Nouveauté | Lapierre Crosshill CF : un vrai gravel touche-à-tout ?

Par Léo Kervran -

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Nouveauté | Lapierre Crosshill CF : un vrai gravel touche-à-tout ?

Enfin un gravel en carbone chez Lapierre ! Si la marque française comptait depuis plusieurs années un gravel en aluminium accessible à son catalogue, le Crosshill, l’absence de modèle en carbone sonnait comme une surprenante anomalie pour une marque de cette envergure. Avec le Crosshill CF, la voici réparée et ne vous y méprenez pas : s’il partage son nom avec le modèle aluminium, ce Lapierre Crosshill CF est bien un tout nouveau gravel avec plus d’un tour dans son sac. Présentation en compagnie d’Alexis Chenevier, l’un des ingénieurs à avoir travaillé dessus :

Le carbone est un matériau qui a du sens dans beaucoup de disciplines en vélo mais en gravel, c’est peut-être encore plus le cas qu’ailleurs : avec des cadres rigides et des pneus fins (même si cela tend à s’élargir), il n’y a pas grand-chose pour adoucir les irrégularités du terrain. Dans ce cadre, l’exploitation des propriétés élastiques du carbone est tout indiquée pour aller chercher un peu de filtration sans faire exploser la balance ou trop perdre en réactivité au pédalage.

Dire que ce Crosshill CF était attendu est donc un euphémisme. Le Crosshill en aluminium n’est pas mauvais, il fait bien ce qu’on lui demande pour un gravel accessible, mais on touche facilement à ses limites quand on veut le pousser un peu plus loin ou un peu plus vite… Parmi les grandes marques présentes aussi bien en VTT que sur route, Lapierre était l’une des dernières à ne pas compter de gravel en carbone dans son catalogue.

Avec le Crosshill CF, elle veut toucher toutes les pratiques du gravel : sportive, voyageuse, promenade…  A ce titre, on trouve sur le vélo un tube diagonal effilé, inspiré des cadres aérodynamiques de route, et certains montages avec des roues de 40 mm de haut mais aussi des inserts pour garde-boue voire porte-bagage léger comme l’Ortlieb Quick Rack ainsi que pour porte-bidons supplémentaires ou sacoches sur la fourche, ou encore des montages avec une fourche suspendue.

Une contradiction ? Chez d’autres marques, on trouve plusieurs modèles pour répondre à ces différentes approches mais Alexis Chenevier nous explique que ce n’était pas la vision de Lapierre : « En gravel, tu as plus ou moins trois profils : le randonneur, celui qui veut faire des courses type UCI et le routier qui ne cherche pas la performance, qui hésite un peu avec un gravel. Avec plus de place pour les pneus il n’ira pas beaucoup moins vite et il pourra sortir un peu des routes… Avec le Crosshill CF, on veut parler à tout le monde. »

Un numéro d’équilibriste qui se voit donc au niveau de l’équipement et des accessoires du cadre, mais aussi sur sa construction et sa géométrie. On remarque ainsi un triangle arrière particulièrement travaillé : les haubans ont plusieurs « points d’inflexions » et se raccordent sur le tube supérieur en avant du tube de selle, plutôt que directement sur ce dernier.

Alexis développe : « On a placé des accéléromètres sur les axes de roue et au niveau des points d’appui pour voir ce que le cadre dissipait, sur l’ancien Pulsium notamment. On a vu que c’était très faible, de l’ordre de 5-6 % au mieux et aussi que les fréquences étaient beaucoup plus élevées que ce à quoi on s’attendait : le gros des vibrations c’est autour de 50 à 70 Hz. »

Partant de ce constat, les équipes de Lapierre ont travaillé pour essayer de mieux dissiper ces fameuses vibrations. Attention, on parle bien de vibrations, le genre de choses qui sont créées par les ondulations du sol ou les petits cailloux. Sur des vrais chocs type racine ou pierre, même petits, on reste sur un cadre rigide avec les sensations que cela implique. Alexis reste d’ailleurs prudent quant à l’utilisation du mot « confort » et préfère parler de « filtration », afin de ne pas induire en erreur.

Qui plus est, le dessin de cette partie rappelle aussi la signature « 3D Tubular » de Lapierre, le nom que la marque a donné à ce croisement des haubans avec le triangle avant qu’on trouve aussi sur le Xelius de route ou le Prorace, le semi-rigide de XC.

A l’avant en revanche, pas de miracle : Alexis Chenevier le reconnaît, en gravel « c’est compliqué de vraiment faire quelque chose [pour apporter du confort], c’est en ligne directe ». La potence étant classique, tout se passe au niveau du cintre où Lapierre a choisi des modèles avec un certain rise (12 mm sur les cintre alu et 20 mm sur ceux en carbone) qui doit apporter un peu plus de confort qu’un cintre tout droit. Toutefois, la remarque est surtout valable pour les cintres en aluminium puisqu’on sait qu’à de rares exceptions près, un cintre en carbone à tendance à rigidifier le poste de pilotage.

On remarque par ailleurs un té de fourche particulièrement haut, avec beaucoup d’espace entre le pivot de fourche et le passage pour le pneu. Ces dimensions ne sont pas issues du hasard, elles ont été calculées pour permettre au Crosshill CF d’offrir la même géométrie avec la fourche rigide ou avec une fourche suspendue (RockShox Rudy 30 mm ou SR Suntour GVX32-S selon les montages).

Ce n’est pas sans effet sur la géométrie, puisque cela donne au Crosshill CF un avant particulièrement haut (581 mm de stack en taille M). Avantage, cela le rend très confortable et facile à prendre en main pour les personnes peu expérimentées. Inconvénient, la position est peu sportive et demandera un peu d’adaptation (retirer les entretoises voire changer le cintre et/ou la potence afin d’accentuer la pente entre la selle et le poste de pilotage) pour celles et ceux qui aiment rouler vite.

Côté géométrie justement, le Crosshill CF se distingue aussi par un avant court au regard des dernières tendances en la matière : le reach ne mesure 380 mm en taille M. À nouveau, on comprend que Lapierre a visé la facilité de prise en main et que pour rouler vite, il sera toujours possible d’adapter son choix ou ses périphériques en connaissance de cause. De même, les bases ne sont pas les plus courtes qui soient pour un gravel : 430 mm sur toutes les tailles, alors qu’on a déjà vu jusqu’à 420 mm sur des modèles très sportifs. Parmi les autres cotes importantes, on relève un angle de direction de 70,5° à 71,5° et un angle de tube de selle de 72,5° à 73,5° suivant la taille.

Sur le terrain, entre la position assez droite et la filtration des haubans, le Crosshill CF offre un confort intéressant pour un vélo sans aucun artifice de suspension. Lapierre n’a pas menti et le travail sur les haubans apporte réellement un plus dans le domaine quand on le compare à l’avant de la machine.

Le cadre court le rend également joueur sur les surfaces glissantes, on peut jouer avec les limites de l’adhérence sans se faire peur car on rattrape le vélo facilement. En revanche, la position correspond à ce qu’on attendait au vu de la géométrie et de l’équipement : en configuration d’origine, elle est plus orientée confort que sport et on a presque l’impression d’être trop haut lorsqu’on met les mains sur les cocottes !

Au niveau de l’aspect pratique, le Crosshill CF a un dégagement suffisant pour des pneus jusqu’à 45 mm de section (vendu avec des pneus de 44 mm), adopte un passage interne des câbles via le jeu de direction comme c’est désormais (presque) incontournable en gravel, et utilise une patte de dérailleur UDH ce qui permet donc l’installation de n’importe quelle transmission à dérailleur du marché, qu’elle soit à montage classique ou directement sur le cadre (Sram T-Type).

La gamme Lapierre Crosshill CF est très fournie avec pas moins de sept modèles au catalogue, pour des prix compris entre 2799 € et 6999 € :

  • Crosshill CF 5.0 (2799 € & 9,7 kg) : groupe Shimano GRX 610 / 820 2×12 (pédalier 48-31 et cassette 11-36), roues Lapierre Gravel 25, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Alloy Gravel Bar..
  • Crosshill CF 6.0 (3199 € & 9,6 kg) : groupe Shimano GRX 820 2×12 (pédalier 48-31 et cassette 11-36), roues DT Swiss G1800, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Alloy Gravel Bar.
  • Crosshill CF 6.0 S (3499 € & 10,3 kg) : fourche SR Suntour GVX32-S (40 mm de débattement), groupe Sram Apex XPLR AXS 1×12 (pédalier 40 dents et cassette 11-44), roues DT Swiss G1800, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Alloy Gravel Bar.
  • Crosshill CF 6.0 AXS (3699 € & 9,1 kg) : groupe Sram Rival XPLR AXS 1×12 (pédalier 40 dents et cassette 11-44), roues DT Swiss GR1600, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Alloy.
  • Crosshill CF 7.0 (4199 € & 9,0 kg) : groupe Shimano GRX Di2 2×12, (pédalier 48-31 et cassette 11-36), roues DT Swiss GR1600, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Carbon Gravel Bar.
  • Crosshill CF 8.0 (5999 € & 8,7 kg) : groupe Sram Force XPLR AXS (pédalier 40 dents et cassette 10-44), roues DT Swiss GRC1600, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Carbon Gravel Bar.
  • Crosshill CF 8.0 S (6999 € & 9,9 kg) : fourche RockShox Rudy Ultimate, groupe Sram Force XPLR AXS (pédalier 40 dents et cassette 10-44), roues DT Swiss GRC1600, pneus WTB Raddler 44 mm en carcasse TCS Light, cintre Lapierre Carbon Gravel Bar, tige de selle RockShox Reverb AXS XPLR.

Le Crosshill CF 8.0 que vous voyez sur ces photos va nous accompagner cette automne pour un test complet, rendez-vous dans quelques semaines pour le verdict !

Découvrez également notre podcast avec Alexis Chenevier. Compétiteur, ingénieur, Alexis ne se limite pas à une seule activité ou discipline et il est un des vététistes les plus polyvalents qu’on ait jamais rencontrés : Le Lunch Ride #22 | Alexis Chenevier : Monsieur je fais tout

Plus d’informations : lapierrebikes.com

ParLéo Kervran