Rouler en DH comme un pro, c’est possible ?

Par Paul Humbert -

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Rouler en DH comme un pro, c’est possible ?

Quelques jours après le lancement de la nouvelle RockShox Boxxer, la fourche de descente de la marque, on s’est posé une question : est-ce qu’une fourche conçue pour des athlètes professionnels peut convenir à des riders « lambda ». Pour tenter de le savoir, on a retrouvé l’équipe de la marque à Whistler, pendant les Crankworx, là où les amateurs et les pros se mélangent par centaines pendant plusieurs jours. Vidéo et prise en main :

 

 

La nouvelle Boxxer, en bref, c’est : des plongeurs de 38mm, un tout nouveau chassis, une toute nouvelle cartouche et un nouveau ressort. Côté débattement, la fourche est disponible en 180, 190 et 200mm de débattement.

 

 

Côté cartouche, on retrouve la Charger 3 présente sur la gamme actuelle des fourches Trail/All-Mountain (Pike, Lyrik, Zeb). Côté ressort, l’objectif est de se rapprocher de la sensation d’un ressort hélicoïdal, et côté conception, on retrouve deux tubes, comme si la marque avait cherché à diminuer le volume d’air.

 

 

Vous pouvez retrouver toute la présentation de la fourche, juste ici : www.vojomag.com/news/nouveaute-la-rockshox-boxxer-se-reinvente

 

 

 

Plutôt que d’aller plus loin dans la fiche technique, nous avons eu l’occasion de discuter avec Jon Cancelier (Chef produit Rockshox) et Tim Lynch (Chef ingénieur Rockshox) pour leur demander de nous exposer les points clés, d’après eux, de cette nouvelle fourche de descente.

Les points clés par Jon Cancelier

 

 

Le projet de la Boxxer a commencé du côté des athlètes. Ils ont identifié des choses qu’ils voulaient changer. On était en 35 mm, ils voulaient un autre châssis, une nouvelle cartouche, un nouveau ressort. C’était vraiment le point de départ. Dès 2021, ils roulaient avec un prototype avec plus de rigidité, une cartouche Charger 3 et un autre ressort. Les athlètes sont les utilisateurs « alpha » et ils nous aident à prendre les premiers ressentis et à trouver le bon cap pour le développement. 

Tous les athlètes n’ont pas les mêmes qualités de ressenti, et il faut toujours aller au-delà de leurs demandes, mais ils prennent toujours la bonne direction.

 

 

Le challenge est de concevoir un produit qui leur plaira, mais qui sera ensuite installé et vendu sur une plus large variété de vélos qui rouleront en bikepark, ou ailleurs, dans les mains d’amateurs. Sur ce point, on travaille avec les amateurs de vélo de descente qui travaillent chez RockShox et qui ne sont pas des pilotes de coupe du monde. Si on arrive aussi à être confortables sur ce produit, c’est un autre très bon point de départ. On doit prendre tout le débattement, ça ne doit pas nous détruire les mains…C’est vraiment là qu’on trouve le compromis entre les athlètes et les utilisateurs lambda. Parfois pour faire ce compromis, on s’arrête simplement aux ressentis, parfois on se base sur les mesures faites en labo de test. On aurait pu faire la fourche de descente la plus rigide du marché, mais ce n’est pas ce qu’on a fait, sinon ce n’est juste pas fun à rouler !

 

 

Ce que j’aime sur une fourche de descente pour un utilisateur non professionnel, c’est que ça te donne de la confiance, tu peux te lancer à peu près partout. C’est très rigide et ça te donne envie d’aller plus vite et tu te sens plus en sécurité. 

Les athlètes roulent aujourd’hui avec les mêmes RockShox Boxxer que celles qu’on retrouvera dans le commerce ! 

Les points Clés par Tim Lynch

 

 

Il y a des fondamentaux quand on conçoit une fourche, et le châssis est la base de tout ça. On a dû retravailler le design de nos bagues de guidages, on a retravaillé l’alignement des tubes de la fourche et la flexibilité du tout. Tout cet aspect, en l’associant à la lubrification, assure une plus grande fiabilité à la fourche. Après pas mal de prototypes, on peut passer au ressort.

 

 

Ce qui est au coeur des discussions, c’est la courbe de progressivité et le ratio chambre d’air positive vs chambre d’air négative. On nous entend souvent dire qu’on augmente la chambre négative pour plus de linéarité, alors pourquoi ne pas aller au maximum ? La raison est qu’on touche toujours une limite avec ce design et ici on a glissé le ressort dans une cartouche qui nous permet de mieux contrôler la courbe et cela permet également à l’air « coincé » en bas de la fourche de remonter à l’extérieur de la cartouche. On retrouve également un tampon pour contrôler la butée de la fourche et les Buttercups qui viennent agir comme des silentblocs.

 

 

Il y a également d’autres points importants relatifs à la thermodynamique et aux transferts de chaleur quand la fourche chauffe sur des chocs successifs.

 

 

Ensuite, il y a la cartouche qui est presque identique à la Charger 3 des fourches d’enduro. Elle est adaptée au diamètres des plongeurs, il y a un plus gros joint.

 

 

Par rapport à la précédente Boxxer, le ressort et la cartouche étaient les points cruciaux à améliorer selon moi. Pour les pros, comme pour les amateurs. Pendant le développement des Pike, Lyrik et Zeb, on a appris beaucoup sur cette partie de la conception et on est vraiment repartis de zéro.

 

 

Du début à la fin, on a bossé sur cette fourche pendant 2 ans. Ce que j’aimerais, c’est que cette fourche soit prévisible quand on roule avec. 

Prise en main : Boxxer Ultimate 2023

 

 

C’est sur le bikepark de Whistler qu’on a pu découvrir la nouvelle RockShox Boxxer pendant quelques heures. On l’a retrouvée au guidon du YT Tues et on a fait connaissance sur un terrain humide.

 

 

Avant de prendre les remontées, on passe par la case réglages, et on suit les recommandations de RockShox pour notre poids. Du côté de la cartouche Charger 3 RC2, on a pris comme base de départ les mêmes réglages que sur la Rockshox Zeb d’enduro que nous utilisons actuellement, tout en ralentissant un peu le rebond.

 

 

Du côté de nos références de test, à la différence des autres modèles qu’on vous présente sur Vojo, nous avons un peu moins de recul sur ce produit qu’on découvre sans connaître toutes ses concurrentes sur le terrain. On a donc choisi de se positionner vraiment du côté du ressenti avec cette nouvelle fourche.

 

 

Ce qu’on remarque rapidement, c’est la « lisibilité de la fourche ». Son châssis est rigide, il est précis et en « venant » d’une Zeb, on retrouve plus de fermeté liée à ce dernier. Au-delà des premiers petits chocs, on retrouve pas mal de support, mais sans que ça empêche la prise de débattement. On a jamais la désagréable sensation d’avoir une fourche qui « plonge » et pourtant, la Boxxer travaille sur toute sa plage, jusqu’à la butée qu’on ressent sans qu’elle soit violente.

 

 

Plus globalement, avec ce YT Tues et cette RockShox Boxxer sur un bikepark de Whistler bien humide, on a découvert beaucoup de choses à la fois, et pourtant, le matériel a rendu les choses assez faciles. Ce qu’on a apprécié avec cette RockShox Boxxer Ultimate 2023, c’est la lisibilité qu’elle nous offrait. On a facilement osé jouer sur les réglages d’une cartouche qu’on connaît et qui se lit facilement et on a trouvé un ressenti assez proche par moment d’une Zeb.

 

 

Nous n’avons pas eu l’impression de se retrouver face à un « mur », ou une fourche qui ne nous permettait d’exploiter qu’une partie du débattement en étant trop exigeante ou progressive. La Boxxer a réussi à offrir du support tout au long du débattement, sans plonger pour autant, et ça a aidé à nous mettre en confiance et à hausser le rythme au fil des descente.

 

 

Il faudra prolonger le test de cette Boxxer avec une analyse plus poussée après des semaines passées à son guidon, mais on a découvert une fourche abordable pour le commun des mortels. On laissera le soin aux pilotes de coupe du Monde le soin de démontrer si la nouvelle Boxxer répond à leurs besoins bien spécifiques.

Notre présentation complète de la fourche : www.vojomag.com/news/nouveaute-la-rockshox-boxxer-se-reinvente 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.sram.com/en/rockshox/series/boxxer 

ParPaul Humbert