Prise en main | Flyer Uproc6 8.70 : l’archétype de l’e-enduro ?
Par Léo Kervran -
L’Uproc6, c’est le nouveau fer de lance de Flyer, la marque suisse haut de gamme spécialiste du VTTAE. Sur le papier, le vélo coche toutes les cases de l’enduro à assistance moderne : 160/170 mm de débattement, format « mulet » pour les tailles de roue, cadre en carbone… Que vaut-il sur le terrain ? Voici nos impressions après une rapide prise en main.
Flyer n’est pas (encore) très connue sur nos territoires, et pour cause : la marque suisse est spécialisée dans les e-bikes depuis ses débuts, en 1995. Quelques années en arrière, elle avait donc bien peu de raisons de faire parler d’elle, mais la voilà aujourd’hui projetée sur le devant de la scène avec l’explosion du secteur. Son réseau se développe de plus en plus et c’est à ce titre qu’elle nous a proposé cette petite prise en main de l’Uproc6.
Ce vélo, on vous en parlait il y a un peu moins d’un an, au moment de sa sortie qui coïncidait avec les 25 ans de la marque. Flyer le présente comme un e-bike d’enduro et la fiche technique correspond parfaitement à ce positionnement : 170 mm de débattement devant, 160 mm derrière et un format mulet avec une roue en 29″ devant et une 27,5″ derrière.
En accord également, les lignes du cadre qui donnent une belle impression de vitesse et d’agressivité. La partie assistance est bien intégrée et la finition matte et plutôt simple mais de qualité souligne ces traits sans trop en faire, peu importe le coloris retenu (noir/or, rouge foncé/rouge ou vert/noir comme ici). Visuellement, cet Uproc6 est plutôt réussi pour un e-bike !
Côté assistance, Flyer a fait une infidélité à son partenaire historique Panasonic et s’est tourné vers une des références du domaine : Bosch. On retrouve donc le bien connu moteur Performance CX, associé à une batterie intégrée en 625 Wh. Cette dernière est bien sûr amovible et se retire par le côté, une fonctionnalité qu’on apprécie à sa juste valeur. C’est plus simple pour mettre en place ou retirer la batterie et on ne se met plus plein de terre sur les mains après une sortie boueuse ! Enfin, la commande est une Purion, mais Flyer offre la possibilité de monter une Kiox moyennant 150 € de plus.
La cinématique est un classique 4 bar linkage type Horst Link mais, à la différence des autres Flyer, l’amortisseur est ici placé sous le tube supérieur, presque horizontalement. Comme on l’évoquait plus haut, elle développe 160 mm de débattement. Sur notre modèle de test, c’est un Fox DPX2 Performance qui s’occupe de gérer tout ça, couplé à une Fox 38 également en gamme Performance à l’avant.
Dans la tendance au niveau du format et du débattement, l’Uproc6 l’est également au niveau de la géométrie. L’angle de direction est à 64,5° (sauf en S, où il descend à 63,5°), le reach à 445 mm en taille M et 470 mm en taille L et des bases plutôt courtes, avec 445 mm. On relèvera toutefois que l’angle du tube de selle ne figure pas parmi les plus droits du segment : il oscille entre 75,7° en S et 75,2° en XL.
Notre version 8.70, affichée à 8 599 €, est le montage intermédiaire de la famille Uproc6 qui compte 3 modèles en tout. Le 6.50 est le plus « accessible » (7 099 €) tandis que le 9.50 qui chapeaute la gamme passe la barre des 10 000 € (11 099 €). Des tarifs élevés qui placent d’office le Flyer Uproc 6 sur le segment haut de gamme, même si l’équipement ne correspond pas forcément à ce positionnement (notamment pour le modèle 6.50).
Pour les suspensions, on l’a dit, c’est du Fox en gamme Performance. Cela signifie qu’on a une cartouche Grip dans la fourche, connue pour être simple à régler et confortable, mais parfois un peu capricieuse pour trouver un bon équilibre entre sensibilité et support. Vu le prix du vélo, on est en droit de se demander pourquoi Flyer n’a pas monté une fourche en cartouche Grip2 mais le choix de la Grip se défend d’un point de vue utilisation / pratiquant ciblé. En effet, la Grip2 est bien plus pointue à régler et elle demande du temps ainsi que des connaissances pour être exploitée correctement.
La transmission et le freinage sont fournis par Shimano avec un ensemble complet Deore XT. Les étriers sont bien sûr en 4 pistons et ils sont ici associés à des disques de 203 mm de diamètre à l’avant comme à l’arrière.
Le train roulant d’origine est parfaitement adapté à la pratique de l’enduro en e-bike et c’est suffisamment rare pour être signalé. Les roues sont des DT Swiss H1700 (la série dédiée aux VTTAE du fabricant suisse) en 30 mm de largeur interne et les pneus un couple Maxxis Assegai / DHF en 2,5″ de large et surtout en carcasse DoubleDown, plus rigide et renforcée que l’Exo+ qu’on retrouve très (trop ?) souvent en monte d’origine.
Enfin, tige de selle et poste de pilotage sont siglés Flyer. On a vu plus travaillé et flatteur esthétiquement parlant, mais ils sont parfaitement fonctionnels.
Le Flyer Uproc6 8.70 sur le terrain
Comme sur la plupart des vélos aujourd’hui, la position de départ est confortable et on se sent bien placé sur l’Uproc6. En montée, on peut faire confiance au moteur Bosch pour prendre du dénivelé rapidement, mais dans le technique, le vélo demande un peu d’attention. Cela tient au comportement du moteur, connu pour pousser fort, mais aussi à la géométrie du cadre : avec sa petite roue arrière, ses bases courtes et son angle de tube de selle pas spécialement droit, le Flyer Uproc6 tend à cabrer assez facilement lorsqu’on aborde des pierres ou des racines alors que la pente est déjà marquée.
Heureusement, baisser la tige de selle pour abaisser son centre de gravité permet de régler à peu près le problème. Si vous êtes habitué aux vélos classiques, cette technique va à contre-courant de toutes vos sensations et c’est assez déroutant, mais ici on a un moteur et c’est très efficace, même si ça nécessite d’adapter un peu son pilotage.
En descente, l’Uproc6 se montre bien plus docile que ses lignes ne le laissaient imaginer. Le vélo est du genre « collé au sol », très facile à prendre en main et sécurisant. Les réactions sont prévisibles (merci l’excellente monte pneumatique et les freins adaptés) et le vélo pivote facilement dans les virages, sans être trop nerveux quand on roule vite.
On se sent tellement bien à son guidon qu’on à vite envie de jouer avec le terrain et d’essayer des choses, d’autant que le vélo est maniable, mais son caractère n’est pas très joueur et on se remet bien vite à rouler « normalement ». Autrement dit, les deux roues au sol et sur le chemin. C’est ainsi que ce Flyer s’apprécie le plus, en se faisant oublier pendant qu’on profite du paysage ou qu’on se concentre sur ses trajectoires.
Simple et facile à prendre en main, l’Uproc6 semble être un vélo bien né. Son caractère peu exigeant et rassurant en descente fait de lui un vélo très neutre, qui pourra convenir à tous les niveaux ou presque. Seul bémol, un rapport prix/équipement pas des plus compétitifs. Le comportement de la plateforme mérite qu’on s’y intéresse, mais cela suffira-t-il à convaincre le public ?
Plus d’informations : flyer-bikes.com/fr