Raid Bocq 2021 : des petits airs d’Ardennes
Par Christophe Bortels -
Dimanche dernier, le Raid Bocq a eu l’honneur de clôturer la saison 2021 du Belgian Ardennes Marathon Series (BAMS), réduite à seulement deux épreuves cette année. Et pourtant, géographiquement, rien ne destinait cet évènement disputé dans le namurois à rejoindre la série des grandes épreuves ardennaises… On vous emmène sur ce « petit » marathon pas dénué de charme !
C’est une petite entorse géographique qui a permis au Raid Bocq de rejoindre le Belgian Ardennes Marathon Series. Disputé au départ d’Anhée, dans la Province de Namur et donc en plein milieu de la Wallonie, ce marathon se déroule bien loin des Ardennes et de ses prestigieux homologues que sont, entre autres, le Raid des hautes Fagnes, le Grand Raid Godefroy ou encore l’Ardennes Trophy. La région ne manque pas de charme pour autant et les participants évolueront tour à tour sur de jolis plateaux et dans les vallées de la Meuse, de la Molignée et, bien entendu, du Bocq. Ceux qui connaissent le coin vous le diront, il y a pire région pour faire du vélo…
Le Raid Bocq devait déjà clôturer la saison 2020, mais suite à la crise sanitaire et l’annulation de toute la série, c’est seulement un an plus tard que l’épreuve aura enfin eu cet honneur. Hélas, la crise ayant perduré, seules deux manches ont survécu cette saison : celle-ci et le Grand Raid Godefroy, disputé une semaine plus tôt et dont vous avez pu découvrir le compte rendu sur Vojo récemment.
Les deux distances initialement prévues, 105 km et 75 km, ont dû être réduites suite à quelques changements de dernière minute. C’est finalement sur un parcours d’un peu moins de 95 kilomètres pour un bon 2000m de dénivelé positif que les participants à la plus longue distance (celle qui fait office de manche BAMS) s’élancent à 9h.
5 minutes plus tard, c’est parti pour le 70 km. Comme à Bouillon, le brouillard enveloppe l’aire de départ et l’atmosphère est irréelle. Mais ça ne devrait pas durer…
Après une petite boucle de 7 kilomètres qui les a ramenés à proximité du départ, les concurrents ont basculé à l’est de la Meuse. Les premiers rayons de soleil percent à travers les branches quand nous retrouvons la tête de course qui remonte vers le plateau du Condroz.
C’est juste après que Laurent Evrard décide de porter une attaque et de distancer ses cinq compagnons d’échappée : l’Allemand Mathias Frohn, les Belges Joris Massaer et Sébastien Carabin ainsi que les Néerlandais Bas Peters et Erwin Bakker.
Un petit groupe de poursuivants s’est constitué et accuse une bonne minute de retard.
A ce stade de notre reportage, on aurait aimé vous proposer un récit de course palpitant fait de suspense et de rebondissements. Mais le suspense va tourner court : alors que Laurent Evrard est parti seul devant, ses adversaires directs vont se perdre en suivant le fléchage d’un évènement enduro moto organisé dans la même région le même jour…
C’est simple, on ne les reverra plus de toute la course. Certains vont abandonner et revenir au départ, d’autres se rabattront sur le 75 km. Sébastien Carabin, lui, va continuer et terminera avec 115 kilomètres au compteur au lieu de 95… « Je n’ai pas fait 1h30 de route pour arrêter après une heure de course… » nous expliquera-t-il à l’arrivée, philosophe.
Allez, on revient sur le parcours de ce Raid Bocq, et plus précisément à Purnode où se trouve la première zone de ravito et d’assistance, juste en face de la célèbre Brasserie du Bocq. On vous avoue qu’à ce moment, exactement comme à Bouillon une semaine plus tôt, on se doute que quelque chose d’anormal s’est passé et a faussé la course, mais on ignore encore quoi exactement. Laurent Evrard compte alors une avance déjà conséquente, et nous décidons de transformer ce récit de course en balade sportivo-touristique… La tête de course, on y reviendra un peu plus tard !
On capte tout de même les deux poursuivants dans un sentier caché au milieu du village : alors qu’ils étaient dans un petit groupe en poursuite, Stijn Van Boxstael et Romain Loustaunau sont désormais sur le podium provisoire après avoir profité des égarements de la plupart des hommes du groupe de tête.
Après cette belle et raide montée en pavée pour sortir de Purnode, les participants vont attaquer un charmant single au milieu de nulle part les emmenant un long moment dans la vallée du Bocq, qu’il nous est impossible d’atteindre en voiture.
On retrouve les concurrents une dizaine de kilomètres plus loin, lors de leur retour à la civilisation au bout de cette très jolie descente vers le petit village de Bauche. Juste après, les deux parcours se séparent, le 95 partant à gauche vers une montée rocheuse et le 70 à droite vers une portion plus reposante.
Ils se rejoignent sur les hauteurs quelques kilomètres plus tard, au niveau du Domaine d’Ahinvaux, coincé dans un bel écrin de nature. Le ravito fait du bien après une bonne côte…
Le temps n’est pas loin d’être parfait pour un marathon : le soleil brille, mais il ne fait pas trop chaud et le terrain est relativement sec.
Du coup, ça roule assez vite !
Une portion sera pourtant sur toutes les lèvres à l’arrivée… Des travaux forestiers de dernière minute ont en effet créé un sacré bourbier après le 2e ravitaillement, une boue rougeâtre dans laquelle certains se sont enfoncés jusqu’aux genoux.
Un des autres passages mémorables de ce Raid Bocq, ce sera ce raidard assez impressionnant qui se dressait face aux vététistes au 55e kilomètre (42e pour le 70km). Pour certains, ça passe à vélo…
… pour d’autres par contre, les pourcentages sont trop importants et la fatigue se fait déjà bien sentir. Pas le choix, il faut poser pied à terre et pousser.
Après une descente vers la Meuse pour le 95, à laquelle le 70 échappe, tout le monde est de retour sur le plateau du Condroz, mais cette fois à l’ouest de la Meuse.
C’est là, au KM 72, qu’après l’avoir loupé deux fois on retrouve enfin Laurent Evrard qui poursuit son long cavalier seul, sans se douter que ses principaux concurrents ont perdu la course il y a bien longtemps déjà…
Il compte alors, à vue de nez, 15 voire 20 minutes d’avance !
Après une petite boucle autour de l’Abbaye de Maredsous, c’est le retour vers l’arrivée, avec une vue imprenable sur les ruines du château fort de Montaigle.
Fin du suspense insoutenable, Laurent Evrard est donc le premier à franchir la ligne d’arrivée, après avoir bouclé le 95km en 3h51, à une moyenne stratosphérique de 24,61 km/h !
On aimerait pouvoir vous donner en détail la suite du classement. Mais le parcours étant constitué d’une multitude de petites boucles, il était impossible d’y mettre systématiquement un tapis de chronométrage, et certaines coupes – intentionnelles ou non – ont semble-t-il faussé le classement…
On précisera donc simplement que du côté des dames, c’est Ina De Visser qui s’impose sur la plus longue distance.
Alyssa Lurquin fait de même sur le 70km, une course remportée au scratch par Matthias Van Roy en 2h54, là aussi à une moyenne un peu au-dessus des 24 km/h.
Rendez-vous en 2022 pour, on l’espère, une saison complète de Belgian Ardennes Marathon Series !
Résultats Raid Bocq 2021 disponibles sur chronorace