Roc 2024 | Roc d’Azur : la surprise du chef !
Par Christophe Bortels -
Ce dimanche, le Roc 2024 s’est clôturé en beauté avec un Roc d’Azur explosif et pas avare en suspense, où les Français n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires ! Reportage sur les lieux emblématiques de cette épreuve mythique :
Un peu avant 8h ce dimanche matin, les juniors prennent place sur la grille de départ pour leur Roc d’Azur, salués par un somptueux lever de soleil. Dans une bonne demi-heure, ce sera au tour des 2500 participants au « vrai » Roc d’Azur de s’élancer en plusieurs vagues, un départ donné par Pauline Ferrand-Prévot en personne.
Comme d’habitude ça va rouler très vite devant malgré les 55 kilomètres à avaler. Pour nous il est impossible d’assister au départ puis d’arriver à temps sur le parcours. Alors notre programme va à l’essentiel comme à chaque fois : la descente du Fournel, la montée du Col du Bougnon… et l’arrivée !
Première étape donc, la mythique descente du Fournel. Toujours très spectaculaire, c’est un haut-lieu de l’épreuve et le public y est chaque année très nombreux.
Après quelques éditions qui empruntaient la trace de gauche ( à gauche dans le sens de la descente, mais tout à droite sur l’image), celle de droite (à gauche sur l’image, vous suivez toujours ?) faisait son retour dans le parcours cette année.
En parallèle de la large trace principale et bien technique, une ligne plus étroite mais bien plus facile s’est créée à droite, derrière les buissons. C’est par là que risque de débouler la majorité du peloton…
Et de fait ! Mathis Azzaro ouvre la marche dans le Fournel, mais quelques mètres derrière apparaît le maillot de champion de France de Jordan Sarrou, déjà recordman de victoires sur le Roc et qui en ajouterait bien une cinquième à son palmarès.
Sarrou va toutefois devoir se défaire des Decathlon – Ford qui occupent trois des quatre places du groupe d’échappés à ce stade de la course ! Dans son sillage, Sarrou emmène en effet Joshua Debau et le futur retraité de la compétition Maxime Marotte. Le quatuor de tête compte une trentaine de secondes d’avance au bas du Fournel, après 12, 5 kilomètres de course.
Face à l’armada de crosseux français, pas mal de marathoniens déjà présents sur le Roc Marathon vendredi sont là pour en découdre. Parmi eux, Fabian Rabensteiner, Hector Paez Leon ou encore Daniel Geismayr (ici en photo) qui avait été contraint à l’abandon sur le marathon.
Plus loin dans la course, on aperçoit le retraité Stéphane Tempier venu se faire plaisir sur le Roc…
… tout comme Dylan van Baarle, membre de l’équipe route Visma et accessoirement compagnon de Pauline Ferrand-Prévot.
Grand habitué de l’épreuve qu’il a remportée à trois reprises (1997, 2004 et 2013), Miguel Martinez visait un top 50 cette année. Ce sera mission accomplie avec une 29e place !
Chez les femmes, parties 5 minutes après la première vague, la course s’annonce intéressante puisque la plupart des favorites se tiennent en quelques secondes ! C’est la Belge Emeline Detilleux qui ouvre la marche suivie de près par la vainqueure sortante Noémie Garnier, mais aussi Constance Valentin ou encore Sandra Mairhofer, 2e du Roc Marathon derrière Loana Lecomte vendredi.
Avant de filer vers le Bougnon, on apprécie le beau passage de Tatiana Tournut dans la ligne la plus technique du Fournel !
Nous voilà au Col du Bougnon, qui prend chaque année à l’occasion du Roc d’Azur des petits airs de col du Tour de France.
L’ambiance y est comme toujours bon enfant, et puisque la route menant au col est fermée à la circulation, c’est l’occasion pour ceux qui sont venus à vélo de se tester dans ces forts pourcentages.
Pas de quoi effrayer Axel Zingle de l’équipe Cofidis (sur son vélo de route !), 4e du Roc d’Azur en 2023 et venu assister à la course en simple spectateur cette année.
Aujourd’hui, pas de déguisement d’évêque, d’Obelix ou de Marsupilami, cette fois Flo et sa bande ont dressé une grande banderole au-dessus du Bougnon pour saluer la dernière course de Maxime Marotte.
Peu avant 10h, voilà enfin la tête de course à l’assaut du Bougnon ! Il est seul, il porte un maillot Decathlon – Ford…
… c’est Mathis Azzaro ! En forme sur les coupes du monde XCO outre-Atlantique ces dernières semaines, il compte quasi une minute d’avance après 35 km de course et semble bien parti pour s’adjuger son premier Roc d’Azur.
Jordan Sarrou mène seul la poursuite derrière l’homme de tête, pas évident quand il faut combler un écart conséquent.
Joshua Dubau est seul lui aussi, à une minute et demie de son co-équipier Matis Azzaro et à 30 secondes de Jordan Sarrou.
Comme prévu, le public explose au passage de Maxime Marotte ! Frissons… Et ça fait quatre Français aux quatre premières places du classement provisoire.
Maxime Marotte tire un petit groupe dans lequel on retrouve Samuele Porro, Hector Paez Leon et Andrea Candeago.
Un peu plus loin, un quatuor se dispute les dernières places du top 10. Sur ce, on file à l’arrivée !
Photographes et membres de la production TV (cette année la course était diffusée en direct sur L’Equipe et Youtube) peaufinent les derniers réglages en attendant l’arrivée et la première victoire de Mathis Azzaro sur le Roc…
… mais à la surprise générale, c’est le maillot bleu-blanc-rouge de Jordan Sarrou qui apparaît à l’entame de l’ultime ligne droite !
Ce n’est même pas serré, monsieur Roc d’Azur a tout le temps de savourer sa 5e victoire sur l’épreuve. Mais que s’est-il passé pour Mathis Azzaro ?!
Le voilà qui arrive quelques instants plus tard, la mine défaite.
On a enfin l’explication : terrassé par les crampes, Mathis Azzaro ne pouvait tout simplement plus pousser sur les pédales… « Je n’explique pas trop pourquoi mais au bout de 1h30 j’ai eu des crampes, et à la fin sur le plat je n’arrivais même plus à mettre 200 watts donc l’écart a fondu super vite. Jordan avait encore du jus et moi je n’avançais vraiment plus, la dernière demi-heure sur le vélo a été un vrai supplice. Je suis malgré tout content d’avoir pris la course en main, et de finir 2e. C’est une belle façon de clôturer la saison après ma 2e place la semaine dernière à Mont-Sainte-Anne. »
2014, 2016, 2019, 2022 et 2024 : battre son propre record de victoires, voilà qui vaut bien un lancer de bidon dans le public !
« C’était mal embarqué car Mathis a fait un trou dans la longue descente à mi-parcours, pour ma part je n’étais pas à 100 % dans les descentes car c’est très caillouteux et une crevaison est vite arrivée. Je pensais que c’était mort parce qu’il y avait plus d’une minute 30 d’écart avec Mathis, mais je n’ai jamais rien lâché et sur le plat à la fin je n’avais plus que 30 secondes de retard, puis on me disait 20, 15 secondes. J’ai fini par le voir et je me suis dit « je vais tenter le tout pour le tout ». C’est incroyable, je suis super content ! Je pense que c’était clairement ma victoire la plus dure à gagner au Roc parce que j’ai commencé à avoir des crampes aux ¾ de la course. »
Joshua Dubau, troisième à plus de 3 minutes du vainqueur, complète un podium 100% français !
Aux quatrièmes et cinquième places, on retrouve les marathoniens Hector Paez Leon et Samuele Porro.
Maxime Marotte prend la 6e place sur la dernière course de sa carrière pro.
Un supporter pas comme les autres à l’arrivée : son fils Louis !
C’est une belle 7e place sur ce Roc pour le jeune Italien Andrea Candeago.
Arrivés ensemble, Lorenzo Trincheri (8e), Nathan Cornillon (9e) et Lucas Serrières (10e) complètent le top 10.
Derrière Julian Burnet, 11e, le jeune Belge Théo Demarcin remporte le sprint pour la 12e place face à trois adversaires.
Chez les femmes, Emeline Detilleux a résisté aux assauts de ses concurrentes et s’offre un premier succès sur le Roc !
Elle devance Sandra Mairhofer (ici en photo) de plus d’une minute et Greta Seiwald de plus de 5 minutes.
On termine ce récit par une petite info amusante qui montre bien la démesure et le succès du Roc d’Azur : la dernière vague de l’épreuve s’élançait à 11h, autrement dit près de 20 minutes après l’arrivée du vainqueur !