Nouveauté Trek 2020 | Fuel EX : plus polyvalent que jamais

Par Léo Kervran -

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Nouveauté Trek 2020 | Fuel EX : plus polyvalent que jamais

Poussé par le Top Fuel, le Trek Fuel EX grandit lui aussi. Nouvelle suspension, grosse fourche et gros pneus, le best-seller de la marque américaine muscle son jeu tout en restant extrêmement polyvalent. Présentation et découverte sur les sentiers autour de Galzignano Terme, en Italie.

Présenté comme le vélo idéal pour les trails techniques et/ou de montagne par Trek, le Fuel EX se dote dans cette optique d’une fourche Fox 36 – la référence en enduro – sur les modèles les plus haut de gamme. Les déclinaisons plus accessibles sont équipées de la plus légère Fox 34 tandis que les deux modèles d’entrée de gamme seront montés avec des RockShox 35 Gold (Fuel EX 7) ou Recon RL (Fuel EX 5).

La fourche est entièrement d’origine donc il devrait être possible d’augmenter le débattement en jouant simplement sur une petite cale. Trek recommande cependant de ne pas aller au-delà de 150 mm.

Petite révolution à l’arrière puisque ce Fuel EX abandonne la position flottante de l’amortisseur, comme l’a fait son petit frère le Top Fuel il y a quelques mois. D’après Trek, cette technologie appelée Full Floater a longtemps été la plus efficace à leurs yeux mais ils peuvent désormais s’en passer grâce aux dernières avancées en matière de conception des amortisseurs.

Ces avancées, on les retrouve dans le nouvel amortisseur RE:Aktiv Thru Shaft, mis à jour cette année. Si l’essentiel des modifications a lieu à l’intérieur, on remarque néanmoins l’apparition d’un petit cylindre sur le corps de l’amortisseur. Ce micro-réservoir, appelé External Thermal Compensator, permettrait de mieux évacuer la chaleur dans les longues descentes pour maintenir des performances optimales.

Autre petit détail intéressant, la molette de rebond est numérotée. C’était évident, ce n’est pas très compliqué à réaliser et c’est bien pratique pour l’utilisateur qui cherche le bon réglage ou pour celui qui a l’habitude de modifier ses réglages en fonction du terrain.

La suspension abandonne donc l’amortisseur flottant pour gérer les 130 mm de débattement mais elle conserve la technologie ABP (pour Active Braking Pivot), avec un point de pivot au niveau de l’axe de la roue arrière et un étrier sur les haubans. L’objectif de cette architecture est de conserver une suspension active en permanence, même au freinage.

Côté construction du cadre, les versions carbone-aluminium disparaissent pour 2020. Le Fuel EX sera disponible soit en version tout carbone (triangle avant et arrière + biellette), soit en version tout aluminium (biellette en magnésium). Elles disposent toutes d’une généreuse protection vissée sur le tube diagonal, facile à remplacer en cas de problème.

L’abandon du Full Floater a nettement simplifié la conception de la zone autour du boîtier de pédalier et des bases, ce qui a permis d’obtenir des bases plus rigides que par le passé tout en dégageant de la place pour des pneus plus gros puisque ce nouveau Fuel EX est désormais monté en 29 x 2,6.

Pour le reste, le Fuel EX reprend également les formes et technologies des Slash et Top Fuel avec un tube diagonal très droit et direct pour optimiser le poids et la rigidité, le Knock Block  pour le protéger de la fourche, des plots ISCG05 ou encore le Control Freak Cable Routing pour optimiser les passages internes des câbles.

Petite astuce pratique, le levier de l’axe de roue arrière permet également de démonter l’axe de la roue avant. Il est simplement clipsé dans l’axe et se retire facilement, en tirant un peu dessus.

Le Fuel EX sera disponible dans 12 versions (3 en aluminium + kit cadre et 7 en carbone + kit cadre), du Fuel EX 5 en Shimano Deore 1×10 aux très luxueux Fuel EX 9.9 AXS et Fuel EX 9.9 XTR. Tous les cadres, qu’ils soient en aluminium ou en carbone, sont garantis à vie. Les prix vont de 2 099 € à 3 199 € pour les vélos complets en aluminium et de 3 899 € à 9 099 € pour les versions en carbone.

Géométrie

Conformément à la tendance actuelle, le Fuel EX s’allonge et se couche un peu plus que le modèle précédent. Le reach augmente ainsi de 10 à 20 mm suivant les tailles (455 mm en taille ML) tandis que l’angle de direction passe de 67° à 66°, dans la moyenne de la catégorie. Pour conserver une position efficace au pédalage, l’angle de selle remonte quant à lui de 74° à 75°.

Le MinoLink est toujours présent mais la pièce migre à l’intérieur de la jonction biellette-haubans. Réversible, elle permet de passer le vélo en position High ou Low et ainsi de faire varier la hauteur du boîtier de pédalier et l’angle de direction de 0,5° (le vélo sera vendu en position High). Il n’y a plus de modèles femmes avec une géométrie différente, Trek a regroupé tous ses modèles dans la même gamme.

La marque américaine a estimé qu’il n’y avait pas lieu de dessiner des géométries spécialement pour les femmes

Corollaire de cette décision, le Fuel EX sera disponible dans plus de tailles (7 au total, de XS à XXL) et de couleurs qu’auparavant, pour contenter tout le monde. La marque américaine a estimé qu’il n’y avait pas lieu de dessiner des géométries spécialement pour les femmes et qu’une bonne géométrie profite à tout le monde. Cela simplifie également sa gestion de stock et offre plus de choix pour le pratiquant.

La charte des tailles a néanmoins été légèrement revue et, pour s’adapter au mieux aux personnes les plus petites, la taille XS ne sera disponible qu’en 27,5″. La taille S sera elle proposée dans les deux formats de roue. Dans le même esprit, le débattement de la tige de selle est adapté à la taille du vélo : 100 mm en XS et S, 150 mm au-dessus et même 170 mm à partir de la taille L sur les modèles 9.8 et 9.9.

L’Integrated Frame Storage

C’est peut-être la plus grande nouveauté et la plus visible sur ce nouveau Fuel EX, le cadre intègre un espace de rangement sous le porte-bidon !

Très similaire au système SWAT de Specialized (mais la marque de Morgan Hill ne semble pas avoir déposé de brevet dessus), cet espace de rangement permet de stocker de manière sécurisée une chambre à air, deux démontes-pneu et une cartouche de CO2 ou une pompe fine, le tout roulé dans du néoprène pour éviter les chocs dans le cadre.

Cela facilite également la maintenance du vélo, en offrant un large accès aux différentes gaines et Durits qui passent dans le tube diagonal du vélo.

Le système est très facile à utiliser, il suffit de faire pivoter un petit levier pour le déverrouiller et enlever entièrement le porte-bidon. Par ailleurs, Trek a également prévu de ranger un petit multi-outils dans la douille de direction (comme Specialized, encore une fois) mais suite à quelques soucis de livraison, cette option ne sera disponible qu’en pièce détachée la première année. Ce sera monté d’office sur le vélo les années suivantes.

Le Trek Fuel EX 9.9 sur le terrain

Nous avons pu découvrir ce nouveau Trek Fuel EX à l’occasion d’une sortie de deux heures sur les sentiers de Galzignano Terme, en Italie. Au programme, deux tours d’une boucle avec une belle descente plutôt rapide agrémentée de quelques virages relevés et sauts mais surtout un gros pierrier pentu dans un goulet à mi-parcours.

Le modèle mis à notre disposition par Trek est le Fuel EX 9.9, qui sera vendu 7 499 €. A ce tarif, rien ne manque : cadre entièrement en carbone, roues carbone Bontrager Line Carbon 30, fourche Fox 36 Factory Grip2, transmission Sram X01 Eagle, freins Shimano XT M8120 4 pistons. La finition est également très réussie avec ce carbone / rouge foncé du plus bel effet. Nous l’avons roulé avec le Mino-Link en position Low.

Les périphériques viennent pour la plupart de Bontrager avec une tige de selle Elite Dropper en 170 mm de débattement sur notre taille L, un poste de pilotage Line Pro avec cintre en carbone 35 mm de diamètre ou encore des pneus XR4 Team Issue.

Au pédalage, le Fuel EX reste dans la lignée de son prédécesseur. La position est plutôt droite et confortable et le vélo est dynamique. Très dynamique même, à tel point qu’on descend rapidement la potence d’une entretoise pour profiter un peu mieux de toute cette énergie.

La suspension arrière offre grip et sensibilité et on vient sans difficulté à bout des quelques passages techniques ou raides que nous rencontrons en montée. Ce confort et cette adhérence se payent néanmoins et on remarque que le vélo pompe légèrement.

Tant qu’on reste assis sur le vélo c’est limité et ce n’est pas trop gênant, a fortiori dans les sentiers techniques. C’est plus prononcé en danseuse et on pourra éventuellement raffermir l’amortisseur sur les montées longues et roulantes pour garder le tube de selle le plus droit possible.

Lorsque la pente s’inverse, le Fuel EX apparaît équilibré, avec un bon dosage entre stabilité et maniabilité. Sa légèreté fait qu’il est très facile à placer et les pneus en 2,6 de section offrent un grip tout à fait correct, chose pas forcément évidente sur ce terrain très fuyant (une fine couche de sable et de gravillons sur un terrain très dur).

Le rangement dans le cadre ne fait aucun bruit et on oublie vite qu’il est là. La « porte » bouge un peu lorsqu’on met un bidon rempli et qu’on appuie dessus mais rien à signaler en roulant, personne n’a eu de problème avec une ouverture intempestive ou un bidon perdu.

Le Fuel EX n’est cependant pas à recommander à tout le monde, tant la rigidité de l’ensemble est importante. Entre l’accent mis par Trek sur la rigidité du cadre, les roues en carbone, la Fox 36 et le cintre en 35 mm, il ne pardonne pas vraiment les erreurs et il faut un certain entraînement pour pouvoir tenir ce vélo.

Cependant, si on dispose du bagage physique et technique suffisant et pour peu que le vélo corresponde à sa manière de rouler, c’est un régal. Le Fuel EX est très précis et collé au sol. Pas très joueur donc mais très efficace pour rouler vite.

On survole le goulet et le gros pierrier de la piste à une vitesse insoupçonnée pour un « petit » vélo. La fourche fonctionne en harmonie avec la suspension arrière, particulièrement progressive. Elle reste très haute à moins de prendre vraiment de gros impacts, c’est très dynamique et on a l’impression d’avoir bien plus que 130 mm de débattement.

Cependant, on se demande ce que cela pourrait donner sur des sentiers plus raides, où l’on cherche justement à « asseoir » un peu le vélo pour le contrôler. Cette tendance à rester haut dans le débattement pourrait rendre les choses un peu plus compliquées.

Cette découverte est bien sûr trop courte pour percevoir toutes les subtilités de ce nouveau Trek Fuel EX mais nous avons tout de même pu apercevoir quelques traits de son caractère bien affirmé. Dans cette version haut de gamme, c’est un vélo extrêmement polyvalent, qu’on pourrait emmener sur une Transvésubienne pour ses performances au pédalage comme sur un enduro tant il paraît capable en descente. Sa grande rigidité et le comportement très progressif de la suspension arrière le rendent cependant exigeant et ce n’est pas un vélo à recommander à tout le monde. Les versions EX 8, EX 8 XT (aluminium) et EX 9.7 (carbone) devraient être un peu plus accessibles, avec leurs roues en aluminium et leur fourche Fox 34.

Plus d’informations : trekbikes.com

ParLéo Kervran