par contre, pas de fibres HMX SL au programme, on reste ici sur du HMX pour un cadre qui reste sous les 2kg avec amortisseur mais qui s’écarte des 1800g du RC SL. Autre changement : contrairement au RC, le Spark 120 accepte le montage d’un dérailleur avant via l’adjonction d’une patte très discrète derrière le tube de selle. A propos de selle, c’est le moment de grimper dessus !
Niveau rendement, il ne faut pas bien longtemps pour se rendre compte que le Spark 900 n’est pas qu’un lointain cousin du RC mais son frère presque jumeau. La position est par contre moins axée vers l’attaque et un peu plus vers le confort. Les appuis jouent plus sur la neutralité et le vélo se montre plus facile d’accès pour un biker moins expérimenté. Le débattement supplémentaire ne saute pas immédiatement aux yeux, surtout à l’arrière. Par contre, à l’avant, on sent qu’on dispose d’une vraie fourche de trail et la différence est plus nette.
Quand on s’attaque à du plus gros, le vélo se montre joueur et agréable à piloter. La présence d’une tige de selle télescopique, absente sur le RC, apporte plus de confiance en descente, mais on sent quand même qu’on est plutôt sur un vélo de XC body-buildé que sur un vrai vélo de trail. Les randonneurs sportifs et les amateurs de longues découvertes seront comblés, surtout s’ils ont toujours été habitués à des vélos à court débattement.
Par contre, quand on attaque des sentiers très montagnards et qu’on pousse le vélo dans ses retranchements, le Scott Spark 900 se montre plus délicat à piloter à la limite. Sur un modèle RC, cela peut se comprendre car c’est une machine de course sans concession, mais ici, cela nous amène à nous questionner sur le positionnement, voire même l’utilité de cette version. Car, s’il y a le génial RC d’une part pour le côté cross pleinement assumé, il y a aussi un autre très gros client qui nous fait de l’oeil du côté trail/mini enduro : le Spark Plus.
Scott Spark Plus : l’empereur des Alpes
Après s’être fait quelques sueurs froides en pleine montagne et avoir eu du mal à suivre certains de nos confrères que nous savons habituellement moins rapides que nous… il est temps de leur subtiliser leur monture et de tester, nous aussi, ce fameux Spark Plus.
Le cadre est presque identique à celui du Spark 900, à l’exception du triangle arrière qui permet le montage de plus gros pneus et de la fourche qui passe en 130mm. Du côté des roues, on retrouve des jantes Syncros en 35mm de large, montées avec des pneus Maxxis Rekon en 2.8 » de section. Des modifications d’apparence mineures, mais qui donnent un tout autre visage au vélo.
Avant de s’éclater, il faut d’abord grimper. On sent évidemment une perte de rendement liée aux gros pneus. On n’est plus du tout en présence de la bête de cross qu’on connaissait sur les Spark RC et Spark 900. Mais le Spark Plus reste capable de rouler très vite et de grimper à allure soutenue grâce à ses suspensions équipées d’un mode traction et d’un blocage, ainsi que de la position de pilotage qui reste très confortable pour pédaler et grimper pendant longtemps.
Bref, si on veut l’utiliser occasionnellement en compétition marathon ou raid, on pourra le faire sans souci, surtout en changeant les roues pour des 29 ». Ce qui ne devrait poser aucun souci, d’autant que le boîtier de pédalier nous semble bas et ne devrait pas se trouver trop relevé par la présence de roues un poil plus grandes.
Mais la vraie personnalité du Scott Spark Plus, on la découvre quand on attaque les vrais sentiers de montagne. Et quelle personnalité ! Là où, le matin même, on calculait en permanence comment passer chaque obstacle et éviter la moindre erreur qui risquait de se payer cash, cette fois, on se détend immédiatement et le pilotage se fait d’emblée plus « flow ».
A la base, nous ne sommes pas de grands fans des pneus « Plus ». A part sur des vélos électriques, les autres montures « musculaires » que nous avons pu tester avec de gros pneus ne nous ont jamais donné de telles sensations. On sent que Scott a bénéficié de l’expérience acquise sur les Genius Plus et LT Plus pour concevoir ici un vélo réellement adapté aux gros boudins. Le nouveau Spark Plus fait d’ailleurs prendre un sacré coup de vieux au Genius, tant il est à l’aise en usage montagnard.
Un pilote de niveau EWS aura sans doute besoin de plus de débattement, mais pour un biker lambda, le Scott Spark Plus ne semble avoir aucune limite. Son poids qui reste très contenu, ainsi que da géométrie contemporaine mais pas trop typée enduro, permettent de le rendre très accessible et de ne plus penser qu’à une chose : s’amuser. Cette notion de plaisir nous semble encore renforcée par les suspensions qui, avec 130mm devant et 120mm derrière, sont suffisantes pour rouler très vite dans du très défoncé sans pour autant gommer les sensations. On sent les impacts, il faut les anticiper mais, grosse différence avec le Spark 29 » en 120mm, il pardonne beaucoup plus les erreurs.
Les cailloux et les racines sont toujours là, sous nos crampons, mais ils deviennent juste des prétextes à jumper et à attaquer, pas des pièges qu’il faut contourner comme nous le ressentions avec le Spark 900 un peu plus tôt. On peut se concentrer plus sur ses trajectoires, aborder les virages par la meilleure ligne possible même quand il y a de petits obstacles sur le chemin et atteindre des vitesses inavouables sans pour autant avoir l’impression d’être sans cesse sur le fil du rasoir.
Le format Plus n’est pas adapté à tous les types de terrains, mais nous avons ici eu l’occasion de voir de manière très nette et incontestable les avantages énormes qu’il apporte sur un vélo de trail en usage montagnard ou tout simplement pour prendre son pied avec un « petit » vélo sur des chemins très techniques. Quand on sait qu’on peut monter sans souci des roues de 29 » sur le châssis du Spark Plus, même si Scott ne le dit pas officiellement, le choix semble d’autant plus évident car on pourra disposer d’un vélo « 2 en 1 » capable de briller pratiquement sur tous les terrains.
Verdict
Vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes, le Scott Spark Plus nous a véritablement émerveillés. Scott aurait, selon nous, intérêt à simplifier sa gamme en proposant un seul Spark « Trail » compatible 27,5+ et 29″, plutôt que deux versions différentes. C’est d’ailleurs la voie choisie par Specialized avec le Stumpjumper cette saison, et nous espérons que de plus en plus de marques suivront. Cela nous semble une évidence dans la mesure où, de facto, le Spark Plus est compatible 29″ alors que le Spark 900 n’est pas compatible 27,5+. Et aussi dans la mesure où, après avoir testé les trois versions, le Spark en 120mm nous semble avoir du mal à tracer sa voie entre ses deux encombrants faux jumeaux surdoués, les Spark RC et Spark Plus. Si les gros pneus ne sont pas adaptés à toutes les situations (on pense notamment à la boue), ils ouvrent de telles possibilités dans d’autres créneaux que ce serait dommage de s’en priver ! Dans un univers montagnard, le Spark Plus nous a permis tout simplement de vivre une de nos meilleures sorties depuis que nous roulons à vélo. Léger pour pouvoir voler sur les obstacles, sans trop de débattement pour encore ressentir et lire le terrain, doté de gros boudins qui pardonnent les erreurs afin de laisser la place uniquement au plaisir de pilotage… voilà une description qui se rapproche à nos yeux d’une certaine idée de la perfection sur deux roues.
Plus d’infos dans notre présentation des nouveaux Scott Spark et Scale 2017, notre premier essai du Spark RC en compagnie de Nino Schurter, ainsi que sur le site Scott.