Roc Marathon : le hold-up parfait de Julien Trarieux
Par Christophe Bortels -
On attendait les spécialistes comme Lakata, Geismayr, Porro ; un outsider comme Carabin qui réussit toujours de beaux coups au Roc ; ou encore un star de la route venue faire une pige en VTT comme Bardet, Vuillermoz ou Wellens… mais c’est un gaillard que personne n’attendait qui a remporté le Roc Marathon 2016. L’homme qui a réalisé ce hold-up parfait au nez et à la barbe des favoris, c’est Julien Trarieux. Explications.
Hommes
Après le départ sur la base nature, la descente du Fournel est le premier haut lieu où prendre la température et voir les hommes en forme en cette fin de saison. Alors que les stars du marathon comme Daniel Geysmayr, Alexey Medvedev et Samuele Porro (vainqueur l’an dernier) prennent la trace classique à gauche du sentier, un « inconnu » déboule à toute vitesse sur la droite pour dépasser le groupe de tête en queue duquel on retrouve Sébastien Carabin.
On se plonge dans la start-list, on fouille, et on trouve que derrière le dossard 31484, se cache Julien Trarieux ! Parmi les locaux qui connaissent bien le Niçois au bord de la piste, les rumeurs bruissent alors qu’il poursuit la course en tête avec Medvedev (qui abandonnera au km30) et Carabin : « t’as vu : il va le faire ! » Oui, mais faire quoi se demande-t-on. Eh bien, gagner pardi ! Et ce serait une fameuse revanche après le coup du sort qui a bien failli signer l’arrêt de sa carrière – voire plus – en début de saison.
Victime d’un grave accident de la route début 2016, qui l’a laissé avec plusieurs vertèbres fraturées, l’ancien champion de France U23 qui s’était depuis tourné vers la route, n’est remonté sur son vélo qu’il y a quelques mois. Mais pour se motiver dans sa rééducation, il avait besoin d’un objectif : gagner le Roc d’Azur. Pour la petite histoire, il y a une semaine, son vtt n’était pas encore remonté. Et il n’avait pas encore de dossard. Sans compter que pendant l’épreuve, il a cassé la fixation d’une de ses chaussures (regardez bien l’image). Mais quand on revient de là où il est allé, on ne se laisse pas arrêter par ce genre de détails. Juste avant le Bougnon, seul Samuele l’accompagne encore. Et il ne va pas tarder à le lâcher !
Sur la plage, à quelques kilomètres de l’arrivée, il commence à montrer quelques signes de faiblesse. Va-t-il tenir ? D’autant que derrière, il y a de sérieux clients qui reviennent ! Eh bien oui, il va le faire ! En 3h45’31 », Julien Trarieux remporte le Roc Marathon 2016 !
Derrière-lui, Alban Lakata, champion du Monde 2015, n’a rien pu faire. Pourtant, il a résisté à l’appel des clapettes sur la plage et il a mis toute sa colossale puissance dans la balance pour revenir. Mais au final, alors que Julien Trarieux répondait aux interviews, Lakata lui lance « tu étais trop fort, mec ! Mais qui es-tu ? Tu es de la région ? » Il comprendra ensuite pourquoi il a terminé 2e cette année, à 50 petites secondes.
Daniel Geismayr, auteur d’une course très régulière, termine 3e pour conclure une belle saison et placer un deuxième pilote autrichien sur le podium.
Après l’attaque de Trarieux, Samuele Porro a un peu accusé le coup. Il termine 4e.
Roel Paulissen aime toujours autant le Roc. Ancien double vainqueur de l’épreuve, le plus Italien des Belges termine cette année 5e. Pas mal pour un semi-retraité de 41 ans.
Jochen Kass, coéquipier de Geismayr au sein du team Centurion-Vaude, termine à la 6e place.
Il devance de peu Sébastien Carabin, auteur d’une belle 7e place… mais qui laisse quand même un petit goût de trop peu. A quand une vraie grande victoire pour le talentueux belge, qui avait terminé 2e l’an dernier ? Il conserve en tout cas très largement le maillot noir de leader du classement général du Roc Trophy, nouveau classement combiné de 4 épreuves en 4 jours sur le Roc d’Azur.
Les Italiens Damiano Ferraro et Tony Longo, ainsi que l’Allemand Markus Bauer complètent le top 10.
Parmi les stars au départ, on notait la présence de Florian Vogel (au centre), qui termine 12e entre Christoph Soukut et Cristian Cominelli. Il faut dire que le Suisse sortait d’une grosse semaine lors de laquelle il a rallié la Suisse à l’Italie en un jour (400km) par la route (!) avant d’enchaîner sur une session enduro plaisir en marge de l’EWS de Finale Ligure !
Maxime Marotte, 4e des Jeux Olympiques, était gêné par un mauvais rhume qui l’a empêché de jouer avec les meilleurs. Il termine néanmoins 19e et 2e Français.
L’équipe route AG2R La Mondiale était venue en force sur ce Roc Marathon avec notamment ses stars Alexis Vuillermoz et Romain Bardet, ainsi que des petits jeunes de « l’académie » comme Hugo Pigeon.
23e, Alexis Vuillermoz n’a pas oublié son riche passé de vttiste. Malgré un vélo un peu « couinant », celui qui fait désormais partie du club fermé des vainqueurs d’étape sur le Tour de France a pu tester sa cote de popularité sur le tracé sudiste.
Quant à Romain Bardet, même si certains le voyaient jouer la gagne, il est vite apparu qu’il était plutôt là pour se faire plaisir. Et voir combien la technique en descente est importante en VTT !
Autre star de la route, le Belge Tim Wellens a aussi rapidement compris qu’il ne pourrait pas jouer aux avant-postes. Il s’est alors mis en mode randonnée… peut-être pour mieux se préserver pour dimanche ? On se souviendra en effet qu’en 2015, il avait joué en tête avant de crever !
Dames
Chez les Dames, Sally Bigham a rapidement creusé l’écart sur ses poursuivantes. La championne d’Europe de marathon a rapidement compté plusieurs minutes d’avance et elle s’impose en accrochant une belle 86e place au général en 4h34. Tous les bikers qui ont participé du Roc cette année et qui terminent derrière elle savoureront cette performance à sa juste valeur…
Tanja Zakelj a décidé de participer aux 4 épreuves du Roc Trophy cette année, comme Sébastien Carabin chez les hommes. Elle s’empare du leadership de façon autoritaire en terminant 2e Dame sur ce marathon.
Quant à Hélène Marcouyre, elle finit au pied du podium dans son maillot bleu-blanc-rouge, toujours très populaire auprès du public qui n’a pas été avare en encouragements.
Les coulisses du Roc Marathon
Au-delà de ce premier portfolio, nous vous donnons rendez-vous demain pour voir le Roc Marathon d’un autre angle… en compagnie d’un de nos lecteurs qui a eu la chance de vivre la course de l’intérieur en étant intronisé assistant/mécano de l’équipe Topeak-Ergon ! Stay tuned !
Résultats complets ICI