Par Olivier Béart -
En prélude à l’EWS Ireland, nous vous proposons la 2e partie de notre grand bike-check des machines utilisées par les meilleurs pilotes en Enduro World Series. Voici les images, prises en Argentine et au Chili, des vélos utilisés cette saison par le champion en titre Richie Rude (Yeti), Nicolas Vouilloz (Lapierre), Jérôme Clementz (Cannondale), François Bailly-Maître (BMC), Dimitri Tordo (BH) et Florian Nicolaï (Rocky-Mountain).
Nicolas Vouilloz : Lapierre Spicy
Son amortisseur est aussi customisé : « Il est doté d’un ressort léger Stendec et je me suis fait un petit levier custom pour pouvoir durcir la compression dans les liaisons. Parfois, s’il y a un long plat en spéciale il m’arrive de l’actionner mais c’est assez rare, j’essaie de ne pas trop y toucher dans les portions chronométrées. Je n’ai pas de Ei:Shock (le système de blocage électronique de Lapierre) donc je dois lâcher le guidon si je veux bloquer, ce qui est à éviter. » La fourche est une RockShox Lyrik en 170mm de débattement, entièrement de série.
« J’ai modifié aussi le passage de gaines sur le vélo. C’est plus torturé, moins esthétique, mais au lieu que ça passe par le dessous, ici c’est moins exposé. On roule souvent sur des terrains incroyablement exigeants et ça limite les risques. Pour la course, je cherche la fiabilité maximale même si c’est moins esthétique et plus complexe. J’ai un porte-bidon Fabric, dont le système d’accroche est bien particulier, puisqu’il tient par deux petites tétines, et ça marche nickel en enduro. Je suis aussi en Fabric sur la selle. »
« Je roule avec des protèges-mains AVS, c’est un pote qui les fait. Ils sont personnalisés, nous ne sommes pas beaucoup à les avoir et je trouve que c’est parfois bien utile. Ils m’ont déjà sauvé les phalanges quelques fois. » Les grips sont des poignées en mousse Lizard Skins. « Elles sont confortables et légères. Elles filtrent vraiment bien les vibrations et améliorent la prise en mains du vélo. Comme elles sont collées sur le cintre, elles ne tournent pas. » La potence est une Lapierre Nico Vouilloz signature en 45mm de long.
Nicolas Vouilloz est sponsorisé par Sram : « Pour la transmission je roule en Sram XX1 avec plateau de 34 à l’avant. J’ajoute un anti-déraillement Sram pour être sûr. » Pour l’instant, Nico est resté en 11 vitesses, y compris pour l’Irlande où il s’est monté un vélo quasiment identique mais avec une nouvelle déco. Les freins, sont des Guide Ultimate en disques de 180mm avant et arrière.
« Sur le train roulant, j’ai la nouvelle jante Sram Roam 60 carbone en 30mm de large à l’avant avec un pneu Michelin Grip’r bi-gomme proto. Derrière je reste sur une petite jante alu en 21mm de large, la Roam 50 de chez Sram avec un pneu Michelin Race’r Enduro Rear normal, de série ». Les pédales sont des HT et la tige de selle est la nouvelle Reverb en 125mm de débattement.
Richie Rude : Yeti SB6c
Après avoir un moment roulé avec le SB5c en 130mm, Richie Rude a conquis l’an dernier son titre de champion du Monde 2015 au guidon du Yeti SB6c en 155mm de débattement. Le cadre est entièrement de série… mais pas vraiment les suspensions. A l’avant, la Fox 36 RC2 est passée en 170mm de débattement pour, selon Richie « avoir un peu de réserve et surtout, pour coucher un peu plus l’angle de direction. »
A l’arrière, la suspension Switch Infinity développée par Yeti utilise une pièce spécifique, sorte de double mini-amortisseur fabriqué par Fox, qui permet un déplacement vertical du point de pivot principal. Richie Rude l’associe à un amortisseur Fox Float X2.
Pensé à l’origine pour la descente, le Fox Float X2 offre des possibilités de réglages très fines à haute et basse vitesses, tant pour le rebond que pour la compression. Il s’agit ici de la toute nouvelle version 2 Position Lever, présentée cette année, et qui se destine plus à l’enduro avec un petit levier permettant de durcir la compression d’un tour de main pour les liaisons. L’autocollant RAD indique que Rude fait partie du programme de développement usine de Fox.
Autre nouveauté Fox présente sur le vélo de Richie Rude : la nouvelle tige de selle télescopique de la marque, présente encore ici à l’état de prototype et que nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter plus en détails. Sa sortie est annoncée comme imminente et, alors que Rude a déjà publié des images sur les réseaux sociaux avec un modèle doté du revêtement Kashima Gold, on voit ici le modèle anodisé noir, qui sera probablement utilisé sur la série Performance. Le débattement utilisé ici n’est que de 100mm.
Richie Rude roule en full Shimano sur son Yeti SB6c, tant pour la transmission XTR (en version mécanique avec plateau 34 ou 36 dents selon le tracé et anti-déraillement One-Up), que pour les pédales et les freins. Sur ce dernier point, il mixe des poignées XTR Trail avec levier en carbone, plus légères, et des étriers 4 pistons Saint pour plus de puissance et de constance. Il n’utilise par contre pas les plaquettes dotées de petits radiateurs de refroidissement. Les disques sont en 180mm de diamètre.
Comme Jérôme Clementz, Richie Rude fait partie des adeptes du GPS, aux entraînements comme en course. Il utilise le Edge 520. Son mécano fait preuve d’un grand souci du détail pour les gaines et Durits, qui sont attachées par de la gaine thermo-rétractable pour un look plus clean et surtout pour limiter les vibrations et le bruit.
Pour les autres postes : les jantes sont des DT EX471 en 25mm de largeur interne, dont Richie Rude apprécie la rigidité et la grande fiabilité (il dit ne jamais les avoir pliées) montées avec des pneus Maxxis, Shorty à l’avant et Agressor à l’arrière, tous deux en version Double Down. Selle et poignées proviennent de chez Ergon et le cintre est un Renthal carbone en 740mm de large.
Jérôme Clementz : Cannondale Jekyll
Jerôme Clementz devrait rouler avec un nouveau prototype de Cannondale Jekyll à partir de l’EWS Ireland, mais sur les deux premières manches en Amérique Latine, il a conservé le modèle, en taille M, avec lequel il roule avec succès depuis ses débuts en EWS.
Voici une photo du « petit nouveau », toujours à l’état de prototype et à propos duquel vous pouvez retrouver quelques infos supplémentaires dans cet article. Mais, en attendant d’en savoir plus et de voir la version définitive, concentrons-nous sur le reste du vélo et sur les composants utilisés par Jey.
La fourche est une RockShox Lyrik RCT3, qu’il a d’ailleurs contribué à développer la saison dernière et qui, après la Pike, est devenue le choix de la plupart des pilotes Sram en EWS. « Je place 3 tokens à l’intérieur avec entre 60 et 65psi de pression. A l’arrière, dans l’amortisseur Dyad, j’ai 235 et 195psi dans les deux chambres. »
Jérôme Clementz est un des premiers pilotes à avoir reçu le Sram Eagle XO 12 vitesses, qu’il a déjà utilisé sur les deux premières manches de la saison. Pour l’anecdote, il est parti en pleine confiance avec ce groupe pour lequel il a aussi contribué au développement, dans la mesure où il ne disposait d’aucune pièce de rechange, si ce n’est un maillon rapide. Et c’est passé, sans souci. Le passage au 12 vitesses lui permet de rouler avec un énorme plateau de 38 dents à l’avant, sans pour autant que cela devienne inroulable dans les liaisons. Un guide chaîne Truvativ vient sécuriser la tenue de la chaîne.
« Du côté des trains roulants, j’utilise la nouvelle Sram Roam 60 carbone, 30mm de large à l’avant et à l’arrière une Roam 50 en aluminium. Un couple qu’on retrouve également chez Nicolas Vouilloz. « En pneus, j’ai choisi le Rock’R2 en gomme Magi’x à l’avant et le nouvel Enduro Race’r Rear en Gum’x à l’arrière. Au niveau des pressions, je roule à 1,35 bar à l’avant et 1,65 à l’arrière. »
« Mes poignées proviennent aussi de chez WTB avec les Pad Lock que nous avons développées ensemble avec la marque. Le cintre est coupé en biseau aux extrémités, comme les poignées, pour éviter qu’elles ne tournent sans devoir ajouter du poids ou un système de lock-on toujours délicat à serrer aux extrémités. Et on a sorti un nouveau guidon Truvativ Jerome Clementz replica adapté. Je roule en 750mm de large avec 20mm de rise et une potence Truvativ Descendant de 50mm de long. Un GPS Garmin m’accompagne pour les entraînements, mais aussi sur les courses. Les freins sont des Sram Guide Ultimate avec des disques de 180mm. »
Après être resté longtemps sans sponsor pour les pédales (il roulait avec des Shimano XTR qu’il achetait lui-même) car il ne trouvait rien qui lui convenait, Jey roule désormais en HT. Jérôme roule aussi avec un Mucky-Nutz à l’avant, pour la boue mais aussi pour les projections de cailloux quand il fait sec. Pour la tige de selle, la nouvelle RockShox Reverb en 125mm est montée avec la selle WTB Silverado.
François Bailly-Maître : BMC TrailFox 29 »
Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter le BMC Trailfox de François Bailly-Maître (un des rares 29 » du plateau) lorsque nous sommes allés à sa rencontre en Espagne lors du stage de préparation de l’équipe BMC en début de saison. Mais depuis, son vélo a légèrement évolué. Voici les petits changements depuis notre premier bike-check détaillé.
« J’ai fait quelques tests au printemps et j’ai décidé de rouler avec un amortisseur Fox DH X2 à ressort. Je reviendrai peut-être à l’amortisseur à air sur certaines manches, mais cela améliore vraiment le comportement du vélo sur des profils très engagés comme on en a eu en Amérique Latine. Depuis cette saison, il est disponible avec une mollette de blocage, parfaite pour les liaisons, ce qui le rend plus utilisable en enduro. A l’avant, je mets autour de 75psi dans ma Fox 36 RC2 29 » en 160mm et j’ajuste selon les courses et les spéciales. »
En course, FBM ne se sépare pas de son Polar et il place une chambre à air près de la douille de direction de son vélo.
Dimitri Tordo : BH Lynx 6 Carbon
Dimitri Tordo, coéquipier de Karim Amour, roule sur un BH Lynx 6 en carbone avec peinture personnalisée.
Le débattement est de 155mm avec un amortisseur Stendec Extreme Shox Storia. « Il s’agit du seul amortisseur à ressort équipé d’un blocage, indispensable pour les liaisons. Il dispose d’un réglage de la compression hautes et basses vitesses, ainsi que du rebond. On l’équipe d’un ressort acier light en 350 avec peinture custom pour le vélo. Il est règlé avec un SAG de 27%. »
La fourche est une Sr Suntour DuroLux, qu’on peut aussi voir sur le Scott de Remy Absalon. Elle est équipée de la nouvelle cartouche R2C2 permettant de régler la compression et la détente sur les hautes et basses vitesses. La pression est de 60psi avec un token.
Les composants viennent de chez Funn : « Le cintre est un modèle Black Ace carbone en 780mm et la potence FunnDuro, qui est sans doute un des meilleurs rapports poids/prix du marché (123g pour moins de 50€), est en 45mm. » La selle provient aussi de la même marque et elle est montée sur une tige de selle RockShox Reverb. Les freins sont des Formula RO avec disques de 180mm
Plus rare, le pédaler est également un Funn carbone en 170mm de long. Il est équipé du tout nouveau plateau Ovalution 34 dents de chez Specialized TA, dont la forme très travaillée, ni circulaire, ni ovale, vise à réduire le point mort au pédalage. Il peut recevoir en option l’Enduro Bow, sorte de petit boomerang qui sert de renfort en utilisation enduro. Karim Amour l’utilise, mais pas Dimitri Tordo sur ce montage. L’anti-déraillement de chez Gamut
La transmission est en Sram XX1 avec renfort au niveau de la patte de dérailleur, les pédales sont des HT avec axe titane, la chaîne provient de chez Taya.
Au niveau des liaisons au sol, si les pilotes BH roulent aussi avec les Michelin Grip’r 2 à l’avant (gonflé à 1,5 bar) et Enduro Rear à l’arrière (1,8 bar), le vélo de Dimitri Tordo est ici équipé de prototypes avec un tout nouveau dessin intermédiaire.
Karim Amour et Dimitri Tordo travaillent avec Asterion pour les roues: « On roule avec des modèles Edition One avec des jantes en alu différenciées, de 25mm de large derrière et 30mm à l’avant. Il y a 32 rayons plats ligaturés et les moyeux sont des Aivee Edition One. Nous sommes actuellement en phase de développement avec Asterion pour agrandir leur gamme liée à l’enduro et développer de nouveaux modèles. » Le poids de l’ensemble du vélo est de 13,2kg.
Florian Nicolaï : Rocky Mountain Altitude
Florian Nicolaï roule depuis deux ans avec le Rocky Mountain Altitude.
« On a juste changé la biellette, qui est nouvelle pour 2016. Le système de réglage de l’ancrage de l’amortisseur sur le cadre, qui modifie la géométrie, reste en place. Je roule toujours avec la position basse, qui couche plus les angles. » Au niveau des pressions, Florian Nicolaï roule avec 170/175psi derrière dans l’amortisseur Float X (équipé d’un blocage au guidon) et 80/90psi devant dans sa fourche Fox 36 RC2 en 170mm de débattement.
« Pour les trains roulants, je suis en pneus Maxxis à carcasse Double Ply. Le High Roller m’accompagne toujours depuis 2 ans à l’avant, en version Super Tacky. Je roule aussi parfois en Shorty. Derrière, on a reçu cette année le Minion SS, semi-slick avec des bons crampons sur le côté, et cela va être mon pneu arrière cette année, sauf conditions très particulières comme la grosse boue. Il roule très bien et il a un bon grip latéral donc il est adopté. » Notez aussi que Florian Nicolaï enlace ses rayons dans du DuckTape, non pas vraiment comme ligature mais plutôt pour limiter les contacts des rayons entre eux et le bruit quand ils travaillent.
« Flying Flo » roule en full Shimano XTR en version mécanique pour ce qui est du groupe. Le plateau est un 36 dents et l’anti-déraillement provient de chez OneUp. Notez aussi la chambre à air collée sur le cadre près du boîtier de pédalier.
Comme Richie Rude notamment, Florian Nicolaï mixe des leviers Shimano XTR Trail et des étriers Saint. Les disques sont en 203mm.
La tige de selle est toujours la Fox Doss existante avec passage externe du câble de commande au guidon. Ladite commande est un shifter Shimano modifié. La selle est une WTB HighTail avec l’arrière relevé pour être bien calé au pédalage.
Vous en voulez encore ? Rendez-vous dans la première partie de notre dossier consacré aux vélos des meilleurs riders EWS avec Martin Maes (GT), Damien Oton (DeVinci), Nicolas Lau (Cube), Cécile Ravanel (Commençal), Ludo May (Canyon) et Cédric Gracia (Santa Cruz)!