Nukeproof 2016 – Deux Mega à Dolceacqua
Par Paul Humbert -
C’est sur les hauteurs de Dolceacqua, en Italie, que Nukeproof a convié un petit groupe de journalistes à venir découvrir ses nouveautés. Guidés par l’équipe de Supernatural et encadrés par Sam Hill, nous avons évolué entre l’Italie et la France sur les nouveaux Nukeproof Mega. L’architecture de ce célèbre vélo est totalement repensée et elle se décline pour la première fois en 29 pouces. Découvrez en exclusivité francophone nos premières impressions.
Vous l’aurez sans doute deviné, le Mega doit son nom à la fameuse Mégavalanche de l’Alpe d’Huez. Très prisée par les anglo-saxons, cette descente marathon a attiré pendant de nombreuses années les concepteurs de la marque qui ont souhaité pouvoir se construire la monture parfaite pour ce type d’événement. C’est le début de l’histoire du Nukeproof Méga. Le vélo n’a cessé d’évoluer au fil des saisons et, en 2014, le châssis s’est adapté aux roues de 27,5“. Très bon descendeur, pédaleur convenable bien qu’un peu lourd, le vélo offrait déjà de très bonnes performances à la grande majorité des pilotes. Mais la marque ressentait tout de même le besoin de pousser le vélo plus loin et ce millésime 2016 devrait marquer un tournant dans l’histoire du Mega. Voyons cela plus en détails avec Alastair Beckett, product manager en charge du développement :
« Nous avions plusieurs objectifs quand nous avons repris le travail sur ce vélo : Nous voulions pouvoir l’alléger et nous souhaitions que la suspension soit plus active. Le vélo devait être un meilleur pédaleur, tout en conservant ses capacités de descendeur. Les lignes du vélo devaient également changer et je suis très fier de l’esthétique générale de cette dernière génération. Le vélo est un peu plus long mais nous proposons la famille Mega en quatre tailles afin que chacun puisse être bien sur son vélo. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons conservé l’aluminium comme matériau. Le vélo doit être fiable et les clients doivent pouvoir rouler avec sans souci. Nous avons fait pas mal de tests et c’est le matériau qui nous a semblé le meilleur même si, évidemment, nous effectuons des tests avec du carbone. Cette année, et après avoir essayé beaucoup de 29 pouces, nous avons décidé de produire le notre. Nous n’avions rien trouvé qui correspondait vraiment à la philosophie du Mega. C’est pourquoi nous avons créé cette version à grande roue qui convient parfaitement à certains de nos trails. »
Nukeproof Mega 275
Cette troisième version du Mega marque un tournant dans son histoire. Pour obtenir une suspension plus active, la cinématique single pivot est abandonnée au profit d’un Horst Link avec un point d’ancrage de l’amortisseur descendu. Ce changement améliore le comportement de la suspension au freinage. Tous les tubes ont été revus, ils s’affinent et, à en croire Nukeproof, ils participent à l’absorption des chocs. Tous les axes et roulements ont été repensés afin de diminuer le poids de chaque pièce de 10%. Il n’y a pas de petit profit…
Ce nouveau Mega s’allonge légèrement et son angle de direction s’ouvre à 65°. La taille L et son reach de 460mm conviendront parfaitement aux pilotes d’un petit peu plus d’un mètre quatre vingt. Les bases affichent 435mm de long et l’angle du tube de selle est de 75,5°. Nukeproof suit en certains points la tendance des vélos d’enduro du marché, mais l’interface boost n’est quand à elle pas intégrée sur ce nouveau châssis. Il est également possible de monter un dérailleur avant sur toute la gamme même si celle-ci est, à l’exception de l’entrée de gamme, équipée en mono-plateau. Le passage des cables est également prévu en externe pour plus de simplicité. Le poids de notre modèle de test (le Mega PRO) est annoncé légèrement en dessous des 13 kilos.
La géométrie
Les montages du Nukeproof Mega 27,5 »
Mega Team : 5199,99€. Mega Pro : 4299,99€.
Mega Comp : 3449,99€. Mega Race : 2799,99€. Cadre seul : 1799,99€.
Prise en main
Pour notre premier contact avec le vélo, nous nous sommes équipés d’un modèle Pro en taille L. Avec un SAG de 30% pour le Monarch Plus Debonair et un token dans la RockShox Pike RCT3, nous sommes partis à l’assaut des trails de Dolce Aqua, dans la roue des guides de Supernatural et de Sam Hill.
La transmission est confiée à Sram et à son groupe X1. On retrouve également les roues Roam 40 et les freins Guide RS. Les composants Nukeproof s’occupent de l’assise et du poste de pilotage avec une potence de 50mm et d’un cintre de 760mm de large relevé de 20mm.
Au pédalage, on découvre un tout nouveau Mega. La position est réellement confortable une fois les 150mm de la Reverb déployés. Le rendement est bon pour un vélo de la catégorie et un des premiers paris de la marque est réussi. Nous pouvons sereinement envisager de partir de longues heures à son guidon.
En descente, le Mega est très facile à prendre en main. Sa géométrie s’est allongée mais sans devenir radicale et éliminatoire. Le vélo est joueur et il reste bien dans ses lignes. La suspension fait un très bon boulot en offrant un très bon grip, et ce, jusque dans les freinages les plus appuyés. Sur les singles italiens, la monte de pneus Schwalbe Magic Mary et Nobby Nic s’est relevée judicieuse. Les gros chocs sont très bien absorbés et le vélo reste dynamique. On joue, on place le vélo, mais surtout, on peut aller vite. Le cadre en aluminium assure un confort certain, il est facile à prendre en main mais le Mega n’en devient pas pataud pour autant. Nous avons à faire à un très bon alu qui sait combiner la précision et le dynamisme d’un carbone, tout en restant facile d’accès. Il conviendra bien évidemment de programmer un test plus poussé, mais ces premiers tours de roues au guidon du Mega 27,5“ n’ont pas mis en valeur de gros défaut. Bien au contraire.
Nukeproof MEGA 290
Très orientée “gravity“, Nukeproof nous a surpris en dévoilant une version 29 pouces de son Mega. En s’y intéressant de plus près, on réalise que la marque reste fidèle à ses racines avec ce nouveau vélo. Ses côtes sont proches de beaucoup d’enduros équipés de roues de 27,5“ et si il intègre le nouveau design plus light, il s’affiche d’entrée de jeu comme un très bon descendeur. Les ingénieurs, persuadés de l’intérêt de ce format de roues, mais n’ayant pas trouvé de 29“ en adéquation avec leurs attentes, se sont lancés dans cette aventure. Avec un débattement de 150mm et un angle de direction de 66°, le Mega 29“ met immédiatement en confiance. Ses bases affichent 450mm de long et le reach est identique à celui du modèle 27,5“. Le modèle Pro est annoncé à 13 kilos par la marque.
La géométrie
La gamme Nukeproof Mega 29 »
Mega Team : 5199,99€. Mega Pro : 4299,99€. Mega Comp : 3449,99€. Cadre seul : 1799,99€
Prise en main
Nous nous sommes une nouvelle fois emparé du modèle Pro de la gamme. Le version 29“ est en tous points similaire à la version 27,5“ au niveau des équipements. Entre le France et l’Italie, nous avons dévalé plus de 1500 mètres de dénivelé négatif à son guidon mais il nous a fallu grimper dans un premier temps. La position est une nouvelle fois très confortable et les grandes roues de ce Mega, offrent un confort et un rendement supérieurs au modèle 27,5“. L’amortisseur en position « pédalage », nous ne ressentons aucune réelle gène.
La première portion descendante s’est effectuée sur un chemin à haute vitesse. Notre premier ressenti a été celui d’un vélo haut et peu sécurisant. Notre position a rapidement changé en replaçant notre centre de gravité plus en arrière. Nous avons retrouvé dans ce Mega 29“ le comportement joueur de son petit frère. Le vélo ne répond pas aux clichés sur sa taille de roue. Il est facile à manier et à faire décoller. Mais c’est avant tout son grip qui nous a bluffé. Le vélo offre un confort impressionnant et ses capacités en relances sont plus que convenables. Pour faire simple, le vélo est tout aussi capable que son petit frère. Il n’y a pas un passage dans lequel nous n’oserions pas nous engager. La philosophie Mega est bien transposée. Il est bien évidemment plus délicat de piloter ce Mega 29“ dans les sections très étroites, mais aucun réel blocage ne s’opère.
Sur les hauteurs de Dolceaqua, l’équipe de Supernatural organise chaque année une compétition d’enduro et nous avons pu parcourir la spéciale de référence au guidon des deux vélos. Notre premier passage en 29 pouces nous a permis d’avaler le tracé d’une traite, sans aucune difficulté. En parcourant le même tracé en 27,5“, nous avons été plus chahuté mais la monture nous a en même temps permis d’être plus vif, plus précis et plus rapide. Du jour au lendemain, nous avons pu changer de style de pilotage et, ainsi, de répondre aux attentes et aux besoins de ces deux vélos. Côté équipement, c’est presque un sans faute. Nous émettons toutefois un doute sur la fiabilité à long terme des roues Roam 40 sur le modèle 29“. Très bruyantes et sensibles aux chocs, elles nous ont semblé dépassées sur les sentiers cassants et engagés.
La cuvée 2016 des Mega est particulièrement bonne et revue de bout en bout. Nukeproof conserve la philosophie de ses vélos, prêts à envoyer, mais la marque leur adjoint également de bonnes capacités de pédaleurs. Le châssis est plus léger, plus moderne et, tout simplement, plus performant. Les deux versions de ce Mega que nous avons pu éprouver n’ont fait que confirmer deux choses, l’aluminium est loin d’être un matériau obsolète et il est possible de prendre un même plaisir au guidon d’un 29“ ou d’un 27,5“. Il vous appartient simplement de connaître vos attentes et votre terrain de jeu. Cette version à grand débattement nous a laissé une première bonne impression et la version 27,5“, qui a tout de même légèrement notre préférence quand on laisse parler notre coeur, est à considérer sérieusement lors de la sélection d’un vélo d’enduro à bon rapport qualité/prix. Sur les sentiers de Dolceaqua, il fait bon rider en Mega.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la marque Nukeproof et si vous souhaitez découvrir de superbes trails à quelques minutes de la frontière française, découvrez l’activité de Supernatural.
Photos : Duncan Philpott/Nukeproof et Vojo.