Prise en main | Le Radon Swoop 170 7.0 sur les traces du Radon Epic Enduro
Par Paul Humbert -
L’ Epic Enduro change de nom et devient Radon Epic Enduro. Alors quand nous sommes arrivés sur les traces de cet enduro « extrême », c’est en toute logique que nous sommes montés sur un Radon pour avoir un avant-goût des nouveautés de l’évènement 2017. Nous avons fait d’une pierre deux coups et dès la première spéciale parcourue, nous avons bien pris conscience que le terrain sur lequel se déroule la course était idéal pour avoir un aperçu des performances du Swoop 170, le (très) gros enduro de la marque allemande. Découvrez les détails de la machine, de la course et des sentiers :
Radon, via son modèle économique de vente directe par internet, est en mesure de proposer des vélos avec des rapports qualité/prix très intéressants. Le Swoop ne fait pas exception à la règle et nous avons passé deux jours sur le modèle 7.0 d’entrée de gamme et commercialisé à 2399 euros.
Pour s’adapter à différents terrains et pratiques, le Swoop 170 offre trois positions d’amortisseur : Tour, Trail ou Park. L’angle de direction varie ainsi de 64,8 degrés à 65,3 puis 65,8 degrés. L’angle du tube de selle évolue lui aussi et le boitier de pédalier s’abaisse sur 13mm.
Sa géométrie est assez ouverte sans toutefois devenir extrême (dans la position Trail intermédiaire). On retrouve un angle de direction de 65,3 degrés, un reach de 460mm et un stack 603mm sur une taille M. Le vélo est équipé de roues de 27,5 pouces et les bases affichent 428,9mm.
Côté cinématique, on retrouve un Four Bar Linkage assez classique mais qui a fait ses preuves sur cette machine prête à attaquer les bike-parks comme les sentiers plus traditionnels. C’est d’ailleurs ce qui l’attendait avec nous : des spéciales on ne peut plus naturelles mais bien engagées.
Le vélo est proposé en 4 tailles et il existe 5 déclinaisons, de 2399 euros à 4899 euros, et tous sont en aluminium. Sur notre modèle, l’équipement installé sur la machine permet déjà de s’exprimer correctement à son guidon et rien n’est à remplacer d’entrée de jeu comme c’est parfois le cas sur les modèles d’entrée de gamme. Côté suspensions, on retrouve une RockShox Yari de 170 mm de débattement à l’avant avec un amortisseur Monarch Plus RC3 DebonAir à l’arrière. Le freinage est confié aux Magura MT5 et on retrouve des roues DT Swiss E1900 chaussées des pneus Schwalbe Fat Albert. Le tout est au standard boost.
Le poste de pilotage est confié à Race Face avec sa gamme Turbine et son cintre de 760mm de large. On retrouve les confortables grips Ergon au guidon et la commande de la tige de selle RaceFace Turbine.
La transmission est confiée à Shimano avec son groupe XT 11 vitesses (et la cassette SLX 11-42) mono-plateau.
Radon Swoop 170 7.0 : prise en main
À Saint Martin du Froid, vous avez intérêt à être bien chaud… Au sommet du village d’Olargues qui accueillera le Radon Epic Enduro, nous prenons le départ de notre première descente sur le Swoop 170 7.0. On a rarement vu plus exigeant pour les suspensions que ce sentier…un véritable marteau-piqueur pendant plus de 30 minutes, de quoi vous remettre sérieusement à votre place.
Autant dire que sur un vélo un petit peu petit pour nous et avec des réglages pas encore au top, l’expérience a été assez éprouvante. Pourtant, après un petit stop pour affiner l’équilibre des suspensions, le Swoop 7.0 se réveille. Le Radon Epic Enduro propose une série de spéciales mêlant des portions bien techniques à d’autres, parfois, plus roulantes, et l’enchaînement total des spéciales sur les trois boucles rend le tout particulièrement extrême et exigeant. Si pour les besoins de cette reconnaissance, la majorité des points hauts ont été atteints en navettes, les descentes n’en devenaient pas moins exigeantes. Et si on pouvait douter de la capacité d’un « entrée de gamme » à relever le défi, la réponse est claire est nette : le Swoop est on ne peut plus au niveau.
La position sur le vélo et ses angles affichent clairement la couleur : il faut de la pente pour que la machine s’exprime. Les franchissements sont d’une simplicité enfantine et le vélo est assez facile à manier. On aurait pu s’attendre au contraire mais dans les portions techniques, lentes et étroites, nous n’avons pas le sentiment de piloter un « paquebot ». Le vélo, un peu petit pour notre mètre quatre-vingt-trois, avait également un peu plus de chance de s’en sortir dans ces conditions.
Pour superviser cette prise en main et découvrir les sentiers, Philippe, l’homme en charge de Radon en France, nous confie que pour une épreuve comme le Radon Epic Enduro, le vélo sur lequel nous roulons est probablement le plus adapté, selon lui, dans la gamme. Si en descente, sa capacité à conserver de l’énergie et à faciliter tous les passages impressionne, la montée s’avère elle un petit peu plus sportive au guidon du Swoop 170 7.0. Les performances sont honorables et le peu de montées que nous avons parcourues à son guidon se sont bien passées, mais on s’imagine toutefois mal forcer pendant de longues heures dans des montées interminables. Le changement de position de l’amortisseur aide mais le vélo n’en devient pas instantanément un « excellent » grimpeur. Mais dans ce type d’épreuve, même si on aimerait ne pas faire de compromis, il faut composer avec ses qualités physiques et son matériel. Peut-être que pour un gros moteur, le Swoop 170 sera l’arme idéale ?
Le Randon Swoop 7.0 assure et rassure. Les pilotes les plus exigeants pourront trouver un manque de rigidité mais sur ce modèle d’entrée de gamme, le confort et le grip compensent largement. On lâche assez sereinement les freins car la machine est saine et équilibrée. La roue arrière se place facilement et après un petit moment, on n’hésite pas à pousser sur le Radon Swoop pour prendre de la vitesse ou changer de cap. C’est dans sa position intermédiaire que nous avons roulé sur ce vélo et il nous faudra encore un peu de temps pour basculer entre les positions et évaluer le comportement du Swoop. Sur les traces du Radon Epic Enduro, nous avons eu l’occasion de le mettre à l’épreuve de jour et sur le sec comme de nuit et sous la pluie, avant notre petite séance photo.
Si après quelques heures à son guidon on ne peut pas tirer de conclusion définitive, il est toutefois possible de le classer dans la catégorie des gros enduro offrant un excellent rapport qualité/prix.
Radon Epic Enduro : l’édition 2017
Si le vélo est une chose, les sentiers en sont une autre. Nous étions à Olargues, dans l’Hérault, pour découvrir les traces d’une épreuve d’enduro « extrême » qui a su se faire une belle place en quelques éditions seulement : l’Epic Enduro. Radon ajoute son nom à la course et l’équipe d’organisation nous présente ses nouveautés, au pied du Carroux. Les premiers VTT ont su trouver leur chemin sur les sentiers archi-exigeants des reliefs pendant les années 80. La discipline « enduro » grandissant, une belle dynamique s’est amorcée et on y a vu éclore des talents comme Théo Galy, l’enfant du pays et co-organisateur (https://www.vojomag.com/interview-theo-galy-se-poser-pour-mieux-rider/).
Avec des spéciales d’enduro allant de 8 à 25 minutes pour les meilleurs et offrant une grande variété de rythmes et de difficultés, le terrain était parfait pour voir apparaître un enduro au format « extrême », à la fois physiquement et techniquement. Des pâturages des sommets aux orangers dans la vallée, le terrain est on ne peut plus riche, mais exigeant ! Né en 2014, le concept de ce qui s’appelle aujourd’hui le Radon Epic Enduro se construit autour de 3 boucles avec des portes horaires qualificatives, 114km et 4800m de dénivelé positif sur les terres de vélo-carroux (http://velo-caroux.fr/).
Ce sont presque 800 personnes qui étaient inscrites l’an passé et nous étions présents (récit à retrouver ici : https://www.vojomag.com/shimano-epic-enduro-coeur-de-course/). Kids, Dames, Masters… toutes les catégories sont là et tout le monde a un sacré challenge à affronter. Chez les plus jeunes, la course s’ouvre aux Benjamins avec 2 spéciales, 13 km et 535 m de dénivelé positif et négatif. Trois catégories plus loin, pour les juniors, ça sera 4 spéciales, 50km et presque 2000 mètres de dénivelé… Pour les plus de 15 ans, les portes de l’épreuve-reine seront ouvertes.
Le temps d’une journée, pour un avant-goût, nous avons parcouru à peine plus que le tracé destiné aux jeunes. Et si nous avons effectué une spéciale de nuit, c’était uniquement pour le fun et sans chrono… à l’inverse du jour de la course où la tension doit être bien différente. C’est à 4h15 du matin que s’élanceront les premiers coureurs pour une première ascension jusqu’au sommet de Saint Martin du Froid, la plus longue et la plus exigeante des spéciales. Ce n’est pas franchement une partie de plaisir mais elle est là pour tester la résistance et les capacités de récupération. Si Théo Galy la parcourt en 20 minutes 30, il faudra presque compter jusqu’à 55 minutes pour les moins techniques. Dans notre petit groupe, un paquet de blagues ponctuent la montée : « On a les molaires qui claquent », « C’est un cheminement intérieur »… Sachez en tout cas que si vous arrivez en bas de cette première spéciale, les suivantes seront bien plus sympathiques.
Si grosso modo le fonctionnement de la course reste le même, 40% de nouveautés sont annoncées et 3 nouvelles spéciales voient le jour. Le niveau est également homogénéisé dans l’enchaînement des boucles. Ce que cela veut dire concrètement, c’est que la première boucle sera potentiellement plus difficile que les autres années car elle était auparavant plus abordable que les deux suivantes. L’idée des organisateurs est également d’éviter les bouchons en début de parcours. Les amateurs de la spéciale du Montahut seront ravis d’apprendre son retour. En revanche, celle des Pylônes sort du tracé cette année.
Si le Radon Epic Enduro a tout pour plaire aux meilleurs enduristes de la planète, son côté « extrême » est toutefois un frein pour ceux qui ont des objectifs sur les EWS : il faut aller chercher l’énergie très loin pour espérer gagner. On retrouvera toutefois des noms comme Philippi, Chenevier, Vouilloz, Giordanengo, Gollay, Pugin, Sapin et bien d’autres au départ des catégories classiques et électriques.
Au total, ce sont 160 bénévoles qui seront présents sur le parcours et à l’arrivée pour que le dépassement de soi se fasse dans de bonnes conditions.
Après notre passage sur la première spéciale et une crevaison plus tard, la seule de la journée, nous enchaînons avec la spéciale numéro deux, bien plus gratifiante, tout en flow et un petit peu dans la pente. Tout le monde retrouvera le sourire à Olargues et, le jour de la course, les premiers seront probablement encore de nuit sur cette seconde spéciale.
Direction ensuite un autre classique : les crêtes XXL (un enchaînement de deux spéciales qui répondent aux doux noms de « crêtes » et « crêtouilles »). Particulièrement belle, cette spéciale n’en n’est pas moins exigeante dans sa partie haute. Après des enchaînements de passages techniques et un goulet qui en surprendra plus d’un, la suite n’est que « flow » et vitesse entre les chênes verts.
Si le repos ne sera que peu présent pour les coureurs, nous partons, sans arrière-pensée, faire une petite pause au camp de base de vélo-carroux pour apprécier quelques spécialités locales. Nous partageons un repas avec ceux qui font le coeur de l’évènement, les locaux, les traceurs et les amoureux de leur région.
Nous repartons dans la forêt et sur une autre spéciale qui allie vitesse et portions techniques. Elle contraste avec la précédente qui était elle dans la pente, lente et technique. La fatigue commence à se faire sentir et on dénombre quelques chutes dans notre groupe. Sans avoir réalisé la majorité des efforts en montée, nous ressentons déjà l’exigence du tracé.
Pour terminer notre « reco » en beauté, on se donne rendez-vous le lendemain matin à 5h30 pour une descente sur la spéciale « trottinette ». La veille au soir, nous tentions d’établir quelles étaient plus mauvaises conditions pour rouler de nuit, la pluie ou le brouillard, nous ignorions que nous allions avoir la chance de goûter aux deux ! Passés les premiers mètres, on retrouve ces sensations uniques du ride de nuit qui font aussi partie de l’ADN de la course. Entre l’impression de piloter le faucon millenium et notre vitesse réelle probablement plus proche de celle d’un escargot enrhumé, on goûte avec plaisir à cette petite descente dans l’obscurité. Pour l’occasion, nous nous laissons guider par la lampe Sigma Buster 2000 qui nous a offert une belle sécurité, même si notre fixation de la lampe sera à revoir lors d’une prochaine expérience…
Si face au menu vous hésitez, voici ce qui sera à la carte :
Boucle 1 : 2 spéciales (St Martin du Froid, Trottinettes/La Mienne) – 37 km – 1650m de dénivelés +/-
Boucle 2 : 4 spéciales (Les Crêtes XXL, Mini-Jurassic, Le Pin, Colombières) – 41 km – 1650m de D+/-
Boucle 3 : 4 spéciales (Montahut, Jurassic, Roc Traucat, l’Urbaine) – 36 km – 1500m de D+/-
De la corne sur les mains, un petit mal de jambe et l’impression d’avoir parcouru de très longs kilomètres de descente, voilà ce qui ressort de notre petite reconnaissance du parcours. Loin d’être complet, notre tour nous fait bien comprendre l’aspect exigeant d’une telle course. Si votre serviteur ne s’y risquerait pas, il comprend aisément l’attractivité d’un tel évènement, surtout quand on connaît la passion de ceux qui tracent, organisent et assurent la promotion de la course. Du vrai, du beau VTT pour les amateurs de gros défis sportifs.