Rencontre | Axel Allétru : même paraplégique, un champion reste un champion
Par Adrien Protano -
Se préparer pendant de longs mois pour l’évènement d’un jour tel que le Roc d’Azur, voilà le quotidien de nombreux cyclistes, dont fait partie Axel. À la différence que celui-ci a perdu l’usage de ses jambes dans un accident de motocross il y a 13 ans. Pourtant le Français n’avait qu’un objectif : terminer le Roc d’Azur 2023. Nous l’avons suivi dans son aventure. Récit :
Samedi 7 octobre 2023, 15h48, Axel Allétru passe la ligne d’arrivée du Roc d’Azur édition 2023, après plusieurs mois de préparation ! Mais avant la célébration de l’arrivée, laissez-nous vous expliquer en détails comment on en est arrivé là :
La rencontre au B’twin Village :
C’est au sein du B’twin Village que nous faisons la rencontre d’Axel Allétru durant le mois de septembre. Si ce nom ne vous est peut-être pas totalement inconnu, c’est que le Français a été multiple champion d’Europe et vice-champion du monde junior de BMX, avant de devenir l’un des espoirs du motocross français, dans l’une de ses plus belles cuvées (avec notamment Marvin Musquin, Gautier Paulin ou encore Valentin Teillet). Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Le passionné de deux-roues nous raconte son histoire :
Axel : « C’est par le BMX que tout a commencé pour moi. À force de déraper dans le jardin sur mon vélo, mes parents m’ont inscrit au club le plus proche, le LUC ici à Lille. Aussi loin que je me souviens, j’ai toujours voulu être un champion. J’adorais déjà la vitesse et la compétition. J’ai fini par être champion d’Europe junior de BMX à trois reprises, et deux fois champion du monde junior. »
« Mon père m’avait promis que si j’étais champion d’Europe de BMX, il m’achetait une moto… Pas de chance pour lui je l’ai été à plusieurs reprises (rires). C’est lui qui m’a donné envie de rouler en moto, notamment avec ses participations à l’Enduro du Touquet. »
« Je suis ensuite devenu pilote professionnel de motocross en 2009, juste après avoir été vice-champion du monde et vainqueur du MX International Master Kid. J’ai intégré l’équipe KTM à mes 18 ans et j’ai pris part aux manches de MXGP (NDLR : Championnat du monde) en MX2. »
« Le 27 juin 2010, sur la septième étape du championnat du monde à Kegums, en Lettonie, j’ai pris un bon départ et j’étais en 5e position. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. J’ai perdu le contrôle de ma moto à trois mètres au-dessus du sol, et je suis retombé sur le bas du dos. J’ai senti un grand crac et, toujours conscient, je n’avais plus aucune sensation dans les jambes. Les moyens médicaux n’étant pas aussi développés que chez nous, ça n’a pas été facile pour me rapatrier. »
Le verdict est sans appel : la vertèbre lombaire fracturée est trop abîmée, il va falloir procéder à son ablation. Axel Alletru est paraplégique.
Axel : « La première question que j’ai posée au docteur une fois en France a été : est-ce que je vais remarcher un jour ? C’était très dur, de se retrouver comme cela du jour au lendemain avec des jambes qui ne fonctionnent plus. De devoir voir la vie en fauteuil, où tu as l’impression que tout le monde te regarde de haut… Mais j’ai décidé de rester positif et de ne pas me résigner à ce qu’on m’avait dit : je savais que je pouvais réussir à remarcher ! »
Après 567 jours de rééducation, Axel parvient à remarcher à l’aide de béquilles et d’attelles. « Je pense que la culture du sport et du dépassement de soi m’ont beaucoup aidé dans cette bataille », explique Axel. « Un jour, j’ai regardé une compétition de natation à la télévision et je me suis pris à rêver de sport. À partir de ce moment-là, la rééducation s’est transformée en préparation. »
Un an jour pour jour après son accident, Axel participe au Championnat de France handisport de natation, mais il ne s’agit là que la première étape pour le jeune Français… Le jeune homme va enchaîner les titres de champion de France (douze au total) et va s’offrir un titre européen, avant de viser les Jeux paralympiques de Rio 2016, accompagné par la marque natation de Décathlon, Nabiji. Malheureusement, son impressionnante rééducation va mener les experts à le surclasser dans la catégorie paralympique supérieure (S8, en lieu et place de S7), là où il ne pourra pas rivaliser.
Retour aux premières amours ! Après la natation, place aux sports mécaniques.
« Après cette grande aventure en natation, je suis revenu à mes premières amours, les sports mécaniques ! J’ai eu la chance de m’aligner sur le Dakar 2020 en catégorie SSV (NDLR. buggy de série) » détaille Axel.
Après deux semaines de course au milieu du désert, Axel termine septième du classement général, premier Français et premier au sein de cette catégorie « buggy de série ».
En plus de ces multiples défis sportifs, Axel a décidé de partager son histoire et les multiples enseignements qu’il a pu en tirer en devenant conférencier professionnel. « Derrière l’impossible, se cache toujours un possible », comme aime le dire Axel.
Mais quel rapport avec Rockrider ou bien même avec le B’Twin Village finalement dans tout cela… ? On vous explique !
Son parcours avec Rockrider :
Après avoir partagé son aventure du grand bassin avec la marque Nabaji, segment natation de chez Decathlon, c’est en partenariat avec Rockrider qu’Axel a imaginé son prochain défi : boucler l’épreuve du Roc d’Azur.
Dans cette démarche, Rockrider travaille main dans la main avec Axel pour lui permettre de mener à bien ce défi. Au-delà du vélo, c’est également par la case vêtements que cela se passe : Axel met les produits de la gamme à l’épreuve, source de feedbacks intéressants pour la marque, tandis que Rockrider adapte ses produits pour que ceux-ci conviennent au mieux au pilote. L’exemple parfait se trouve au niveau du cuissard, avec une peau de chamois trop fragile pour Axel : étant donné la perte importante de ses muscles inférieurs, les os de son fessier ressortent davantage et usent à vitesse grand V les cuissards.
Axel est aussi très attentif à l’esthétique ainsi qu’au look final du produit et n’a pas sa langue dans sa poche au moment de donner son avis à l’équipe textile.
C’est également l’occasion d’avoir un aperçu des coulisses du développement des produits que l’on peut trouver en magasin, et de toute l’équipe qui travaille derrière ce prochain short ou cette future veste de la marque Rockrider !
Au niveau du vélo, c’est un Rockrider E-Expl 520S qui accompagne Axel dans ce défi. A part l’amortisseur de série remplacé par un amortisseur à ressort, aucune modification majeure n’a été effectuée sur le vélo d’Axel. « Rockrider m’aide à trouver les bons réglages sur le vélo, et j’en suis super content. Ils sont très attentifs », explique Axel. Pour en savoir davantage sur ce modèle, retrouvez notre prise en main juste ici : Prise en main | Rockrider E-Expl 520 S-700 S : gros succès en vue
Le Roc d’Azur :
Nous voilà le jour J ! Place aux derniers réglages des vélos, la petite photo de groupe souvenir et direction la ligne de départ pour se placer avant le top départ.
Pour relever ce défi, Axel est entouré d’une équipe tout sourire ! Le plus à droite, le père d’Axel a tenu à accompagner son fils dans ce nouveau défi, doublé de Philippe, un ami de la famille. Le reste du groupe est en provenance de chez Rockrider directement, avec Guillaume, Éric (responsable des relations presse et social média) et enfin Raffaele (chef de produit VTTAE).
C’est parti pour les 48,7 km et presque 1200 m de dénivelé positif qui attendent la joyeuse équipe !
L’ambiance est détendue au sein du groupe, et au-delà d’un sacré défi sportif pour Axel, c’est littéralement une aventure humaine d’une journée que le groupe va partager !
Les premières ascensions du parcours se dessinent, avec pour récompense les premiers panoramas sur la côte. À la surprise générale, Axel tient un rythme effréné et n’hésite pas à prendre le large le temps de quelques mètres. Cap sur la bien connue descente du Fournel !
Arrivé au sommet, c’est Raffaele qui ouvre la trace pour le reste du groupe. Avec ses nombreux rochers apparents et ses quelques passages techniques délicats à négocier, bon nombre de concurrents préfèrent passer à pied.
Avec un solide coup de guidon, comme s’il avait été champion du monde de BMX ou pilote professionnel de motocross auparavant… Axel s’attaque aux premiers franchissements et descend avec aisance.
Pourtant originaire de Lille, Axel semble très bien s’accommoder de ce terrain du sud, fuyant et rocailleux. La descente du fournel, c’est validé !
Descendre pour mieux remonter ! Quatre kilomètres d’ascension se dressent devant le groupe jusqu’au prochain ravitaillement baptisé « Car brûlé ». Le soleil commence à taper et la température dépasse les 30°C sur ces larges sentiers exposés.
Le pire scénario pour Axel est évidemment de venir à s’arrêter dans une ascension suite à une mauvaise trajectoire ou une petite faute technique, ou d’être bloqué dans une montée par d’autres concurrents. Impossible pour lui de poser le pied à terre ni de redémarrer seul. Dans ces cas-là, il fait donc appel à un ami pour un petit « coup de main ».
Axel et ses comparses du jour marquent une pause bien méritée une fois arrivés au ravitaillement et un petit changement de batterie sur le vélo d’Axel s’avère nécessaire. Deux batteries supplémentaires ont été emportées dans les sacs à dos par l’équipe en cas de besoin, l’une réservée à Axel et la seconde pour une personne de l’équipe.
Perdu au milieu des terres de l’Esterel, Axel fait la rencontre de deux pilotes admiratifs de son parcours et très heureux de le rencontrer après avoir suivi avec attention son histoire durant ces dernières années.
Et c’est reparti ! S’il reste encore la moitié des kilomètres à parcourir, une grosse partie du dénivelé a par contre déjà été effectué, à hauteur d’environ 2/3 du dénivelé total.
Pas d’incompréhension, il reste encore de sacrées côtes à venir pour Axel et le reste du groupe ! Prévoyant et attentif, Axel parvient à déjouer les différents pièges du parcours à l’image de ce virage en épingle montant.
Avec toujours la mer en toile de fond, difficile de se plaindre du cadre durant ces ascensions.
Mais même avec toute la détermination du monde, certains passages sont infranchissables sur le vélo. Là tout se complique, Axel est obligé d’être aidé pour atteindre le sommet. Il est évidemment incapable de marcher seul sans ses béquilles, et c’est donc son Papa ainsi que Raffaele qui vont les remplacer.
Quand la pente s’inverse, Axel n’hésite pas une seconde et lâche les freins. Quelle ambiance dans cette forêt où les rayons du soleil jouent avec la poussière soulevée par le passage des pilotes !
Le groupe se tire la bourre, tout le monde prend un malin plaisir dans cette jolie descente, des rires et exclamations s’entendent jusqu’au bas du singletrack.
Pour la dernière ascension du parcours, c’est un système de traction qui est utilisé par l’équipe pour aider Axel, similaire au Zefal Bike Taxi dont vous a déjà parlé : Test | Zéfal Bike Taxi : partage de mollets. Le principe est assez simple : Axel accroche la corde de tractage à son cintre, qui est reliée à l’arrière du vélo de Raffaele, et ce dernier donne la force supplémentaire nécessaire à Axel pour arriver au sommet. Physique pour Raffaele, technique pour Axel, cette dernière montée n’a pas été de tout repos !
On approche de Fréjus, avec le populaire sentier des douaniers ! Les pieds, ou plutôt les roues quasi dans l’eau !
Nous voilà sur la ligne d’arrivée de ce Roc d’Azur 2023 où le public acclame les finishers !
C’est fait, Axel passe la ligne d’arrivée entouré de ses compagnons du jour, et relève un défi de plus de sa liste !
« Ça a été, ce n’était pas trop dur finalement, si ? (rires) Mes jambes sont mortes, mais c’était super cool ! », s’exclame Axel tout sourire juste après le passage de la ligne.
Retour sur le stand de Rockrider pour le débrief d’après course : « C’était ma première fois sur le Roc d’Azur et l’ambiance est vraiment trop cool ! C’était une super découverte. Je dois dire que tout s’est bien déroulé. J’avais de bonnes sensations en m’élançant ce matin et j’ai pris beaucoup de plaisir. Ça a été difficile de gérer les embouteillages et les imprévus de parcours, quand au détour d’un virage je faisais face à une grosse difficulté. Mais le groupe avait un super esprit d’équipe, et tout le monde m’a beaucoup aidé dans les galères. Je tiens à remercier chaleureusement tout le monde, et particulièrement Rockrider pour leur accompagnant et le vélo de dingue qu’ils m’ont mis à disposition. »
Merci Axel pour cette aventure sportive et humaine !
Pourtant, c’est par un remerciement dans le sens contraire, destiné à Axel, que votre humble serviteur désire conclure cet article. Merci de nous avoir offert ta sympathie, de nous avoir ouvert une partie de ton aventure humaine et de partager de l’inspiration comme tu le fais. Cette édition 2023 du Roc d’Azur restera particulière.
Évidemment, Axel n’est pas encore décidé à s’arrêter là et compte bien continuer à inspirer autant de gens que possible autour de lui, et à relever de nouveaux défis. Restez attentifs, il se pourrait même que vous l’aperceviez sur les petits écrans prochainement !