On a roulé le nouveau BH Lynx 4.8 27,5 » et les suspensions Fox 2016 !
Par Olivier Béart -
BH vient de présenter son nouveau Lynx 4.8 Carbone en roues de 27,5 ». Descendant direct du modèle 29 » déjà au catalogue, il offre 120mm de débattement pour un usage typé all-mountain polyvalent. Bien plus qu’une simple déclinaison, il intègre quelques nouveautés intéressantes, comme une nouvelle biellette carbone, ou encore les toutes nouvelles suspensions Fox 2016 que nous étions impatients d’essayer. Vojo fait partie des quelques médias européens invités par BH lors de la présentation. Voici nos premières impressions après une journée de ride bien remplie sur la Côte d’Azur.
« Sur cette nouvelle version, nous avons voulu garder l’identité visuelle du reste de la gamme Lynx, avec des haubans dans le prolongement du top-tube et la douille de direction en forme de sablier », nous explique Nicola.
C’est un vélo agressif, compact, avec un sloping prononcé et un arrière court mais avec un reach allongé de 25mm.
A l’examen des cotes du vélo, on voit en effet bien les bases de 426mm, l’angle de direction de 68° (mesuré à 67,5° par nos soins à la présentation), ainsi que la profondeur du cadre (reach), qui est plus importante que sur le 29 » et même que sur le Lynx 6 d’enduro.
On a donc un vélo à court débattement (120mm), léger (11,5kg annoncés pour notre montage haut de gamme) mais doté d’une géométrie très contemporaine, faite pour mettre en confiance sur les portions les plus techniques.
Le coeur de la suspension, c’est le fameux système Split Pivot, sur lequel le point de pivot arrière est situé au niveau de l’axe de roue. « Le but de Dave Weagle avec cette cinématique est vraiment d’avoir une suspension qui travaille sur tout son débattement et qui ne se durcit qu’en fin de course. Cela donne la sensation de rouler avec plus de débattement. Sans oublier qu’il s’agit d’un système qui reste actif au freinage. »
Le Split-Pivot façon BH a une action anti-pompage plus prononcée et optimisée pour des plateaux plus petits.
« Outre-Atlantique, leurs versions vont être plutôt développées pour de grands développements. Cela s’explique car ils montent un peu moins et des pentes moins raides qu’en Europe car les chemins sont plus aménagés. »
Le cadre
Le cadre est un monocoque en fibres de carbone Toray haut module et ultra-haut module (T40, T30 et T24), comme les modèles de route ou l’Ultimate utilisé par le team de XC. Cela permet d’arriver à un poids de moins de 2kg pour l’ossature avec toute sa visserie et l’axe arrière, mais sans l’amortisseur Fox Float Factory Kashima Remote.
La grosse nouveauté par rapport aux modèles existants, c’est l’arrivée d’une nouvelle biellette en carbone. « Le but n’était pas de gagner du poids, mais plutôt de la rigidité tout en restant dans des masses comparables. Nous avons enregistré un gain de 50% à ce niveau, grâce au matériau et à la liberté de formes qu’il permet. »
Au niveau des standards, le nouveau BH Lynx 4.8 en 27,5 » est bien évidemment en douille de direction conique. Il dispose également d’un boîtier de pédalier en PressFit BB92 (pour axes en 24mm type Shimano ou Sram GXP) avec patte ISCG pour le montage éventuel d’un anti-déraillement.
Détail intéressant au niveau du boîtier de pédalier, le nouveau BH Lynx 4.8 est prévu pour la transmission électronique Shimano XTR Di2 avec un système d’intégration de la batterie propre à la marque et plutôt bien pensé. Le petit tube Shimano s’introduit par la douille de direction dans le tube diagonal, avant d’être coincé dans une petite pièce spécifique, conçue par BH, afin qu’il tienne parfaitement en place au niveau du boîtier de pédalier. Comme la batterie ne doit pas être démontée pour être chargée, aucun souci à ce qu’elle reste bien calée à cet endroit.
A l’arrière, la patte est en PostMount et l’axe en 142×12. Tiens, pas de trace du fameux Boost dont on parle tant ? « Non, car lorsque nous avons commencé le développement du vélo, le standard n’existait pas encore. S’agissant d’un 27,5 », l’apport du Boost est assez marginal. Nous avons donc choisi de ne pas retarder sa sortie juste pour suivre la tendance. Par contre, le Boost sera présent sur nos futurs développements en 29 » car là, il y a une vraie amélioration », explique Nicola Vies.
Les équipements
Au niveau du montage de notre modèle de test pour cette journée sur les hauteurs de Mandelieu, BH a mis à notre disposition la version haut de gamme dotée du nouveau Shimano XTR, d’une tige de selle téléscopique KS, de freins Magura MT8, d’accessoires maison Concept SL, de roues DT Swiss XM 1551 et de pneus Michelin Grip’r à l’arrière et Rock’r à l’avant. Cette version est affichée à plus de 6700€, mais il existe deux autres montages en carbone à 4700€ (Fox, XT 2×11, DT 1700) et 3500€ (RockShox Recon, Sram GX 1×11), ainsi que trois versions alu à partir de 1800€.
Les suspensions FOX 2016
N’oublions bien sûr pas non plus les suspensions Fox 2016 qui méritent à elles seules quelques mots. Au niveau de la fourche, le plus marquant est l’arrivée de la 4e génération des cartouches FIT, qui devra faire oublier les errements de ces dernières années. Pour plus d’explications, nous vous renvoyons vers notre présentation complète de la nouvelle gamme Fox, mais on note ici que BH a retenu la version Performance Elite « car elle est identique à la Factory à l’intérieur », avec simplement un volume spacer placé d’origine pour plus de progressivité en fin de course.
A l’arrière, on dispose d’un amortisseur de niveau Factory car, contrairement à la fourche, l’hydraulique est un peu plus évoluée que sur le modèle Evolution. Les deux suspensions sont blocables simultanément au moyen d’une seule commande au guidon. Elle est plutôt ergonomique et agréable à manipuler, à défaut d’être esthétique car elle ne s’intègre pas vraiment au poste de pilotage et le système de couplage des deux câbles est complexe. Comme on le verra plus loin lors du test terrain, cela s’oublie vite tant le comportement des nouvelles suspensions Fox 2016 est bluffant.
Sur le terrain, justement, il est temps d’y aller ! On règle la position, on ajuste les suspensions (65psi devant et 155psi derrière pour un pilote de 75kg tout habillé), et c’est parti !
Premier test au guidon du BH Lynx 4.8 Carbon 27,5 »
Pas besoin de vous faire un dessin : sur la Côte d’Azur, le menu, c’est caillou, caillou et encore caillou ! La matinée débute par trois spéciales tracées sur les hauteurs de Théoule par Karim Amour (toujours en convalescence après son gros accident mais qui était présent lors de la présentation) et son coéquipier du team enduro BH, le jeune Dimitri Tordo. Chouette, on va pouvoir pousser les suspensions dans leurs derniers retranchements.
La première chose qui frappe au guidon de ce BH Lynx, c’est l’efficacité de la nouvelle fourche Fox F32 dotée de la cartouche FIT4. Pas de plongée intempestive, un amorti parfait des petits chocs qui permet d’éviter d’être perturbé par des vibrations, un excellent travail en milieu de course qui colle la roue au plancher, et une capacité bluffante à gérer les réceptions de sauts. On apprécie aussi de pouvoir gérer facilement la fermeté de la compression en mode Descent via la petite mollette noire placée sur le haut du plongeur droit. Bon, vous êtes sûrs que ce n’est pas une 36 en 160mm qu’on a là devant ? Ah, non, c’est bien une 32 avec seulement 12 petits centimètres de course. Woaw !
A l’arrière, la suspension Split-Pivot du Lynx 4.8 n’est pas en reste. Bien au contraire ! Au départ d’un réglage à 155psi, nous sommes descendus à 145psi pour lui donner encore plus l’occasion de s’exprimer. Elle est peu sensible au pompage, de sorte que si on utilise volontiers la position intermédiaire Trail dans les côtes, on réserve désormais la position Climb à l’asphalte car c’est complètement bloqué devant comme derrière. Dans certaines circonstances et pour certains pilotes, c’est appréciable, mais pour nous, les deux positions Descent et Trail pourraient suffire.
En mode ouvert, on ne ressent plus aucun effet « Cadillac » avec un début un peu dur, un creux en milieu de course et une fin de course à nouveau ferme. Aujourd’hui, le travail se fait parfaitement sur toute la course de l’amortisseur, avec juste les derniers millimètres plus durs pour éviter de talonner. Le résultat est une suspension qui donne l’impression d’avoir bien plus de débattement que les 120mm annoncés.
Sur le papier, ce BH Lynx 4.8 est un trop petit vélo pour ce que nous avons fait ! Mais en pratique, il fait mieux que s’en tirer ! La seule chose qui le différencie d’un vrai gros vélo d’enduro, c’est sa capacité à pardonner les erreurs et à conserver la vitesse quand le sol est vraiment très tourmenté. Par contre, on a ici une légèreté qui permet de jouer bien plus avec la machine et de relancer de façon bien plus tonique.
Après avoir mis les suspensions à rude épreuve le matin, destination la piste DH/Enduro du Capitou, où des gars comme Loïc Bruni et Loris Vergier ont leurs habitudes. Au sol, un peu moins de cailloux, mais de gros jumps et autant de virages relevés aussi bien longs que de très serrés. L’idéal pour sentir les qualités du vélo lui-même en stabilité et maniabilité. Ici aussi le bilan est très positif.
Avec le Reach allongé, on aurait bien supporté une potence plus courte encore que la 80mm placée sur notre modèle d’essai en taille M. Mais c’est parce qu’on sort un peu du programme du vélo car dans le cadre d’un usage mixte qui laisse aussi la place à de longues phases de pédalage, c’est cohérent. Malgré cette potence un peu longue, le BH Lynx 4.8 est un véritable petit jouet. L’avant se place avec facilité et sérénité, en étant vif mais pas trop, et le bike adore qu’on l’aide à tourner d’un petit coup de frein accompagné d’un mouvement du bassin. Le seul petit défaut qu’on ait noté dans ces circonstances, c’est que l’arrière est large avec le Split-Pivot et le pied vient régulièrement frotter sur les bases.
Sur cette piste limée par les locaux et assez défoncée par endroits, nous avons beaucoup apprécié que la suspension reste pleinement active sur les zones de freinage façon tôle ondulée. Puis, il faut aussi souligner son comportement incroyablement sain sur les gros sauts qui agrémentent le tracé. Rien à voir avec ce qu’on voit sur la photo ci-dessous, qui est juste une petite impulsion. On vous parler de sauts d’un bon mètre de haut. Pour tout vous dire, on en a pris un sans trop s’y attendre, en étant dans la roue de Dimitri Tordo. Et ça s’est plutôt bien passé malgré l’effet de surprise et la réception peu académique. Alors, on a recommencé. De plus en plus vite et de plus en plus haut. Et c’est toujours passé comme une fleur ! Jamais, il y a seulement quelques années, on aurait imaginé faire cela avec un aussi « petit » vélo !
Un dernier mot sur le rendement : nous avons pu en juger sur quelques belles montées rocailleuses et sur l’asphalte, en évitant soigneusement de prendre la navette pour remonter au départ du Capitou. Sur la route, toutes suspensions bloquées, il grimpe à bon rythme sans souci et on peut se permettre de relancer pour répondre à une attaque. Ce n’est pas un pur crosseur, c’est une certitude. Mais on pourra l’emmener sur un marathon sans aucun souci car il est léger, confortable et très reposant dans les montées technique. On place la suspension en mode trail, on pédale, et le vélo fait le reste ! C’est un vélo parfait pour des épreuves du type Transvésubienne ou le tout nouveau All-Mountain Challenge.
Verdict
Ce BH Lynx 4.8 Carbon 27,5 » nous a véritablement épatés. Son principe de suspension n’est pas neuf, mais il est arrivé à un niveau de raffinement impressionnant avec cette version retravaillée et dotée des nouvelles suspensions Fox 2016 qui ont bien aidé à profiter pleinement du vélo. Pour avoir fait la Transvésubienne il y a quelques années sur un bike comparable en 26 » et 120mm, on s’était dit « plus jamais avec si peu de débattement ». Le BH Lynx 4.8 montre que l’évolution des géométries, l’adoption du 27,5 » et le niveau des dernières suspensions permettent aujourd’hui aux vélos de cette catégorie de s’attaquer à des terrains bien plus difficiles qu’auparavant… sans rien perdre en rendement ni en capacité à avaler les kilomètres. Et ça, c’est très fort ! Chapeau BH, qui a sorti là un des meilleurs vélos all-mountain qu’il nous ait été donné de tester à ce jour.
Plus d’infos : www.bhbikes.com/mtb