Orbea Oolab VTTAE : un Rise développé entre les rubalises
Par Paul Humbert -
Si la compétition en VTTAE peine à trouver son public, la course reste un laboratoire pour les marques qui viennent pousser le matériel dans ses derniers retranchements. Chez Orbea, le Rise est un modèle VTTAE grand public, mais pour préparer sa dernière mise à jour, la marque basque a profité de son programme de développement « Oolab » pour pousser les curseurs un peu plus loin. Rencontre avec Damien Oton.
Après une carrière à haut niveau en enduro, Damien Oton a pris du recul, ouvert son magasin à Perpignan, mais toujours en gardant une proximité avec Orbea en travaillant main dans la main sur le développement des vélos. Le pilote n’est toutefois jamais resté complètement éloigné de la compétition, et c’est en VTTAE qu’on le retrouve en 2024.
Si l’Orbea Wild est le « gros » VTTAE d’Orbea, et que les moteurs les plus puissants ont longtemps été plébiscités en compétition, on voit aujourd’hui des vélos plus « légers » se mêler à la bataille.
On croise le chemin de Damien Oton sur la première coupe du Monde E-EDR à Finale Ligure. La tente de la structure de développement Oolab est dissociée de la tente de l’Orbea Factory Team, preuve d’une démarche et d’un investissement différents de la part de la marque.
Pour rappel, l’Orbea Rise est un des premiers représentants de la nouvelle catégorie des e-bikes « légers ». Dans sa nouvelle version présentée au printemps 2024, Orbea présente une version bodybuildée mais qui ne tourne pas le dos au concept originel. L’objectif reste le même : proposer un vélo plus léger, agréable à piloter et agile, associé à un moteur plus « sportif », moins puissant et nécessitant plus d’engagement du pilote.
Au départ de la course, Damien est au guidon du nouveau Rise. On a échangé sur son développement, et sur l’intérêt de la compétition :
Quand est-ce qu’avec Orbea vous avez décidé d’inclure le Rise dans le programme Oolab ?
Le travail sur le nouveau Rise a commencé 2 ou 3 ans avant la sortie de la nouvelle version. Il y a toujours eu plusieurs idées pour faire évoluer la V1 du Rise et corriger les petits défauts. C’était déjà une très bonne base, un vélo qui a révolutionné l’e-bike light qui est arrivé. Aujourd’hui, tous les vélos de la gamme Orbea sont inclus au programme Oolab de développement, le Rise en fait donc naturellement partie.
Il y a eu plein de tests différents. On a d’abord testé un prototype en aluminium pour valider la géométrie. Si on se base juste sur les chiffres, on peut se tromper. J’ai d’ailleurs eu un peu peur quand j’ai vu 64 degrés d’angle à l’avant, je me disait que ça pouvait faire trop pour un e-bike léger. L’aluminium permet de prototyper plus facilement. On s’est amusés sur ces premiers vélos, alors on a lancé les premiers moules et les premiers prototypes en carbone. On a ensuite travaillé sur le « layup », les couches de carbone et la rigidité du vélo.
Quel est l’avantage d’un VTTAE léger en compétition vs un « gros » VTTAE ? Quels sont les désavantages ?
En spéciale, on est rarement sous les 25km/h malheureusement (même si Finale Ligure a fait figure d’exception cette année) donc les e-bikes légers ont un intérêt quand on est « au-dessus » du moteur. Il y a 4 à 5 kilos de moins sur le vélo, donc on gagne du temps. Le moteur Shimano qu’on utilise est également celui qui a le moins de friction au pédalage donc c’est également un avantage si on veut tenir sa vitesse au-delà des 25km/h.
Le désavantage pour nous en 2023, c’était les 60Nm de couple qui font « petit bras » sur une powerstage, une spéciale en montée, face aux autres moteurs. C’était impossible de tenir la comparaison. Orbea a passé le nouveau moteur en « RS + » et chaque rider pourra configurer son vélo comme il l’entend, et jusqu’à 85Nm et 600W. Je suis content qu’Orbea ait entendu ces retours.
Comment est-ce que la compétition peut aider à raffiner un vélo de « production » d’après toi ?
En compétition, je me mets dans des conditions que je n’arrive pas à reproduire à la maison. C’est compliqué à expliquer mais je vais pousser le produit vraiment plus à bout qu’à la maison. À la maison par contre, je préfère les testings parce que je connais chaque détail de la piste et je sais comment va réagir le produit et j’ai des repères plus précis. Mais pour tester la fiabilité des produits, la course, c’est ce qui se fait de mieux.
En configuration « race », quand est-ce que tu prendras un Rise, et quand est-ce que tu préfèreras un Wild ? Et au quotidien ?
J’ai la chance d’avoir les deux vélos à la maison. Depuis deux ans, j’ai beaucoup bossé sur le Rise. Je choisis tout le temps ce dernier parce qu’il me ressemble plus. Les trails chez moi sont plutôt techniques et ne roulent pas à 200 km/h. Dans le sud de la France, c’est serré, il y a des nose-turn… french style quoi ! L’e-bike léger porte tous ses fruits là-bas et c’est plus adapté à tout ça.
Si on ne parle pas de chrono pur, en Rise je monte des trucs plus techniques car le moteur est plus facile à contrôler et je trouve le mieux le grip.
Le Wild serait ce que je choisirais sur les parties plus typées « bike-park ». À Leogang où ça sera le cas, ce sera probablement la meilleure option en compétition. Le Wild a plus d’angle et sera plus performant niveau rigidité, quitte à être plus dur à emmener pour le rider lambda. Je pense qu’au chrono, il sera aussi plus rapide sur ce type de parcours.
Est-ce que les différences moteur / batterie sont aussi marquées qu’au début des compétitions VTTAE ?
Non. Ça change et le moteur est moins mis sur le devant de la scène. Il y a une grosse partie technique sur les powerstages . Il y a des spéciales où il faut être technique, fin et où il faut gérer l’assistance. On est moins dans la puissance pure où sans moteur Bosch, on est complètement largués. À Finale Ligure, c’est un moteur Shimano qui a gagné. Ce qui est délicat, ça reste la gestion des batteries, surtout pour les personnes qui sont lourdes, et on va taper plus dans l’énergie du bonhomme. Mais c’est le jeu ma pauvre Lucette !
Notre présentation de l’Orbea Rise : . www.vojomag.com/test-nouveaute-orbea-rise-2024-frontieres-brouillees-nouveaux-horizons/