Rencontre | Anna van der Breggen : après avoir tout gagné sur route, elle s’essaie au vtt !
Par Jan Geys -
Son nom ne vous dit peut-être pas encore grand chose si vous ne vous intéressez pas aux courses sur bitume, mais Anna van der Breggen est championne du monde et championne olympique en titre sur la route. Eh oui, rien que ça ! Cependant, pour le printemps, Anna van der Breggen a des projets un peu différents cette année. On ne la verra ni sur le Tour des Flandres, ni sur l’Amstel Gold Race, mais sur le… Cape Epic, où elle fera d’emblée figure de favorite avec son équipière Annika Langvad. Nous avons profité de sa première incursion vtt de la saison à Chypre pour lui poser quelques questions !
Après l’ère de l’hyper spécialisation, une nouvelle génération de coureurs semble vouloir prendre une autre voie. Touche-à-tout de génie, Pauline Ferrand-Prevot et Mathieu van der Poel sont les premiers exemples qui viennent en tête en matière de coureurs multi-disciplines. Bientôt, on pourra aussi ajouter le nom de la Néerlandaise Anna van der Breggen, la championne olympique et du monde sur route qui aime aussi beaucoup le vtt et qui prévoit d’y faire quelques incursions à l’avenir.
Comme l’an dernier, elle a passé quelques semaines à Chypre, où elle a travaillé sans relâche pour améliorer ses qualités de vttiste sous l’œil attentif d’une prof de choix : la Danoise Annika Langvad (qui a d’ailleurs, elle aussi, brillé sur « route » ce week-end en prenant la 2e place des Strade Bianche, la course Pro Tour la plus gravel de l’année. Désormais, toutes les deux ont un seul objectif en tête, briller dans la plus grande course par étapes de VTT : le Cape Epic.
Anna, était-ce difficile de convaincre la direction de l’équipe de participer au Cape Epic ?
Non, pas du tout ! En fait l’idée venait même du staff. Le team est sponsorisé par Specialized, qui était demandeur et puis, c’est comme une sorte d’échange de bons procédés puisqu’Annika va aussi faire quelques courses sur route pour nous. Concernant le Cape Epic, tout s’est fait assez naturellement et la direction de l’équipe a accepté immédiatement.
Et toi, comment as-tu accueilli cette proposition ?
Je dois avouer que j’ai beaucoup douté.Il faut être prêt techniquement et physiquement, la course est très dure. En fait il faut dédier tout son printemps au Cape Epic et adapter tout son planning en fonction. Il faut vraiment le vouloir et être motivé. Puis, je suis toujours championne du monde sur route et ce n’est pas facile pour moi de manquer des classiques.Je devais donc bien y réfléchir avant et tout planifier correctement. Mais j’ai décidé de le faire ! Car c’est différent et je pense qu’il faut toujours se renouveler, tenter de nouvelles choses quand on en a l’opportunité.
L’équipe prend aussi le risque qu’après le Cape Epic tu laisses le vélo de route au garage et que tu poursuives dans le VTT…
Non, j’aime bien le VTT, mais je ne pense tout de même pas ! Je veux encore montrer mon maillot arc-en-ciel sur la route, même si je devrai me ré-habituer à rouler avec ces petits pneus étroits et fragiles…
As-tu encore d’autres plans VTT plus concrets pour l’avenir ? A tout hasard, la coupe du monde…
Pas pour le moment, mais je dois quand même regarder le programme après Cape Epic.Une coupe du monde est différente de cette course ici à Chypre (l’Afxentia Stage Race, NDLR) qui prend quatre jours, ce qui en fait un très bon bloc d’entraînement en plus d’être une bonne répétition pour le Cape Epic.Une coupe du monde vtt ne dure qu’une bonne heure, mais vous êtes parti pendant une semaine. En février/mars, il est plus facile de planifier des courses VTT que pendant la saison estivale, où se déroulent les coupes du monde off-road. Mais je ne ferme pas complètement la porte.
Et les Jeux Olympiques ?C’est tentant de se dire qu’on peut-être la première personne dans l’histoire à remporter les deux titres, route et VTT…
Il ne faut jamais dire jamais, mais pour 2020 ce n’est pas le plan. Les parcours des Jeux Olympiques sont souvent un peu moins techniques, mais il me reste à voir s’ils peuvent être combinés avec la course sur route.Et si nous avons droit à deux places de départ avec les Pays-Bas, il y a les deux autres Anne (Terpstra et Tauber, ndlr) qui font tout pour ça et je n’irai certainement pas les priver d’une sélection.Cependant, si nous parvenons à avoir trois places au départ, j’avoue que je me pencherai sur la question ! Avec l’équipe, nous avons prévu d’aller repérer le tracé de la course sur route de Tokyo cette année. Je pense que j’en profiterai pour aller jeter également un coup d’œil sur le parcours vtt. On ne sait jamais.Mais il se peut aussi que je me dise de suite que ce n’est pas pour moi et que j’abandonne aussi vite l’idée.
Quel bilan tires-tu de ces semaines d’entraînement VTT à Chypre avec Annika Langvad ?
Clairement, j’ai appris énormément de choses.L’année dernière, j’avais trouvé les descentes effrayantes car c’est différent des Pays-Bas à Chypre.Mais cette année, j’ai de suite vu que cela allait mieux et cela ne cesse de s’améliorer. Du coup, j’aime aussi de plus en plus rouler à VTT.Annika m’apprend quelles lignes suivre, à repérer les endroits clés des parcours, etc.Je la regarde et je me dis « si elle peut le faire, je peux le faire ». Du coup, ma confiance a vraiment grimpé en flèche.J’ai de bonnes sensations sur le vtt désormais et je suis maintenant impatiente de découvrir le Cape Epic !
Pour suivre les aventures d’Anna et Annika sur le Cape Epic, rendez-vous sur Vojo bien entendu, où vous pourrez suivre la course en direct au jour le jour !