Prise en main | Moteur Bosch Performance CX-Race Limited Edition : le tout pour le tout
Par Paul Humbert -
Juste avant l’ultime manche des EWS-E, la course de VTTAE enduro des Enduro World Series, Bosch lève le voile sur le moteur qui équipe les pilotes de la marque depuis de longs mois : le Performance CX-Race. Ce moteur, qui d’un point de vue « hardware » diffère peu d’un Performance CX traditionnel, propose toutefois, côté « software », un nouveau mode dédié à la course. Nous l’avons découvert pour vous :
C’est à Finale Ligure qu’a eu lieu le premier évènement test des EWS-E, la série de course VTTAE des Enduro World Series, et c’est dans ce même endroit que se termine la saison 2022.
On ne vous cachera pas que la compétition en VTTAE anime facilement les conversations : quel intérêt, quel équité, quel format ? Même au sein de la rédaction de Vojo, il est difficile de tomber véritablement d’accord.
Une chose est certaine pour Claus Fleischer, à la tête de la division Bosch Ebike Systems, l’humain est de nature compétitive et il aura toujours envie de se confronter. Le revers de la médaille, c’est la triche, et Bosch a basé son travail sur ce moteur sur ces élément : il faut permettre aux racers de trouver le meilleur de leur machine, sans aller au-delà des règles d’équité établies.
Bosch ne se voile toutefois pas la face, la « race » en VTTAE ne concerne qu’une minorité de pratiquants, mais la marque souhaitait leur adresser un produit dédié, ainsi qu’à quelques amateurs souhaitant découvrir les mêmes sensations. Le moteur présenté est ainsi annoncé en « édition limitée » à destination de quelques modèles de vélos identifiés.
Le Bosch Performance CX-Race Limited Edition
Si le moteur ne change pas complètement de nom, c’est parce que c’est une base de Performance CX, le moteur haut de gamme de la marque, qui sert de base à sa déclinaison « race ». Le Performance CX est né en 2014 et n’a cessé d’évoluer depuis. En 2018, nous découvrions le mode EMTB, puis une deuxième génération du moteur en 2019, et on expérimentait pour la première fois « l’extended boost » en 2020. ( https://www.vojomag.com/bosch-2021-extended-boost-et-85nm-le-performance-cx-se-peaufine/ )
Le moteur bénéficie d’une interface complètement repensée et personnalisable avec le « smart system » ( https://www.vojomag.com/news/nouveaute-2022-bosch-batterie-integree-750-wh-et-personnalisation/ ) et c’est sur cette base que ce construit ce moteur « race ».
Côté « hardware », le Performance CX-Race s’allège de 250 à 280g en poussant plus loin l’optimisation de la conception du moteur. Nous ne disposons pas de plus de détails sur ce point, le magnésium restant le matériau de conception et portant le poids total du moteur à 2,75kg.
Détail pour le reconnaître dans cette version « limitée » : le Bosch Performance CX-Race est gris clair. Le reste des performances « max » affichées demeure identique avec ses 85Nm de couple et sa limite d’assistance à 25km/h.
C’est du côté du software qu’il faut se pencher pour découvrir la vraie nouveauté. En plus des modes eco, Tour (ou tour+), Emtb et Turbo, on découvre un mode Race. C’est du côté des pourcentage d’assistance qu’on comprend la différence. Le mode Eco apporte 60% d’assistance de la puissance propre, c’est 140% pour le mode Tour, 340% pour le mode Turbo, et 400% pour ce mode Race. Le mode « Race » porte donc l’assistance à 400% dès les premières sollicitations.
Pour atteindre le pic d’assistance du moteur, quand il faut pousser 180 watts sur les pédales en mode Turbo et seulement 150 watts en mode Race (au-delà des 180 watts, les deux modes offrent une poussée identique). Avec ce mode Race, on accède donc à l’assistance maximale du Performance CX au prix de moins grand efforts.
Cette performance est proposée pour permettre aux compétiteurs d’être toujours, ou presque, au maximum des capacités du moteur, et potentiellement de se reposer pendant certaines sections.
En plus de cette assistance décuplée, Bosch annonce que « l’extended boost », cette fonctionnalité présente jusqu’alors uniquement sur le mode EMTB qui permet, après un petit à-coup sur les manivelles, de prolonger la poussée du moteur pendant 90 milisecondes est désormais présente sur le mode « Race » et en version prolongée.
Après une présentation de ces caractéristiques, le chef produit Christoph Schumacher s’exprime sur les spécificités de ce mode au pilotage. Au-delà d’une stratégie commerciale qui souhaite restreindre l’accès à ce produit à certains vélos orientés « race » et à certaines quantités, il nous met en garde sur la puissance délivrée et sur la vitesse à laquelle on aborde les obstacles. Avec une délivrance accélérée de la puissance et avec un extended boost qui prolonge sa poussée, il est nécessaire d’adapter son rythme de pilotage, de réaction et son équilibre sur le vélo.
Sans l’expliciter, on comprend que les notions de confort et de « ressenti naturel de pilotage » ont été mis de côté au profit de la vitesse pour les compétiteurs. Il existe toutefois une possibilité de moduler la puissance en la réduisant légèrement via l’application « Flow » développée par Bosch. Cela peut permettre d’adapter le mode à des conditions plus glissantes où il est moins facile de trouver du grip au sol.
Bosch annonce que ce moteur sera disponible en quantités limitées pour les marques commercialisant des vélos aux spécificités adaptées (cadres, roues, suspensions etc.). On devrait ainsi retrouver certains vélos, assez exclusifs, et certainement haut de gamme commercialisés avec ce moteur dans les prochains mois.
Du côté des athlètes ayant participé au développement, on retrouve Tracy Moseley qui s’exprime sur les capacités du moteur à améliorer chaque reprise et chaque sortie de virage pour améliorer son chrono en compétition. Elle rappelle également la nécessité de respecter les règles en compétition.
Jérôme Clementz, également présent au moment de la présentation, met l’accent sur la réactivité du moteur, l’extended boost sur le mode Race et le petit gain de poids qui permet d’optimiser les performances de son vélo dans une optique compétitive.
Prise en main à Finale Ligure
Il ne faut pas bien longtemps pour prendre la mesure de la différence entre le mode turbo et le mode « race ». On navigue d’un mode à l’autre, et la puissance nécessaire pour arriver au maximum du moteur est bien moindre. Le Bosch performance CX ne passe pas par quatre chemins et nous pousse vers le sommet sans prendre de pincettes.
On découvre également l’extended boost sous stéroïdes : une impulsion sur les manivelles et on est accompagné sur une belle distance. On peut vraisemblablement avancer en enchaînant ces impulsions et sans donner un véritable tour de pédalier. Sur le terrain, cela implique, comme lorsqu’on a découvert pour la première fois cette fonctionnalité, d’adapter son pilotage. Les franchissements peuvent être abordés différemment, et il est toujours possible de garder sa vitesse sans venir taper ses pédales sur des obstacles.
La contre-partie est qu’un pilote peu expérimenté pourra se retrouver entrainé contre son gré contre ces potentiels obstacles si on ne maîtrise pas la poussée de l’extended boost. Et quand le moteur pousse déjà à pleine puissance, ça va vite ! Il est donc important d’activer ce mode en pleine connaissance de cause.
Plus que jamais, ce mode « race » vient distinguer le pilotage d’un VTTAE d’un VTT sans assistance. Au fil d’exercices pour maîtriser ce mode, en accélérant en sortie de virage ou en franchissement sans pédaler, on découvre une arme qui pourra répondre aux besoin d’un très petit nombre d’utilisateurs : les compétiteurs. Et comme n’importe quelle arme, elle n’est pas à mettre entre toutes les mains. On est toutefois impressionné par la délivrance de la puissance qui, si elle semble importante, n’est pas faite au détriment du grip au sol et de la traction.
Nous avons testé la modulation de puissance via l’application « Flow ». On la ressent effectivement, mais après avoir échangé avec les compétiteurs présents lors de la présentation, ils l’utilisent assez peu et en course, tout le monde est « à fond ». En poussant la réflexion un peu plus loin, on pourrait complètement se passer du mode Turbo au profit des deux seuls modes EMTB et Race dans une configuration de course où l’économie de la batterie n’est pas une question. C’est un point qui n’est pas mentionné dans la présentation car la consommation dépend du pilote, du terrain et de l’usage. Plus de puissance implique nécessairement une plus grande consommation d’énergie.
Une fois que l’on arrive à ajuster son rythme et que notre cerveau parvient à se calibrer sur la vitesse à laquelle le vélo nous pousse en montée, on s’amuse et on peut être grisé par ce nouveau mode qui nous tracte en toute circonstance. Même si ils sont très peu nombreux, on a à ce moment là une pensée pour les quelques autres compétiteurs en VTTAE qui, sans mode équivalent sur les moteurs concurrents, auront du mal à rivaliser avec les pilotes équipés par Bosch. L’avenir nous dira où se trouvera l’équité dans l’optimisation des moteurs.
Après avoir gouté à ce mode Race, on pourrait s’imaginer être frustré de ne pas pouvoir le retrouver sur les prochains VTTAE arrivant sur le marché, mais il n’en n’est rien. En dehors d’une configuration de course, ce mode semble trop puissant et élimine toute notion de confort, voire de finesse de pilotage pour qui n’est pas très aguerri. Dans les passages lents et techniques, on se retrouve parfois jeté en avant si on ne maîtrise pas la bête. Bosch réussit son pari d’offrir un outil supplémentaire pour une niche d’utilisateurs.
Commercialement, la marque proposera ce moteur sur certains vélos clairement identifiés comme répondant aux exigences de la compétition, et on en retrouvera assez peu. Cela permet aux plus demandeurs de ce mode de réussir à y accéder, mais en connaissance de cause, et cela passera certainement par un prix assez élevé sur ces vélos haut de gamme. Nous n’avons pas encore eu connaissance des premiers vélos équipés.
Plus que jamais, le pilotage VTTAE nécessite un véritable entraînement et une certaine finesse pour s’ouvrir des portes de franchissements incroyables et de belles expériences de pilotage. Avec ce moteur Bosch Performance CX-Race limited edition, la marque développe un produit de niche pour travailler sur son image auprès d’un nombre restreint d’utilisateurs.
Découvrez notre prise en main de l’ABS Bosch en VTT : www.vojomag.com/nouveaute-2023-bosch-smart-system-etoffe-abs-et-nouvelle-commande
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