Nouveauté 2018 : Fox DPX2, la surprise du chef
Par Christophe Bortels -
Dans la foulée de l’annonce de la nouvelle 36 il y a deux mois, Fox présentait sa collection de suspensions 2018 au grand complet… ou presque. La marque américaine avait en effet gardé une nouveauté au secret bien gardé : le Fox DPX2, un amortisseur destiné à l’enduro qui vient remplacer le Float X dans la gamme. Découvrez tous les détails et notre prise en main en avant-première !
Du petit DPS, ce Fox Float DPX2 hérite de la technologie Dual Piston System (DPS) qui utilise deux pistons pour orienter l’huile dans différents circuits en fonction du mode de compression choisi : Open, Medium ou Firm. En envoyant l’huile dans un circuit distinct en mode Firm, cette technologie permet d’obtenir une réelle fermeté tout en conservant une hydraulique optimale dans les deux autres modes pour un maximum de souplesse et d’efficacité.
C’est grâce à un traditionnel petit levier bleu sur la gauche de l’amortisseur que l’on peut basculer entre les modes Ouvert, Moyen et Ferme, tandis qu’une molette à l’opposé se charge de gérer le rebond sur 14 clics. La version Factory (revêtement Kashima) du DPX2 offre un réglage supplémentaire de 10 clics de compression basse vitesse pour le mode Open, situé au milieu de la molette et réglable via une clé allen de 3.
Voilà pour le DPS. Quant au X2, il fournit au Fox Float DPX2 son architecture générale et son système de circulation de l’huile particulièrement pointu et complexe, tant en phase de compression (schéma ci-dessus) que lors de la détente. Nous n’allons pas ici entrer dans les détails, mais sachez simplement que le but de cette technologie est notamment de gérer plus efficacement les flots d’huile constants dus aux chocs répétés, d’améliorer la sensibilité en pouvant travailler avec des pressions plus basses, d’obtenir un très bon maintien en milieu de course et de découpler les réglages de compression et de rebond.
Ce qui saute aux yeux quand on voit ce Fox Float DPX2 pour la première fois, c’est la protubérance très marquée au niveau de la chambre négative. Fox a en effet retravaillé son EVOL (Extra Volume) – désormais intégré au manchon – afin de mieux contrer les forces internes et de réduire les frictions lors de contraintes latérales et torsionnelles. Chaque entraxe, impérial ou métrique, dispose par ailleurs d’un design spécifique de la chambre négative pour un fonctionnement optimal. Cette nouvelle conception est également annoncée comme plus légère.
Comme pour la nouvelle 36, la courbe de compression a été revue. Elle est désormais plus linéaire sur le premier quart de la course, dans le but d’améliorer la sensibilité sur les petits chocs, tout en souhaitant ensuite offrir un excellent maintien au milieu et une bonne résistance au talonnage en fin de courbe. Nous verrons plus bas ce que ça donne sur le terrain !
Mais c’est uniquement au niveau de la chambre négative que le DPX2 prend de l’embonpoint. Car, constatant qu’un amortisseur avec piggyback avait parfois du mal à s’intégrer dans certains cadres étriqués ou de petite taille, ou laissait souvent peu de place à un bidon, Fox a oeuvré pour réduire le volume global de son DPX2. C’est le cas au niveau du réservoir, plus court que sur le Float X, mais aussi au niveau des commandes ainsi que de l’autre côté, près du point d’ancrage supérieur, ou de la matière a été retirée.
Comme sur la plupart des suspensions modernes, la courbe de compression et la résistance au talonnage peuvent être peaufinées grâce à l’ajout ou au retrait de spacers. Plutôt que d’empiler plusieurs tokens ou élastiques identiques comme dans un Float X2 ou un Monarch Debonair, Fox propose un set de 5 spacers de différents volumes (vendu séparément), allant de 0.2 in³ (pouce³) pour le plus petit à 1.02 in³ pour le plus gros, en passant par 0.4 in³, 0.6 in³ et 0.86 in³. L’opération se fait très facilement sans devoir démonter l’amortisseur du vélo (si la conception de celui-ci le permet bien entendu), en retirant l’air puis en dévissant le manchon. Le spacer choisi vient alors se clipser au fond de la chambre, très simplement. Au passage, on constate que le DPX2 peut compter sur une généreuse chambre d’air positive, et ce malgré un design globalement très compact.
Le DPX2 sera disponible prochainement (sans date précise annoncée) aussi bien en entraxes impériaux (traditionnels) que métriques, mais également au format Trunnion (fixations latérales). Le prix public annoncé pour la version Factory est quant à lui de 549$ hors taxes (pas de prix précis en € communiqué pour l’instant, mais on peut s’attendre à un tarif autour de 700 ou 750€). Avant montage, notre exemplaire de test en 216×63 a fait un petit tour sur la balance. Verdict : 432g (complet avec buselures etc), soit 36g de plus qu’un RockShox Monarch Plus Debonair de même dimension pesé à 396g.
Fox DPX2 2018 : sur le terrain
Nous avons eu la chance de pouvoir tester ce DPX2 durant un mois sur nos traces habituelles, à Finale Ligure et lors de plusieurs courses (Belgian Enduro Cup et Semoy notamment). L’amortisseur a été monté sur le Santa Cruz Nomad 3, un vélo annoncé par Fox comme idéal pour tester le DPX2. VPP, peu sujet au pompage mais un peu ferme en début de course, très bon en milieu de courbe et progressif sur la fin… le test s’annonçait intéressant ! Nos réglages initiaux étaient on ne peut plus classiques : sag à 30% (hey Mr Fox, à quand un marquage sur le fut de l’amortisseur comme chez RockShox ?), rebond en milieu de plage de réglage, compressions ouvertes, tout en laissant en place le spacer de 0.4 in³ installé de base par Fox.
L’amortisseur s’est d’emblée montré très performant lors de nos premières descentes à Finale Ligure. Dans les spéciales rapides et rocheuses de la célèbre destination italienne, le DPX2 ne bronche pas et avale tout. Comme pour la Fox 36 testée sur les mêmes traces un mois plus tôt (et toujours installée à l’avant de notre vélo pour ce test), on sent qu’on peut compter sur une hydraulique de haut vol qui offre du maintien, travaille donc bien haut et évite d’aller au fond au moindre gros choc. Après la première journée, lors de laquelle nous avons talonné quelques fois (sans pour autant le sentir), nous avons opté pour un spacer une taille au dessus (0.6 in³), mais le feeling était moins bon avec notamment une perte de souplesse, et nous sommes revenus à notre 0.4 in³ initial.
La molette de rebond, idéalement placée et très ergonomique (contrairement à celle du Float X particulièrement inaccessible), avec des clics bien marqués et pas trop proches, nous a permis de jouer avec la détente régulièrement pour peaufiner le rendu de l’amortisseur, et nous nous sommes vite rendu compte qu’on pouvait rouler avec un peu moins de rebond que d’habitude tout en conservant un bon suivi même dans les successions de chocs rapprochés. Puisqu’on en est à parler commandes, si la molette de rebond est parfaite, le levier de « blocage » est pour sa part un peu trop petit et se montre nettement moins facile à manipuler à la volée. Mais au moins ne risque-t-on pas de l’activer par erreur… Heureusement, la bonne hydraulique combinée à la cinématique du VPP permettent de rouler la plupart du temps en mode ouvert. La position ferme se montre quant à elle effectivement bien ferme (mais n’est pas un blocage complet) et est à réserver aux liaisons très lisses.
Alors que l’amorto était parfois très chaud après de longues spéciales chahutées, nous n’avons pourtant jamais noté de baisse de performance en cours de descente. Mais si le DPX2 se fait oublier quand ça va vite dans le défoncé, on ne peut pas en dire autant sur les petits chocs. Sur ce point, cet amortisseur est là aussi en accord avec la Fox 36 2018… C’est loin d’être mauvais, et c’est même un cran au-dessus par rapport à l’avant du vélo amorti par le 36, mais ce n’est pas époustouflant, malgré les promesses de l’EVOL et de la courbe de compression revue. Pour la traction en côte et le gommage des petites aspérités, nous sommes un peu restés sur notre faim et le DPX2 souffre de la comparaison avec l’amortisseur à ressort qui était monté sur notre Nomad juste avant ce test. Pour reprendre les termes utilisés après notre essai de la Fox 36 2018, ce DPX2 laisse finalement lui aussi une impression très « race ». Mais après tout, Fox reste cohérent avec son discours puisque la marque présente ce produit comme « idéal pour le pilotage agressif »… Notons tout de même que le DPX2 a obtenu un score quasi parfait lors de nos réglages à l’aide du Shockwiz, bientôt en test sur Vojo d’ailleurs.
Nous n’avons pas eu l’occasion de procéder à un duel DPX2 vs Float X, mais face au Rock Shox Monarch Plus Debonair qui équipait d’origine notre Nomad, le DPX2 se distingue de la même façon que la Fox 36 comparée à la Pike : un ressenti de l’hydraulique quelques crans au-dessus avec un meilleur maintien offert par Fox, une meilleure résistance au talonnage et une suspension qui peut se rouler davantage « à vide » que RockShox, qui nécessite souvent plus de spacers.
Verdict :
Perfectible sur les petits chocs, le DPX2 dévoile tout son potentiel dès qu’on le bouscule un peu et s’avère alors excellent, au point de se faire tout simplement oublier. Il est également compact, pas lourd et facile à régler. Ceux qui souhaitent encore plus de possibilité de réglages se tourneront vers le très complet Float X2, les autres trouveront leur bonheur avec ce DPX2, a fortiori s’ils font preuve d’un pilotage agressif en utilisation trail et enduro.
Plus d’infos : www.ridefox.com – Notre présentation et le premier essai de la Fox 36 Evol 2018