Premier essai : Orbea Occam AM 27,5 » et Occam TR 29 » 2016

Par Olivier Béart -

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Premier essai : Orbea Occam AM 27,5 » et Occam TR 29 » 2016

Nous vous avons déjà présenté les deux versions du nouvel Occam, baptisé AM en roues de 27,5 »/140mm de débattement (en orange) et TR en 29 »/120mm (en noir/turquoise); deux châssis qui se veulent polyvalents, légers et parfaitement adaptés aux longues virées techniques, mais qui s’adressent à des riders aux attentes différentes. Hélas, notre reporter avait été victime d’un petit accident qui l’a empêché de poursuivre le test de ces deux vélos lors de leur présentation en Espagne. Qu’à cela ne tienne, nous avons pris la direction du Sud de la France pour une prise en mains sur deux journées, histoire de se faire une bonne première idée en attendant un test plus complet. Et aussi de tirer quelques enseignements très intéressants à propos du fameux nouveau standard Boost et ses apports concrets.

Nous allons plutôt nous concentrer ici sur l’analyse du comportement de la bête après deux jours de test réalisés dans le Sud de la France, aux environs de Nïmes, sur les Balcons de la Vaunage et sur les traces enduro de la Grand’Combe non loin d’Ales.

1-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Mais avant de nous rendre sur le terrain, nous avons profité de l’occasion pour demander à notre ingénieur/consultant en suspensions, Maxime Ganhy, de nous en dire un peu plus sur la cinématique partagée par les deux versions du nouvel Orbea Occam, et notamment ce qui la différencie d’autres machines que certains trouvent proches visuellement comme le Specialized Stumpjumper notamment.

La cinématique de l’Orbea Occam décryptée

3-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4La suspension de l’Orbea Occam repose sur le principe d’un “faux bar linkage”, à savoir qu’il n’y a qu’un pivot entre l’axe de roue arrière et le triangle avant. Le pivot habituellement présent sur les haubans, ou concentrique avec l’axe sur la précédente générations d’Occam, est cependant ici absent. Il est remplacé par la flexion des haubans. Cette technologie, reprise du Oiz, est appelée UFO par Orbea. D’autres constructeurs, tels que Yeti (575, AS-R) ou Cannondale (Scalpel) par exemple, utilisent également la flexion d’une partie du triangle arrière pour remplacer un pivot. Les avantages sont une réduction du poids et du nombre de roulements, ainsi qu’un triangle arrière plus rigide. En contrepartie, cette flexion peut induire une raideur supplémentaire à celle de l’amortisseur et un retour parfois moins bien contrôlé même si, comme nous le verrons plus tard, la marque espagnole maîtrise bien son sujet.

2-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4En ce qui concerne l’évolution du ratio de la suspension, elle est progressive sur les premiers 40% du débattement, pour ensuite devenir dégressive sur tout le reste de la course. Cela permet d’avoir une bonne sensibilité en début de course et un bon support de l’hydraulique juste avant le milieu de course. La fin de course dégressive est présente pour contrer la forte évolution de raideur propre aux amortisseurs à air, afin de pouvoir exploiter tout le débattement. Le point de pivot principal est placé de manière à obtenir une valeur d’ “anti-squat” proche des 100%. Ceci permet également un pédalage efficace, sans toutefois trop interférer sur le fonctionnement de l’amortisseur. En effet, plus la valeur d’anti-squat est haute, plus le pédalage induira un verrouillage de l’amortisseur.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-17La ressemblance avec la cinématique d’un Specialized Stumpjumper peut paraître assez forte au premier coup d’œil, d’autant que les deux vélos sont proposés tant en 27,5 » qu’en 29 », mais les comportements sont en réalité très différents. L’évolution de ratio du Stumpjumper est beaucoup plus progressive que celle du Occam, et durant plus longtemps (75% du débattement). Elle est également moins dégressive sur la fin.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-21L’Orbea Occam procure donc une meilleur plateforme de pédalage, là où le stumpjumper favorise la sensibilité. Le comportement au niveau du freinage est également différent. L’Occam maintient un meilleur équilibre du châssis en minimisant le transfert de masse vers l’avant, tandis que le Stumpjumper maintient une suspension arrière plus active.

Les équipements

5-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Pour ce test, nous avons eu droit aux versions haut de gamme tant de l’Occam AM 27,5 » en 140mm de débattement, que du TR 29″ en 120mm. Au programme, que du beau : composants Race Face, transmission et freins Shimano XTR, suspensions Fox Factory et bien sûr l’inévitable tige de selle Reverb : tout y est.

6-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Si les montages sont proches, on note toutefois quelques différences : l’Occam AM en 27,5 » est équipé d’une fourche Fox F34, alors que le 29 » en 120mm est en Fox 32. Le premier est aussi équipé d’un cintre relevé, alors que le second est doté d’un cintre plat pour retrouver une hauteur comparable malgré les grandes roues.

Boost : et si ce standard vous faisait économiser de l’argent ?

7-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Dans cette débauche de belles pièces, un détail n’attire-t-il pas votre attention sur ces deux machines affichées autour de 7000€ ? Les roues ! En principe, les Orbea Occam LTD sont équipés de roues DT 1200 en carbone, XMC plus hautes et larges sur l’Occam AM et XRC plus typées XC et plus légères sur le TR 29 ». Mais ici, faute de disponibilité chez DT Swiss, nos modèles d’essai étaient encore équipés de roues très basiques qui équipent les Occam d’entrée de gamme en alu (vendus autour de 2000€), avec des jantes Mach 1 et des moyeux « no name » d’origine asiatique, le tout monté en machine avec de rayons ronds (l’Occam AM était aussi équipé d’une DT 1900 de même niveau à l’avant).

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-16Bref, rien de bien folichon a priori mais ces roues dont la valeur doit tourner entre 150 et 250€ la paire et qui auraient pu s’avérer être de véritables tares, surtout en 29 », nous ont en réalité surpris par leur comportement sur le terrain : celui-ci n’a absolument rien à voir avec ce à quoi nous sommes habitués sur des roues de ce niveau et de ce poids (on parle d’environ 1900g la paire) ! Après mûre réflexion, le seul facteur permettant d’expliquer ces sensations est bel et bien le fameux nouveau standard Boost 148 arrière et 110 avant adopté par l’Orbea Occam.

8-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Il nous a semblé nettement ici ressentir que cette nouvelle longueur d’axe de moyeux qui a fait couler tant d’encre offre bel et bien des avantages clairs sur le terrain. En écartant les flasques, on obtient des roues théoriquement plus rigides latéralement, mais après ce test, on ajoutera aussi nettement plus « toniques ». En effet, si ces roues basiques se sont avérées d’une précision que nous n’avions jamais rencontrée à ce niveau, elles nous ont aussi donné l’impression d’être légères, vives et faciles à emmener. C’est simple, les yeux bandés, nous aurions juré que le vélo était équipé au moins des excellentes DT1700 !

9-Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-4Seul bémol : sur l’Occam AM 27,5 » et ses bases courtes, nos pieds sont venus toucher souvent les bases, et même la connexion de l’étrier avec la Durit. Par contre, pas de souci sur le 29 ». On ajoutera par contre également que la durabilité semble meilleure car malgré leur montage en machine et leurs composants peu onéreux, ces roues ne présentaient aucun voile alors qu’elles avaient déjà pas mal été mises à l’épreuve (présentation presse à Ainsa, tests d’autres journalistes, sorties musclées avec Simon André, le talentueux pilote maison,…).

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-20Nous avons pu tester d’autres vélos en Boost depuis et nous avons eu un ressenti similaire : les roues donnent l’impression d’être une gamme au-dessus, et cela se ressent surtout en entrée et milieu de gamme ainsi qu’en diamètre 29 ». Tout cela sera à évidemment confirmer lors d’autres essais à plus long terme mais les prémices sont très encourageants et on regrette vraiment que ce standard ne soit pas apparu plus tôt (en même temps que le 29 » par exemple). Reste maintenant à vous livrer nos impressions sur chaque châssis.

Orbea Occam AM 27,5 » : le mini-enduro

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-15Le premier des deux que nous avons pris en main, c’est le 27,5 ». D’emblée on sent la géométrie très contemporaine et que nous apprécions beaucoup, avec un cadre assez profond (reach de 450mm en taille L) couplé à une petite potence de 50mm. A noter que ces cotes sont identiques sur tous les Occam, en 27,5 » et en 29 ». A l’arrière, on retrouve des bases très courtes (425mm), et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette alchimie fonctionne ! Le vélo est à la fois hyper efficace, mais aussi incroyablement ludique.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-14Dans les changements de direction, l’Occam est un des vélos les plus vivants et précis que nous ayons eu à piloter à ce jour. Son poids plume et son cadre rigide mais qui conserve une certaine élasticité permettent de se lancer d’un appui à l’autre tel un virtuose du guidon, même quand on a un niveau modeste. Et c’est là que l’Occam AM fait très fort : il reste accessible. Contrairement au nouveau Specialized Stumpjumper 650b que nous avons testé un peu plus tôt cette saison et qui nous avait moins convaincu que le 29 » car il en faisait presque trop dans la vivacité, l’Orbea Occam AM sait se montrer prévenant et il reste toujours sain dans ses réactions.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_Vojomag-1-3Fox a bien redressé la barre sur le millésime 2016 et rien ne semble pouvoir faire peur à la Fox 34 qui équipe l’Occam AM. A l’arrière, la suspension de l’Occam ne se montre pas spécialement confortable car on sent qu’Orbea a fait le choix de laisser un retour d’information assez important au pilote. Mais entendons-nous bien : les chocs sont très bien amortis, surtout les successions d’impacts à haute vitesse et les gros chocs ou encore les réceptions de sauts. Malgré l’absence de pivot arrière et la déformation du carbone, le retour ne semble jamais violent, mais le matériau contribue à donner à la suspension ce caractère très direct qui permet de rester en relation directe avec le terrain.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-5Ce qui frappe aussi, c’est l’accord parfait des suspensions et l’assiette que le vélo garde même dans les pentes très raides et les épingles engagées. Tout cela contribue à créer un climat de confiance et de sérénité, même si on sait que le vélo ne demande qu’une chose : que son pilote le brusque ! Pour peu, on se croirait sur un bike d’enduro… mais alors, gare aux excès d’optimisme car ce 140mm et ses 67° d’angle de direction pardonneront moins qu’un vrai bike purement dédié à cette pratique.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_Vojomag-1-4Dernier point, même si l’Orbea Occam AM ne fait pas du pédalage sa priorité absolue, c’est un vélo sur lequel on peut grimper très vite. Dans cette version LTD et malgré les roues basiques dont nous avons parlé plus haut, il se montre très léger dans les ascensions et plein de répondant dans les relances grâce à sa suspension très peu sensible au pédalage. S’il le faut, même si ce n’est pas absolument indispensable, le levier permettant de fermer la compression de l’amortisseur est aussi très accessible.

Orbea Occam TR 29 » : maîtrise et polyvalence

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_Vojomag-4L’efficacité et le rendement, c’est davantage le rayon de l’Orbea Occam TR, ses 120mm de débattement et ses roues de 29 ». Plus que l’Occam AM, le TR est le successeur de l’ancien Occam 29 », vélo de trail polyvalent par excellence. Malgré des cotes proches, on sent immédiatement qu’on est positionné un peu plus sur l’avant sur l’Occam TR et que la position vise plus les performances au pédalage.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_OBeart_Vojomag-8La mise en vitesse est un peu moins franche que sur le 27,5 », c’est logique, et on comprend immédiatement qu’Orbea n’a pas voulu que l’Occam 29 » aille jouer sur les plates-bandes de l’Oiz 29 » de XC (que nous avons testé l’an dernier et qui est toujours au catalogue sans changement majeur). C’est plus un vélo de raids type Chemins du Soleil, Transvésubienne ou d’Epic Enduro (avec une fourche de 140mm, qu’il peut accepter sans souci), qu’un vélo idéal pour les marathons où on roule en peloton à plus de 20km/h de moyenne.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_Vojomag-6Maniable et précis, l’Occam TR 29 » est par contre clairement moins joueur que le 27,5 ». Et si l’Occam AM est directement comparable au Specialized Stumpjumper en termes d’usage et de cible, le 29 » d’Orbea ne joue pas dans la même cour que le Stump 29 » qui offre tout de même 15mm de débattement en plus à l’arrière et 20mm à l’avant. L’Occam TR est bel et bien, comme son nom l’indique, un pur vélo de trail fait pour rouler vite et longtemps, y compris sur les pires terrains. En cela, il se rapproche plus du Camber, pour rester dans la comparaison avec Specialized, tout en étant un poil plus orienté « montagne » que son rival.

Orbea_Occam_AM_TR_Test_Copyright_Vojomag-7Car une des grandes forces du 29 » par rapport au 27,5 », c’est qu’il met particulièrement le pilote en confiance. Même si l’Occam 27,5 » n’a rien de caractériel, le 29 » joue à fond la carte du survol des obstacles grâce à ses grandes roues. Ce qu’on perd en sensations et en vivacité, même si l’Occam TR n’a rien de terne, on le gagne en aisance sur les obstacles les plus impressionnants. C’est en fin de journée, quand on est fatigué et usé d’avoir tant joué avec ces belles machines, qu’on l’apprécie le plus car il est toujours là pour rattraper le coup quand les gestes se font moins précis, et ce malgré son faible débattement.

Verdict :

Ces deux versions de l’Orbea Occam sont de belles réussites. Cela fait longtemps qu’Orbea fait de bons vélos avec, en prime, une âme, mais la marque est en train de passer un cap. L’Occam AM et son frère le TR offrent des comportement très distincts et ils trouvent d’emblée leur place entre l’Oiz de XC, dont l’Occam TR est une sorte de prolongement « débridé », plus adapté aux terrains très cassants ; et le Rallon d’enduro Race, dont l’Occam AM peut être considéré comme le cousin léger et plus polyvalent. Si nous laissons parler nos sentiments, l’Occam AM est vraiment notre coup de coeur car c’est un des vélos les plus ludiques et sains que nous ayons eu la chance de piloter. Quant au TR, c’est un excellent choix de raison pour celui qui veut allonger et varier ses sorties.

Infos détaillées et géométries : http://www.orbea.com/be-fr/occam-2016

ParOlivier Béart