Prise en main | Commencal Meta V5 vs Meta SX V5 : lequel choisir ?
Par Adrien Protano -
Deux machines d’enduro, une dénomination très proche et un look similaire… Mais qu’est ce qui peut bien distinguer le Commencal Meta V5 de son grand-frère bodybuildé, le Meta SX V5 ? Et lequel convient-il le mieux en fonction de ses attentes personnelles ? Pour répondre à ces questions, Jacques Evrard, testeur Vojo, a embarqué avec le Commencal Enduro Project à destination de Madère pour confronter les deux châssis sur le même terrain… idyllique. Eléments de réponse :
Présenté en juillet dernier après 4 ans de développement et plus de 28 prototypes, le Commencal Meta V5 avait rapidement été rejoint par son grand frère bodybuildé, le Meta SX V5 (cf. Nouveauté | Commencal Meta V5 – Meta SX V5 : entre continuité et rupture). Tous deux positionnés sur le segment de l’enduro, il n’est pas toujours aisé d’identifier les différences entre les deux châssis et celui qui pourrait davantage convenir à sa propre pratique.
Pour tenter d’y voir plus clair entre ces deux châssis assez similaires (et pourtant bien différents comme nous l’avons découvert), Commencal nous a conviés sur l’île portugaise de Madère pendant le Mountain Bike Meeting, pour une prise en main de quelques jours en compagnie de Mathieu Ruffray et Alex Rudeau, pilotes au sein du team Commencal Enduro Project. La marque andorrane avait donné pour seule consigne d’envoyer un pilote capable de lâcher les freins et de faire face au terrain très changeant de Madère.
C’est finalement Jacques Evrard qui s’est collé à la tâche. Testeur régulier de la rédaction, Jacques est un enduriste confirmé, qui s’est notamment imposé sur l’enduro de l’Amblève cette saison, manche d’enduro du calendrier belge connue comme la plus dure de Belgique… Il nous raconte son expérience :
On redécouvre le Meta V4
Pour être en mesure de percevoir les différences et corrections apportées sur cette nouvelle génération de Meta, c’est par l’ancienne génération, le Commencal Meta V4, que la prise en main a débuté. Rappelons que sur cette 4e génération de Meta, la gamme était divisée entre le Meta AM V4, modèle enduro exclusif par définition, le Meta TR V4, version plus polyvalente avec un débattement légèrement inférieur (140/150mm), et finalement le Meta SX V4, déclinaison mulet (27,5/29 pouces) de la version AM. Pour plus de détails, c’est juste ici.
Dans un montage plutôt entrée de gamme, le Meta SX V4 que j'ai roulé m'a semblé assez dur à piloter à basse vitesse.
« Dans un montage plutôt entrée de gamme, le Meta SX V4 que j’ai roulé m’a semblé assez dur à piloter à basse vitesse. Le vélo nécessitait de la vitesse pour s’animer et prendre vie. Une fois mis en mouvement par contre, il s’est montré plus joueur et agréable à piloter. Ce fut une jolie mise en bouche, juste de quoi attiser ma curiosité avant de rouler les nouveaux modèles le lendemain », explique Jacques. On ne s’attarde pas plus sur cette version qui a servi d’échauffement, et on rentre directement dans le vif du sujet.
Le Commencal Meta SX V5 :
Itération la plus agressive du châssis, le Meta SX V5 est présenté par Commencal comme « lamachine pour les riders qui cherchent un bike offrant des sensations au plus proche de celles d’un vélo de descente ». Avec 170/165 mm de débattement avant/arrière et son montage « mulet » (comprenez là une roue de 29″ à l’avant pour favoriser les franchissements et une roue de 27,5″ à l’arrière pour rendre le vélo aussi agile que possible), la marque andorrane veut jouer dans la cour des grands… ou plutôt des gros vélos d’enduro.
Suite logique des développements opérés sur le Suprême V5 de DH, cette 5e génération de Meta fait fi du monopivot et biellette/basculeur caractéristiques du Meta (voire de Commencal de manière générale) pour accueillir le point de pivot virtuel. C’est ici la nouvelle architecture de la marque, baptisée VCS (pour Virtual Contact System), que l’on retrouve (cf. lexique).
Sur le papier, pas de doute : cette version s’adresse aux pilotes à la recherche d’un gros vélo d’enduro capable de les accompagner en bikepark, à la montagne ou sur des trails très cassants et accidentés.
Le Commencal Meta V5 :
Mais Commencal l’a bien compris, la pratique de l’enduro ne se limite pas à l’aspect purement gravity et presque mini-descente comme on pourrait parfois l’imaginer. Pour les longues sorties à la pédale, les épreuves enduro au format « rallye » et tous les terrains ne nécessitant pas une machine aussi capable que la version SX, Commencal a prévu le Meta V5.
Pour mettre davantage l’accent sur la polyvalence, ce Meta V5 développe un plus petit débattement (160/150 mm), et affiche une géométrie moins radicale ainsi que des roues de 29″.
Côté géométrie, le modèle SX (en taille M, schéma de gauche) affiche un angle de direction de 64°, un reach de 460 mm, des bases de 442mm ainsi qu’un tube de selle de 77,5°. En comparaison, le Meta V5 « tout court », en taille M et position haute, a un angle de direction plus ouvert d’un demi degré (64,5°), un reach identique (460mm), des bases plus courtes de 25mm (435mm) et un angle de tube de selle plus redressé de 78,2°. En plus de ces différences de cotes, le Meta V5 est doté d’un flip-chip placé à la liaison entre l’amortisseur et la biellette, permettant de coucher un peu plus la géométrie si le besoin s’en fait sentir.
Pour une comparaison plus détaillée des deux machines sur le papier, c’est par ici ! Nous, on fonce rejoindre Jacques sur le terrain pour se concentrer sur le ressenti une fois sur les sentiers.
Meta V5 ou Meta SX V5 : lequel choisir ?
Jacques entame ainsi le débriefing de son expérience : « C’est par le Meta SX V5 que j’ai commencé la comparaison entre les deux modèles. Pour mon mètre 79, Commencal m’a conseillé un taille M. Comme pour le Meta V5, le vélo ne nécessite pas une multitude de réglages complexes. Après avoir effectué le réglage des suspensions et ajusté le poste de pilotage, cap sur les trails ! »
« Le Meta SX V5 m’a bluffé par la stabilité qu’il offre. Une fois la trajectoire choisie, le vélo n’en dévie pas, et cela qu’importe les obstacles qui peuvent se dresser face à nous. On se sent en confiance sur le vélo et on aborde les franchissements et passages techniques avec aisance. Le châssis ne semble jamais broncher, même lors de réceptions hasardeuses ou de virages enchaînés très (trop ?) rapidement. »
« De l’autre côté du spectre, le Meta V5 est capable de facilement générer de la vitesse en pompant et en jouant avec le terrain, et le vélo semble flotter au-dessus des obstacles une fois la vitesse de croisière atteinte. Il est également plus facile à prendre en main, avec un côté très accessible et agile. Plus tolérant et confortable de par la construction de son cadre, il ne peut par contre pas prétendre à la même stabilité que le modèle SX, et l’on peut plus rapidement s’imaginer atteindre les limites du châssis. »
« Par contre, il n’y a pas de doute : le V5 est également un bien meilleur pédaleur que son cousin, le SX.
Il convient de préciser que le train roulant n’y est pas innocent puisque le SX était équipé de pneus à carcasse Double Down, contrairement au Meta V5 ».
Entre les deux modèles, c'est clairement le Meta V5 que j'ai préféré !
« Au final, même si le côté très stable du SX est intéressant, c‘est clairement le Meta V5 que j’ai préféré entre les deux modèles qu’on a roulés ! En plus d’être plus confortable, il est aussi plus fun à piloter et plus en phase avec mon style de pilotage. J’aime bien avoir un vélo vivant qui appelle à faire des bêtises et à transformer le moindre petit mouvement de terrain en appel pour décoller. Je pense aussi qu’il correspond davantage à mon type de terrain à côté de la maison. À vrai dire, je me vois bien le rouler sur mes pistes habituelles en Belgique. »
Par leur géométrie et leur caractère, les deux vélos peuvent prétendre au qualificatif d’enduro mais ce sont là deux interprétations bien différentes de la pratique :
Le Meta SX V5 est davantage tourné vers l’aspect capacité en descente, sortie en bikepark et filiation directe à un modèle DH. La construction du cadre de ce modèle SX, notamment avec le renfort entre les deux haubans au niveau du triangle arrière, fait de lui un modèle plus rigide, donc plus précis mais également plus fatigant à piloter. Si vous cherchez un vélo sans compromis dans la pente, c’est lui !
Le Meta V5 et ses grandes roues de 29″ se destinent davantage à une pratique plus large de l’enduro. Avec des capacités accrues au pédalage, mais également un confort, une tolérance et une accessibilité du châssis, le Meta V5 risque de facilement rencontrer les attentes d’une plus grande part d’utilisateurs.
Remarquons que le team Commencal Enduro Project a disputé l’ensemble des manches de cette saison 2023 d’EDR sur le Meta V5, et non sur la version SX. Si la tolérance du châssis et les capacités de pédalage ne sont pas innocentes dans ce choix, on imagine bien que le facteur de la taille des roues doit être un facteur déterminant entre les deux châssis, un vélo en roues de 29″ étant généralement préféré par les pilotes d’EDR sur les circuits internationaux.
La courte durée de cette prise en main et de la comparaison entre les deux modèles de la marque n’équivaut évidemment pas un test en bonne et due forme effectué sur nos parcours d’essai habituels. Mais grâce à la qualité du terrain, cette entrevue nous a tout de même permis de faire ressortir les traits de caractère et les programmes de prédilection de chacun des deux châssis.
Si la destination de Madère vous intéresse ou que vous êtes en manque de soleil et de trails poussiéreux, restez attentif… il se pourrait qu’un récit de cette semaine passée en compagnie des pilotes du team Commencal Enduro Project dans le cadre du Mountain Bike Madeira Meeting sorte bientôt !
Pour plus d’informations : https://www.commencal-store.com