Présentation | Fox Transfer : classicisme et efficacité
Par Olivier Béart -
Après ce qu’on peut qualifier de coup dans l’eau avec sa Doss, la marque américaine revient dans le jeu des tiges de selle télescopiques. Le nouvelle Fox Transfer ne prétend pas être révolutionnaire, mais elle montre que Fox a entendu les critiques et bien regardé les forces et les faiblesses de la concurrence pour revenir avec un produit plus abouti. En avant-première, Fox nous en a fait parvenir un exemplaire afin que nous puissions vous le présenter sous toutes ses coutures et vous livrer nos premières impressions.
La marque se devait donc de réagir pour revenir dans le jeu. Et c’est là qu’arrive la nouvelle Fox Transfer. On va le voir tout au long de cette présentation : Fox a fait du Fox. Pas du Fox qui jette un coup de pied dans la fourmilière comme avec la nouvelle fourche F32 Step Cast. Non, ici, on parle du Fox qui veut faire du précis, du fiable et surtout de l’efficace, sans chercher à être en plein dans la tendance ou à réinventer la roue… tout en n’étant pas non plus complètement hors circuit comme avec la Doss. Le cadre étant posé, voyons cette Fox Transfer en détails.
Fox Transfer : sur le papier
Premier gros changement, la Fox Transfer n’est plus limitée à 3 positions comme sa devancière mais elle peut s’ajuster sur tout son débattement, qui est de 100, 125 ou 150mm au choix. Elle est disponible en 30,9 et 31,6mm de diamètre.
Autre choix possible : le mode d’action de la commande de blocage au guidon. Sur la tige de selle on peut soit opter (à l’achat) pour le passage du câble par le bas, à l’intérieur du cadre (stealth – image du haut) ou en externe (image du bas).
Dans ce dernier cas de figure, l’accroche du câble se fait au niveau du collier de selle et plus sur le haut, ce qui évite de faire varier la longueur du câble quand on abaisse ou remonte la selle comme sur la Doss. Attention toutefois pour ceux qui ont peu de sortie de selle, l’option passage externe limite l’enfoncement de la tige dans le cadre de quelques millimètres.
Au niveau de la commande au guidon, deux choix sont également offerts. Soit en vertical, plutôt destiné au montage sur un cintre équipé de deux commandes de vitesses, ou en horizontal à la place du shifter gauche en cas d’utilisation en mono-plateau. Dans les deux cas, la commande se montre discrète et nettement plus compacte que celle de la précédente génération qui, il est vrai, était carrément monstrueuse.
A l’intérieur, Fox a voulu miser sur la fiabilité et la douceur de fonctionnement. On ne retrouve pas une technologie air/huile comme sur la plupart des modèles du marché, mais gaz/huile, comme sur les fourches Float de la marque. En bas, on retrouve de l’azote sous pression, installé en usine. La pression du gaz à l’intérieur n’est pas ajustable soi-même avec une pompe, mais ce n’est pas très important car la vitesse de remontée dépend de la pression sur la commande au guidon. Sur ce point, Fox a aussi beaucoup travaillé sur la fluidité du levier de commande et son faible débattement afin d’assurer une action très facile de la tige.
La Spool Valve et le piston de grand diamètre ne nécessitent que très peu de force pour être activés et la vitesse de descente/remontée de la tige de selle est contrôlable selon la pression appliquée sur le levier. La Spool Valve va alors libérer plus ou moins les orifices permettant la circulation de l’huile (Flow Ports sur les schémas ci-dessus), ce qui va jouer sur la vitesse. L’ensemble du mécanisme hydraulique, assez compact, est situé dans la partie supérieure, plus étroite, de la tige de selle. Cela permet, selon Fox, d’alléger l’ensemble en réduisant le diamètre des pièces. Par contre, le reste des pièces du système hydraulique ont un diamètre plus important que dans les systèmes à cartouche classiquement utilisés par les concurrents, ce qui est, selon Fox, un point clé en matière de durabilité et de fluidité.
Enfin, la Pressure Relief Valve permet de réguler la pression au niveau du système en permettant de lisser les pics et de gérer une éventuelle dilatation de l’huile en cas d’échauffement. La pression d’air n’est par contre pas ajustable en externe.
Au niveau de l’entretien, il n’est pas à la portée de tous dans la mesure où il nécessite des outils spécifiques, mais Fox ne préconise d’ouvrir la tige toutes les 125 heures ou une fois par an, ce qui en fait une des tiges de selle dont les intervalles d’entretien sont les plus espacés. « C’est le même intervalle que pour nos fourches et amortisseurs et la technologie est assez similaire. Mais je vous laisse imaginer le nombre de mouvements d’un amortisseur et les contraintes par rapport à une tige de selle. C’est pourquoi nous sommes assez sûrs de notre coup en matière de fiabilité et on a de la marge de sécurité », nous explique Chris Trojer, responsable communication de Fox, lorsque nous abordons ce point avec lui.
Poids, prix et disponibilité
Sur la balance, la tige de selle Fox Transfer ne bat pas de records. Elle se monte un peu plus légère que la Doss (environ 50g), mais elle se place dans la moyenne, avec un poids vérifié de 630g pour l’ensemble avec câble et commande au guidon (version 2X/3X).
Deux niveaux de gamme seront proposés : Factory avec traitement Kashima de la partie rétractable de la tige de selle, ou Performance avec une simple anodisation noire. Pour le reste, les deux Fox Transfer sont rigoureusement identiques. Même si les tarifs sont proches, les 50€ d’écart ne semblent pas vraiment se justifier pour la version Factory et la Performance apparaît comme une bien meilleure affaire. A 319€ + 79€ de commande au guidon, soit 398€, la Fox Transfer Performance se place parmi les modèles les moins chers du marché quand on compare les prix officiels. A 448€, la version Factory est plus dans la moyenne avec un tarif similaire aux KS Lev, Easton, Race Face ou Thomson (450€), ou encore entre une Magura Vyron à 400€ et une RockShox Reverb à 495€. Mais on se réjouit de voir que Fox a réussi à maîtriser ce point et à bien se placer par rapport à la concurrence. La disponibilité est annoncée pour mi-juillet.
Fox Transfer : montage et premier essai
Première évidence en montant la tige de selle sur le vélo : c’est d’une simplicité enfantine. Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, on peut connecter et déconnecter le câble très facilement de la tige de selle et, autre détail tout simple mais qui a toute son importance lors du montage, l’extrémité à couper du câble (sans la petite ferrure scellée) se trouve du côté de la commande au guidon. On peut donc placer sa tige de selle, sa gaine et son câble tranquillement dans le cadre, positionner sa commande pile-poil sur le cintre et couper aisément le câble à la bonne longueur à ce niveau. Si la partie située en bas de la tige de selle fait penser à la KS Lev, la partie sur le cintre rappelle la tige de selle Thomson, avec en plus une petite échancrure qui a été faite à l’arrière du levier pour loger la petite butée qu’on place pour éviter que le câble s’effiloche.
Le chariot de selle est volumineux, mais la selle est facile à placer et surtout on constate que la partie de la tige de selle insérée dans le cadre est assez rigide pour ne pas être sensible au serrage du collier de selle. Eh oui, sur d’autres modèles, cela nous est déjà arrivé ! Enfin, la finition est superbe. Bref, ça démarre bien.
Sur le terrain, l’ergonomie des deux leviers se montre particulièrement convaincante. Tous les deux sont compacts, très faciles à installer sur le cintre et ils tombent parfaitement sous la main. Les compétiteurs placeront, comme Richie Rude qui a contribué à la mise au point, un peu de papier de verre sur la partie en contact avec le pouce pour éviter qu’il glisse, mais déjà en version standard, leur manipulation est parmi ce qui se fait de mieux sur le marché. Il est encore un peu tôt pour juger de leur durabilité et pour constater une éventuelle prise de jeu, mais leur construction inspire confiance avec des axes généreusement dimensionnés.
Dans le feu de l’action, la très faible amplitude de mouvement nécessaire pour débloquer le mécanisme de la Fox Transfer est appréciable et place d’emblée la petite nouvelle parmi les tiges de selle télescopiques les plus agréables à utiliser du moment. A priori, les possibilités d’encrassement de la gaine sont limitées mais, même si on s’en rapproche, on n’atteindra jamais la fluidité durable de la commande hydraulique de la RockShox Reverb. Qui est par contre un peu moins ergonomique.
Au niveau de la tige de selle elle-même, on note la présence d’un très léger jeu sur la Fox Transfer, contrairement à la Doss qui n’en n’avait aucun. Mais c’est vraiment minime et, s’il n’augmente pas avec le temps, c’est imperceptible. Nous verrons lors de notre test longue durée ce qu’il en est de ce point précis, mais on ne se fait pas trop d’inquiétudes.
Les mouvements de notre modèle en 125mm de débattement se sont montrés à la fois fluides, souples et rapides pendant notre premier contact mené, entre autres, sur les magnifiques trails de la Trans-Cévennes. La possibilité de modulation de la vitesse est bien réelle, ce qui facilite l’ajustement de la hauteur de selle à des niveaux intermédiaires, entre les deux extrêmes.
Premier verdict
Sans faire de vagues, la Fox Transfer apparaît comme un produit bien né et qui montre que Fox a retenu de ses erreurs du passé. Les points clés comme la facilité de montage, l’ergonomie des leviers de commande et la souplesse de fonctionnement ont été particulièrement soignés. Ajoutez à cela un positionnement prix bien étudié (en version Performance) et vous obtenez une tige télescopique qui a tout pour rencontrer un beau succès. Au-delà de ces premières impressions encourageantes, le test se poursuit pour évaluer la durabilité (qu’il est évidemment prématuré de juger), et nous ne manquerons pas non plus d’organiser rapidement une confrontation avec ses principales concurrentes.
Plus d’infos : www.ridefox.fr