Prise en main | Lapierre Overvolt AM i Bosch Team Carbone : passe-partout
Par Paul Humbert -
On ne chôme pas chez Lapierre ! 2017 a été consacrée à l’annonce de nouveaux modèles de VTTAE équipés de batteries intégrées et 2018 sera l’année de la mise sur le marché. Entre-temps, les équipes raffinent et dévoilent déjà des déclinaisons comme l’Overvolt AM i Bosch qui se construit autour d’un châssis en carbone. Présentation et découverte sur les sentiers des Portes du Soleil :
L’Overvolt Am i Bosch a lui aussi été mis sur le marché il y a quelques mois dans une version en aluminium qui s’adresse à un spectre très large de pratiquants. Plus accessible, il est également très polyvalent mais montre davantage ses limites quand on le pousse dans ses retranchements. Il s’équipe de roues et pneus de 27,5 Plus et développe 150mm de débattement.
Cet été, Lapierre dévoile une version carbone de cet Overvolt AM i Bosch et c’est sur le modèle haut de gamme baptisé « Team » que nous grimpons. Dans la gamme de la marque, on pourrait le voir en confrontation avec l’Overvolt Carbone Bosch (non intégré) présent en gamme depuis plusieurs années mais il n’en est rien. Les profils des vélos sont différents et nous vous invitons à vous pencher sur notre récent test pour vous en faire une idée plus précise : www.vojomag.com/test-lapierre-overvolt-am-800-sur-de-bons-rails/
L’Overvolt AM i Bosch est donc seul dans son segment « All-Mountain », carbone et « intégré ». Les lignes du vélos sont proches de la version aluminium présentée l’année dernière mais le tout est affiné et raffiné.
Comme depuis l’année dernière et la version en aluminium, le trait caractéristique de ce Lapierre Overvolt AM i Bosch est l’intégration de la batterie de 500 Wh du constructeur allemand. Cette dernière vient s’ancrer sur le bas du tube inférieur et est sécurisée par une goupille « traversante » et rapide sur le haut. Une alternative « fixe », offerte par un axe Torx 40, est également fournie (avec sa clé).
La batterie est couplée au moteur Performance CX haut de gamme de chez Bosch et la position de l’aimant est sécurisée par une pièce en plastique ancrée sur deux rayons et empêchant toute rotation et, ainsi, toute mauvaise transmission d’information. Une piece en aluminium positionnée juste derrière le pignon du moteur vient également empêcher les sauts et coincements de chaine. Lapierre baptise le tout « ACS » pour « Anti Chain Suck ».
L’autre élément qui fait l’identité de cette nouvelle mouture du vélo, c’est évidemment le triangle avant en carbone, monocoque, qui est associé à un triangle arrière en aluminium. L’utilisation de deux types de fibres de carbone permet au vélo de s’alléger (de 800g par rapport à la version en aluminum), de gagner en dynamisme et d’intégrer plus facilement son moteur et son jeu de direction (semi-intégré).
Le Lapierre est équipé d’origine par des roues et pneus de 27,5 PLUS mais il se veut également évolutif puisqu’il permet un passage en roues et pneus de 27,5 « traditionnels » via le basculement d’une simple petite pièce. Le tout est baptisé Dual Wheel System (DWS).
Lapierre raffine son vélo et le fiabilise. Le carter est retravaillé et les gros roulements du moyeu sont doublés et au nombre de quatre. Le raffinement passe aussi par les petits détails et les câbles et gaines du vélo cheminent en interne dans le triangle avant du Lapierre Overvolt AM i Bosch Carbone.
À l’instar de la version en aluminium, les bases de la machine sont protégées jusqu’au-dessus du point de pivot et un emplacement pour un porte-bidon est prévu.
Côté géométrie, le vélo en carbone est identique à celui en aluminium. Il présente des cotes qui, si elles n’ont rien d’extrême, sont bien pensées et ouvrent la machine à un large spectre d’utilisateurs. En taille M, le vélo affiche un reach de 422mm, des bases de 460 ou 470mm de long (en fonction de la position du DWS) et un angle de direction de 66 degrés. Le modèle en aluminium sera lui désormais commercialisé avec des coupelles dans la colonne de direction qui lui permettront de se redresser d’un degré pour apporter un petit peu plus de dynamisme, chose qui n’a pas été jugée nécessaire pour le modèle en carbone.
Côté suspension, Lapierre décline une nouvelle fois son systeme OST+ qui continue de faire ses preuves. Nous reprendrons les mots rédigés par Pierre Fluckiger dans notre essai de l’Overvolt AM 800+ pour vous présenter cette cinématique : « La suspension arrière s’articule au sein d’une cinématique à point de pivot virtuel de type horst link utilisée depuis de nombreuses années par Lapierre sous le nom d’OST+. Elle est adaptée à la géométrie induite par l’encombrement du moteur. La roue arrière est solidaire des haubans. En théorie, l’avantage de ce type de suspension est de pouvoir régler son anti-squat (pompage au pédalage) indépendamment de son anti-rise (effet du freinage sur la cinématique). Comme souvent avec le moteur Bosch, le niveau d’anti-squat est élevé. Le point de pivot principal est de par l’architecture moteur placé en arrière et relativement bas. Une biellette assure la progressivité de l’ensemble. »
Dans la gamme Lapierre Overvolt AM i Bosch Carbone, on retrouve trois modèles commercialisés à 5799€ (AM 800 i), 6299€ (AM 900 i) et 6999€ pour le haut de gamme (AM Team i). Les trois vélos sont équipés par de nombreux composants Lapierre et notamment par les jantes en carbone baptisées e-AM+.
Des Sram 4 pistons sont utilisés pour freiner ces vélos dont le cadre affiche 3,7 kg. Sram s’occupe également de la transmission avec son groupe NX Eagle, une cassette « traditionnelle » 12 vitesses de 11-50 dents couplée à un shifter qui ne permet qu’un changement de rapport par clic (pour préserver la transmission, particulièrement sollicitée en ebike).
D’un vélo à l’autre, les composants montent ensuite en gamme avec, par exemple pour la fourche, une Rockshox Revelation Motion Control pour le 800, une Revelation RC pour le 900 et une Pike Charger RCT3 sur le « Team ». Pour les dérailleurs, on retrouvera du NX, du GX et du XO1 Eagle.
Prise en main : Lapierre Overvolt Am Team i Carbone Bosch
Pour en savoir plus sur le Lapierre Overvolt AM Team Bosch i Carbone, direction les sentiers ! En partenariat avec les Pass’Portes du Soleil, l’équipé dijonnaise a choisi les sentiers environnant Morzine comme point de départ d’une randonnée d’une journée. Au programme, deux pays, deux batteries et pas mal de vélo !
Nous avons à notre disposition le modèle haut de gamme baptisé « Team » et qui s’équipe, entre autres, d’une RockShox Pike Charger RCT3, d’un amortisseur Deluxe RT3 et de freins Guide RE de la même marque. L’ensemble propose des finitions soignées, ce qu’on peut d’ailleurs attendre d’un vélo haut de gamme. La visserie, les passages de câbles semblent bien pensés, le cadre est bien isolé, protégé et le chargement sur le vélo semble facile.
Un pédalier carbone E13 est associé de manière intelligente à des manivelles de 165mm qui ne sont pas venues à la rencontre du sol pendant notre prise en main.
Côté train roulant, sur les jantes Lapierre en carbone, on retrouve des Maxxis High Roller 2 et Rekon + en section 27,5×2.8. L’ensemble s’est avéré performant dans les conditions sèches du mois de juin dans les Portes du Soleil.
On part sur un grand chemin qui monte assez raide par endroit et les qualités de grimpeur du vélo se révèlent. Disons plutôt qu’il ne met en lumière aucun défaut majeur, comme c’est parfois le cas avec les vélos électriques équipés de bases trop courtes et qui ont tendance à se cabrer. Inutile donc de charger exagérément l’avant de la machine.
Dans les montées techniques, le vélo se révèle relativement agile.
Le mode E-MTB qu’on sélectionne à l’aide de la commande Purion est une bonne réponse à la grande majorité des obstacles et terrains rencontrés. Pour rappel, ce mode va évoluer de son propre chef entre les différents niveaux d’assistance du moteur Bosch.
Côté ergonomie, on est bien sur le vélo, même si on a parfois tendance à toucher avec les pieds le point de pivot situé au niveau des bases et qui est protégé par un cache en caoutchouc.
Passée la cabane du col de Coux qui s’apprête à accueillir l’e-Pass’portes, on bascule dans la pente. Ces premières sensations ne vaudront jamais un véritable terrain longue durée, mais Lapierre a su nous proposer une bonne variété de situations que tout VTTistes pourra rencontrer : des descentes rapides et faciles, des enchaînements de marches et des sections plus lentes et tortueuses.
Le vélo reste, à l’instar de son comportement en montée, très facile à prendre en main et à piloter. On retrouve bien la machine découverte à Valberg l’année dernière et l’Overvolt AM i Bosch Carbone passe partout, tout le temps.
Le vélo arrive à garder la tête haute dans l’enchaînement de portions techniques et dans les changements de rythmes. Ces limites ne se révèlent qu’au moment où on le pousse vraiment plus vite, loin, et dans les configurations les plus radicales. Au fond, personne ne l’a jamais présenté comme une machine extrême et c’est donc bien normal, à notre sens, d’en sentir les limites à la montagne quand le dénivelé et la vitesse s’intensifient. En levant le pied et en gardant un rythme plus tranquille, le vélo retrouve ses marques et un bon grip. Les suspensions travaillent bien en accord et le tout est confortable.
S’il est difficile de comparer le comportement de ce vélo et du modèle en aluminium découvert l’année dernière, on remarque une bonne agilité de l’ensemble, une facilité à se placer dans les virages et à sortir la tête haute des épingles demandant précision et énergie.
L’apport du carbone a donc probablement son intérêt, même si le matériaux est surtout une bonne réponse aux problématiques de poids et d’intégrations façe à la demande d’un marché très friand de ce matériau dans le segment haut de gamme. Il conviendra donc de passer plus temps sur le Lapierre Overvolt AM I Bosch Carbone pour en cerner les limites, mais la première impression qu’il nous donne est celle d’un bon vélo de All-Mountain électrique polyvalent.
Plus d’infos sur le site de la marque : www.cycles-lapierre.fr
Photos : Jérémie Bernard / Lapierre