Pauline Ferrand-Prévot, Myriam Nicole, Cécile Ravanel : rencontre avec trois drôles de dames

Par Elodie Lantelme -

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Pauline Ferrand-Prévot, Myriam Nicole, Cécile Ravanel : rencontre avec trois drôles de dames

La veille du lancement du Roc d’Azur, une célèbre marque de boisson énergisante a convié une vingtaine de filles à passer l’après-midi en compagnie de Cécile Ravanel, Myriam Nicole et Pauline Ferrand-Prévot. La météo tourmentée n’a pas douché les enthousiasmes durant ce mélange de roulage, yoga et cocktails. L’anticyclone de bonne humeur et de sourires nous a donné l’occasion de réunir nos trois championnes mondiales pour une courte série de questions décalées où la mauvaise foi et le second degré déployés n’ont rien à envier aux roulages entre garçons, évidemment.

Les filles, c’est quoi la blague qui vous fait le plus rire ?

Cécile Ravanel : Ben moi, j’aime pas rire… (s’installe un énorme blanc qui plombe toute l’ambiance et fait exploser Cécile de rire). Non mais moi, mes blagues ne sont pas politiquement correctes, alors je les garde pour moi !

Myriam Nicole : Moi, je suis plutôt bon public, je rigole de tout. De la blague de Toto aux blagues sur les blondes ou… les Belges.

Pauline Ferrand-Prévot : Moi, à l’inverse de Cécile, j’adore rire ! Mais… je ne sais pas trop à propos de quoi ! Et comme je suis un peu blonde, parfois, je me dis que je ris mais je ne suis pas sûre que ma raison de rire soit la bonne ! Et ça m’arrive aussi que les autres rigolent, et pas moi. Donc, en fait, je vais me contenter de dire que j’aime bien les blagues pour enfants… (forcément, elle rigole).

Qu’est-ce que vous pensez des journées entre filles ?

Pauline : C’est top ! Parce que… les mecs c’est chiant !

Cécile : Ouais, les garçons, ça pue !

Pauline : On n’est pas faites pour vivre avec des mecs, en fait.

Note de la rédactrice: Bien, bien, bien… Face à cet excès de machisme inversé, Messieurs, chers lecteurs, nous vous présentons nos excuses au nom de la gent féminine. Merci d’adresser vos messages dans les commentaires, nous ferons suivre.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la spécificité de tels roulages, de plus en plus nombreux ?

Cécile : Je dirais qu’il n’y a pas ce côté orgueilleux que tu peux retrouver dans les roulages entre mecs, où c’est courant de voir qu’ils veulent absolument faire un plus gros saut que leur pote. Les filles sont peut-être plus courageuses aussi. Je ne sais pas si on aurait eu autant de garçons à rouler avec le temps qu’il fait !

Myriam : Tu ne partages pas les mêmes choses durant un roulage entre filles, on aborde des sujets différents – on a parlé de gommage, quand même, aujourd’hui (rapport à la boue qui n’a pas manqué, NDR) ! Ça change de ce qu’on a l’habitude de vivre. Parce qu’il faut dire qu’on évolue dans des milieux essentiellement masculins, donc ça fait plaisir de vivre autre chose. Sur le papier, je dois dire que les roulages entre filles, ça me fait toujours un peu peur, tu ne sais pas trop comment ça va se passer ni comment l’appréhender mais au final, il y a toujours une ambiance super sympa !

Et sinon, pour vous, les vélos spécifiques femmes, ça fait sens ?

Myriam : Pour moi, non.

Pourquoi?

Cécile : Parce qu’on descend aussi vite que des mecs. Pauline, elle, monte aussi vite que plus de 80% des garçons qui pratiquent et Myriam, elle, descend plus vite que la même proportion de pratiquants…

Myriam : Et toi, tu vas plus vite que tout le monde en général !

Cécile : Après, c’est la morphologie qui diffère.

Myriam : Pour moi, la spécificité des vélos de filles, ce dont je me rappelle quand j’étais jeune, c’était par exemple un top-tube plus sloping, pour être plus facile à enjamber, mais pourquoi ?

Cécile : Ou le top tube est plus long car on aurait le fémur plus long. Mais si on s’intéresse à la morphologie, alors il faut dire qu’on en a tous une différente. Pourquoi choisir de diviser les catégories de morphologies en filles et garçons?

Myriam : C’est comme le rose et le bleu turquoise, il faut arrêter.

Pauline, pourtant, Canyon a développé une gamme spécifique femmes…

Pauline: Oui, mais c’est plus autour du all-mountain, pour aller se promener, pas pour la compétition

Myriam: Après, le côté esthétique, c’est sympa. Faire un design plus féminin, sans tomber dans les clichés qu’on évoquait du turquoise et du rose.

À l’inverse, qu’est-ce qui ne vous fait pas rire ?

Pauline : La méchanceté des gens. Par le passé, je m’occupais beaucoup de ce qu’ils pouvaient penser de moi et forcément, tu ne peux pas contenter tout le monde. Les gens sont vraiment très critiques, surtout dans notre sport un peu macho, mais j’ai appris à faire la part des choses. Maintenant, je prends un peu tout à la légère. C’est pour ça que je rigole beaucoup.

Myriam : Que les gens sous-estiment le niveau des filles en VTT de descente. C’est sûr que les filles vont un peu moins vite, il n’y a pas encore de fille qui va exactement à la même vitesse qu’un homme, mais les morphologies jouent beaucoup et je ne pense pas du tout qu’on soit ridicules, loin de là ! Quand tu penses que Rachel (Atherton, NDR) n’est qu’à 3 secondes de Greg Minnaar sur le premier inter aux Mondiaux ! Donc ça, oui, ça m’énerve toujours, ça ne me fait vraiment pas rire, j’ai envie de donner mon vélo à ceux qui pensent ça et de leur dire : allez, vas-y, montre-moi !

Cécile : En fait, j’arrive à rire de tout, surtout dans le sport. Après, c’est la tricherie, le vol, qui ne me font pas rire. D’une façon plus générale, je trouve triste de ne pas pouvoir placer sa confiance dans l’être humain… c’est ce qui me déçoit le plus dans la vie. On a tous notre lot de malheurs, de coups durs, mais ne pas pouvoir faire confiance à l’humain, ça me désole.

À votre avis, comment les garçons voient un roulage de filles ?

Pauline : Ça a vraiment évolué, surtout sur la route. Sur le Tour de France, ce sont des machos purs et durs, mais il arrive une nouvelle génération avec des plus jeunes qui font changer les mentalités, ils concèdent que les filles aussi roulent fort.

Cécile : Je rejoins Pauline, je travaille beaucoup avec des jeunes, et ils se régalent de voir rouler des filles. Plus y en a, mieux c’est.

Après cette rencontre assortie d’une petite sortie bien humide, d’une séance de yoga et de quelques mojitos, nous laissons nos hôtes ainsi que les autres bikeuses qui nous ont accompagnés lors de cette journée. Et on se retrouvera pour la saison 2019 !

Photos ©Pango Visual

ParElodie Lantelme