Récit : Trans Cévennes, le raid atypique
Par Olivier Béart -
Dans la longue liste des épreuves enduro/all-mountain s’est ajoutée cette année une nouvelle organisation : la Trans Cévennes. Nous avons eu la chance de participer à la première édition, et, on peut déjà vous le dire, ce fût une réussite à tous points de vue. En 5 jours et un peu plus de 250 kilomètres, nous allons découvrir un parcours exceptionnel au coeur d’une région qui l’est tout autant. Grimpez en selle avec notre reporter Stéphane Van Wonterghem et c’est parti !
Nous avons pris rendez vous avec l’équipe organisatrice dans le petit village de Saint Georges de Lévéjac. Du haut des falaises des Gorges du Tarn, le bien nommé “Point Sublime” nous offre un panorama splendide sur la rivière.
Les tentes sont déjà montées et le mécanicien répondant au doux nom de “nounours” est d’emblée au petit soin pour notre monture. Cela sent le sérieux ! Les présentations sont faites lors du briefing au soir, autour d’une bonne truite saumonière accompagnée d’un non moins savoureux vin local. Dès cette première soirée, un mot prédomine : convivialité ! Car si la Trans Cévennes à des allures d’une course, le mot d’ordre est “plaisir” ! En 5 jours, via des étapes avoisinant 50 kilomètres, nous allons traverser le Parc National des Cévennes du nord au sud. Des Gorges du Tarn à la cité médiévale de Saint Guilhem le désert, on nous promet une belle série de sentiers, ludiques et techniques. De quoi nous mettre sérieusement en appétit !
Après une demi-nuit glaciale sous un vent violent, le réveil est pour le moins matinal. Le petit déjeuner est avalé à toute vitesse, les uns se réchauffent avec une bonne tasse de café, les autres se préparent à une journée qui s’annonce difficile. Au programme : 4 spéciales, un peu plus de 50 kilomètres et 2250 mètres de positif. La bonne nouvelle c’est que les dénivelés négatifs sont plus conséquents : 2600 mètres ! Un profil qui a de quoi impressionner, et c’est donc avec une certaine appréhension que je m’élance au petit matin.
Après une petite dizaine de bornes sur le plateau des Gorges du Tarn, la première dégringolade pointe le bout de son nez. Elle sera dantesque ! La pente est impressionnante et le sol fuyant et jonché de cailloux incite à la plus grande prudence. A pied, cela passe…Les organisateurs ont fort heureusement pris la sage décision de neutraliser cette première spéciale, et nous voilà au moins prévenu : ces 5 jours de vélo de montagne ne seront pas de tout repos.
Plus loin, après avoir traversé le Tarn au sec, nous reprenons de l’altitude via un portage du tonnerre de dieu. La suite, ce ne sera que du bonheur ! Si la deuxième spéciale -chronométrée celle ci- est encore un peu cassante, elle est néanmoins bien plus ludique. Avec un minimum de concentration, cela passe avec le sourire.
Au fil des kilomètres, le circuit accidenté commence tout doucement à peser sur les organismes. Après un superbe passage sur le plateau sauvage du causse Méjan, la troisième spéciale, courte mais très ludique, nous ramène en deux temps trois mouvements sur les berges du Tarn. Le sentier qui longe ensuite la belle rivière est splendide mais usant, de véritables montagnes russes.
Il nous reste une grosse dizaine de kilomètres, cette fin d’étape sera épique. La chaleur accablante va finir par nous achever. C’est avec un soulagement certain que nous entrevoyons les maisons troglodytiques de Castelbouc. Voilà une première journée épuisante mais superbe ! On attend la suite avec impatience.
Après une deuxième nuit à nouveau glaciale, les concurrents se retrouvent une nouvelle fois au petit matin pour un petit déjeuner revigorant. La qualité des produits proposés se sent vraiment et mettent, à eux seuls,de bonne humeur. Le briefing se veut aujourd’hui un peu plus rassurant que la veille, les organisateurs parlant même d’une étape de transition. Au menu, 3 spéciales, pour 50 kilomètres et -tout de même!- un peu plus de 2000 mètres de positif (et presqu’autant de négatif). A 9H00 tapante, c’est parti pour une nouvelle volée de single et de paysages époustouflants.
Une ascension bien raide, et nous voilà fin prêts pour attaquer la première section chronométrée. Assez courte mais très ludique en sous-bois, voilà une dégringolade qui aura le don de nous rendre la banane ! Tout en bas, le petit groupe se reconstitue pour une très longue côte d’une bonne dizaine de kilomètres. La pente est peu impressionnante, mais l’effort est soutenu.
Au bout, la pause déjeuner est la bienvenue. Nous voilà rassasiés afin d’attaquer la deuxième spéciale. Tout aussi ludique que la première, elle confirme en cela le discours apaisant des organisateurs, ouf ! Mais les paysages que nous pouvons admirer sont eux tout aussi splendides : après les Gorges du Tarn, nous allons avoir la chance de pénétrer dans un univers unique : le causse Méjan.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011, ce haut plateau calcaire situé en plein coeur du Parc National des Cévennes est le plus élevé des grands causses (altitude maximale de 1250 mètres). Pour les amoureux de nature sauvage et désolée, l’endroit ressemble fortement au paradis. Les chasseurs de singletracks resteront certes un peu sur leur faim, mais ne boudons pas notre plaisir.
Après une petite pause sur les hauteurs de la belle ville de Florac, nous continuons notre chemin à vive allure afin de rejoindre le départ de la troisième spéciale. En moins de 5 kilomètres, nous atteingnons le très beau camping de Meyrueis. C’est l’heure de la récompense, le bar est pris d’assaut…
Cette troisième étape démarre comme il se doit via une longue côte. Après un beau passage dans le village de Meyrueis, un peu de bitume, nous prenons ensuite de la hauteur via un superbe sentier longeant la nationale. Sinueux et par endroit pentu, voilà le genre de petit merveille que l’on aimerait arpenter plus souvent.
Les kilomètres qui suivent vont se révéler encore plus accidentés et plus ardus. Nous nous retrouvons alors dans la très belle forêt domaniale de l’Aigoual. Notre progression est par endroit pénible, nous imposant quelques petits portages/poussages qui finifront par nous user.
Une chose est sûre, le parcours de cette Trans Cévennes requiert non seulement des aptitudes techniques mais aussi un bon bagage physique. Un must on vous dit ! Bref, le déjeuner sous la forme d’une gargantuesque cuisse de poulet fermier vient à point. Un bon petit café, et c’est parti pour la deuxième spéciale de la journée. Elle sera tout simplement splendide ! On commence par une trace technique et fuyante au milieu des genêts pour finir par un superbe sentier en sous-bois. Les amateurs d’épingles se pourlèchent les babines.
On retombe les pieds sur terre aux abords de la fontaine du village de Trèves. Le Camelback est à nouveau rempli, nous voilà fin prêts afin d’attaquer la dernière partie de l’étape. La quinzaine de kilomètres sera bien vite avalée, le circuit étant ici plus roulant et plus abordable techniquement.
Avec un passage au Cirque de Navacelles, cette avant dernière étape promet d’être splendide. On peut déjà vous le dire, nous ne serons pas déçus ! Tout commence par une très longue ascension d’une bonne dizaine de kilomètres.
L’effort est soutenu, de sorte que nous aurons déjà avalé une bonne partie des 1800 mètres de positif annoncés ce jour. Nous suivons inlassablement les petits paneaux rouges du GR local, sans oublier de faire une halte sur la belle terrasse du petit village de Sauclière. L’accueil est sympa ! Nous reprenons malgré tout bien vite notre route pour aller chercher le départ de la première spéciale.
Peu technique, courte et surtout très ludique, ce premier exercice chronométré est une pure merveille. Le déjeuner est pris quelques centaines de mètres plus loin, les cookies sont délicieux. Pas le temps de faire une sieste, la deuxième spéciale suit peu après. L’exercice est ici un peu plus périlleux, les épingles plus nombreuses et plus serrées.
En route maintenant vers Navacelles, en passant tout d’abord par les gorges de la Vis, une petite rivière tumultueuse, affluent de l’Hérault. La particularité de ce cours d’eau est de s’engouffrer sous terre près du village de Vissec, pour ensuite réapparaître avec grand fracas quelques kilomètres plus loin.
Le sentier que nous empruntons est ludique et rapide, mais attention aux promeneurs, nombreux dans la région. Avec un salut et un sourire, la rencontre se passe sans problème. Vient alors le spectacle du Cirque de Navacelles.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette merveille de la nature a été creusé par la Vis depuis des millénaires. Les photographes s’en donnent à coeur joie !
Nous reprenons enfin la route finale vers le camping, où nous nous offrons une dernière pause sur une belle terrasse ensoleillée du hameau de Navacelles avant de profiter une fois de plus d’un délicieux repas mitonné par le traiteur embauché pour l’occasion par les organisateurs. Miam !
Nous voici déjà à la dernière journée de notre périple dans les Cévennes. Si les chiffres sont moins impressionnants que les jours précédents, un rapide regard sur le profil nous pousse tout de même à une certaine retenue. Néanmoins, l’ambiance est au beau fixe et les sourires illuminent tous nos visages. Nous quittons notre camp de base via un superbe chemin nous permettant d’admirer les collines environnantes, baignées par une lumière matinale absolument magique.
Après une première descente qui nous donnera quelques sueurs froides, nous reprenons vite de la hauteur afin d’aller chercher la première spéciale. La chaleur accablante nous joue déjà de bien mauvais tours… Cinq kilomètres d’ascension, nous entamons ensuite le premier chrono de la journée. Jonché de cailloux qui ne demandent qu’à nous faire valser à terre, cet exercice d’équilibriste est d’après les organisateurs la dernière grosse difficulté technique de notre séjour. Nous ne sommes néanmoins pas au bout de nos peines, loin de là !
Prochain objectif : le mont Saint Baudille. Culminant à 848 mètres d’altitude, cette côte constituera pour la plupart d’entre nous un véritable chemin de croix. Même par la route, elle semble interminable ! Le panorama tout simplement exceptionnel fera un peu mieux passer la pilule…Plus loin, la deuxième spéciale sera bien vite avalée. Seul couac de la semaine, le manque d’eau !
Heureusement, la fin est proche, il nous reste une petite dizaine de kilomètres à parcourir. Une dernière ascension et nous voilà au départ de l’ultime spéciale. A l’image de toutes les autres, cette longue dégringolade vers le charmant village de Saint Guilhem le Désert est magique ! De quoi clotûrer en apothéose une première édition de la Trans Cévennes pour le moins réussie.
Tout en bas, les concurrents et les organisateurs se retrouvent autour d’une bonne table. Partage, bonne humeur et convivialité, voilà les maîtres mots d’une nouvelle épreuve appelée à un grand avenir. Gageons que la prochaine édition connaîtra un succès amplement mérité !
La prochaine édition de la Trans Cévennes aura lieu du lundi 23 au samedi 28 mai 2016. Plus d’infos sur www.trans-cevennes.com
Texte et photos : Stéphane Van Wonterghem pour Vojo