Roc d’Azur 2023 : un doux parfum de revanche

Par Christophe Bortels -

  • Sport

Roc d’Azur 2023 : un doux parfum de revanche

Deux jours après un Roc Marathon ultra-rapide et très disputé, place ce dimanche au bouquet final de ce Roc 2023 : le mythique Roc d’Azur ! Comme d’habitude, ça a là aussi roulé très vite. Et il y avait de la revanche dans l’air… Récit :

Dimanche, dernière journée du Roc 2023. Nous sommes à quelques minutes du départ de la première vague du Roc d’Azur, et parmi ceux qui ont pris place sur la grille, beaucoup de têtes que l’on a déjà vues il y a deux jours sur le Roc Marathon. Hugo Drechou, Andreas Seewald, Fabian Rabensteiner, Daniel Geismayr, Hector Paez Leon, Aleksei Medvedev, Samuele Porro et bien d’autres ont prolongé un peu leur séjour à Fréjus pour se mesurer aux 54 kilomètres de la célèbre épreuve.

On repère également quelques « routeux » comme Axel Zingle et Romain Bardet, aligné sur le Tour de Lombardie hier, mais aussi Mathis Azzaro, mandaté pour représenter le team Rockrider sur le Roc pendant que ses camarades s’alignent sur le coupe du monde de Mont-Sainte-Anne. C’est d’ailleurs ce qui explique le plateau un peu moins relevé que d’habitude, avec notamment l’absence de Jordan Sarrou, vainqueur sortant et recordman du nombre de victoires sur le Roc d’Azur.

Délaissée en 2022 pour cause d’érosion trop importante, la fin historique de la descente du Fournel était à nouveau évitée cette année, au profit d’une trace alternative à nos yeux plus belle, plus intéressante et encore plus technique.

Le public prend place le long de la descente, chacun essayant de trouver le meilleur endroit pour voir et immortaliser les fous-furieux qui dans quelques instants vont dévaler ce haut lieu du Roc d’Azur.

Après 12 km et 24 minutes de course, les voilà justement ! Hugo Drechou est le premier à apparaître dans notre viseur, mais il y a une astuce : Matthis Azzaro a emprunté une petite trace alternative à travers les buissons qui permet de contourner les portions plus techniques, et c’est bien lui qui est en tête de la course avec quelques mètres d’avance sur son compatriote. Derrière le duo, on aperçoit Axel Zingle, qui a fait ses débuts dans le VTT mais qui est aussi connu pour sa carrière sur la route où il oeuvre actuellement au sein du team Cofidis.

Les marathoniens déjà en action vendredi sont également aux avant-postes dans ce Roc d’Azur, comme Daniel Geismayr, double vainqueur du Roc Marathon (2017 et 2019) et 4e à ce moment de la course.

Les deux coéquipiers Aleksei Medvedev et Hector Paez Leon, eux aussi déjà très en vue sur le marathon, sont juste derrière l’Autrichien .

Romain Bardet n’est pas très loin de la tête de course dans le Fournel et semble apprécier la ferveur du public. Qu’est-ce que ça va être dans le Bougnon une heure plus tard !

Venue se faire plaisir en VTT sur ce Roc d’Azur, Juliette Labous, elle aussi de l’équipe route DSM, essuie quelques commentaires de spectateurs au moment de poser pied à terre pour franchir un gros passage technique. « Je fais de la route moi hein ! », leur lance-t-elle. Messieurs, quand vous aurez fait un top 5 sur le Tour de France, vous pourrez éventuellement vous permettre de faire une remarque…

Dans le gros du peloton, c’est la guerre, avec des concurrents dans tous les sens, chacun tentant tant bien que mal de se frayer un chemin au travers des obstacles et des participants plus lents que soi. Heureusement que c’est large par endroits !

A quelques kilomètres du Fournel pour nous mais une bonne vingtaine de bornes plus loin et une heure plus tard pour les concurrents, nous voilà dans le célèbre col du Bougnon, pas bien long mais aux pourcentages indécents. Alors forcément, les spectateurs s’y pressent en nombre. Les coureurs ne sont pas prêts pour l’ambiance qui les attend…

Comme toujours, jeunes et moins jeunes se testent en profitant de la haie d’honneur qui attend avec impatience la tête de course.

Révolution dans le Bougnon : Flo a troqué sa tenue d’évêque pour un déguisement de Marsupilami !

De la poussière des motos ouvreuses émerge un duo. C’est Mathis Azzaro et Hugo Drechou !

Le public s’enflamme en voyant les deux Français en tête. Mathis Azzaro était parvenu à distancer Hugo Drechou en première moitié de course, mais il a ensuite été victime d’une chute, ce qui a permis au vainqueur du Roc Marathon 2022 de recoller. Les voilà donc à nouveau ensemble en tête de l’épreuve, et il reste 20 kilomètres avant l’arrivée.

Pas de changement derrière non plus : Axel Zingle et Daniel Geismayr sont toujours à la lutte pour la dernière marche du podium mais accusent à présent deux minutes et demie de retard sur le duo de tête.

Aleksei Medvedev, Casey South et Nathan Cornillon (qui court habituellement en coupe du monde U23) forment un trio en poursuite des poursuivants.

Plusieurs petits groupes défilent. On y retrouve d’autres marathoniens comme Hector Paez Leon, Peeter Pruus et Fabian Rabensteiner, mais aussi le jeune Belge Théo Demarcin qui se bat pour une place dans le top 10.

La ferveur monte encore d’un cran au passage de Romain Bardet ! Sur ce, on file à l’arrivée…

… où comme sur le Roc Marathon, on espérait un sprint. Mais Hugo Drechou se présente seul à l’arrivée et remporte ce Roc d’Azur 2023 en 2h18. Une belle revanche pour le Français, 2e sur le Roc d’Azur l’année dernière derrière Jordan Sarrou, et qui avait dû renoncer au doublé sur le Roc Marathon après un bris de chaîne avant-hier. Le voilà donc à la fois vainqueur du Roc Marathon et du Roc d’Azur, une performance que seuls trois hommes avaient réalisée jusqu’ici : Roel Paulissen, Christoph Sauser et Alban Lakata.

« J’avais prévu d’attaquer assez tôt, j’étais assez confiant sur mes sensations. Mais dès le départ ma tige de selle télescopique n’a pas marché et Mathis est extrêmement rapide en descente donc il m’a fait vraiment très très mal ! C’est bien, parce que ça a imprimé un gros rythme, moi dans les montées et lui dans les descentes, du coup au bout d’une heure on avait déjà pratiquement 1 minute 30 d’avance. On s’est bien entendu mais je savais qu’il ne fallait surtout pas que j’arrive avec un jeune comme Mathis au sprint donc je me suis fait mal dans la dernière grosse montée difficile du circuit et j’ai réussi à créer un petit écart. »

Visiblement très éprouvé, Mathis Azzaro prend la 2e place à une minute d’Hugo Drechou.

Une accolade avec son rival du jour puis le coureur du team Rockrider se pose un peu plus loin, avant de demander qu’on appelle les secours. La raison : une très grosse entaille au tibia, qui laisse même voir l’os… Quelques premiers soins plus tard, Mathis Azzaro raconte la course et revient sur sa chute :

« C’était une belle course, on a bien bataillé avec Hugo. Je savais que j’avais des cartouches à jouer dans les descentes, et je sentais Hugo assez fort dans les longues montées. J’ai fait une belle différence dans une descente, malheureusement avec mes lunettes, le soleil et la poussière j’ai tapé dans un arbre que je n’avais pas vu et je suis tombé dans les roches. Du coup j’ai fait 1h15 de course avec la jambe ouverte. Hugo m’a repris après ma chute, je me suis accroché, j’ai serré les dents. Après le Bougnon j’ai réussi à passer devant dans la descente et à lui mettre quelques secondes, puis je savais que si je ne basculais pas en haut de la dernière montée avec Hugo j’avais peu de chance de gagner. Il était plus fort dans la dernière montée, en plus j’ai commencé à cramper mais je suis parvenu à gérer mon effort jusqu’à la fin. Je suis content de monter pour la première fois sur le podium élites, c’est une deuxième place et maintenant je ne peux que m’améliorer. »

Auteur d’une fin de course très solide, l’ex-champion d’Europe de marathon Fabian Rabensteiner a distancé plusieurs concurrents pour venir sur le fil cueillir la 3e place. Il a ainsi évité le sprint qui se profile juste derrière…

… et qui oppose Axel Zingle, Aleksei MedvedevHector Paez Leon et Casey South. Un sprint finalement remporté par le coureur Cofidis, 4e. Derrière Zingle, Medvededv prend la 5e place, Paez Leon la 6e et South la 7e.

José Dias et Peeter Pruus terminent respectivement 8e et 9e.

A peine le temps de souffler qu’un autre sprint à 4 est lancé ! Romain Bardet est un peu court derrière Nathan Cornillon, mais il est passé quelques secondes plus tard sur le tapis de départ et termine donc tout juste dans le top 10 après correction des temps.

« C’était un superbe parcours, bien technique pour quelqu’un comme moi qui fait du VTT deux fois par an. Dans les bosses ça va bien mais dans les descentes je suis un peu limité par rapport aux autres donc je prends mon temps, mais je me fais plaisir ! »

Plus loin dans ce même sprint, Théo Demarcin devance Lorenzo Trincheri, mais là aussi les corrections de temps redistribuent les cartes, aussi bien pour le scratch que dans la catégorie des espoirs. Cette dernière est finalement remportée par Lorenzo Trincheri (11e), devant Nathan Cornillon (12e) et Théo Demarcin (13e).

Longtemps bien placé pour un top 5 voire même le podium, Daniel Geismayr termine finalement 14e, alors qu’Andreas Seewald, vainqueur du Roc Marathon vendredi, prend la 24e place.

Du côté de la course femmes, c’est Noémie Garnier qui a mené les débats de bout en bout. La championne de France U23 – retenue en France à cause d’examens et qui s’est alignée sur ce Roc à défaut d’aller à Mont-Sainte-Anne pour la coupe du monde -, a terminé devant ses compatriotes Constance Valentin et Marine Allione. Soit exactement l’ordre dans lequel elles étaient déjà lors de leur passage dans le Fournel.

Vous aimez le soleil, la poussière et vous faire un peu mal ? Alors rendez-vous en octobre 2024 pour la 40e édition du Roc d’Azur !

Résultats complets :

[gview file= »https://www.vojomag.com/app/uploads/2023/10/Roc-2023.pdf »]

ParChristophe Bortels