Prise en main | BH GravelX R : l’efficacité comme maître-mot
Par Adrien Protano -
Il y a un an jour pour jour, BH offrait une mise à jour à son châssis de gravel, le Gravel X, afin de le rendre plus polyvalent. Pour 2024, la marque espagnole dévoile un tout-nouveau modèle s’inspirant de son grand-frère, mais avec un objectif différent : la performance. Baptisé GravelX R (pour Racing), celui-ci se concentre sur l’efficacité et vise la pratique du « gravel sportif ». Nous avons eu l’occasion de faire un premier essai en amont du lancement du vélo. Présentation :
Avec un changement de look radical et l’apport de quelques petites nouveautés, la dernière mise à jour du BH Gravel X ne remonte à pas si loin puisque celle-ci avait été dévoilée il y a désormais un an jour pour jour (cf.Test | BH Gravel X 4.0 : le choix de ne pas choisir). 365 jours plus tard, la marque espagnole revient avec un tout nouveau modèle… ou presque !
Dénommé GravelX R, ce petit nouveau reprend les évolutions et enseignements de son grand frère le Gravel X, pour en faire un nouveau modèle avec ses propres objectifs : « Transférer la philosophie racing des modèles de route au monde off-road », introduit la marque.
Châssis : plus léger, plus rigide
Ce tout nouveau GravelX R a quelques traits communs avec son frère le Gravel X, mais avec une inspiration plus « Race » et épurée. Côté structurel, il entend pousser le curseur bien plus loin en termes de rigidité et de légèreté. L’ensemble des quatre modèles de GravelX R sont construits en carbone, sur base du « EVO Carbon Layup » de la marque.
Dans un objectif de poids contenu, BH a décidé de se passer de son système maison « SRS » (Smooth Riding System) inauguré sur le Gravel X, à savoir le point de pivot à la liaison entre les haubans et le tube de selle permettant au triangle arrière de fléchir légèrement et de mieux suivre le terrain. Ici, on retrouve donc une jonction plus habituelle entre le triangle avant et arrière, promesse d’une plus grande rigidité par la marque et solution nécessairement plus légère.
Pas de changement par contre du côté de la fourche qui conserve sa forme incurvée, ce qui doit l’aider à dissiper une partie des vibrations.
Cela s’en ressent également sur la balance où nous avons pesé le GravelX R à 8,750 kg (sans pédales, taille M), là où le Gravel X pointait à 9,26 kg. Le cadre seul affiche quant à lui 940 g en taille M, soit un gain de plus de 100 g par rapport au Gravel X (1050 g en taille M), mais qui reste toutefois insuffisant pour permettre à ce châssis de concurrencer les plus légers du secteur.
Cette cure de minceur et cette spécialisation dans la performance ne se sont pas faites sans concession. C’est par exemple le cas de cette boîte à gant sous le tube diagonal, présente sur le Gravel X et que BH a décidé de ne pas transférer sur le GravelX R. Les inserts sur la fourche et au sein du triangle avant ont par contre été conservés tels quels, un choix que l’on salue et qui permet de garder ouverte la porte du bikepacking.
Comme son grand frère, le GravelX R est soigné visuellement et fait la part belle à l’intégration. Les gaines passent directement au sein du jeu de direction et de la potence FSA, tandis que le serrage de tige de selle est intégré au cadre. Impossible de rester indifférent face à ce look épuré et ces lignes agressives et marquées !
Géométrie : frère jumeau
Si ce GravelX R présente esthétiquement des airs de famille avec le Gravel X, cela ne se limite pas juste au look. Ce nouveau modèle en reprend en grande partie sa géométrie, seules les bases sont 2 mm plus courtes dans toutes les tailles, tandis que le stack a été légèrement revu (+2 mm en taille M et L). Pour le reste, le GravelX R affiche des cotes de géométrie (les angles, longueur de tube de selle, reach, hauteur de douille de direction) identiques à celle du Gravel X.
Équipements du BH GravelX R
C’est le modèle 6.5, soit le modèle le plus haut de gamme au sein du catalogue, que la marque espagnole a mis à notre disposition le temps de cette prise en main. Luxueux modèle, celui-ci est commercialisé à 4999 €, avec un rapport composants/prix assez intéressant.
Au niveau de la transmission, ce modèle est équipé d’un groupe Shimano GRX Di2 en double plateau (46/30), associé à une cassette 11/34. Comme on vous l’expliquait lors du test du Gravel X : « À la différence de l’AXS de Sram, on a ici une grande batterie centrale et des fils pour connecter les différents composants. Un peu moins pratique au montage, mais la durée de vie de la batterie entre deux recharges est bien plus longue (on parle de plusieurs mois en usage “moyen”). »
Le train roulant est toujours composé de roues Vision SC45 avec jantes en carbone (45 mm de haut, 21 mm de largeur interne) chaussées de pneus Pirelli Cinturato Gravel en 40 mm. On notera toutefois que le cadre accepte le montage de pneus jusqu’en 45 mm.
Enfin, les périphériques sont siglés BH à l’exception de la selle, une Prologo AGX, ainsi que du cintre avec un FSA NS Gravel.
Versions et tarifs du BH GravelX R
Ce nouveau BH GravelX R se décline en quatre montages, tous en carbone. Le modèle le plus accessible est le GravelX R 3.5 à 3299 € (Shimano GRX 1×12), la gamme se poursuit avec le GravelX R 4.5 à 3699 € (équipements similaires au 3.5 sauf la transmission Sram Apex AXS) et le GravelX R 5.5 à 3499 € (Shimano GRX à double plateau). Le GravelX R 6.5, modèle le plus onéreux et qui illustre les photos de cet article, culmine à 4999 €.
BH GravelX R : le test terrain
En amont de la sortie du vélo, la marque espagnole a mis à notre disposition un GravelX R 6.5, soit le modèle le plus haut de gamme du catalogue. Pour notre 1m77, c’est un vélo en taille Medium que BH nous a recommandé. Directement, on sent que la position est fort typée course, avec un avant assez bas et un cadre court couplé à une potence plutôt longue. On se sent rapidement bien installé et même si la position est racée, on a l’impression qu’on pourrait tout de même faire de longues sorties sans difficulté à son guidon. Attention tout de même, avec un cadre court et ce type de géométrie, nous avons noté qu’il y a du « toe overlap », c’est à dire que l’avant du pied peut venir légèrement en contact avec le pneu quand on tourne. C’est courant sur route, mais moins en gravel.
Comme pour ses prédécesseurs, le BH GravelX R donne directement le ton une fois qu’on l’enfourche : on est face à un châssis qui a une véritable identité, laissant transparaître des racines « performance » qui se rapprochent plus de l’univers route que du VTT. C’est logique et assumé : si vous voulez un gravel plus orienté confort, c’est vers le Gravel X qu’il faut s’orienter chez BH.
Exit le système SRS du gravel X pour filtrer les vibrations, ici on est sur un cadre classique fait pour envoyer du braquet sur des tracés plus roulants. Et, en plus d’avoir un vélo plus nerveux et ayant davantage de répondant face au changement de rythme, cela permet évidemment de gagner de précieux grammes. Bref, tout a été pensé pour l’efficacité et la performance sur ce GravelX R, et cela se ressent sur le terrain avec un vélo réactif dans les accélérations et facile à maintenir à haute vitesse.
Revers de la médaille, on perd indéniablement en confort. Si la construction du cadre permet de continuer à dissiper une partie des vibrations, cela ne peut pas rivaliser avec une petite suspension, même minimaliste, comme on en trouve sur le Gravel X ou sur le Cannondale Topstone. Mention très bien tout de même pour la fourche qui apporte un réel plus en confort et qui permet aussi d’avoir un avant du vélo qui reste assez facile à maîtriser quand cela tabasse. On recommandera tout de même de monter des pneus en 45mm pour gagner encore un peu plus en confort sans réellement perdre en rendement, comme le font nombre de spécialistes du gravel sur les épreuves rapides.
Cela ne nous a pas semblé être un défaut dans l’absolu, mais plutôt un choix de philosophie, d’usage et d’attentes : pour une pratique du gravel aux contrées du VTT, le Gravel X sera la machine la plus recommandée au sein de la gamme de chez BH ; si par contre votre pratique s’apparente davantage au gravel tel qu’on l’entend en compétition jusqu’à présent, avec une vitesse moyenne élevée, du chemin blanc et même des portions de bitume, le GravelX R vous intéressera sans doute.
Dans son domaine de gravel (très) sportif, le BH GravelX R permet presque de donner l’illusion d’être au guidon d’un vélo de route à certains instants. Le cadre a du répondant et on se surprend à descendre d’un pignon pour conserver le rythme imposé. Il nous faut également mentionner l’apport du train roulant, facilitant les relances et conservant de l’inertie à haute vitesse.
Verdict :
« À partir tantôt du côté du gravel sportif tantôt du côté du gravel aventure, cela donne une machine qui n’est ni vraiment l’un ni vraiment l’autre », expliquait Léo dans le test du Gravel X… Ses voeux semblent avoir été entendus ! Avec le GravelX R, BH crée une toute nouvelle machine qui, cette fois, a un vrai parti pris. Le modèle R se positionne comme un vélo typé et imaginé dans un but précis : offrir un châssis performant pour une pratique sportive du gravel. Voilà qui explique pourquoi la marque espagnole a notamment préféré se passer du système de suspension SRS que l’on avait apprécié sur le Gravel X, ou encore la petite boîte à gant. Le GravelX R se veut être un vélo qui se fait remarquer pour son rendement et sa capacité à rouler longtemps à haute vitesse… et c’est le cas !
Pour plus d’informations : https://www.bhbikes.com/fr_fr/shop/velos/road/gravelxr