Récit : l’Open Enduro du Beaufortain
Par Christophe Bortels -
Deux jours de pur ride sans chrono, juste pour se faire plaisir ? C’est le Kali Open Enduro ! Après trois éditions organisées à Métabief, l’événement a déménagé dans le Beaufortain en 2014, où il avait à nouveau lieu cette année. Récit d’un week-end au doux parfum de racines, de pierres et d’épingles.
Jour 0
En attendant de pouvoir retirer nos plaques, on jette un œil à la grande carte placardée à côté des inscriptions, histoire de se familiariser avec la localisation des différentes spéciales. Il y en a une petite dizaine qui partent de trois lieux différents : le Col du Pré, le Mont Bisanne et un endroit plus isolé qui ne sert de départ qu’à une seule spéciale, la Faucheuse, une double noire. Et justement, on croise un groupe de riders qui en revient, et qui nous explique que la spéciale est très pentue, mais aussi bourrée d’épingles bien engagées rendues encore plus délicates par la pluie des derniers jours. Finalement on fera l’impasse sur cette spéciale… Entre-temps, le stand de l’organisation est prêt et on peut retirer notre plaque ainsi que le sac de bienvenue, dans lequel on retrouve notamment un saucisson au Beaufort (délicieux), le guide du week-end, un garde-boue, des stickers, un décapsuleur, etc. Sympa ! Bon, c’est pas tout ça mais le week-end va être long, on monte au chalet pour prendre une petite douche, on redescend en ville pour manger, puis dodo…
Jour 1
On ouvre les rideaux… Ouf, il fait beau ! Les premières navettes partent à 8h, mais rien ne presse, notre petite équipe est inscrite dans le Groupe B qui accède aux remontées à partir de 9h30. Le lendemain ce sera l’inverse, et ça permet de décaler les départs et donc de fluidifier le système de navettes. On descend au village, on passe à la boulangerie du coin puis direction le centre sportif de Beaufort d’où partent les différentes navettes. Les vélos prennent place dans un camion, les pilotes dans un minibus, et c’est parti pour une demi-heure de remontée. Une longue petite route en lacets, un passage sur le barrage de Roselend, à nouveau des lacets (burp), et enfin l’arrivée au Col du Pré, à 1703m d’altitude. D’ici, quatre spéciales redescendent vers le village près de 1000m plus bas, mais c’est aussi de ce col que part la boucle all-mountain. 8km, 450m de D+, allez, ce sera pas mal pour se mettre en jambes… La liaison de quelques kilomètres se fait sur chemin large et plutôt roulant, ça grimpe mais pas trop et ça passe sans problème sur le bike.
Enfin, sauf la toute dernière portion qui devra se faire en poussant le vélo…
Au sommet de la Roche Parstire, point culminant de la boucle avec ses 2100m, on prend la première grosse claque du week-end : le panorama à 360° est à couper le souffle ! La vache, c’est donc ça le fameux Beaufortain… On enfile les protecs, on ajuste le casque, et c’est parti pour une première partie flowy en bord de falaise qui nous mène vers une nouvelle petite ascension, puis à nouveau une petite descente.
Cette portion à vélo est interrompue par un passage de roches très raide et clairement infranchissable. C’est même difficile à pied… On remonte sur le vélo, puis on doit encore interrompre la descente à cause d’épingles bien serrées et super glissantes. Bon, c’est joli mais pas très amusant pour l’instant !
Oui, on vient de tout là-haut !
Heureusement, la fin de la boucle est beaucoup plus fun, on y retrouve notamment des dizaines de mètres de tapis de racines où les possibilités de traces sont quasi infinies. Top ! De retour au Col du Pré après la boucle all-mountain, on a droit à une petite ascension pour aller chercher les quatre spéciales enduro. Notre choix se porte sur la première qui se présente à nous : l’Officieuse. Pas le temps de souffler, on est directement dans le vif du sujet, pas mal de racines, une épingle bien tendue à gauche, une à droite, une à gauche, une à droite, etc, ça n’en finit pas pendant plusieurs kilomètres. Un peu ça va, mais là on frise l’overdose, et le fun n’est toujours pas là. On récupère ensuite le final d’une autre spéciale, la Vachette, constitué de chemins pierreux super rapides entre les lacets d’une route de montagne qui descend jusqu’à Beaufort. Du pur gavage, mais un peu limite au niveau de la sécurité quand on déboule sur la route à toute vitesse sans s’y attendre et sans pouvoir s’arrêter ailleurs qu’au milieu de la chaussée… La matinée est terminée, et pour être honnêtes on reste un peu sur notre faim. Mais la « déception » sera de courte durée !
Après le repas, compris dans le tarif (59€ pour le week-end) tout comme celui du soir et du lendemain midi, direction l’autre sommet de cet Open Enduro : le Mont Bisanne. Ça cafouille un peu au départ des navettes, ça traine et ça s’énerve dans les files. On sent du stress et un semblant de désorganisation. On apprendra plus tard que les organisateurs ont dû composer avec plusieurs incidents, notamment une panne de véhicule, un accident sur la route du Mont Bisanne et une traversée de vaches qui a interrompu le trafic pendant un bon moment. Bref, des impondérables qu’on peut difficilement mettre sur le dos des organisateurs. Pour aller au Mont Bisanne, les vélos remontent toujours en camion, mais les pilotes ont cette fois droit à un autocar. Ici aussi il faut compter une demi-heure pour la remontée. La dépose se fait à 1941m d’altitude, sur les hauteurs de la station des Saisies.
Le point de vue est différent mais tout aussi beau qu’en haut de la Roche Parstire ! Deux spéciales s’offrent à nous : l’Adret’naline et la Bikette. On choisit la première, et c’est parti pour une première portion super rapide dans des alpages bien défoncés. Idéal pour régler le rebond de ses suspensions… S’ensuit une longue section sinueuse peu pentue mais bourrée de flow et de racines vicieuses, dans une nature somptueuse. La matinée en demi-teinte est déjà oubliée ! Et ça continue avec des petits kicks naturels, des passages rapides mais piégeux qui envoient très vite dans des passages plus chaotiques, sans oublier les inévitables épingles. 11 km et 1200m de D- de pur bonheur…
Nouveau retour au village, et c’est reparti vers le Col du Pré. Cette fois on opte pour La Totale, annoncée comme très complète. Et rebelotte, pied intégral ! Après un début délicat où il est compliqué de trouver du flow, ça devient plus roulant et carrément génial, avec à nouveau des racines, des pierres et des kicks naturels dans tous les sens.
Nous voilà repus après cette première journée, et un constat s’impose : c’est beau, mais c’est technique et engagé. On est loin d’un événement grand public comme peuvent l’être les Pass’portes du Soleil et, si on veut profiter pleinement, un bon bagage technique est indispensable. Il faut être à l’aise dans la pente et la roche, et il faut aimer les épingles ! On préfère ne pas imaginer ce que ça donnerait sous la pluie…
Avant d’aller prendre une douche, on se pose un instant pour regarder le traditionnel et toujours très amusant dual 14 pouces, disputé au milieu du salon.
La journée se termine avec une tartiflette géante dégustée dans le centre sportif de Beaufort. On va bien dormir !
Jour 2
Réveil difficile. Les mains et les bras sont endoloris, les cuisses aussi, mais le soleil est toujours de la partie, et on sent qu’on va encore prendre notre pied ! 150 chanceux vont passer la matinée sur la Dev’Alberville, une spéciale noire de près de 20 kilomètres qui part du Mont Bisanne pour rallier Albertville, tout en bas dans la vallée. Seul un membre de notre groupe y est inscrit, on aura droit à ses impressions lors du repas de midi. En attendant, on monte aussi au Mont Bisanne, mais pour poser nos crampons sur la Bikette.
Le début, commun avec la Dev’Albertville, se fait sur un chemin large super rapide, et puis ça plonge dans les sous-bois et on retrouve ce qui nous a tant plu la veille : des racines et des pierres en veux-tu en voilà ! La difficulté va crescendo, avec quelques passages tourbeux bien dans la pente, mais aussi une succession de terribles épingles truffées de roche. C’est technique mais pas impossible et chaque difficulté représente un petit défi en soi. La Bikette nous amène dans la vallée, à quelques kilomètres de Beaufort, ce qui nous permet de tourner les jambes sur la liaison qui se fait sur une petite route calme.
Il est 11h30, et on hésite à remonter vers le Col du Pré pour se refaire une petite spéciale avant de manger. Finalement, on décide de se poser au centre sportif pendant que les cuistots s’affairent autour de gigantesques casseroles de pâtes et sauce bolognaise. Greg, de retour de la Dev’Albertville, nous retrouve pendant le repas, un sourire jusqu’aux oreilles « Vous avez raté quelque chose, les gars ! C’était génial, bien long et super varié, l’année prochaine il faut absolument que vous la fassiez ! » Promis, en 2016, on ne manquera pas de cocher l’option au moment de s’inscrire.
Une heure plus tard, nous sommes de retour au Col du Pré. On zappe la Petite Totale, une variante plus facile de sa grande soeur avec un début sur chemin large, et on prend la direction de la Vachette, qui a justement sa première partie commune avec la Totale. Nous sommes en terrain (à peu près) connu, ça va vite, on s’amuse et on se tire la bourre entre potes. Juste après la séparation entre les deux spéciales, un terrain inédit jusqu’ici nous attend : très peu de roche et de pente, c’est lisse et super rapide et on prend une bonne dose de flow ! Mais ça ne dure pas éternellement et les épingles se rappellent à notre bon souvenir. On retrouve enfin le final déjà fait la veille après l’Officieuse, ces fameuses traces un peu dangereuses entre les lacets de la route de montagne.
Voilà, à part la double noire et la Petite Totale, on a testé toutes les spéciales. Que faire, en rester là pour éviter la descente de trop alors que la fatigue se fait bien sentir, ou se refaire celle qu’on a préféré pour terminer le week-end en beauté ? La discussion ne dure pas bien longtemps, direction l’Adret’naline ! On la savoure à fond, tout passe bien mieux maintenant qu’on est parfaitement familiarisé avec le terrain, on prend même du plaisir dans les épingles alors qu’on en a bouffé des centaines sur le week-end…
Voilà, c’est bon, on a eu notre dose de trails de fous ! Pas de casse, pas de bobos, du soleil, de la bonne bouffe, des organisateurs passionnés, que demander de plus ? On regrettera seulement les quelques griffes et coups dans les cadres de la plupart de nos vélos, récoltés lors du transport en camion malgré les précautions prises par les bénévoles et les couvertures qui séparent chaque bike. Ah mais si, il nous manque quelque chose… Un petit détour par la coopérative laitière et nous voilà avec un bon stock de Beaufort, cette petite merveille fromagère ! Si vous ne voulez pas rater l’édition 2016 du Kali Open Enduro, il faudra être rapide : cette année, les 500 places sont parties en quelques heures à peine…
Site officiel : Open Enduro du Beaufortain