Présentation – Interview | Les acteurs du team Origine Racing Division se livrent
By Olivier Béart -
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A l’occasion du lancement du team Origine Racing Division, nous avons eu l’occasion de passer du temps et d’échanger avec le staff et les coureurs de l’équipe. La naissance du projet, ce qui les a poussés à s’embarquer dans l’aventure, les premiers moments ensemble et les objectifs pour la saison 2025 : Maxime Marotte, Mathieu Durand, Mathis Azzaro, Martina Berta, Ronja Eibl et Knut Rohme se livrent pour Vojo.
Avant de vous parler des coureurs et du staff de l’équipe, impossible de ne pas toucher un mot de Rémi Lefèvre et Yves Amiel, les co-fondateurs d’Origine, qui avaient du mal de cacher leur émotion au moment du lancement de l’équipe dans leur usine flambant neuve à Valenciennes. « C’est un projet qu’on avait en tête depuis si longtemps, et qui nous a demandé tellement d’énergie ces derniers mois… C’est effectivement un jour très émouvant pour nous et qui fera date dans l’histoire d’Origine. Depuis que le Théorème FS était sur la planche à dessin, on rêvait de l’emmener sur les circuits de coupe du monde. Aujourd’hui, ce rêve prend forme et nous avons tellement hâte de voir nos vélos en action, surtout dans les mains d’une telle équipe. »
Passons maintenant au staff de l’équipe, avec d’une part un visage bien connu du grand public, celui de Maxime Marotte, et d’autre part Mathieu Durand, moins habitué à être sous le feu des projecteurs, mais qui est par contre très réputé dans le milieu en tant qu’agent de coureurs (Julie Bresset, Stéphane Tempier et… Maxime Marotte notamment) et team manager de l’équipe Specialized Enduro jusque fin 2024.
Maxime Marotte : « Bien vivre en semble pour performer ensemble »
Après deux dernières saisons passées au sein du team Rockrider, Maxime Marotte a senti qu’il était temps pour lui de tourner la page en tant que coureur. « Début 2024 j’étais encore très motivé. Mais au Brésil j’ai directement senti mes soucis respiratoires revenir. J’ai vécu un enfer sur le vélo et je suis rentré de là avec plein de questions. Je me suis remobilisé en vue du championnat de France à Levens, mais j’ai vécu à nouveau une course horrible. C’est là que je me suis vraiment dit qu’il était temps de passer à autre chose. Je n’ai pas de regrets parce que j’ai tout donné, même si j’aurais aimé faire de meilleurs résultats avec et pour l’équipe Rockrider que je tiens à remercier. Mais mon corps a dit non. »
Impensable néanmoins pour le champion de baisser les bras. « J’avais déjà depuis longtemps dans un coin de la tête l’idée d’intégrer le staff d’une équipe. Ou d’en lancer une avec Mathieu. Je crois que ça doit faire 10 ans qu’on a lancé ça un jour sur le ton de la rigolade. Mais ça n’a jamais quitté nos esprits. Nous sommes amis, mais nous travaillons aussi ensemble depuis très longtemps. On sait que notre duo fonctionne et se complète bien : il est juriste, il sait gérer les contrats, les finances, la recherche de partenaires ; et moi je connais bien l’aspect sportif, performance. Je le sentais depuis le départ mais aujourd’hui c’est une certitude, ce projet, je n’aurais jamais pu le faire seul, sans Mathieu. »
Il y a eu une vraie rencontre et j’ai vu que tous les ingrédients étaient réunis pour créer une belle aventure.
Soudainement, les astres se sont alignés. « Quasiment au lendemain du championnat de France à Levens, Mathieu m’a appelé pour me parler de ses contacts avec Origine. J’ai vu ça comme un signe. J’avais entendu des bruits et, évidemment, je connaissais Origine comme marque, mais je ne connaissais pas vraiment les vélos ni les personnes. Et quand je m’y suis intéressé, j’ai très vite été convaincu. J’ai essayé le vélo et j’ai vu qu’il était performant. Puis, surtout, j’ai rencontré Rémi et Yves. J’ai de suite senti de la passion, de la profondeur dans leurs réflexions, des moyens et de vraies qualités humaines. Il y a eu une vraie rencontre et j’ai vu que tous les ingrédients étaient réunis pour créer une belle aventure. »
Une fois les bases jetées, le projet sportif pouvait commencer à se concrétiser. Avec, bien entendu, le recrutement des coureurs. « Mathis a très vite rejoint l’aventure. Nous avons tissé des liens assez forts quand nous étions équipiers et, quand je lui ai parlé du projet, il a tout de suite été intéressé. On en a parlé avant qu’il ne fasse ses premiers podiums en coupe du monde, je tiens à le souligner. J’avais déjà vu son potentiel bien avant. Le fait qu’il soit monté sur la boîte à deux reprises en 2024 n’a fait que confirmer la pertinence du choix. »
Evidemment, on ne fait pas une équipe avec un seul coureur. « Nous voulions la parité dans l’équipe et chez les Dames, j’ai très vite approché Martina Berta. Nous avons été coéquipiers chez Santa Cruz et nous avons toujours eu d’excellente relations. Je connais ses qualités sportives et humaines. Pour moi c’était presque une évidence. »
Ensuite, une fois les deux leaders recrutés, il a fallu compléter l’effectif. « Avec Knut, nous avons eu l’occasion de rouler au même niveau en course et d’avoir de belles bagarres. J’ai vu son côté impitoyable mais toujours clean sur le vélo, sa détermination. Puis, aussi, à l’arrivée, son grand sourire, ses accolades. Je pense qu’il a beaucoup de potentiel, mais qu’il n’a pas encore eu tous les ingrédients de la performance à sa disposition. Quant à Ronja, c’est elle qui est venue vers moi, et j’ai aimé sa détermination. Elle est jeune mais elle a déjà vécu tant l’euphorie de la victoire que les difficultés des blessures. Je crois en elle. »
Détermination et esprit de famille, voilà deux termes qui ont énormément d’importance aux yeux de Maxime Marotte : « Nous avons dans l’équipe des coureurs qui savent ce qu’ils veulent sur le plan sportif, et qui ont de vraies qualités humaines. Pour moi, c’est fondamental. Quand tu vas passer plus de la moitié de ta vie avec ton équipe, ça devient ta deuxième famille et il faut que l’ambiance soit bonne pour performer. Et là, je pense qu’en plus de grands athlètes, nous avons aussi un groupe constitué de très belles personnes. »
Et pour conclure, comment Maxime voit-il son nouveau rôle de team manager ? « J’ai toujours été curieux et je me suis toujours intéressé à l’organisation des équipes dont j’ai fait partie. Le soir, je réfléchissais à l’amélioration de certains détails, à des suggestions pour améliorer l’organisation. J’ai parfois été suivi, et parfois pas. Et plus j’avançais, plus j’avais envie d’avoir les cartes en main pour mettre en pratique toutes ces idées que j’ai pu avoir au fil des années. Sur le plan sportif, je vais aussi beaucoup travailler sur les aspects techniques et sur le vélo, un peu à l’image de ce que faisait Steph Tempier chez Rockrider. C’est précieux pour des coureurs d’avoir quelqu’un qui dégrossit les réglages des vélos pour eux, qui teste les premiers prototypes de nouvelles pièces, de sorte qu’ils aient déjà une grande partie du travail qui soit fait quand ça arrive jusqu’à eux. Cela peut leur faire gagner un temps précieux, et le temps, c’est de la performance ! »
Mathieu Durand : « Un projet qui a du sens »
Mathieu Durand n’est pas un personnage public. C’est plus un homme de l’ombre. Mais, dans le milieu du VTT, rares sont ceux qui ne connaissent pas son nom ou son visage. C’est surtout dans les paddocks des coupes du monde d’enduro qu’on l’a vu ces dernières années, comme manager du team Specialized, mais il a toujours eu des contacts dans le XC également. « J’ai donné pas mal de petits coups de main à des équipes et j’ai accompagné des athlètes comme Julie Bresset, Steph Tempier ou Maxime. Etre juriste et connaître le milieu du VTT, ça sert parfois… », dit-il en souriant.
Des débuts du projet, il retient un enchaînement assez dingue : « De mon côté, je sentais que l’avenir était très incertain en enduro, puis j’ai eu le coup de fil d’Origine et, le lendemain, Max m’appelle pour me dire qu’il avait eu le déclic au championnat de France et qu’il voulait arrêter sa carrière de coureur pour se lancer dans un nouveau projet. Je lui ai de suite dit : j’ai peut-être quelque chose ! »
Nous avons cherché un bon mix entre des coureurs capables de jouer le podium et des jeunes pleins de potentiel que nous pensons pouvoir aider à exploser
« On a commencé par faire une liste de pilotes à Origine, avec les coûts de chacun, une évaluation de leur potentiel. Nous avons cherché un bon mix entre des coureurs capables de jouer le podium et des jeunes pleins de potentiel que nous pensons pouvoir aider à exploser. Mathis s’est très vite détaché et les autres ont suivi. »
Au-delà du plan sportif, Mathieu s’est attelé à la recherche de partenaires. « Nous avons cherché à nous allier à des gens qui croient au projet avant tout. Ekoï a été le premier gros partenaire à rejoindre l’aventure et nous les en remercions. Quand ils ont embarqué dans le navire, ça a été un moment capital. »
« Suntour a aussi été très vite emballé. Ils veulent développer le TACT, leur système de suspension électronique, et Origine a fait le nécessaire pour adapter le vélo très rapidement. Ils ont tout de même remporté les deux derniers titres olympiques à Paris ! «
« Avec Tektro, Michelin et Look, nous avons aussi trouvé face à nous des marques vraiment intéressées par le développement. Elles ont de très bons produits, mais elles veulent aller plus loin et réellement utiliser la compétition comme laboratoire. C’est très motivant pour une équipe comme la nôtre, et gratifiant. Puis, il y a une marque prestigieuse comme Enve qui nous fournit les roues et le poste de pilotage ; cela apporte un vrai plus au vélo. Sans oublier Vertical pour la tige de selle super légère et Prologo pour les points d’appui (selle et grips). Puis, je veux aussi souligner l’importance des mécaniciens, qui sont des personnes que nous connaissons bien et qui vont nous aider à assembler tous les ingrédients de la meilleure manière possible. »
Et les coureurs, ils en pensent quoi ?
Mathis Azzaro : « Objectif victoire ! »
Pour Mathis Azzaro, Maxime Marotte est rapidement devenu comme une sorte de parrain sportif. « Quand il m’a parlé de son projet peu après le championnat de France, j’ai été très flatté qu’il pense à moi. J’avais déjà fait quelques bons résultats, mais c’était avant que je fasse mes podiums en fin de saison. Pour moi, c’était important, ça m’a montré que ce n’était pas de l’opportunisme. C’était une vraie envie profonde de m’avoir dans sa future équipe. »
« Ce qui a fini de me convaincre, c’est de pouvoir essayer le vélo. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, toutes les équipes ne le proposent pas. Et j’ai senti qu’on avait une bonne base, un vélo capable de gagner en coupe du monde. Puis, je sais aussi que Max est un super metteur au point, et qu’il va bien nous préparer le travail. J’adore essayer du matos mais pendant la saison on n’a pas le temps de tester tout. Il faut déjà que les produits soient à un certain stade de mise au point. »
« J’ai aussi énormément apprécié que Mathieu et Max me tiennent au courant de tout le montage du projet à partir du moment où j’avais dit que je me lançais dans l’aventure. Les partenaires, les équipiers : ils m’ont tout expliqué et même demandé mon avis. C’est très gratifiant. »
Quant aux objectifs 2025, Mathis Azzaro nous surprend un peu dans le début de sa réponse : « Je veux avant tout mieux profiter du moment. Ca peut paraître bizarre de dire cela, mais j’ai fait une 3e place et deux 2e places en 2024 et j’ai l’impression de ne pas vraiment en avoir profité. Alors, pour 2025, ma motivation c’est de remonter sur le podium et de pouvoir savourer pleinement ces instants. Gagner ? Oui, c’est un objectif. Je sais que je peux le faire ! La saison 2025 sera longue, avec une grosse coupure au milieu. Il faudra réussir à être constant. Mais je me sens bien et je me sens prêt ! Puis, j’ai vraiment envie que ça démarre, d’être avec mes coéquipiers, parce qu’il y a une super ambiance entre nous. »
Martina Berta : « Max est fait pour être team manager »
« Quand Max m’a approchée, je n’ai pas hésité longtemps. Déjà quand nous étions équipiers, je sentais qu’il était fait pour être team manager. Ce n’était pas son rôle officiel, mais il organisait naturellement certaines choses, et ça faisait du bien à toute l’équipe. Je sais aussi quel athlète il est, sa rigueur dans la préparation. Je suis heureuse de le retrouver et de me lancer dans un nouveau projet. Ils se complètent super bien avec Mathieu, et ils ont constitué un super groupe. »
« En 2025, je veux être avant tout constante, être à l’avant sur toutes les courses ; être une actrice, pas une spectatrice. Gagner ou même monter sur le podium, ce sera la récompense de tous les efforts accomplis. Et les championnats du Monde en Suisse seront un très gros objectif pour moi, plus encore que les coupes du monde. J’ai déjà une médaille mondiale, mais j’ai faim de plus que cela. »
Knut Rohme : « Une équipe pour performer »
« Je viens d’un pays, la Norvège, où nous avons peu l’occasion de nous frotter à de très bons coureurs, à part en coupe du monde. Mais on passe tout de suite au plus haut niveau, quasi sans transition. On a souvent roulé ensemble en World Cup avec Maxime. Puis, on a commencé à parler après les courses, et j’ai senti que jusque-là, il m’avait manqué quelqu’un comme lui pour m’aider à performer. Je pense que j’ai le physique, mais ça ne suffit pas en coupe du monde. Il faut être au top partout, et pour cela il faut être bien entouré. Avec le team Origine, je sens que j’ai enfin cette opportunité. »
« Mon objectif sera surtout de briller en XCC. Là, je pense que je peux déjà faire quelque chose et être devant en 2025. Pour le XCO, je vise surtout la régularité dans le top 15. Je sais que cela prendra plus de temps. Mais je suis confiant. »
Ronja Eibl : « Mission : retour au premier plan »
Ronja Eibl a connu les joies de la victoire quand elle était plus jeune, chez les Juniors et les Espoirs. Puis, elle a aussi connu une longue traversée du désert. « Après la période Covid, j’étais sur-entraînée. J’étais dans une équipe prestigieuse (Alpecin-Fenix, NDLR) mais j’étais encore très jeune et c’était un team avec beaucoup de coureurs. J’ai aussi eu plusieurs blessures, une fracture du bras, des soucis au dos. Maintenant, je vais mieux, j’ai changé d’entraîneur, d’équipe, et je veux vraiment regarder vers l’avenir. »
« C’est moi qui ai approché Max et Mathieu. J’avais entendu parler de leur projet, et je me suis tout de suite dit que je me sentirais bien dans cette équipe. Quand ils m’ont expliqué les détails, j’ai été impressionnée et je voulais vraiment bosser avec eux. Je suis très heureuse de faire partie de l’aventure, aux côtés de gens attentifs aux aspects humains tout autant qu’à la performance. En 2025, je ne veux pas brûler les étapes, mais je veux montrer que je peux être devant ! »
On retrouvera pour la première fois les coureurs du team Origine lors de l’ouverture de la coupe de France à Marseille et à Banyoles en Espagne, avant le début de la Coupe du Monde au Brésil. Et l’idée est que l’aventure dure au moins jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028 !
Plus d’infos : Transferts 2025 | Marotte et Azzaro, à la proue du team Origine
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