Portfolio & video | Into ‘Im Chile : les riders Santa Cruz en road trip au Chili
Par Paul Humbert -
Février 2020, direction le Chili pour quatre riders de l’équipe Santa Cruz. Venus de pays et d’horizons sportifs différents, ils se sont rassemblés, n’emportant avec eux que leur talent et leur bonne humeur, pour un road-trip à travers le pays. Avec eux, le talentueux Sam Needham à la caméra, et Adrian Marcoux qui capte les plus belles lumières avec son appareil photo. Nous avons sollicité chacun d’entre eux pour qu’ils sélectionnent leur photo préférée du voyage. Poussière, lumière, talent :
Et si on vous présentait l’équipe ? Plutôt éclectique, elle se compose de Romain Paulhan, le Français qui continue de nous impressionner par son style et sa vitesse. On avait découvert le Bronson chez Romain il y a deux ans (ici) et il nous emmené découvrir la TransCascadia en 2019 (vidéo et articles: ici). Cette année, il rejoindra l’équipe Santa Cruz sur les EWS. Avec lui, il y a l’espagnol Iago Garay. Ambassadeur de longue date et compétiteur, on le retrouve après avoir découvert l’endroit où il a grandi l’année dernière (ici). Nous l’avions suivi également pendant les EWS 2018 (ici).
Pour les accompagner, le photographe et vidéaste de talent Sam Needham (avec qui nous avons traversé une partie des Pyrenées) et un photographe qu’on aime beaucoup : Adrian Marcoux.
Toute cette joyeuse bande s’est lancée sans objectif à la découverte de ce pays qu’est le Chili. On les retrouve en vidéo dans trois spots, à Huilo, Pucón et Nevados. Au-delà du ride, des images ou du voyage, c’est l’ambiance toute particulière de cette vidéo qu’on adore. Avec le concours de ce portfolio, on plonge dans ce qui s’est révélé être un road-trip entre potes. On ne sait pas vous, mais si une place se libérait dans leur camion pour un prochain voyage, on n’hésiterait pas avant d’y monter !
Pour aller un peu plus loin, nous avons demandé à chacun des participants de ce voyage de nous sélectionner une image, « leur » photo favorite et de nous expliquer pourquoi en quelques mots. À la lecture de leurs témoignages, rédigés seuls chez eux, vous verrez qu’un moment particulier les a tous marqués…
Mitch Ropelato
« J’ai choisi celle-là parce que c’était l’expérience la plus folle que j’ai pu avoir à vélo. Rider ce volcan, c’était exactement comme dans de la poudreuse à ski. Tu pouvais aller partout et tous les quatre, on serpentait et sautait partout en se croisant. C’était intense mais tellement fun ! J’aurais pu rester là toute la journée à rider ce spot, en carvant et en contemplant les traces des virages arrivé en bas. »
Romain Paulhan
« Pucòn, fin de journée, nous sommes au pied des coulées de lave figées sur les flancs du volcan Villarrica toujours en activité. Notre objectif est de shooter sur les crêtes au soleil rasant. Une forêt magistrale nous sépare de l’immensité désertique du spot et de la « fever» de Pucòn en plein été. Après plus d’une bonne heure de réflexion et pas mal d’hésitation sur les possibilités qui s’offrent à nous, je me laisse porter par l’imagination et commence à pousser.
Une crête se dessine au loin, l’exposition est cool, je fais signe à l’équipe encore au 4×4.Des petits cailloux volcaniques jonchent le sol, c’est glissant en surface mais tendre en dessous. L’équipe est en place, « We good » ! Je m’élance sans trop savoir à quoi m’attendre, je prends pas mal de vitesse et dérape sur toute la crête, la glisse est folle, je jubile, j’entends crier les boys, me retourne vers Sam & Adrian qui se regardent avec un sourire malicieux, Iago & Loose hurlent « Mucha Bella Paulhette » !
Quelques heures plus tard, au crépuscule, alors que nous débutons le retour en 4×4 sur Pucòn, on croise les frères Lacondeguy avec des locaux. « Vamos amigos », Iago est K.O., Josh me regarde en mode « je suis bien rincé aussi », je lui réplique « come on old dog » : nous revoilà sur nos Bronson !
Il est 21h, les dernières lumières rosâtres et orangées sur le Volcan donnent le ton, l’excitation monte, belle ambiance. Le train se lance en cadence, on enchaîne l’un derrière l’autre gaps et crêtes rocailleuses. Andreu est en tête. Derrière, Josh exulte de joie, c’est la folie. Quinze minutes plus tard, sourires aux lèvres, nous voilà en bas. Quelques accolades chargées en émotion gravent cet instant dans nos esprits à jamais. Nous terminons notre descente par un « manual » interminable sur la route qui nous mène à la bière. »
Adrian Marcoux – Photographe
« Il y a trop de moments que j’aimerais choisir, et pas seulement dans un dossier photo… mais si je dois en choisir une seule, ça serait celle-là. Ce moment, je ne le garde pas en mémoire uniquement parce que j’étais avec le meilleur groupe avec lequel j’ai pu travailler, mais aussi parce qu’on a bénéficié d’un énorme support des locaux. Leur soutien sans faille nous a permis de vivre tout ça. C’était de le début de ce que je pourrais décrire comme le meilleur trip de toute ma vie. On nous dit de nous entourer de personnes qui vous rendent meilleur, et c’est exactement ce que ce groupe représente pour moi. »
Sam Needham -Vidéaste
« Huilo Huilo était notre premier stop et j’ai l’impression qu’on a mis une éternité à y arriver. Il nous a tous fallu environ 24h pour arriver jusqu’à Santiago depuis les endroits où nous habitons, puis, après une nuit en ville, on a repris un vol vers le Sud le lendemain matin. La journée a commencé à 5h du matin avec son lot d’énormes sacs et de cartons de vélos, de vols retardés et trop de matériel pour rentrer dans nos véhicules de location. Quelques heures de transit, un ragoût de haricots et on arrivait finalement à destination. Heureusement, le Chili est « chill » et relax et tout semble fonctionner naturellement. Après notre voyage, l’excitation de retrouver nos vélos et de commencer à faire des images était au maximum et Huilo Huilo a certains de ses meilleurs trails directement à la sortie de la ville. Et si les sentiers poussiéreux pour rouler à fond et avec un flow de dingue ce n’était pas assez, il y avait aussi le volcan et ses possibilités infinies pour du « freeride » comme nous le présentaient les locaux. Ces premiers jours passés dans l’ombre du volcan Mocho Choshuenco sont d’excellents souvenirs pour moi. »
Josh « Loosedog » Lewis
« J’ai choisi cette photo parce que c’est ma photo d’action favorite et la journée qu’on a passée était incroyable, comme tout le trip d’ailleurs ! On a grimpé sur le volcan avec notre camion sans trop savoir où on allait poser nos roues sur ce terrain incroyable. On a essayé d’aller le plus haut possible… en espérant arriver au sommet, mais le camion a commencé à s’enliser quand la pente est devenue trop raide. On s’est garé et on a commencé à chercher des lignes. Il n’y avait rien d’évident à première vue et tout semblait similaire. Pour être honnête, j’étais vraiment fatigué et j’ai eu du mal à sortir du camion ce jour-là. Paulhette est sorti comme une bombe et à commencé à grimper. Cet assassin avait déjà trouvé une ligne quand j’étais encore occupé à m’équiper. Dès que j’ai vu Paulhette s’élancer, j’ai compris ce qui allait se passer et ça m’a aidé à m’équiper bien plus rapidement !
Le terrain était incroyable à rouler, mais j’étais mou quand il fallait pousser à la montée. Tu as l’impression que la terre t’attrape et t’attire dans le sol sans que tu puisse vraiment avancer, et on a l’impression de reculer à chaque pas. Donc il faut profiter de chaque run parce que tu sais que la montée est un sacré effort. Dans tous les cas, ce moment était incroyable et on a trouvé plein de liges. Avant d’attaquer ce trip au Chili, je revenais juste de mon premier séjour de ski à Val d’Isère, et honnêtement c’était le meilleur entraînement pour ce genre de ride. Tu as l’impression de carver sur une large piste ouverte, la sensation est tellement bonne et on sent grandir la confiance… comme en ski !
J’ai fait plusieurs passages pour ce virage gauche avant qu’on prenne cette photo, et je suis passé très proche d’Adrian sur un passage… trop proche. Je me souviens des sensations que ce virage m’a procurées et j’ai le sourire au lèvre dès que je regarde la photo, c’est pour ça que je l’ai choisie. C’est comme si le sol te disait à l’oreille « continue, ça va le faire ! ».
Pendant ce temps, alors que j’étais avec Adrian et Sam, Paulhette était remonté depuis un bon moment, sans rien nous dire. À nouveau comme un assassin, il avait gravi le volcan en silence. On a démarré le drône, et après quelques frayeurs liées aux batteries à moitié vides, Paulhette s’est élancé pour un « Piff Paff show ». Ça a duré une éternité, ça a dû être dingue de « carver » pendant aussi longtemps. Ce souvenir aussi est au sommet de ma liste parce que je sais ce que ça représente pour Paulhette. Il est l’incarnation la plus pure du passionné et je sais qu’il a grimpé là-haut juste pour ces sensations, c’était vraiment spécial. « Thank you for the show mon ami ! »
Iago Garay
« Cette photo a été prise à Huilo Huilo, au commet d’un des volcans qu’on retrouve dans la région. Avant de descendre, on pouvait sentir l’excitation de tout le monde. Aucun d’entre nous n’avait jamais roulé quelque chose de similaire et on ne savait pas à qui ça allait ressembler. De là où nous étions, on pouvait voir deux autres énormes volcans, en forme de cônes parfaits avec de la neige au sommet et de la jungle et des lacs pour les séparer.
On s’est élancés mais il n’y avait pas de trail. On avait juste à aller dans la direction de Sam et d’Adrian. On est parti tous les 4 et on était complètement en travers quand on a attaqué la partie raide. On s’est tous mis à crier comme jamais. Les vélos étaient complètement en glisse mais on gardait vraiment le contrôle. À un moment, Mitch et moi nous étions tellement proches que je crois que nos roues se sont touchées. On est arrivés en bas, en se tapant dans les mains et on a regardé Adrian et Sam qui étaient au moins aussi aux anges que nous ! On est remonté aussi sec en courant et on a continué jusqu’à ce que le soleil se couche derrière le volcan. »
Photos : Adrian Marcoux. Vidéo : Sam Needham / Steel City Media