Cycle menstruel et vie d’athlète : l’avis de Jolanda Neff, Myriam Nicole et Isabeau Courdurier

Par Bérengère Boës -

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Cycle menstruel et vie d’athlète : l’avis de Jolanda Neff, Myriam Nicole et Isabeau Courdurier

Quel type d’impact peuvent avoir les règles sur les athlètes féminines ? Comment nos vététistes gèrent-elles ce phénomène à l’entraînement ou lors des compétitions ? Jolanda Neff, Myriam Nicole et Isabeau Courdurier, trois des meilleures athlètes au monde dans leurs disciplines respectives, ont bien voulu nous répondre.

Avant-propos

Ne prenez pas peur. Cet article ne se veut ni scientifique, ni barbare. L’objectif n’est pas d’analyser l’impact que peuvent avoir ces fameuses règles médicalement parlant. J’ai eu envie de parler de ce sujet plutôt tabou dans le sport en général car OUI, hormonalement parlant les femmes ne sont pas faites pareilles que les hommes. Que OUI, elles subissent chaque mois un chamboulement conséquent qui peut influer sur leurs performances sportives. Et que OUI, cela peut perturber malgré elles leurs performances alors que sportivement parlant elles ont mis toutes les chances de leur côté pour réussir le jour J.

Comment Jolanda, Myriam et Isabeau se sont-elles adaptées ? Quelles sont les problématiques qu’elles ont pu rencontrer ou solutionner ? Est-il facile d’en discuter avec leur entraîneur ? Voici les thèmes que nous avons abordés ensemble.

Jolanda Neff

31 ans, Suissesse, Trek Factory Racing XC

  • Championne olympique de XCO en 2021
  • 2x championne du monde de XCO Elites, 2x médaillée d’argent, 3x championne du monde de XCO Espoirs
  • Championne du monde de XC Marathon en 2016, médaillée de bronze en 2022
  • 13 victoires en coupe du monde de XCO Elites, 3x vainqueur du classement général (2014, 2015, 2018)
  • 4 victoires en coupe du monde de XCC (short-track)

Myriam Nicole

34 ans, Française, Commencal / Muc-Off

  • 2x championne du monde de DH Elites, 3x médaillée d’argent, 2x médaillée de bronze
  • 9 victoires en coupe du monde de DH Elites, vainqueur du classement général en 2017

Isabeau Courdurier

30 ans, Française, Lapierre Zipp Collective

  • 19 victoires en Enduro World Series et coupe du monde d’enduro, 3x vainqueur du classement général (2019, 2022, 2023)

Précisons avant tout que trouver des athlètes capables de parler de ce sujet n’a pas été évident. Tout d’abord car ce sujet est, je le répète, encore trop tabou et peut donc mettre mal à l’aise les athlètes. Que par ailleurs, certaines sont naturellement peu affectées par l’effet des règles (oh les chanceuses !) car elles ont un syndrome prémenstruel peu gênant. Enfin, que certaines ne sont plus « embêtées » par ce facteur car elles souffrent d’aménorrhée, c’est-à-dire qu’il y a une absence de règles. Ce dernier cas souvent provoqué par le manque de matières grasses dans le corps chez les sportives de haut niveau est un autre sujet peu évoqué sur lequel je reviendrai tout à l’heure.

Pour l’heure, rappelons brièvement que : « Les règles sont un phénomène normal, naturel et propre à chaque femme. On appelle règles les écoulements sanguins que les femmes vivent chaque mois pour une durée allant de 3 à 7 jours, et ce dès la puberté jusqu’à la ménopause. Lorsqu’à la puberté, une jeune fille a ses premières règles, cela signifie que son système reproducteur est arrivé à maturité. En d’autres termes, son appareil génital est prêt à accueillir une grossesse. Les premières règles surviennent généralement entre 10 et 16 ans. » (définition tirée de gynandco).

La vie d’athlète

Alors imaginez, 3 à 7 jours en moyenne, chaque mois. Bienvenue dans l’univers de la femme. A côté de ça, les impératifs et objectifs s’enchainent les uns après les autres. Comment s’en sortent les athlètes questionnées ?

Jolanda Neff ouvre le bal et déclare en toute transparence : « La façon dont vous vivez vos règles est individuelle, mais pour moi, le début des règles, le premier jour et même la veille, sont les pires. J’ai très mal au ventre et au dos, et souvent des crampes abdominales. Personnellement, je préfère donc avoir mes règles et une mauvaise course de temps en temps mais en sachant que je suis une femme saine. D’un autre côté, j’ai aussi des courses extraordinaires… La balance est plutôt équilibrée ! Et puis, je suis capable de vivre une vie saine en tant que femme à part entière. »

Isabeau a trouvé le compromis qui lui convenait en un changement : « J’ai pris la pilule pendant de nombreuses années et mes règles étaient assez douloureuses mais surtout très fatigantes. Je passais deux jours à chaque fois très difficiles avec de fortes migraines alors j’ai changé de contraception pour minimiser l’impact des règles sur mes performances et j’ai opté pour un implant contraceptif. Je n’ai plus de cycles mais des fluctuations hormonales qui affectent moins mes performances. »

Pour Myriam Nicole, la remise en question de ses habitudes est arrivée un peu par hasard : « Je chute lors des entraînements à Val Di Sole en 2019. Je vais à l’hôpital, on me fait un scanner et on me trouve un kyste au foie qui se révèle être certainement dû à la prise de la pilule depuis des années. Je prends forcément peur bien qu’heureusement, ce kyste se révèle bénin après coup. Je remets tout de même en question mon mode de contraception et je décide d’arrêter la pilule sur le champ. J’essaye d’autres moyens de contraception et je me mets à devoir gérer des cycles naturels avec tout ce que ça comporte et j’avoue que c’était vraiment compliqué lorsqu’on a de gros entraînements à encaisser à côté, tous les symptômes sont accrus. »

Pour la contraception, elle a fait le choix de revenir à la pilule : « C’est clairement la voie de la facilité. Après avoir rencontré d’autres personnes dont une endocrinologue anglaise spécialisée dans le sport féminin, c’est la méthode la plus facile et elle n’est pas si mauvaise. »

Lorsqu’on parle de cycle menstruel, cela sous-entend pour certaines/beaucoup/bon nombre d’entre nous un trouble récurrent qui se caractérise par de l’irritabilité, de la fatigue, de l’anxiété. Il est également possible d’avoir des maux de tête, des douleurs au dos, aux seins, au ventre, et puis des problèmes digestifs ou encore dermatologiques. Bref, un beau jackpot qui pointe le bout de son nez pendant les 5 jours précédant le cycle. Myriam complète : « Ce fameux syndrome ne touche pas toutes les filles, apparemment 20 % n’ont aucun souci. Il est clair que si je n’avais pas à pousser mon corps à bout, ce serait gérable et supportable. Mais là, j’ai dû me poser les bonnes questions et je me suis énormément renseignée sur le sujet lors de ma convalescence l’an passé. D’ailleurs je pense que toutes les filles devraient avoir cette approche et devraient essayer de se connaitre et de mieux connaitre son corps. Le coach peut nous aider mais je pense que ce n’est pas son rôle ici. » 

Très touchée par le sujet, Jolanda rajoute : « Je pense que c’est un sujet super important et qu’il y a beaucoup trop peu d’éducation à ce sujet. Presque personne n’en parle jamais publiquement, et pourtant tant de filles – surtout en XCO où le poids est beaucoup plus important qu’en DH ou enduro – se battent avec ça. »

S’entraîner, avec ou sans son cycle ?

Myriam pointe un autre sujet important : à ce niveau, les athlètes ne travaillent pas seules mais ont un ou plusieurs coachs autour d’elles pour arriver en forme, physiquement et techniquement, au bon moment. Il y a bien sûr des femmes dans ce milieu mais le monde du VTT étant encore très masculin, la plupart des coachs sont des hommes aujourd’hui. Néanmoins, impossible de ne pas tenir compte des règles dans une préparation sportive, tant leurs effets peuvent être importants sur toute la durée du cycle.

Pour Isabeau et Myriam, aborder le sujet se fait assez naturellement : « J’ai toujours discuté ouvertement du sujet des règles avec mes entraîneurs. Étant donné que l’impact chez moi est désormais faible, je lui fais simplement part des jours où je me sens mal et où j’ai besoin d’adapter mon activité », explique la première. Même son de cloche chez la descendeuse : « J’ai un caractère où je n’ai pas de mal à en parler, je n’ai pas de filtre », qui poursuit : « Je peux comprendre que certaines personnes plus introverties vont avoir des soucis mais je pense qu’avoir une case, savoir où on en est reste important. C’est réellement quelque chose à prendre en compte. »

De l’autre côté de la barrière, on a posé la même question à Nicolas Filippi. Entraîneur reconnu, il travaille aujourd’hui avec six femmes dont Isabeau Courdurier, Morgane Charre, Marine Cabirou ou encore la championne de France Juniors de XC Lise Révol. Pour lui, « ce n’est pas facile, surtout quand on est un mec et qu’on parle à une femme, mais le discours passe par là. Il ne faut pas forcément prendre des pincettes mais c’est un sujet qu’il faut aborder. Je passe souvent par un questionnaire et si je vois dessus que l’athlète ne cherche pas à développer, je vais rester discret et on abordera le sujet plus tard. Ça reste un sujet très tabou de manière générale, même si ça l’est beaucoup moins pour les descendeuses et les enduristes qu’en XC. »

Myriam et Nicolas s’accordent aussi pour dire que si cela fait partie de la compétence du coach de connaître le fonctionnement général des cycles, c’est avant tout à l’athlète de se renseigner : « J’ai le même ressenti, car c’est très personnel. En tant qu’entraîneur on ne peut pas avoir une influence, on est obligé de s’adapter au moment voulu. Si on détecte une anémie, j’oriente ou je pousse à consulter un médecin pour ne pas laisser quelque chose s’installer, mon rôle est plutôt là », développe l’entraîneur.

Au-delà des variations d’humeur et des effets plus ou moins agréables auxquels nous sommes presque toutes habituées, le cycle hormonal pourrait également avoir un effet sur la performance. Pourrait ? Évidemment, car bien que les femmes aient leurs règles depuis aussi longtemps que l’espèce humaine existe, leurs relations avec la performance physique n’a pas encore beaucoup été étudié et il n’y a pas, à l’heure actuelle, de consensus dans le monde scientifique.

Pour Jolanda Neff toutefois, la réponse est claire : « lorsque vous regardez le classement des filles, il y a beaucoup plus de fluctuations que chez les hommes ; certaines filles peuvent être dans le top 5 et la semaine suivante, elles sont 30e – pourquoi ? Je suis sûre que le cycle joue un rôle important à cet égard, sur comment le corps se sent et comment on peut être performante sur le plan physique. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être faible ou forte, c’est juste être humain et être une femme en bonne santé. »

Et d’ajouter un exemple avec la dernière coupe du monde à Vallnord, fin août 2023 : « Lors du XCC, j’ai été retirée selon la règle des 80 % [les athlètes à plus de 80 % du temps de la tête de course doivent sortir du circuit, afin d’éviter d’avoir trop de retardataires], ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant, et j’ai eu mes règles le lendemain. D’une certaine manière, c’était encore pire parce que pendant la course, je n’avais pas mes règles et je ne comprenais pas ce qui se passait, j’étais si triste, tout mon corps me faisait mal, mon ventre, mon dos mais je ne comprenais pas. D’habitude, je prends des notes et je sais quand les règles arrivent, mais honnêtement, ce jour-là, en Andorre, je n’y ai même pas pensé. »

A l’inverse, le pic d’œstrogènes lors de l’ovulation pourrait conduire à de meilleurs résultats, et la championne olympique de 2021 en témoigne : « Pendant cette période je suis heureuse, j’ai tellement d’énergie et tout est simplement extraordinaire. J’ai pu remporter de belles courses à ce moment-là. »

De là à s’entraîner en fonction de son cycle ? Myriam Nicole n’en est pas convaincue : « Il y a plein de choses à faire et à comprendre, tel complément à prendre, avoir besoin de plus de glucides, un lifestyle à gérer… Je n’ai pas fini d’effectuer les recherches, apparemment il faut s’entraîner en fonction de ces cycles. Je ne suis pas sûre que ce soit la solution. » Isabeau complète : « Sans avoir de cycle c’est difficile pour moi de savoir où j’en suis du point de vue hormonal mais je ressens néanmoins des variations au niveau de mon énergie. Je fais très attention à maintenir un apport en protéine suffisant et j’accorde beaucoup d’importance à mon sommeil, c’est ce qui me permet d’éviter le plus les coups de moins bien. »

Trop vite, trop haut, trop fort

Toutefois, au-delà de la recherche ultime de performance des athlètes de haut niveau, ne pas tenir compte de son cycle fait surtout courir le risque de dysménorrhées : l’aménorrhée (absence de règles) ou l’oligoménorrhée (règles insuffisantes). Jolanda Neff développe : « Ce que l’on oublie souvent, c’est que ne pas avoir ses règles parce que l’on est trop maigre, même si cela peut être agréable sur le moment parce que cela n’a pas d’effets négatifs sur l’entraînement ou la course, ça peut être préjudiciable à la santé et à la vie à long terme. J’ai entendu parler de filles en XCO qui n’ont jamais eu leurs règles de toute leur vie parce qu’elles étaient déjà trop maigres avant d’entrer dans la puberté et qu’elles n’ont même jamais eu de puberté. Elles sont maigres et gagnent des courses, mais elles compromettent leur santé et ne pensent probablement pas à long terme. »

La Suissesse ne croit pas si bien dire : les dysménorrhées sont très fréquentes dans les sports d’endurance, on estime que 65 % des athlètes en course à pied et 70 % des cyclistes sont concernées. Et l’absence ou l’irrégularité des saignements n’est que le symptôme d’un mal plus profond et plus dangereux, le dérèglement hormonal. Une aménorrhée qui dure trop longtemps (hors grossesse) peut entraîner de l’ostéopénie, c’est-à-dire une baisse de la densité de l’os. Le squelette est fragilisé et on est plus sensible aux blessures.

S'il vous plaît, si vous êtes une femme et que vous n'avez pas de règles régulières, vous devez changer quelque chose. Si vous n'avez pas vos règles, c'est un appel à l'aide de votre corps.
Jolanda Neff

Pour Jolanda, la situation est critique et elle pousse un cri d’alarme : « S’il vous plaît, si vous êtes une femme et que vous n’avez pas de règles régulières, vous devez changer quelque chose. Il se peut que tu sois trop maigre et que tu aies besoin d’un peu plus de poids. Ce n’est pas normal de ne pas avoir de règles. Les voyages, les courses, l’entraînement peuvent aussi avoir une grande influence, mais même dans ce cas, vous devez avoir vos règles de temps en temps pour être une femme en bonne santé. Si vous n’avez pas vos règles, c’est un appel à l’aide de votre corps et un signal d’alarme rouge clignotant qui indique que vous devez changer quelque chose de toute urgence. »

L’une des pistes d’explication de cette prévalence si importante serait à chercher du côté des méthodes d’entraînement : pour la plupart conçues par des hommes et avant tout pour des hommes, elles cherchent entre autres à abaisser le taux de masse grasse aux limites de l’acceptable, considérant que ce n’est pas une masse « utile » (ce n’est ni de l’os, ni du muscle). Or, la masse grasse d’une femme en bonne santé est naturellement supérieure à celle d’un homme en bonne santé et doit le rester : elle doit se situer entre 17 et 22 % du poids total pour que le corps puisse transformer les androgènes en œstrogènes.

La parole publique

Une autre piste, c’est bien sûr celle du tabou. Aujourd’hui, les règles sont un sujet peu abordé dans l’espace public, même pour celles qui nous en parlent ouvertement en privé. Jolanda reconnaît ainsi « n’en [avoir] jamais parlé en public ou dans une interview. D’une part parce que je ne veux pas trouver d’excuses et d’autre part parce que je ne veux pas diminuer la performance du vainqueur. Si elle gagne, c’est qu’elle a fait quelque chose de bien, et c’est sa victoire. Je n’ai donc pas besoin de minimiser cette réussite en racontant ma propre histoire. J’ai déjà participé à des courses où j’étais sûre que si je n’avais pas eu mes règles, j’aurais été beaucoup plus rapide. Cela a été le cas lors d’un championnat du monde, j’ai eu mes règles et c’était très douloureux, mais j’ai terminé sur le podium. J’étais tellement convaincue sur la ligne d’arrivée que j’aurais pu être plus rapide si je n’avais pas eu mes règles. Mais pour être honnête, je ne l’ai dit à personne. »

Même approche pour Myriam en descente : « Pour moi ce n’est pas une excuse sachant qu’il peut y avoir des hormones qui peuvent être nos super atouts. C’est quelque chose qui s’apprend à gérer, si je n’avais pas cherché je n’aurais pas compris. On a des symptômes mais deux semaines après mes règles, je sais aussi que c’est le jackpot. »

Or, si on laisse chacune se débrouiller avec ses potentiels problèmes, comment faire avancer les choses et éviter que les mêmes schémas se répètent inlassablement ? L’adage dit « seule on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Si une femme a trouvé à force de recherches et de travail une solution qui lui convient, c’est une excellente chose pour elle mais le regard de la société, la prise en compte, les méthodes d’entraînements ou tout simplement l’éducation à ce sujet pour les jeunes filles n’évolueront pas tant que toutes les femmes n’en parleront pas.

Jolanda Neff reprend : « A l’inverse, sur l’une des plus belles victoires de carrière, je me disais même qu’il serait très drôle de dire à l’arrivée de l’interview qu’aujourd’hui, j’ai eu mon ovulation et que je me sens très bien à cause de cela. Je ne l’ai pas fait, je n’ai rien dit à personne… parce que personne ne parle jamais de la menstruation ? Je me souviens encore que Gunn-Rita [Dahle-Flesjå, championne olympique de XCO en 2004, 6 fois championne du monde de XCO et 4 fois de XCM] avait mentionné une fois lors d’une interview sur la ligne d’arrivée qu’elle avait ses règles et qu’elle n’était pas aussi performante que d’habitude à cause de ça, et qu’elle a reçu tellement de commentaires négatifs après cela. Par la suite des gens sont venus me voir, pas elle, pour me dire que c’était vraiment bizarre de sa part d’avoir mentionné cela. Ça ne devrait pas être le cas ! »

D’où l’importance de dédramatiser le sujet. Les règles nous accompagnent une grande partie de notre vie et dans la mesure où elles peuvent influencer nos sensations, notre humeur, notre état de santé voire nos performances, en parler doit être normal. Certains pays ont des congés menstruels (en février 2023, l’Espagne est devenue le premier pays européen à adopter une telle mesure) et on voudrait nous faire croire que dans le sport ce n’est pas un sujet, que c’est bizarre d’en parler ?

Quelques ressources

Ensemble on va plus loin mais rien n’empêche d’avancer de son côté également, d’autant qu’il y a presque autant de façons de vivre ses règles que de femmes. Chacune vit son cycle différemment, ce qui rend le travail individuel qu’évoquait Myriam aussi important que la libération de la parole.

Pour Isabeau, le livre Roar du Dr Stacy Sims fait figure de référence : « Je le conseille vivement. Il est en anglais pour le moment, je ne sais pas s’il existe une traduction, mais c’est ce livre qui m’a fait ouvrir les yeux sur l’importance de mon alimentation et qui m’a permis de mieux comprendre mon corps. »

De son côté, Nicolas conseille de s’intéresser aux travaux du Dr Maryline Salvetat, elle-même cycliste, qu’il juge particulièrement au point sur le sujet. Enfin, Myriam propose une troisième voie : « Il faut se renseigner, écouter ce qui les embête le plus. J’ai bien appris lors de mes études que les avis divergent souvent lorsque l’on parle santé, alors les filles, lisez des livres, lisez des études faites sur le sujet mais surtout prenez rendez-vous avec votre gynéco, sage-femme pour en discuter. »

Le mot de la fin

C’est donc un fait, que ce soit encore un sujet trop tabou ou personnel, les règles continueront à affecter la vie des athlètes féminines, dans le VTT et dans la société en générale ! Jolanda, Myriam et Isabeau sont également la preuve que chaque histoire, évolution et adaptation doivent être singulières et personnelles. Le sport de haut niveau n’a jamais été un long fleuve tranquille, encore moins lorsqu’on est une femme et j’espère que par ces quelques lignes et témoignages, le respect et l’écoute du sport féminin n’en sera que plus grand. Il en ressort également qu’une grande dose de sensibilisation doit être effectuée auprès des coachs et des athlètes qui ne sont pas toujours assez informés des impacts de tels effets naturels sur leurs corps.  Parlons, vivons, roulons et ne perdons pas de vue que le sport doit se faire dans le respect du corps et de l’esprit ! Mesdames, c’est à vous de jouer !

Texte Bérengère Boës & Léo Kervran

ParBérengère Boës